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CALI à VELIZY VILLACOUBLAY (78) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 04 mars 2009
 

CALI
L’ONDE – VELIZY VILLACOUBLAY (78)
Le 3 mars 2009

http://www.calimusic.fr
http://www.myspace.com/brunocali
http://londe.fr

C’est un rendez-vous un peu exceptionnel que nous donne ce soir Cali, une rencontre les yeux dans les yeux avec le public de L’Onde, loin des grosses salles que le chanteur est allé retourner avec ses trois albums … Encore un peu amer d’avoir écopé le week-end dernier de sa sixième Défaite de la Musique consécutive, celui que la profession n’a toujours pas véritablement reconnu et que certains se plaisent à brocarder ne s’encombre pas de détails et tape droit dans la cible, conscient que sa plus belle victoire, c’est celle qu’il remporte au quotidien contre ou plutôt avec les spectateurs. Alors quand la superbe salle de bois et de velours se retrouve plongée dans la pénombre, tout le monde sait déjà qu’il va se passer quelque chose …

L’Onde se terre dans le silence et c’est la voix off de Jeanne Moreau qui nous lit la lettre de Paula Albouz à Brice Hortefeux, une lettre à la fois forte et poétique qui a le mérite de bien mettre les choses au clair, Cali souhaite mettre son aura au service des grandes causes et quand il soutient, il le fait jusqu’au bout ! Quelques déhanchements et voilà l’artiste qui s’installe au piano, pas un des ces instruments au rabais, non, un véritable Steinway qui nous égrène les notes de « Tes désirs font désordre » dans une atmosphère intimiste peu propice à la photo mais que voulez-vous, on s’en contentera … Les musiciens arrivent dès le second titre et on y croise Blaise Margail au trombone, Julien Lebart au piano et Nicolas Puisais à la trompette qui apportent un cachet tout particulier à des chansons populaires qui prennent sous cette impulsion originale une couleur plus acoustique, plus intimiste.

Cali a fait le pari de rester sobre dans ses gestes et dans ses déplacements et si l’on sent bien que l’envie de bondir sur la scène, d’aller communier avec la salle ou que sais-je encore n’est pas très loin, l’artiste reste bien sagement en place, arpentant parfois un peu les planches de sa démarche de grand échalas un peu bancal, chantant autant l’amour que la résistance, la joie que la mélancolie, et partageant quelques traits d’un humour très personnel avec une salle qui a déjà craqué. Quelques allusions à Fillols, son village pour lequel il se transforme en GPS pour nous y guider jusqu’à l’entrée, ou encore à son grand-père Giuseppe qui combattait au sein des Brigades Internationales le régime franquiste et on se rend compte que l’on a déjà traversé « Comme j’étais en vie », « Les beaux jours approchent », « Giuseppe & Maria » … Blaise Margail entonne un chant révolutionnaire catalan sur lequel l’artiste lui répond pour créer une superbe polyphonie, le ton monte d’un cran à l’arrivée de « Pour Jane » et du « Grand jour » et Cali craque enfin, invitant une spectatrice à danser avant de lui sauter littéralement dessus sous le regard imaginaire et glacial du crâne de « Roberta » qui trône au coin du piano … Une heure, Cali aura réussi à rester calme une heure entière et pour l’occasion, L’Onde se retrouve une nouvelle fois plongée dans le noir !

C’est une touche futuriste qui nous accueille pendant que sur scène, le ballet des techniciens installe des machines un peu étranges ... De son premier acte acoustique, Cali a décidé de sauter directement dans la cabane du Docteur Jekyll pour nous y faire le coup de la relecture de ses propres hymnes à la sauce electro-trance pour « Qui se soucie de moi », en version drum&bass pour « Elle m’a dit » voire même dans un mélange d’electro, de hip hop et de free jazz quand le temps est venu de se fendre de « C’est quand le bonheur » … Le public, certes carrément surpris de se retrouver dans un show déjanté qui fait parfois un peu penser au grand « Thriller » de Michael Jackson, se laisse entraîner dans ce nouveau délire du Perpignanais et se lève en bloc pour prendre part à cette rave party un peu inattendue, retrouvant ses marques sur « Dolorosa » quand les boucles se font plus discrètes et les cuivres plus présents … Blaise Margail nous gratifie d’un solo de beat vox et déjà c’est le break, pas une véritable sortie de scène à laquelle on pourrait presque croire mais juste une petite interruption de rien du tout, histoire de mieux se faire rappeler …

Chassez le naturel … C’est cette fois une guitare que le gaucher attrape pour « Sophie Calle N°108 » et c’est toute la salle qui se régale une fois encore de la voix de Cali, en solo cette fois, avant que le chanteur n’invite une jeune trompettiste, Manue Proux, à le rejoindre sur une reprise de Jacques Brel, « Voir un ami pleurer », que le quintet regroupé autour du Steinway s’approprie totalement … Encore quelques présentations pour saluer la technique et la régie et c’en est presque fini d’un spectacle qui nous réservera quand même encore « Je m’en vais » mais aussi « 1000 cœurs debout » durant lequel, n’y tenant définitivement plus, l’artiste se jettera corps et âme dans le public pour se faire porter par une marée humaine dans un mélange de stage diving et natation synchronisée jusque tout en haut de L’Onde. Redescendu non sans avoir encore fait quelques facéties dont il a le secret, Cali viendra saluer longtemps avant que les lumières ne finissent par se rallumer.

Deux heures et quinze minutes d’un spectacle aux multiples facettes se sont écoulées et même la ville de Vélizy semble en être toute retournée puisque dehors, ça vente et ça pluviote, sans doute pour mieux nous rappeler combien il était agréable d’être au chaud à déguster un mélange des trois albums de Cali et même un peu plus … C’est sans doute la plus belle des victoires qu’il puisse remporter !

Fred Delforge – mars 2009