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BLUES SUR SEINE - 10ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 19 novembre 2008
 

BLUES SUR SEINE - 10ème EDITION
DU 6 AU 22 NOVEMBRE 2008
MANTES EN YVELINES ET SA REGION (78)

http://www.blues-sur-seine.com 

Soirée de Lancement - Auditorium des Technodes - Guerville - 4 novembre

C’est traditionnellement l’Auditorium des Technodes qui accueille la première soirée privée de Blues-sur-Seine et c’est comme chaque année le cortège des officiels mais également des VIP et des membres du tout nouveau Club Mississippi qui se retrouve chez nos hôtes du Groupe Calcia pour y donner les premiers tours de manivelle d’une édition un peu particulière puisque c’est non seulement la dixième mais également parce qu’elle est placée sous le parrainage d’un grand humaniste, Mighty Mo’Rodgers, et dédiée à un autre grand humaniste assassiné il y a quarante années, Martin Luther King. Autant dire qu’à l’heure où les Etats Unis s’apprêtent à réparer leur histoire en élisant leur premier président noir, c’est tout le cœur du blues d’Afrique et d’Amérique qui bat au sein d’une équipe d’organisation remontée à bloc avant de se lancer dans dix neuf jours et dix neuf nuits dédiées à la musique venue de la souffrance des esclaves mais aussi de leurs joies et de leurs espoirs !

C’est la fanfare funk ska reggae Band’a Donf qui apporte les premières notes de ce dixième anniversaire et c’est sur fond de cuivres et de percussions que les Technodes commencent à remuer un peu, la sympathique Gaye Adegbalola dont les parents étaient justement des proches de Martin Luther King étant la première à se lever pour aller accompagner cette formation déambulatoire un peu surprenante dans ses costumes de chantier orange mais tellement séduisante que le public apprécie instantanément. Trois petits morceaux qui finiront sur un ska et Band’a Donf nous quitte déjà …

Une brève allocution de la responsable de la communication du Groupe Calcia, un premier discours d’Alain Langlais, Président de Blues-sur-Seine, et il est temps de se remémorer les éditions passées en visionnant le film retraçant notamment la dernière en date mais aussi toutes les actions à l’international que mène le festival … On passe par Montréal et FestiBlues dont Georges Fournier est le représentant ce soir, par Memphis et la Blues Foundation qui récompensait il y a tout juste un an le festival en lui remettant le prestigieux award « Keeping The Blues Alive », mais on se promène surtout dans les villes et les villages des environs où l’on retrouve les souvenirs de ceux qui ont fait vivre le blues sur les rives de la Seine en 2007. Conclu par les paroles de Mister Mat des Mountain Men, le film de Fred Di Noto sera salué par un tonnerre d’applaudissements autant destiné à sa qualité qu’à l’œuvre du festival elle-même.

Jean Guillermo, le père et l’âme de Blues-sur-Seine mais aussi son meilleur ambassadeur autour du monde, vient ensuite nous expliquer très brièvement tout ce qui fait que dix années de dévouement n’ont en rien entachées son plaisir d’être un des piliers de l’équipe du festival et c’est cette année le slameur Tidiane qui vient nous présenter de façon originale le programme de cette dixième édition du Festival, ne manquant pas quelques bons mots et quelques belles allusions qui lui attireront non seulement les rires mais aussi la sympathie d’une assistance dont certains des spectateurs découvrent ce soir les spoken words, un exercice cher à Blues-sur-Seine !

C’est enfin le Bayonnais Nico Wayne Toussaint qui viendra faire souffler le vent du Sud sur les Technodes avec à ses côtés son groupe traditionnel mais également avec un invité de marque, le guitariste madrilène Tonky de la Pena qui assurera le chant sur les deux premiers titres tandis que le bouillonnant harmoniciste en costume rouge assistera au début du show dans le fond de la salle. Arrivé sur scène pour le troisième morceau, Nico Wayne Toussaint présentera son fidèle Rax Lacour (guitare) mais aussi Antoine Perrut (basse et sax alto) et Vincent Thomas (batterie) avant de laisser son instrument pleurer sur un premier titre en forme de déclaration d’amour puis de laisser entrer des rythmes plus vifs dans un set entre blues et rock où l’on retrouvera ses superbes « Southern Wind », « The Woman I Love » et autres « Mali – Mississippi » avant d’en terminer par un hommage au mentor de l’artiste, James Cotton, dont il reprendra le « Midnight Creeper » avant de donner congé à un public qui s’en ira de bon cœur se restaurer vers le cocktail non sans avoir traversé l’exposition des photos des Berton père et fils en attendant le résultat des élections américaines que Nico Wayne Toussaint évoquait quelques minutes plus tôt … 

Gaye Adegbalola / The Animals – Forum Armand Peugeot – Poissy – 6 novembre

Rendez-vous était pris de longue date pour une soirée qui risquait de créer une nouvelle référence dans l’histoire du Forum Armand Peugeot de Poissy, siège actuel du groupe automobile des marques au lion et aux chevrons et partenaire historique de Blues-sur-Seine … Habituée au phénomène revival puisque Ten Years After s’était produit en lieu et place il y a deux ans, la salle affichait pour le premier concert « In » du festival un taux de remplissage correct et laissait présager d’une soirée chaude et colorée ! Ce n’est quand même pas nous qui allions nous en plaindre …

C’est en dédiant sa cinquantaine de minutes de concert aux grandes dames du blues des années 20 et 30 que Gaye Adegbalola va venir dérider un public bon enfant qui apprécie non seulement le charisme de cette grande dame, militante devant l’éternel des droits de la femme et de la cause homosexuelle, mais aussi les traductions prodiguées par son pianiste Roddy Barnes qui met au service du concert les vieux souvenirs de son année passée en France il y a déjà quelques temps. A l’age où l’on ne pourra bientôt plus aspirer prendre sa retraite dans notre beau pays, Gaye se réjouit publiquement de l’élection toute fraîche de Barack Obama et commence à nous proposer un spectacle dans lequel on retrouve les standards de Bessie Smith, Ida Cox, Ma Rainey ou Big Mama Thornton, les « I Want A Little Sugar In My Bowl », « Wild Woman Never Have The Blues » et autres « Hound Dog » n’en finissant plus de convaincre une assistance qui participe activement à un show parfois un peu décousu mais toujours plein d’humour et de talent.

On en remet une couche avec le nouveau Président des USA lorsque la chanteuse nous raconte son engagement personnel dans la campagne qui a conduit le bureau ovale à accueillir le premier représentant métis de son histoire et qu’elle nous propose une adaptation très personnelle d’un classique du blues devenu pour l’occasion « Come On Baby, Vote For Barack Obama » et c’est non sans avoir joué un peu d’harmonica sur « Sweet Black Angel » et un peu de guitare sur le rappel que Gaye Adegbalola nous quittera, laissant dans la salle un parfum de militantisme actif et quelques beaux souvenirs des boogies woogies endiablés de Roddy Barnes. La soirée ne pouvait mieux commencer !

Il est maintenant temps d’aller rejoindre le hall où les bénévoles de Blues-sur-Seine s’escriment à vendre les produits dérivés du festival mais aussi les CD de l’artiste qui s’arrachent littéralement au comptoir ! C’est l’occasion de retrouver les amis présents, représentants de la presse blues, des festivals amis ou partenaires, des médias locaux ou tout simplement les anonymes venus prendre une petite part d’un gâteau sur lequel Blues-sur-Seine a posé fièrement dix bougies. La guitare Fender mise en lot principal pour la grande tombola attire les premiers amateurs qui s’arrachent les billets, le bar tourne bon train et il est bientôt temps de regagner la salle pour le gros morceau du jour, The Animals !

Phénomène marquant du british blues au même titre que les Rolling Stones, The Animals a marqué son époque dans les glorieuses sixties et si la bande à Mick Jagger écume encore aujourd’hui les stades avec son lot de classiques, celle du batteur John Steel, seul rescapé de la formation originelle, n’en est pas moins une véritable machine à enchaîner les plus grands tubes, même si cela se passe pour le plus grand bonheur du public dans des salles bien plus intimistes.

Démarré tambour battant par le bassiste et chanteur Peter Barton, le set des Animals va très vite nous rappeler de bons vieux souvenirs en nous offrant une relecture des tubes sur lesquels nos parents dansaient, les « It’s My Life », « I Put A Spell On You », « Bright Lights Big City », « Don’t Let Me Be Misunderstood » et autres « I Believe To My Soul » que l’on a l’habitude d’entendre de leurs créateurs mais qui ce soir prennent une toute autre dimension ! Inondés d’un jeu de lumière admirable, les Animals laissent parler le talent et si Johnnie Guitar Williamson et Mick Gallagher (claviers) n’en finissent plus de laisser éclater leurs soli, le tandem rythmique n’est pas en reste puisqu’il assure à merveille un tempo soutenu et efficace. John Steel quitte son perchoir quelques instants pour venir nous raconter l’histoire du groupe, de son groupe, et c’est quelques instants plus tard que le guitariste et chanteur Spencer Davies rejoint le mythe, démarrant à deux reprises un « Somebody Help Me » finalement avorté dans l’œuf à cause d’un ampli récalcitrant !

