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TRUST à ROUEN (76) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 08 novembre 2008
 

TRUST
LE ZENITH – ROUEN (76)
Le 7 novembre 2008

http://www.trust.tm.fr
http://www.myspace.com/trustfr
http://www.myspace.com/skiptheuse

Pour l’antépénultième date de son « Apocalypse Tour 2008 » qui l’a conduit de Zéniths en Zéniths aux quatre coins de l’hexagone depuis le 1er octobre, Trust a mis ce soir le paquet non seulement au niveau du remplissage de la salle puisque Rouen dépasse largement Paris en terme de fréquentation mais aussi au niveau de la première partie, Skip The Use, qui avait déjà assuré la date lilloise sur ses terres la veille au soir. Le vent glacial qui souffle sur la ville aux cent clochers n’a pas refroidi l’atmosphère d’une salle confortable et conviviale et le public commence à manifester son plaisir d’être là une bonne heure avant que les premières notes ne retentissent … Toutes les conditions sont donc réunies pour que l’on passe une très bonne soirée de rock !

Heureusement que la lumière s’est éteinte car on aurait à peine vu que Skip The Use entrait sur scène tant cette formation énergique au possible se déplace à une vitesse qui dépasse pratiquement celle du son ! Par chance, il n’en est rien au niveau de la lumière et c’est en me régalant à shooter le génial chanteur Matbastard qui fête ce soir son vingt-neuvième anniversaire mais aussi son acolyte dreadlocké Jay Jimenez à la basse, Yan Stefani à la guitare, Lio Shivers aux claviers et Manamax aux drums que le concert s’est déroulé, la petite demi-heure dédiée à cette formation installée entre Lille et Paris passant à une vitesse folle et nous réservant un bon cocktail fait d’ingrédients piochés entre punk et rock. La présence et le charisme inouïs d’un groupe dont le frontman n’hésite pas à descendre dans la fosse est un véritable plus et c’est en mettant toutes ses tripes dans le micro que le chanteur haranguera la foule, n’hésitant pas à la secouer pour mieux la faire participer et tenant dans le creux de la main un public conquis dès les premières notes, un public qu’il domine sans l’écraser et qui le lui rend bien en le respectant et en bondissant au rythme des « Bullet In My Head », « Bastard Song » et autres « She’s My Lady » que le quintet nous servira sans la moindre appréhension. D’une maturité et d’un professionnalisme impressionnants, Skip The Use aura indiscutablement ce soir prouvé qu’il était un grand groupe de rock ! 

Rondement mené, le changement de plateau nous laisse un peu de temps pour retrouver les fans du groupe mais aussi quelques-uns de ses proches venus pour prendre part à la fête … Le dernier soundcheck se fait sans le moindre heurt et il est déjà temps d’éteindre la salle pour que Deck puisse enfin lancer l’intro de ce dix-neuvième concert de la tournée 2008 ! La clameur monte, Farid Medjane s’installe et envoie les premiers coups de « Marche ou crève » et Trust est enfin jeté dans la fosse aux lions, des fauves rouennais avides de rock qui demandent toutefois un premier round d’observation pour prendre toute la mesure des « Darquier » et autres « Palace » qui suivent ! La voix de Bernie semble quelque peu usée, non pas qu’elle soit moins forte ou moins convaincante mais on sent quand même que le mélange froid, cigarettes et concerts répétés ont quelque peu émoussé un organe qui en devient plus proche aujourd’hui de celui des vieux bluesmen qu’il affectionne … Un rôle qu’il endosse plutôt bien avec son désormais traditionnel bob rivé juste au-dessus de ses lunettes noires, l’accessoire vestimentaire qui fait polémique, qui divise la France en deux avec d’une part ceux qui ne supportent pas et de l’autre ceux qui n’en ont rien à faire. De leur côté, Vivi et Nono sont comme chaque soir irréprochables, tronçonnant leurs riffs de façon à la fois méthodique et travaillée et tirant à qui mieux-mieux des soli à faire se damner les plus grands guitaristes !

Trust a un nouvel album qui, s’il se place aujourd’hui dans le ventre mou des charts deux mois après sa sortie, se maintient pourtant bien dans les bacs et convertit chaque jour de nouveaux adeptes à sa cause … Trust va donc le jouer et il commence avec une triplette désormais traditionnelle dans laquelle on retrouve « La Morsure », « Toujours parmi nous » et « Promesses osées », le titre sur lequel le frontman historique du groupe invite le public à se rendre sur internet pour y redécouvrir le discours de la Concorde prononcé au soir de son élection par notre président. Que l’on apprécie ou pas, Bernie a des choses à dire et il les dit, au risque de choquer une partie de son public quand il n’est pas du même avis que lui … On appelle ça assumer et de ce côté, il assume le père Bonvoisin, tout comme il le fait avec son look. Un « look » qui sera d’ailleurs bientôt évoqué et que Trust invitera les gens à « surveiller » après que « Mr Comédie » ne se soit répandu sur un Zénith qui visiblement apprécie les vieux hymnes, même si les nouveaux pamphlets passent eux-aussi carrément bien ce soir !

