lundi, 16 février 2009 Grandiveûs (Autoproduction – 2008) Durée 57’41 – 13 Titres
http://www.elmored.be Natif des environs de Liège, ce sympathique sexagénaire que l’état civil belge connaît sous le nom de Daniel Droixhe est plus connu des amateurs de blues sous le pseudonyme d’Elmore D et c’est en proposant un répertoire dans lequel les classiques en Anglais et ses propres compositions en dialecte Wallon se rejoignent traditionnellement que le bonhomme a fait son bout de chemin dans les festivals nationaux mais aussi dans le reste de l’Europe puisqu’on a eu l’occasion de le croiser en Suède et bien évidemment en France où il s’est produit entre autres à Blues-sur-Seine. Partagé entre une passion pour le blues rural d’antan et une autre pour le folk, ce guitariste au jeu riche et à la voix rustique se produit à la demande seul ou encore en groupe et délivre régulièrement ses albums depuis la fin du dernier millénaire, arrivant en 2008 a un cinquième effort intégralement dédié à sa langue maternelle, un ouvrage dans lequel il nous présente tout bonnement ses « Meilleurs Vœux » …
Elmore D n’est pas homme à proposer un blues classique fait de douze mesures soigneusement alignées et de quelques phrases où il est question de sa dernière bouteille qui s’est cassée ou encore de sa petite amie qui est partie, oh yeah … Au contraire, Elmore D est à la Belgique ce que des gens comme Plume Latraverse ou Mike Lécuyer sont respectivement au Québec et à la France, un artiste atypique capable de faire des chansons croustillantes qui restent en tête toute la journée en partant d’une grille de guitare simple, d’un piano ou même d’un tout petit harmonica et en mettant dessus des textes dans lesquels il est question d’une petite omelette (« Ine Pitite Fricasseye »), d’un petit rab de vie (« Li Rawète »), d’un as de cœur (« Has’ Di Coûr »), du dernier blues de Johnson (« Li Dièrin Blues D’À Johnson »), d’une chanson pour le mauvais temps (« Tchanson Po L’Måva Timps ») ou simplement d’un blues pour faire une fin (« Blues Po Fé ‘Ne Fin »). Que ceux qui ne comprennent pas le Wallon se rassurent, les traductions se font parfois un peu d’elles-mêmes et quoi qu’il arrive, le livret de l’album et le site web de l’artiste sont d’une aide salutaire pour assurer le passage à la langue de Molière ou même à celle de Shakespeare et permettre à chacun de saisir tout l’humour et toute la sensibilité d’un artiste qui ne manque ni de l’un ni de l’autre ! En fignolant les détails avec un soin tout particulier et en ajoutant un peu d’orgue ou encore de violon au gré des pistes, Elmore D fait de son « Grandiveûs » un superbe moment de musique un peu vintage mais tellement bien fichu que l’on ne peut qu’y adhérer dès la première écoute ! Forcément introuvable de notre côté de la frontière, l’album profitera tout naturellement de l’ouverture des frontières pour arriver jusqu’aux amateurs de blues un brin décalé … On adore !
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