Remis en scène en moins d’un morceau, le leader du Spencer Davies Group reviendra sur une nouvelle cover de Ray Charles, « Hallelujah I Love Her So », et c’est en se partageant entre des chansons de sa formation mais aussi des standards de Lightnin’ Hopkins et d’autres grands artistes que l’invité des mythiques Animals fera plus que d’assurer son rôle, sortant de sa poche un Mississippi saxophone et nous en offrant quelques licks sur « Justify My Life » puis faisant même quelques dédicaces, celle de « Keep On Running » à Obama parce qu’il ne peut décemment rien dédier à son prédécesseur sauf peut être celle de « Don’t Want You No More » qu’il réserve cependant avec beaucoup d’humour à … son ex-épouse ! Interrompu à minuit tapantes sur un « Boom Boom » d’anthologie, le concert des Animals reprendra pour une dizaine de minutes d’un double rappel où l’on retrouvera « Gimme Some Love » et bien évidemment l’hymne, « House Of The Rising Sun », qui fera littéralement exploser le Forum Armand Peugeot et qui sera le prétexte idéal à la première standing ovation de cette dixième édition de Blues-sur-Seine …

Le Forum Armand Peugeot se vide rapidement de ses spectateurs puisque demain est un jour ouvré pour le public mais on y croise encore quelques personnes réjouies et non des moindres puisque les politiques et autres partenaires institutionnels ne manquent pas de venir saluer et féliciter toute l’équipe du festival avant d’aller aspirer à un repos bien mérité ! Nul doute que « House Of The Rising Sun » sera encore sur nombre de lèvres demain matin au réveil …

Shake Your Hips! – Brasserie de la République – Mantes la Jolie – 8 novembre

Vainqueurs du prix électrique Blues-sur-Seine lors du Tremplin 2007, les Shake Your Hips! se présentent ce soir pour la première de leurs deux prestations de ce nouveau cru et c’est dans ce qui fut un temps un des lieux de culture musicale de la région, la Brasserie de la République, que le groupe se retrouve avec plein d’invités, prévus mais aussi inattendus ! Au même moment, Sixun se produit à guichets fermés dans l’auditorium de l’Ecole Nationale de Musique et c’est ce soir tout Mantes qui vibre au son du festival … La soirée promet d’être belle !

On circule encore un peu dans le « B.R. » mais le remplissage est déjà conséquent et c’est devant un joli parterre de spectateurs que Jean-Marc Henaux, Olivier Raymond et les Frères Bob et Jérôme Ferrié vont venir nous mettre le blues et le rock, non sans que Mike Lécuyer ne soit venu les présenter en nous offrant un gag non préparé puisque c’est un des futurs finalistes du Tremplin 2008 qui l’appellera sur son téléphone en pleine présentation … Un coup de « Swing Harp » et c’est Freddy Miller qui rejoint enfin tout ce beau monde et c’est parti pour un premier set qui va durer plus de quatre vingt dix minutes ! Dans la salle, Gaye Adegbalola ne peut très vite plus se retenir de danser et c’est elle qui invite le public à en faire de même, un public dans lequel on remarque Sean Carney, en tournée en France actuellement et venu tout simplement en ami, en amateur de blues …

Le set avance de manière impeccable et ce sont très vite les premiers invités qui entrent dans la danse. Mister Mat, vainqueur du Tremplin 2006 en acoustique avec les Mountain Men viendra donner de la voix sur « Stormy Monday », puis c’est Sean Carney qui viendra brancher son ES-335 toute auréolée du logo de la Blues Foundation dans un ampli avant d’être rejoint par le saxophoniste Robbie Edwards pour animer toute la fin d’un set où l’on retrouvera un « Truck » mais aussi les sempiternels « Thrill Is Gone » et autres « High On The Hog ». Le public apprécie unanimement les duels amicaux auxquels se livrent avec beaucoup de charisme les deux guitaristes mais aussi les deux souffleurs, le brillant harmoniciste des Shake sachant se montrer aussi puissant que son guest saxophoniste sait être fin ! Autant dire qu’ils sont nombreux ceux qui viendront les féliciter ou simplement acheter leur album pendant la courte pause qui nous est proposée peu avant le début de la vingt quatrième heure de la journée !

Shake Your Hips! revient très vite en solo avec « Shakin’ The Hard Time Loose » et ce sont d’autres invités qui les rejoignent, issus eux aussi des sélections du Tremplin et appelés pour certain d’entre eux à se produire demain pour la grande finale qui nous attend au CAC Georges Brassens ! On commence avec Marko Bonnefoy, le guitariste de Mojo Hand qui vient se greffer à un « I Want To Be Loved » puis c’est Jérôme Pietri qui le remplace à la gaule pour partir à la pêche sur « Gone Fishing ». Mister Mat vient nous amuser d’une longue plaisanterie mettant en scène un certain monsieur Fillon interpellé par un tout petit bonhomme lui proposant un dirty deal (toute ressemblance avec …) juste avant d’envoyer « Me And The Devil », Chris The Cat, finaliste en 2007, rejoint tout le monde pour mettre un deuxième harmonica sur « Rock Me Baby » et reste ensuite pour un nouveau duel amical avec Jean-Marc Henaux sur « Two Trains » et c’est toute la fin de la soirée qui continuera ainsi, Shake Your Hips! prenant autant de plaisir à jouer dans une jam géante et ouverte que dans le set traditionnel que le groupe donne chaque fois avec autant de talent que de passion ! Quand on y repense, il est loin ce jeune groupe amateur qui se cachait il y a deux ans au fond de la salle pour assister à la fabuleuse victoire des Mountain Men, ce même groupe qui participait quelques années plus tôt au Tremplin du Festival Blues et Harmonica de Vauréal et qui depuis a notamment remporté ceux des Rendez-Vous de l’Erdre et de Blues-sur-Seine en 2007 ! Il y a bien entendu eu une part de chance dans cette évolution, mais c’est surtout à force de travail et de passion que Shake Your Hips! en est arrivé là et pour tout vous avouer, nous sommes tous très fiers d’être devenus leurs amis … 

Tremplin National Blues-sur-Seine – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 9 novembre

La journée du Tremplin Blues-sur-Seine est sans le moindre doute la plus éprouvante du festival pour tout le monde, mais c’est aussi la plus fabuleuse artistiquement et humainement parlant puisque ce ne sont pas moins de huit formations qui viennent en découdre en toute courtoisie pour tenter de repartir avec au moins un des sept prix proposés aux deux catégories de participants, les électriques d’une part et les électro-acoustiques de l’autre. Plus que les prix par eux-mêmes, bien qu’ils consistent pour la majeure partie d’entre eux en une programmation dans un des festivals majeurs de France ou du Québec, c’est la mise en avant de la musique de formations parfois émergentes qui est importante et l’ambiance qui règne entre les divers candidats est traditionnellement détendue et conviviale, le CAC Georges Brassens de Mantes la Jolie et Blues-sur-Seine faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour que la fête soit belle …

C’est avec un peu de retard que Jean Guillermo viendra présenter la manifestation et remercier les partenaires présents dans la salle puis c’est le Monsieur Loyal de la journée, Mike Lécuyer, qui y ira de sa première présentation du jour, celle du duo Blackberry’N Mister Boo-Hoo venu de l’Indre avec ses propres planches de percussions et ses instruments pour nous en mettre plein les yeux et plein les oreilles. Suivront les Parisiens du Philippe Devin Blues Band dans la catégorie électrique puis le one man band du Puy de Dôme, Jérôme Piétri. Mojo Hand et ses cuivres nous permettront de retrouver un ancien grand vainqueur du Tremplin, Mister Mat, l’homme de l’Isère qui se présentait il y a deux ans avec les Mountain Men et qui nous revient cette année avec toujours autant de charisme dans une autre catégorie, l’électrique. Seul en scène, Magic Buck nous offrira un peu de son blues acoustique du Var avant que le jury et le public ne s’autorise la première pause rafraîchissement de la journée mais aussi une visite de la 5ème brocante musicale proposée en partenariat avec nos amis de Tomahawk Musique !

