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NNEKA pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
vendredi, 30 janvier 2009
 

"Tout n'est que poudre aux yeux"

Certains s’empressent déjà de la comparer à Lauryn Hill, la voix féminine des Fugees. Nneka Egbuna est une jeune chanteuse née dans le sud du Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique. Une nation tristement célèbre pour être une des plus corrompues au monde, si l’on en croit le classement de l’organisation Transparency International.
Artiste pop-world, Nneka a confirmé son statut de valeur sûre en 2008 avec son second album «No longer at ease».


Pour toi, l’histoire commence à Warri, dans le sud du Nigeria. Tu y as passé l’essentiel de ton existence. Comment décrirais-tu la vie au Nigéria ?

Ni bonne ni mauvaise, elle a ses hauts et ses bas. Je sais que la presse fait très souvent ses gros titres en parlant des mauvais côtés du Nigéria. On traite plus souvent des problèmes de corruption, des politiciens qui usent de leur pouvoir à des fins peu recommandables. Le Nigéria a des problèmes bien particuliers. La corruption en est la principale cause.

Est-ce seulement à cause du pétrole que la corruption a sclérosé le pays ? Il faut savoir que l’or noir génère des masses d’argent impressionnantes, plus du trois quarts des recettes du pays.

Tout le monde se concentre sur cette seule ressource, qui représente l’essentiel des recettes du pays. Tout le monde ne pense qu’à ça. Tous les jeunes qui vont à l’université ne pensent qu’à ressortir avec un bon diplôme pour rentrer dans une compagnie pétrolière. De ce fait, on ne fait absolument plus attention aux problèmes du pays et aux conséquences de l’importance des revenus pétroliers dans l’économie nigériane. Ils se concentrent sur leur petit confort sans penser au fruit de leur travail.

Une grosse manne financière dont ne profitent pas les Nigérians…

La dernière fois que je suis allée à Warri, j’ai pu voir plein de choses nouvelles : des routes… Mais tout ça n’est que de la poudre aux yeux ! Quand tu quittes les grosses agglomérations, tu te rends compte de la réalité des choses. Il n’y a pas d’électricité, pas d’école mais il y a, à l’inverse, de gros problèmes quant à la pollution.

Il y a de grosses disparités au Nigéria : le sol est bien plus riche au sud, à l’inverse du nord qui n’a pas de gisement de combustibles fossiles ni de minéraux…

Le coût de la nourriture est très élevé dans le sud. Les gens du sud ont besoin de faire venir de la nourriture depuis le nord du pays. Mais parfois ils n’ont pas de pétrole pour assurer ces transports…Il y a vraiment des disparités car les richesses sont au sud mais les personnes dominantes dans ce pays sont au nord. Et ce depuis l’indépendance du Nigéria vis-à-vis du Royaume-Uni en 1960.

Il y a également une dimension religieuse.

Oui, le nord, à majorité musulmane, pratique la charia, la loi islamique. A la différence du sud, plutôt chrétien. Les musulmans ont toujours occupé le devant de la scène politique. Il faut bien savoir qu’au Nigéria nous sommes en face de conflits religieux et ethnique.

Tu as rejoint un groupement d’opinion qui s’appelle «Remember Ken Saro  Wiwa».

C’est un hommage à l’écrivain et militant du même nom, condamné à mort en 1995 sous un prétexte fallacieux, ce qui a valu au Nigéria une exclusion du Commonwealth (qu'il réintégrera en 1999 Ndlr.).
Ken Saro Wiwa était un habitant du Delta du Niger. Notre but, en plus d’honorer la mémoire de ce militant qui s’est dressé contre les grandes compagnies pétrolières, est de lever des fonds à destinations des enfants de la région.

Propos recueillis par Stéphane Burgatt
Crédit photo : Mitko Gheorghiev

Liens à visiter :
http://www.remembersarowiwa.com
http://www.nnekaworld.com