On entre dans le break acoustique du soir et Bernie et Nono se retrouvent comme deux vieux potes autour d’une Godin pour jouer « En apparence », un morceau qui fait un peu retomber la pression mais qui passe lui aussi sans problème, même quand on y remarque quelques petites modifications de texte pas toujours très fines … Le groupe revient au grand complet et Iso, très en jambes sur cette tournée, vient se mettre sur le devant de la scène pendant que Trust nous rappelle que « Chaude est la foule » à grands coups de la Nonocaster de notre guitar hero hexagonal. Il est temps pour Bernie de rappeler que « Les Démons de Jésus », son premier film, a été tourné dans les environs et de sortir de sous son chapeau un « Epistémophilique » de rigueur non sans avoir briefé le public sur le déroulement du morceau. Je chante, vous chantez, de préférence fort et en place, c’est mieux … Et ça le fait, Rouen se montrant puissant et carré au point que Trust invite même Thierry, un des spectateurs, à rejoindre le groupe sur scène pour le final tant le gars semble motivé dans sa manière de chanter ! Un petit solo d’air guitar au côté de Nono, un refrain avec Bernie et en voilà un qui rentrera chez lui avec des souvenirs plein la tête !

C’est traditionnellement Nono qui prend les commandes de « Saumur » et c’est en le rendant bien chaud, bien gras et bien bluesy qu’il invite le public à pousser une fois de plus la chansonnette, ce dernier s’exécutant de bon cœur et y prenant même un réel plaisir … Petit aparté, un spectateur reprochait il y a quelques semaines à Trust de laisser son public faire tout le boulot et de le faire chanter alors que s’il payait, c’était justement pour voir Bernie chanter, pas pour le faire à sa place ! En voilà un qui n’aurait pas compris ce que Rouen a pris comme pied ce soir à fustiger « Le bastion de l’ordure » … Autre pomme de discorde, le final speedé de ce même « Saumur » passé à la trappe au profit de « Psaume » ! Personnellement il me manque un peu ce final mais je me console en prenant dans la foulée un bon gros « Vae Victis » bourré des interventions complémentaires de Nono et de Deck … Le Zénith décroche partiellement et ils sont une cinquantaine à quitter l’antre surchauffé pour aller fumer dehors, signe que Trust ne fait pas l’unanimité certes, mais qui la fait dans le rock, d’autant plus quand il est engagé ? Nous serons donc un peu moins nombreux pour « La mort rôde » et son cortège de « Fuck You It’s A Proposition » servis en intro et en outro, pour « Le Mitard » dont l’intro de scratches en énerve quelques-uns mais séduit les autres, pour « On lèche, on lâche, on lynche » et son break très atmosphérique et enfin pour « Préfabriqués » sur le final duquel Farid Medjane casse littéralement la baraque ! Fin du premier acte. Rouen transpire !

La grosse machine à riffer qu’est Trust reprend de l’énergie quelques minutes et nous revient non plus pour quatre de ses titres mais pour trois seulement, le sympathique « Black Blanc Beur » passant ce soir à la trappe. On se contentera donc de « L’Elite » dans une version super speedé que Nono arrosera d’un solo à ranger définitivement parmi ses meilleurs, Vivi venant même lui faire un plan digne d’AC/DC en plein effort en lui passant sa SG entre les jambes tandis qu’il torture sa Gretsch sous l’œil de ceux qui n’ont pas encore remballé les objectifs … Bernie nous demande encore de regarder autour de nous avant de lancer « Là où je vis » puis présente tous ses compagnons de jeu au son de « Sweet Home Alabama », enlevant même pour l’occasion deux fois le bob au grand bonheur de ceux qui n’attendent que ça depuis le 1er octobre et c’est pour finir « Antisocial » qui déboulonne définitivement un Zénith qui se replie sur lui-même tant la pression est forte ! Trust salue, Bernie lance sa dernière petite phrase clé, « Soyez vigilants, restez en colère », et déjà le ballet des techniciens remballe guitares, basses et amplis … On s’embrasse à la descente de scène, Trust a été magnanime ce soir, n’en déplaise aux quelques-uns qui ne l’auront pas compris !

On retrouve les loges pour un after show intime, comme on les aime, avec un groupe disponible et seulement quelques fans, quelques amis, quelques privilégiés qui partageront un peu plus que les autres et il est déjà temps pour le groupe et son entourage de penser à demain qui sera bien entendu un autre jour mais qui verra aussi Trust inaugurer un nouveau Zénith, celui d’Amiens, la Perle de la Picardie … La route n’est pas trop longue et Trust, qui joue tôt chaque soir, ne nous a pas trop mis dans la nuit. La Normandie reste plongée dans un froid cinglant mais il faut bien s’y faire, la mi-novembre n’est pas loin. Il reste deux Zéniths à convaincre, à dompter, puis il y aura quelques petites salles pour finir en beauté une tournée qui aura su diviser pour mieux régner ! Vae victis …

Fred Delforge – novembre 2008