On y retourne rapidement avec les Rouennais d’Acoustic Soul Factory portés par leur chanteuse, Carol-Ann Croft, qui nous proposent un mélange soul blues où la guitare mais aussi l’harmonica et même la flûte apporteront une certaine touche d’originalité dans une journée de blues où les femmes ne seront malheureusement pas plus représentées sur scène. Le Parisien Antoine Holler qui accompagnait il y a quelques années Charles Pasi au Tremplin Blues-sur-Seine viendra cette fois se présenter sous son propre nom et nous offrir un blues très fin avant que Marc André Léger, jeune Canadien installé en Haute Savoie, ne vienne clôturer une finale haute en couleur au son de ses guitares très inspirées et de son jeu à la fois subtil et musclé ! Il ne reste plus maintenant au jury qu’à faire son choix …

Tandis que la jam animée par Philippe Stasiak commence à battre son plein du côté du Café Concert Luther Allison, chaque prix tente au mieux de trouver chaussure à son pied dans la salle des délibérations et après quelques derniers calculs et recalculs pour être persuadé que personne ne soit lésé, les trente deux votants du jour se retrouvent très vite devant la scène pour assister à la remise des récompenses. Acoustic Soul Factory recevra ainsi le prix de l’Europa Jazz Festival tandis que Mojo Hand sera récompensé par celui de Cognac Blues Passions … Monté trois fois sur la scène, Marc André Léger recevra le Prix Cahors Blues Festival des mains de Robert Mauries, celui du Collectif des Radios Blues de celles de Marc Loison et enfin le très prestigieux Prix Electro-Acoustique Blues-sur-Seine ! Les deux dernières récompenses échoiront à Antoine Holler qui rentrera chez lui avec en poche une programmation à Blues-sur-Seine et une autre au FestiBlues International de Montréal en 2009 puisque c’est lui qui remporte le Prix Electrique Blues-sur-Seine et le Prix FestiBlues doté d’une bourse de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse pour financer les billets d’avion vers le Québec. Personne ne sera bien entendu « perdant » puisque l’intégralité des finalistes se retrouvera compilée sur le CD des Trophées 2008 à paraître au printemps 2009 qui sera envoyé à nombre de médias spécialisés et généralistes mais aussi à tout ce que l’hexagone compte de professionnels en terme de programmation, de production et de services aux artistes. C’est sans le moindre doute la plus belle des récompenses que Blues-sur-Seine puisse offrir à ceux qui nous ont tant fait vibrer aujourd’hui !

Ovationnés par un public dans lequel on remarque Shanna Waterstown, Cisco Herzhaft, Bannish de Blues Power Band, une bonne moitié des Shake Your Hips!, K-Led Bâ’Sam, les Natural Blues, Charles Pasi et nombre d’autres encore, les finalistes seront une dernière fois félicités avant que chacun ne parte décompresser de la plus belle des façons qui puisse exister, en prenant un verre au bar, en se restaurant au buffet et en écoutant du blues au traditionnel bœuf de fin de soirée qui sera bien évidemment marqué du sceau d’un des hymnes incontournables de ce Tremplin, l’indispensable « Gare du Nord à 7 plombes du mat’ blues » de notre cher Mike Lécuyer ! Riche en rencontres, haut en couleurs et plein d’émotion, tel aura été ce 10ème Tremplin Blues-sur-Seine …

Mathieu Pesqué / Eric Bling – Le Colombier – Magnanville – 10 novembre

Le Colombier de Magnanville nous réserve traditionnellement de belles soirées et celle-ci ne dérogera pas aux habitudes d’une salle où l’accueil est chaleureux et où l’on est capable de vous proposer différentes sortes de thés au bar ! A little british touch in a french world … En cette veille de jour férié, on pouvait penser que le public viendrait en nombre et ce sont deux centaines de spectateurs qui ont fait le déplacement, bravant la pluie mais surtout un vent froid et violent qui s’abat sur le Mantois. Les fumeurs en grillent une dernière dans la cour, les retardataires passent par le stand des produits dérivés et c’est déjà Jean Guillermo qui vient rejoindre la scène pour nous présenter la soirée …

Issu du Tremplin Blues-sur-Seine dont il avait remporté le Prix Electrique en 2007, Mathieu Pesqué va user de l’heure de concert qui lui est dévolue pour nous proposer un set où il alternera entre son Weissenborn et sa guitare, deux instruments dont il tire des sonorités fabuleuses avec un talent tout particulier. Habitué des concerts dans les bars, Mathieu est quelque peu dérouté de se produire devant une assistance peu démonstrative mais en revanche très attentive et il lui faut quand même un ou deux morceaux avant de trouver définitivement le rythme juste, commençant tranquillement à communiquer entre les chansons puis s’essayant même à quelques plaisanteries qui passent bien au fur et à mesure que le concert avance.

Sortant un harmonica pour « Oh My Sweet Carolina » qu’il emprunte à Ryan Adams puis reprenant une dernière fois le Weissenborn pour « My Grandfather’s Clock » de Doc Watson, Mathieu Pesqué terminera une prestation d’une belle intensité par un rappel spontanément proposé par l’organisation qui apprécie au moins autant que le public la voix délicate du jeune homme et ses notes pleines de classe ! En une petite dizaine de morceaux, l’artiste a réussi à donner à tout le monde l’envie de découvrir son album actuellement en préparation … Il faudra revenir !

Un rapide entracte nous conduit directement vers le concert d’Eric Bling, autre coup de cœur personnel que l’on croise généralement l’été du côté du Québec où le Bordelais a des attaches. Créateur d’un nu-blues à la française, une musique à la fois roots et moderne, vintage et empreinte des nouvelles technologies, le brillant musicien qu’il est débarque sur scène avec pas moins de trois micros et d’autant de guitares mais aussi avec son lot de machines et d’effets qu’il installe au milieu d’un joyeux bric à brac au look très hétéroclite. De sa musique faite de bouts de ficelles et de morceaux de ferraille se dégage pourtant une très forte sensation de plénitude, d’aboutissement, et il ne faut pas beaucoup de temps pour entrer dans son trip et se mettre à littéralement planer à ses côtés.

Pieds nus, Eric Bling caresse ses pédales tandis que ses mains triturent les cordes de ses guitares, attrapant de temps à autre un harmonica pour alimenter des boucles qu’il crée devant son public, histoire de bien lui faire comprendre d’où vient le morceau qu’il entend. Installé à un juste milieu entre Skip James et Léonard Cohen, entre Robert Johnson et Tom Waits, Eric Bling propose ses propres morceaux tirés de ses anciens albums mais aussi de celui qu’il est en train de finaliser et nous présente ses blues psychédéliques, nous emmenant d’un « Into The Wild » à un « Mojo » au son d’une vieille « Wood Guitar » sans oublier d’en passer par un double épisode ferroviaire construit sur des vieux standards réarrangés à la sauce Bling. Le public, conquis, en redemande et si tout n’est pas parfait dans le son, Le Colombier semble ravi de découvrir un artiste atypique comme on n’en voit que trop rarement, un one man band construit à force de travail mais aussi de réflexion, en prenant appui sur des bases séculaires pour les amener à s’élargir sans pour autant perdre leur nature … Bien vu !

Il est à peine plus de 23 heures et déjà Le Colombier se vide, les derniers spectateurs s’attardant encore un peu devant les albums d’Eric Bling ou devant les T-Shirts du festival, admirant au passage la guitare mise en jeu par Fender et Tomahawk Music à la tombola et saluant les artistes venus rejoindre tout ce joli monde dans le hall. La soirée a été calme et pleine de virtuosité, il n’en fallait pas plus pour recharger les batteries après un début de festival déjà bien chargé. Au même moment, Shake Your Hips! se produisait en solo à Bennecourt dans un registre plus musclé que nous avions déjà savouré il y a quelques jours … La fête devait aussi y être belle !  

Shake Your Hips! – Salle Municipale – Bennecourt – 10 novembre (Texte & Photos de Bruno Migliano)

Après les présentations et remerciements d’usage à la municipalité, ce fut au tour des Shake de prendre possession  de la scène. Ouvrir le show avec un « Swing Harp » histoire de réchauffer tout ce petit monde, eh oui dehors c’est la pluie et on grelotte.

Freddy Miller entre en scène sur « Slow Down », ne vous y trompez pas ça ne va pas ralentir la bonne ambiance qui s’installe entre le public et le band, bien au contraire, les riffles de guitare d’Oliver Raymond commencent à donner la gigue, surtout que derrière ça s’enchaîne à une allure de folie, le public est en ébullition, la température à l’intérieur a grimpé de quelques degrés Celsius. Puis vient le « Stormy Monday » celui qui vous fait dresser les poils, pas de froid, non, mais d’émotion. Au premier accord de guitare on sent déjà que dans la salle le public est pendu aux cordes … vocales de Freddy Miller. Derrière la rythmique des frères Ferrié, Bob & Jay, assure comme un seul homme. Et que dire de Jean-Marc Henaux, jeu d’harmo tout en finesse, qui viendra au bord de la scène sans micro pour nous distiller quelques notes à lui. Quant à Olivier Raymond, le son claire de sa guitare, accompagnée de sa Wah Wah  achèvera ce petit bijou de « Stormy Monday ». La salle siffle, crie, applaudit à tout rompre. A croire que T-Bone Walker a écrit ce morceau pour les « Shake ». Par ailleurs ce morceau sera dédié au Président Alain Langlais, qui fête ce jour-ci son anniversaire … Alors, « Bon Anniversaire Monsieur le Président » … bon ok je suis pas blonde à forte poitrine mais quand même je le lui souhaite. Na !

Le set avance avec « Computer Lover » une compo des Shake, le public est toujours là à swinguer, et taper du pied, euh ?? parait qu’il ne faut pas faire de bruit quand on pêche ?? ben mince alors, parce que pour le coup sur « I’m Gonna Fishing », morceau écrit par le parrain du festival Mighty Mo’ Rodgers, et bien pour le coup disais-je ça envoie le bois et tout le monde s’y met. Pour le poisson vous passerez à la boutique en repartant car ça m étonnerait qu’il y ait quelque chose au bout de la ligne … Changement de guitare et les Shake entament la fin du show sur « Long Gone » et toujours sur un train d’enfer avec « Two Trains » et le « sourire de Caroline » vous aurez compris « Caroline’s Smile » ! Comme il faut bien s’arrêter à un moment donner, c’est avec « Lucky In Love » que les Shake vont clore cette soirée. Mais c’était sans compter le rappel du public qui ne veut pas en rester là. Alors il y aura quelques standards et viendra le temps des retrouvailles avec le public pour échanger quelques mots, signer des autographes sur les CD’s. Ah oui, Monsieur le maire était présent avec son invité de marque, un Coldstream Guard, vous savez ces soldats qui montent la garde devant le grand château à London. Ce Guard a tenu à acquérir d’un CD des Shake. Peut-être bien que la musique des Shake résonnera bientôt dans de royales oreilles … allez savoir ??

Bobby Dirninger : « La Route du Blues » – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 12 novembre

Le volet éducatif de Blues-sur-Seine est au moins aussi important que son volet social et son volet musical et outre les cours d’harmonicas et de chant prodigués dans les écoles, les rencontres musicales dans les collèges et les lycées et les formations proposées aux enseignants, le festival nous propose des spectacles spécialement destinés au jeune public, celui des écoles primaires … Si les établissements ont répondu présent en nombre au point que plusieurs d’entre eux n’ont pas eu accès aux séances de « La Route du Blues » dans la semaine, les Centres de Loisirs et les particuliers ont quelque peu mangé la commission et c’est une petite trentaine de spectateurs de tous ages qui va assister à un spectacle du mercredi exceptionnellement remanié en rencontre …

Installé au piano pour accueillir son public, Bobby Dirninger nous souhaite la bienvenue au son du blues et commence rapidement à nous raconter son histoire, en commençant par l’esclavage pour poursuivre par la ségrégation, non sans avoir évoqué l’immigration venue d’Europe et les instruments qu’elle a apportés aux Etats-Unis, le violon, l’accordéon … On traverse en musique et preuves à l’appui cent ans de blues et on découvre le wahsboard, la guitare acoustique puis l’électrique mais aussi l’harmonica et c’est en suivant les populations du Mississippi vers la terre promise et Chicago que l’on assiste médusé à une histoire qui avait plutôt mal commencé pour finir tout compte fait relativement bien ! Terminant cette « Route du Blues » par un morceau de rock, « What’d I Say », Bobby Dirninger n’oubliera pas d’inviter les plus jeunes à essayer ses instruments et à goûter par eux même au blues … Quelques autographes et beaucoup de remerciements clôtureront cette rencontre au bout de quarante cinq minutes denses à souhait !

Bluesy Loup’N The Good Stuff – Foyer des Jeunes Travailleurs – Mantes la Jolie – 12 novembre

S’il est une soirée de Blues-sur-Seine que personne ne voudrait manquer, c’est bien celle que le Restaurant Inter Entreprises du Foyer des Jeunes Travailleurs organise chaque année ! Outre la qualité de la programmation et celle de l’accueil, celle des bons plats mitonnés par Gilles est l’argument culinaire qui finit de faire que le rendez-vous est inévitable et personne ne s’y trompe, ni l’équipe technique et les bénévoles du festival, ni les politiques, ni même le public qui vient se serrer autour d’un verre du vin bio, de mets agréables et d’un peu de bon blues du cru.

Ce sont ce soir les locaux de Bluesy Loup’N The Good Stuff qui vont animer le repas avec leur blues inspiré de Robert Johnson et de Skip James mais aussi d’Eric Clapton, des Rolling Stone ou encore de Jimi Hendrix dont les notes retentiront au fil des différents sets que le groupe nous proposera. Bénévoles au sein de Blues-sur-Seine, Jean-Christophe au chant, à la guitare et aux percussions et son frère Mathieu Seigneur à la guitare électrique sont désormais accompagnés du guitariste et chanteur Jean-Paul Favre et du saxophoniste Christophe Bertin et c’est avec beaucoup d’entrain qu’ils nous proposeront une musique à la fois riche et variée, reprenant même Patrick Verbeke dans le texte pour mieux nous rappeler que le blues sait aussi avoir du charme quand il est interprété dans la langue de Molière. On ne pouvait rêver meilleure soirée d’anniversaire pour notre ami Bibiche de Tomahawk Music qui trônait fièrement aux côtés de ses amis et devant la Stratocaster dédicacée par les artistes que le gagnant de la tombola recevra le 21 novembre prochain.

Installés dans le restaurant, Corky Siegel et ses musiciens, Rick L Blues, Henry Breton ou encore Slim Wood ne manqueront pas une miette d’un concert en tous points réussi et si Corky a eu la mauvaise idée de partis se reposer avant que la jam ne démarre, Rick L Blues et Henry Breton ne manqueront pas de rejoindre Bluesy Loup’N The Good Stuff afin de nous donner un avant goût de ce que nous réserve leur duo dans les jours qui viennent ! Quelques minutes avant, c’est Jean-Paul Favre qui saluait Olivier, lui aussi bénévole de Blues-sur-Seine en lui dédiant quelques couplets de « Sweet Home Chicago » devenus « Sweet Home Vieux Logis » en l’honneur de l’établissement dans lequel chacun se plaisait à aller écouter du blues jadis … Un bien bel hommage pour terminer une soirée qui n’était pas moins belle !

Ramon Goose – Le Flip Bar – Mantes la Jolie – 12 novembre (Texte & Photos de Bruno Migliano)

Le Fip Bar. Ce petit mastroquet de la rue Porte aux Saints recevait Ramon & Joe Goose. Deux frangins débarqués de la Grand Bretagne.  Vu la taille du lieu, ils avaient choisi d’emmener que leur contre basse et deux guitares, acoustique, dont un Dobro prêté par Michel. Et c’est dans une ambiance bien sympathique que les deux twins allaient nous délivrer du bon Blues durant une heure et demie. Le répertoire composé essentiellement de standard, comme « Everyday I Have The Blues » ou de « In my Father House » ou voir du Steve Ray Vaughan un « Rude Mood » joué avec dextérité. « Hey Hey » la guitare de Ramon sonne super avec un petit côté ragtime (un petit jeu de mots au passage…). Un peu jazzy avec « Cut Me to The Bone »  et sur « Stormy Monday » en version acoustique le résultat sera franchement bien. Ramon c’est aussi une voix, certes pas rocailleuse mais bien posée avec un timbre juste un peu gras. On ne voit pas le temps passé, il est temps de filer au FJT, là où il parait que la fête bat son plein. Dommage on arrivera un peu tard, mais Ramon & Joe Goose sont bien décidés à taper le bœuf. Rendez-vous est pris, chez un certain Phil (NDLR : le grand Philippe Stasiak) … A suivre !

Chamber Blues et l'Orchestre de l'ENM (répétitions) – Ecole Nationale de Musique – Mantes la Jolie – 13 novembre

Arrivé dans le Mantois depuis quelques jours, le Chamber Blues de Corky Siegel s’est mis au travail dans l’auditorium de l’Ecole Nationale de Musique pour y préparer un spectacle unique en son genre regroupant un orchestre classique et une formation blues avec piano, harmonica, percussions et contrebasse. Programmé à un moment où les concerts seront nombreux, il sera très difficile de nous rendre à cette représentation aussi intimiste qu’attirante et c’est donc les répétitions que nous avons choisi d’aller voir, des répétitions qui attirent déjà du monde puisque dans les allées de l’auditorium, on peut croiser une bonne partie du staff du festival mais aussi Mighty Mo’ Rodgers, le parrain de cette dixième édition arrivé par avion ce matin même !

C’est un Corky Siegel installé au piano qui nous accueille pour quelques pièces en trio avec Jim Tullia à la contrebasse et Ernest Frank Donaldson aux percussions et nous avons tout le loisir de constater que le leader du Chamber blues est tout aussi virtuose aux ivoires qu’avec ses harmonicas le temps que tout le monde arrive à trouver le son parfait, celui qui sied le mieux à un endroit où l’acoustique est forcément idéale ! Le charismatique Corky vêtu aux couleurs de Barrack Obama nous montrera une fois encore qu’il est aussi perfectionniste dans sa recherche musicale que détendu et agréable à la ville et c’est après avoir essayé diverses combinaisons d’amplis qu’il fera le choix de se repiquer par un micro pour obtenir exactement ce qui correspond à ce qu’il souhaite offrir au public.  

Le brouhaha se généralise sur les coups de 18 heures quand les élèves de l’Ecole Nationale de Musique commencent à s’installer devant leurs pupitres, essayant leurs violons, violoncelles, altos et contrebasses mais aussi flûtes, bassons, trompettes et percussions avant que l’Orchestre au grand complet ne commence à répéter. Dirigé par un chef impressionnant de talent, l’Orchestre de l’ENM de Mantes en Yvelines trouve naturellement ses marques et avance à grand pas, les premières petites imperfections s’estompant très rapidement puis s’effaçant totalement pour en arriver à une prestation irréprochable à laquelle le Chamber Blues vient très vite se greffer pour que le résultat soit aussi improbable que fabuleux ! Il y a de quoi avoir des regrets de ne pouvoir assister à la représentation de samedi soir, quand tout ce joli monde sera en costume et prêt à donner le meilleur de lui-même dans une représentation complète où l’aspect visuel complètera le rendu musical …

Rick L Blues – Le Sporting – Mantes la Jolie – 13 novembre

Impossible de ne pas répondre à l’invitation de notre ami harmoniciste québécois Rick L Blues et de son complice guitariste Henry Breton qui se produisent ce soir dans le off du festival, les fameux Bars en Seine qui font vibrer les villes chaque jour au son des douze mesures. Copieusement garni, Le Sporting apprécie comme il se doit la prestation du duo qui nous propose aujourd’hui un florilège des standards du blues dans lequel on reconnaît forcément les « Got My Mojo Working » et autres « Sweet Home Chicago » que les deux artistes interprètent comme toujours avec beaucoup de talent et de virtuosité. Taquin, Rick L Blues ne manque pas d’aiguillonner par moments son public pour mieux le faire réagir et surtout pour l’inviter à participer au spectacle en dansant ou simplement en tapant dans ses mains et c’est à l’arrivée un bar conquis non seulement par l’accent si caractéristique de nos cousins de la belle province mais aussi par la voix de Rick et le jeu des deux musiciens qui acclame une prestation haute en couleurs ! Nul doute que quelques spectateurs présents ce soir auront envie de retrouver Rick L Blues vendredi à Aubergenville ou encore samedi à Verneuil sur Seine !

Slim Wood – Le d’Estrées – Mantes la Jolie – 13 novembre

Repéré au FestiBlues International de Montréal et invité en France par Blues-sur-Seine grâce au soutien financier de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse dans le cadre du Concours Relève en Blues, le pianiste Slim Wood nous attendait ensuite au d’Estrées où l’affluence était elle aussi de mise, signe s’il en fallait encore que le blues peut attirer du monde dans les bars … Arrivé juste au moment de la pause, l’occasion était idéale pour aller échanger quelques mots avec un garçon attachant que nous avions déjà croisé à Montréal l’été dernier mais aussi à Blues sur Seine où il se produisait déjà en 2005 en accompagnement du Blues Berry Jam. Très vite reparti derrière ses claviers, Slim Wood offrira à son public un deuxième set très intéressant sur lequel le rejoindront quelques invités comme Bobby Dirninger venu s’associer à lui pour une pour une démonstration à quatre mains d'anthologie mais aussi ses compatriotes Rick L Blues et Henry Breton qui avoueront être enchantés d’avoir joué pour la première fois ce soir en compagnie du pianiste et être fiers que cela ait eu lieu dans le cadre de Blues-sur-Seine ! 

Slim Wood / Benoît Blue Boy – Salle Municipale – Limay – 14 novembre

Blues-sur-Seine amorce ce soir un premier grand virage et s’offre au passage la journée la plus chargée du festival avec rien de moins que quatre grands concerts dans le « In » et quelques bars et dîners concerts en prime ! C’est donc un véritable casse-tête qui se présente à nous et choisir entre Rick L Blues à Aubergenville, le Chicago Blues Festival à Bonnières, Guy Bélanger & Gilles Sioui et Ilene Barnes à Achères et enfin Slim Wood et Benoît Blue Boy à Limay n’est pas chose facile, d’autant que nous avons tous des affinités avec chacun de ces artistes ! C’est finalement Limay qui sera retenu et après le repas en compagnie de Fruteland Jackson fraîchement arrivé des States et Bobby Dirninger victime d’une tendinite au pouce, nous suivons de près les Tortilleurs et leur boss mais aussi notre jeune Québécois pour assister au lancement de la soirée effectué aujourd’hui par Alain Robinet !

On commence avec les enfants de l’Ecole Ferdinand Buisson venus présenter les fruits de leur apprentissage d’harmonicistes et de chanteurs en compagnie de Sébastien Charlier et de Nicolas Espinasse et on en passe par trois titres pas forcément blues dans l’âme puisque se succèdent « Sur la route » de De Palmas, « Another Brick In The Wall » de Pink Floyd et enfin « Ladies Night » de Tom Jones pour le plus grand plaisir des parents qui ne tarissent plus d’éloges devant les prouesses d’une progéniture qui, il faut bien le reconnaître, se montre plutôt brillante après seulement six heures de travail de l’instrument ! 

C’est ensuite au tour de Slim Wood de venir prendre possession de la scène et c’est baigné dans une lumière jaune intimiste qu’il s’installe au piano pour nous proposer les bons boogies dont il a le secret. De classique en classique, le jeune lauréat du Prix Blues-sur-Seine / OFQJ au dernier Concours Relève en Blues du FestiBlues International de Montréal nous sortira avec toujours autant de talent et de décontraction des « St James Infirmary », « Georgia On My Mind », « Everyday I Have The Blues », « Got My Mojo Working » et autres « Great Balls Of Fire » tout en prenant soin de laisser le bon temps rouler pour terminer en beauté par un rappel qui nous conduira tout droit vers les bayous de Louisiane. Salué comme il se doit par une belle salve d’applaudissements, Slim Wood aura donné ce soir le dernier de ses concerts de Blues-sur-Seine et n’aura plus désormais qu’à se concentrer sur son réveil programmé aux aurores demain matin pour rejoindre Montréal …

Le public a à peine le temps de se désaltérer au bar que déjà les Tortilleurs s’installent sur la superbe scène de Limay. Handicapé par une blessure à la jambe, le guitariste Stan Noubard Pacha doit ce soir jouer assis et Benoît Blue Boy en fait autant pour parfaire un tableau où le seul à être debout est le bassiste Thibaut Chopin, Fabrice Millerioux étant bien naturellement assis derrière ses fûts ! Parti tranquillement sur un blues lent, Benoît va tranquillement laisser monter son set en puissance en lui apportant de beaux morceaux comme « Idiot ou bien crétin », « Les temps changent », « C’est tout correct » ou encore « Descendre au café » qui seront appréciés par un public malheureusement trop sage qui, hormis trois jeunes élèves de la restitution avec qui l’harmoniciste et chanteur établit le dialogue et qui participent activement, ne bougera pratiquement pas. Dommage car Stan toujours aussi virtuose à la guitare et Benoît Blue Boy visiblement très motivé auraient bien aimé nous inviter à « Aller z’au tortillage » en leur compagnie si nous avions su nous montrer un peu plus démonstratifs ! Il n’en reste pas moins que la prestation du quartet restera dans les mémoires de cette dixième édition de Blues-sur-Seine et que ceux qui, malheureusement trop peu nombreux, ont fait le déplacement n’ont pas eu à le regretter !

Minuit a sonné depuis quelques minutes et il est temps d’aller prendre un peu de repos en prévision d’une journée de samedi qui va une fois encore être éprouvante mais également sans le moindre doute aussi formidable que les précédentes ! Le temps de saluer les élus de Limay, les techniciens et les bénévoles de Blues-sur-Seine et c’est sur la rive gauche du fleuve qu’il nous faut désormais retourner … La circulation à cette heure tardive est redevenue fluide et l’opération ne nous prendra que quelques minutes, à peine le temps de se repasser le film d’une soirée où le blues a de nouveau résonné dans le Mantois !     

Chicago Blues Festival – Centre Culturel Louis Jouvet – Bonnières sur Seine – 14 novembre (Texte & Photos de Bruno Migliano)

Eh oui, cette bonne ville de Bonnières devrait être jumelée avec Chicago. Pour la dixième édition de Blues-Sur-Seine, le Chicago Blues Festival s’arrêtait à la salle Louis Jouvet. Arrivé une heure à l’avance je décidais d’aller me restaurer dans le quasi-seul endroit resté ouvert, un shop burger. Le sandwich englouti, je retournais vers la salle, quelle ne fut pas mon agréable surprise de voir cette salle se remplir à vue d’œil . Serait ce dû à la charmante dame qui allait fouler l’estrade dans quelques minutes ?

Pas si sûr car le plateau proposé cette année était quelque peu alléchant, tant pour les musiciens accompagnateurs que pour les artistes dits principaux. Jugez plutôt, à la basse Jackson Russell, fidèle à son poste, au clavier Ken Saydak qui a joué en l’occurrence pour Johnny Winter, Otis Rush et Lurry Bell et que nous avions pu voir ici même l’an dernier, et enfin Willie Hayes, batteur de Willie Dixon entre autre, que j’avais croisé (à l’époque ou j’étais jeune et bô) à l’occasion des tournée de Willie en France pour lequel j’étais Tour Manager.

Les festivités allaient se faire sur deux set et le premier à servir après une prestation de Jackson Russell et Ken Saydak fut Andrew « Jr Boy » Jones. Le son bien Chicago ainsi que le jeu me rappelle un peu le King. Moi ça me dérange pas et j’aime ça. Le public aussi apprécie beaucoup, on peu remarquer dans la salle des gens qui tapent des mains et se balancent sur le siège. S’ensuit une charmante dame, très classe dans sa tenue scintillante, le mug à la main, on ne saura pas ce qu’il y avait dedans mais dans tous les cas Shakura S’Aida était en pleine forme. D’entrée de jeu elle prend le public en main, et c’est avec une certaine aisance dans la langue de Molière qu’elle adresse à lui. Andrew « Jr Boy » Jones restera pour l’accompagner. Shakura, de sa voix splendide un peu à la Tina, nous entraîne dans un univers, funky, soul, blues … C’est divin ! Quelques pas de danse, voir plusieurs où elle joue aussi avec Andrew à des poses … humm ! Je vous laisse juger par vous-même. Des petits tracas avec le micro, et puis c’est au tour de Dc Bellamy de prendre place. Pour lui, les tracas seront plus c….t, coupure de ligne, plus de son, une chance on a encore l’image. C’est a cappella qu’il s’en tirera, à deux reprises. Enfin la pause arrive, on en profite pour se rafraîchir le gosier, pendant ce temps les techniciens tirent une ligne de secours et le show reprend. De nouveau, Andrew entame le second set, puis la dame qui s’est changée et nous revient dans une tenue encore plus scintillante avec la voix et le show encore plus fort. Dc Bellamy fera aussi son retour et cette fois ci il aura plus de chance puisque tout a tenu, ouf !!  Reviendront sur scène Andrew « Jr Boy » Jones et Shakura S’Aida pour quelques morceaux tous ensemble. La fin du show se terminera sur un tonnerre d’applaudissement, il y aura un seul rappel, dommage, c’était trop bon, c’était fabuleux !

Retour à la maison avec « Blueprint » dans le lecteur histoire de rouler pénard sans se faire flasher. Demain belle journée en perspective…

Formation de formateurs avec Michael Hawkeye Herman – Château de La Roche Guyon – 15 novembre

Michael Hawkeye Herman est indiscutablement la référence en matière de culture blues et ce n’est pas un hasard s’il est allé partager ses connaissances dans plus de cinq centaines d’écoles et devant plus d’un million d’enfants. Seul détenteur d’un savoir qu’il a réussi à obtenir des premiers bluesmen désormais pratiquement tous disparus, le guitariste et chanteur américain a été investi d’une mission de leur part, celle de transmettre à son tour l’héritage du blues auprès du public et des musiciens. Invité à Blues-sur-Seine pour la troisième année consécutive, Hawkeye reprend cette année sa casquette de formateur et s’en va prodiguer son enseignement à des enseignants spécialisés dans la musique mais aussi à des musiciens qui veulent se perfectionner dans les spectacles éducatifs … Nous nous devions d’aller à sa rencontre pour assister en partie à cette transmission intellectuelle et musicale et c’est à un véritable show que nous assistons, ce personnage haut en couleur étayant ses arguments en y ajoutant le geste qui va bien, la petite démonstration à la guitare ou au chant, et évoquant aussi bien le rap que la musique classique contemporaine qui ont su piocher dans le blues pour enrichir leurs sonorités et agrémenter une palette musicale de la fameuse « blue note » mais aussi créer une gamme spécifiquement blues, une gamme réduite à cinq notes qui sonnent naturellement d’elles-mêmes !

Au niveau des regrets, on signalera quand même que ce n’est qu’une poignée de disciples qui a répondu à l’appel conjoint de Blues-sur-Seine et de Michael Hawkeye Herman et qui s’est rendue jusque dans le superbe Château de La Roche Guyon pour y devenir à son tour détentrice d’une partie, aussi infime soit elle, des secrets de Son House, de Robert Johnson, de Muddy Waters, de Sonny Boy Williamson et de tant d’autres encore …

Rick L Blues / Mighty Mo’ Rodgers – Espace Maurice Béjart – Verneuil sur Seine – 15 novembre

C’est de notoriété publique auprès des habitués de Blues-sur-Seine, le concert de Verneuil est traditionnellement un des meilleurs du festival et forcément, ils sont nombreux ceux qui ont fait le déplacement depuis Mantes mais aussi depuis toute la région pour assister à un concert exceptionnel réunissant Rick L Blues et Mighty Mo’Rodgers, deux personnages charismatiques et attachants venus d’Amérique du Nord.

Ce sont nos amis québécois qui se chargent ce soir de chauffer la salle et du haut de la superbe scène de l’Espace Maurice Béjart, Rick L Blues et Henry Breton ne vont pas manquer leur rendez-vous avec un public que l’harmoniciste attrape immédiatement par le cœur pour très vite l’installer dans le creux de sa main et l’emmener là où il le souhaite, lui offrant un « Mystery Train » en guise d’apéritif puis le faisant rêver avec un « My Babe », un « Crossroads Blues » ou encore un « Hit The Road Jack ». Le dialogue s’établit entre le duo et la salle et le public vibre très vite à l’unisson de l’harmonica de Rick et de la guitare d’Henry, répondant au moindre des gestes du frontman et ponctuant ses mouvements de bras d’une onomatopée qui amuse forcément tout le monde.

On poursuit encore un moment dans les standards avec « Georgia On My Mind » et « Sweet Home Chicago » puis on entre dans le vif du sujet avec deux morceaux tirés du superbe album « Blue September », un ouvrage joyeux qui tire pourtant sa source dans des évènements tristes qui ont marqué la vie de Rick L Blues il y a quelques années. « Ch’partirai plus » et « Belle Roots » nous entraînent vers la Louisiane au son d’un harmonica particulièrement inspiré et des accords puissants et précis d’une guitare qui ne l’est pas moins et c’est finalement sur un dernier standard, un « Got My Mojo Working » réarrangé à la sauce flamenco que le duo mettra tout le monde debout pour une standing ovation aussi spontanée qu’appuyée ! L’invitation à rejoindre Rick au bar et au stand de vente des produits dérivés est bien évidemment entendue de tous et ils sont nombreux ceux qui viendront le saluer, le féliciter où tout simplement essayer de repartir chez eux avec un peu de sa musique !

Mighty Mo’Rodgers est un personnage devenu incontournable dans l’histoire de Blues-sur-Seine puisqu’il a été le premier à composer et à enregistrer un titre au nom du festival il y a maintenant cinq ans ! Fier d’en être une seconde fois non seulement l’invité mais aussi le parrain, celui qui a partagé sa vie entre la philosophie et la musique nous a enregistré cette année un nouvel hymne et c’est par celui-ci qu’il démarre son concert du jour, « Keeping The Blues Alive » ne manquant pas de mettre un peu d’émotion au cœur de ceux qui, de près où de loin, ont participé à dix années de travail récompensées il y a un an déjà par un award du même nom !

Trônant fièrement derrière ses claviers, la chemise ouverte sur un T-shirt noir et le bandana ben ajusté sur le crâne, Mighty Mo’ force le respect par sa stature imposante mais aussi pas sa barbe blanche qui accentue encore un peu la sensation d’être installé face à un de ces prêcheurs noirs engagés comme on en trouve aux States. C’est en nous emmenant dans ses albums en commençant par l’excellent « Redneck Blues » qu’il nous servira son sermon du soir, un prêche bluesy à souhait dans lequel il met tout son engagement politique, humain, social et musical et où il salue l’arrivée de Barrack Obama à la Maison Blanche, où il dénonce la dictature de l’argent, l’emprisonnement massif des gens aux Etats-Unis et plus généralement les travers d’une société en crise ! Aux côté de ce pasteur du blues, on remarque une section rythmique franco-américaine emmenée par le batteur André Charlier et un guitariste virtuose qui pose ses notes dans celles de Mighty Mo’Rodgers, les argumentant, les rehaussant, les magnifiant sur des « Have You Seen The American Dream? », des « Took Away The Drum », des « Blues Is My Wailin’ Wall », des « Bring Back Sweet Soul Music », des « Prisoners Of War » et enfin un superbe « Chicago » repris par toute la salle !

Revenus vêtus de T-shirts à l’effigie de leur nouveau président pour un unique rappel, les trois citoyens américains du Mighty Mo’Rodgers Band partageront avec leur batteur français leur standing ovation du jour et finiront de confirmer que le concert de Verneuil sur Seine pour lequel on a ce soir refusé du monde était une fois encore un des plus chauds et des plus vibrants de Blues-sur-Seine ! Sebastian Danchin mais aussi Philippe Langlois présents dans la salle confirmeront sans le moindre doute … 

Flyin’ Saucers – Emmaüs – Follainville-Dennemont – 16 novembre

Le concert donné chaque année au sein de la Communauté Emmaüs de Follainville Dennemont est traditionnellement la petite touche vintage apportée à Blues-sur-Seine et si en s’installant dans la salle des meubles les groupes se montrent généralement surpris, voire carrément décontenancés, le concert qu’ils donnent fait généralement partie des grands moments du festival ! Succédant à des formations comme Mercy Blues Band ou encore The Texas Sluts, les Flyin’ Saucers sont un très bel exemple de ce que les groupes issus du Tremplin Blues-sur-Seine peuvent devenir et vont aujourd’hui nous démontrer à quel point leur blues est riche et séduisant …

On commencera traditionnellement avec les restitutions des élèves des écoles Jules Ferry et Ferdinand Buisson venus démontrer à quel point l’action de Blues-sur-Seine en faveur des scolaires est efficace et c’est en commençant par le chant pour continuer par l’harmonica que les élèves de Christophe Guest et de Sébastien Charlier rappelleront à tous que le blues peut entrer dans les classes dès le plus jeune age et qu’il peut en plus être un vecteur d’insertion pour l’avenir ! Venu en invité et fondu dans la masse des spectateurs, Mighty Mo’Rodgers n’en manquera pas une bouchée et filmera même une bonne partie de la représentation à des fins personnelles.

Entourés de buffets, de commodes ou encore de canapés, les Flyin’ Saucers vont aujourd’hui nous servir un set dense et bref mais surtout très réussi et auquel une bonne partie du public va participer de bon cœur. Partis plutôt bien avec « Blues Shuffle », les Bordelais parmi lesquels on reconnaît Fabrice Joussot aux guitares, Fabio Izquierdo à l’harmonica, Jean-Charles Duchein à la basse, Cédric Le Goff aux claviers et Stéphane Stanger à la batterie vont s’attacher à offrir le set le plus convivial possible et c’est en s’adaptant à un public familial venu à l’heure où l’on déguste généralement le thé qu’ils nous emmèneront vers une adaptation de « I Got A Woman » pleine de washboard et d’énergie ou encore vers une autre de « Driving Down » sur laquelle la salle chantera et tapera des mains de bon cœur et enfin vers un « Fire On The Bayou » relevé à souhait. Très appréciée durant la toute petite heure qu’elle durera, la prestation de ceux qui se sont il y a peu de temps fendus de l’excellent album « Raw & Spicy Covers » permettra aux Flyin’ Saucers de vendre bon nombre d’albums mais aussi de signer à peu près autant d’autographes auprès d’un public qui a visiblement bien accroché !

Tandis que le reste du groupe remballe tranquillement son matériel avant de reprendre la route du Sud Ouest, nous en profitons pour accompagner son bassiste vers chez un des partenaires du festival, la SNCF, dont ce dernier utilisera les services de nuit pour être certain d’être à pied d’œuvre demain à l’aube près de l’embouchure de la Gironde où il est attendu pour d’autres obligations professionnelles ! C’est l’occasion idéale de découvrir la Gare de Mantes toute décorée aux couleurs de Blues-sur-Seine mais aussi à celles de Martin Luther à qui est dédiée cette dixième édition !     

Ten Years After – Salle Municipale – Porcheville – 18 novembre

Pour dignement célébrer quarante années de production électrique sur le site de Porcheville, EDF a choisi ce soir d’organiser une manifestation privée hors festival tout en demandant à Blues-sur-Seine de s’associer au projet et c’est donc dans la salle municipale du village que nombre des bénévoles de l’association retrouveront le flot des invités pour aller retrouver une légende vivante qui affiche elle aussi quarante années de production elle aussi électrique, Ten Years After !

Vu et revu, voire même en ce qui nous concerne re-revu et carrément re-re-revu, le groupe piloté de main de maître par le jeune guitariste et chanteur Joe Gooch va ce soir nous servir son set classique dans lequel il incorporera toutefois quelques extraits de son nouvel effort, « Evolution ». Toujours aussi vert à la basse et toujours avec la même mèche rebelle qui vole au grès de ses mouvements de tête, Leo Lyons ne manquera à aucun moment de marquer parfaitement le tempo avec son vieux pote Ric Lee aux drums et c’est un Chick Churchill lui aussi irréprochable qui viendra compléter un tableau malheureusement desservi par un son au moins aussi saturé que l’éclairage rouge feu et nauséabond que les cellules des appareils photo auront énormément de mal à digérer ! On traversera ainsi en aveugle et les bouchons profondément enfoncés dans les oreilles mais avec toujours autant de plaisir des classiques comme « Hear Me Calling », « Good Morning Little Schoolgirl », « Big Black 45 », « Love Like A Man » et autres « I Can’t Keep From Crying Sometimes » sans oublier d’en passer par le grandiose solo de batterie, « The Hobbit », durant lequel l’éclairagiste mettra près de trois minutes à trouver sa cible avant de mettre enfin Ric Lee, pourtant seul en scène, sous le feu des projecteurs ! Trop de technique tue la technique et tant qu’à faire, quand on ne maîtrise pas les nouvelles technologies, autant en rester aux bonnes vieilles méthodes …

S’adressant le plus souvent possible à leur public dans un Français fort honorable, les Ten Years After ne manqueront pas de souligner qu’ils reviendront tourner en France en décembre et préciseront même qu’ils se rendront à la fin du concert au stand merchandising pour y satisfaire à un besoin d’autographes tout naturel de la part du public. Une première sortie de scène sur l’éternel « I’m Going Home » et un double rappel terminé par « Choo Choo Mama » finiront de plier deux heures d’un set plein d’énergie et d’envie qui ne restera malheureusement pas dans les anales du groupe au même niveau que celui de Woodstock ou même plus proche de nous que celui de Poissy où Ten Years After était déjà venu dans le cadre de Blues-sur-Seine en 2006 ! Certains regretteront bien d’avoir fait l’impasse sur le show des Carolina Chocolate Drops à Mézy sur Seine ou encore sur celui d’un Fruteland Jackson très en forme au dîner qui se produisait ensuite à Saint Martin la Garenne mais ce ne sera certainement pas le cas de notre ami bénévole Jean-Yves Lacaze venu spécialement du Québec pour prêter main forte à l’équipe de Blues-sur-Seine qui découvrait ce soir de visu et pour la toute première fois le show des Ten Years After, assez rares en Amérique du nord et carrément absents dans la Belle Province depuis des lustres !  

Slawek / Big James – Salle Municipale – Buchelay – 19 novembre

Il y a maintenant plus de deux semaines que Blues-sur-Seine a donné ses premières notes dans le Mantois et ce soir, c’est plus ou moins calme pour les techniciens qui n’ont qu’un concert à assurer … C’est l’occasion idéale de les retrouver tous à table dans une convivialité et une bonne humeur qui font plaisir à voir et après avoir partagé quelques instants privilégiés avec l’équipe de Simon Costes et Ronan Daniel, c’est vers Buchelay que nous nous rendons en compagnie de Michael Hawkeye Herman et Willite qui vont y passer leur dernière soirée de festival avant de s’envoler vers Barcelone d’où ils prendront quelques jours de vacances en croisière sur la Méditerranée … C’est la Stratocaster offerte par Fender qui nous accueille à l’arrivée dans la salle et les quelques minutes qui nous restent avant le début du concert nous permettent de faire le tour des dédicaces qui commencent à recouvrir tout le corps de l’instrument !

Emmenés par Christophe Guest qui se partage entre percussions, cuivres et guitares, les élèves de l’Ecole Pierre Larousse viennent sur le devant de la scène pour nous y démontrer à quel point les six heures d’initiation musicale qui leur ont été proposées leur ont été profitables et c’est en tapant des mains en rythme mais aussi en chantant en chorale ou même en solo qu’ils émeuvent leurs parents dans diverses interprétations et dans une création où il est question de football mais aussi d’intégration sociale réussie ! Dommage que le message ne soit pas parfaitement passé et que nombre de ces mêmes parents aient très rapidement quitté la salle pour s’en aller à leur tour s’intégrer par le foot devant leur poste de télévision.

On trouve donc de la place sans trop de difficulté dans la salle municipale de Buchelay quand Slawek et son complice Gilles Riaux s’installent pour nous proposer leur ingénieux world blues, une musique dans laquelle le chanteur, guitariste et harmoniciste tire non seulement profit de ses origines polonaises mais aussi de ses multiples expériences pour mettre en harmonie des sonorités slaves, orientales, européennes et bien évidemment américaines. S’exprimant aussi bien en Français qu’en Anglais et même en Polonais ou en Allemand, Slawek va nous promener dans son répertoire au son de ses guitares que les percussions ou encore la basse de Gilles viennent habiller de beaucoup de nuances. On en passe par « Istanblues » ou encore par « D’Est en Ouest », des morceaux dans lesquels la fusion des genres est délicieusement présente, mais aussi par des titres pleins d’humour et de second degré comme ce « Travelling Blues » qui évoque les voyages trop bien organisés ou encore « Fainéant » qui traduit tout haut ce que nombre de gens pensent tout bas des saltimbanques, une corporation dont l’artiste fait partie. Une petite incursion vers le jazz, une adaptation de « Cocaïne » et un ultime « Boogie Ja I Ty » finiront de faire de ces quarante cinq minutes de concert un moment qui restera dans les mémoires.

La salle se vide encore un peu à l’approche de la seconde mi-temps et c’est maintenant un parterre de spectateurs aux limites du ridicule qui s’ouvre devant Big James Montgomery, tromboniste et chanteur qui a œuvré aux côtés des plus grands, de Little Milton à Albert King en passant bien évidemment par Buddy Guy dont il a participé aux tournées. Cuivrée et funky, la musique du sextet est une invitation à la danse et c’est quasiment instantanément que quelques amateurs se mettent à bouger à la découverte des titres de « Thank God I Got The Blues » que Big James interprète copieusement ce soir. De forts accents chicagoans se mettent à inonder Buchelay et c’est sous l’œil averti de Jean-Pierre Vignola et Didier Tricard qui ont tous deux délaissé pour l’occasion le Jazz Club Lionel Hampton du Méridien Etoile que le concert va très vite monter en intensité. La rythmique impeccable de Melvin Smith et Cleo Cole impose un groove impeccable sur lequel le guitariste Mike Wheeler et son acolyte claviériste Joseph Sylvestre Blocker laissent éclater nombre de petites touches toujours très inspirées, le dernier agrémentant régulièrement le tout d’effets de vocoder et tout ce beau monde réuni portant à bout de bras les cuivres du frontman mais aussi ceux du saxophoniste Charles Kimble, certes un peu forts mais ô combien séducteurs ! A l’approche de la vingt-troisième heure du quatorzième jour de ce dixième Blues-sur-Seine, Big James finira de présenter ses musiciens et s’en ira brièvement pour mieux revenir quelques secondes plus tard et clore une prestation époustouflante sur les accords d’un « Sweet Home Chicago » auquel viendront se greffer des bribes de « Shake, Rattle And Roll » sur le final pour le plus grand bonheur des bénévoles qui ont pour l’occasion improvisé une chorégraphie devant la scène.

L’heure est encore décente quand les derniers spectateurs quittent Buchelay et c’est dans une bonne humeur communicative que l’on se prépare déjà à retrouver Big James dans les jours à venir puisqu’il inondera Le Chaplin de ses notes samedi après-midi avant d’en faire de même pour la clôture du festival le soir au Circus où la soirée cabaret risque d’être animée … L’heure est pour l’instant au repos car les trois jours qui viennent nous promettent encore de belles choses à découvrir ou à redécouvrir !

The Holmes Brothers – Espace Corot – Rosny sur Seine – 20 novembre

Il est des soirs à Blues-sur-Seine où le plaisir est double puisque outre celui de rejoindre aujourd’hui les Holmes Brothers à l’Espace Corot de Rosny sur Seine, c’est en compagnie de nos amis toulousains d’Awek que nous traverserons Mantes juste après un dîner arrosé comme il se doit en ce troisième jeudi de novembre du traditionnel Beaujolais Nouveau … On ne vous épargnera pas l’avis officiel pas toujours forcément partagé d’ailleurs sur les qualités gustatives du breuvage : « 2008 est un millésime tout en finesse et en fruit. Avec ses arômes de petits fruits rouges, classiques de son cépage, le gamay noir à jus blanc, associés à des notes de pêche et d'abricot, le beaujolais nouveau 2008 se résume en un mot : du fruit, du fruit, et encore du fruit ». Dont acte, place à la musique !

Emmenés par Christophe Guest, les enfants des écoles Justice et Baronnes de Rosny vont ce soir venir se placer devant la scène au son du djembé et c’est ensuite accompagnés d’un saxophone ou d’une guitare qu’ils nous chanteront leurs blues avec beaucoup de talent, les solistes ne manquant jamais une occasion de se mettre en valeur sur des chansons où il est question d’un « Nouveau » ou encore d’une certaine « Emma », solide paysanne qui fait le travail de deux hommes … Copieusement applaudis par leurs familles, les jeunes gens s’en retourneront ensuite tranquillement vers leurs places comme ils étaient arrivés, au son des percussions !

Les Holmes Brothers ont atteint l’état de grâce, c’est du moins ce que leur dernier ouvrage sorti en 2007 chez Alligator Records tente de laisser croire, et ils vont ce soir nous le démontrer en nous proposant un set construit autour de trois axes majeurs, le gospel, la soul et le blues. Trois voix complémentaires qui chantent chacune leur tour mais aussi parfois ensemble font de la prestation de Sherman Holmes (basse), Ray Schinnery (guitare) et Popsy Dixon (batterie) un véritable régal et si l’on démarre tranquillement sur une version très personnelle du célèbre « Amazing Grace », c’est très vite vers un gospel musclé puis vers une adaptation de « Mystery Train » que ces papys du blues venus de Virginie nous emmènent. On passe ensuite de blues lents en soul bien pesée et l’ombre d’Otis Redding plane très régulièrement sur l’Espace Corot pour le plus grand bonheur d’un public qui a su braver la fatigue et rester en nombre conséquent pour assister à un concert malheureusement trop rare en France.

Jamais avare d’un solo, Ray Schinnery tirera ce soir encore le meilleur de sa Stratocaster pour en arriver tranquillement vers deux heures d’un concert que les « Everyday I Have The Blues » et autres « I Want Jesus To Walk With Me » viendront finir de rendre fabuleusement irrésistible et où l’on aura autant apprécié les voix graves de Sherman Holmes et de Ray Schinnery que celle de Popsy Dixon capable de partir très loin dans les aigus. Installé au piano pour un unique rappel, Sherman Holmes finira d’apporter une touche toute particulière au concert et c’est sans tarder que le public quittera la salle dès les dernières mesures d’une prestation en tous points réussie. Un rapide brainstorming pour savoir où il est possible de trouver de la soupe dans le Mantois et une chasse au trésor improvisée sur le parking en compagnie des plus hautes autorités rosnéennes pour retrouver le trousseau de clés de la voiture de notre bénévole pessacais finiront de plier définitivement une antépénultième soirée de festival pour le moins réussie ! Pendant ce temps, le trio Romano / Texier / Sclavis faisait des siennes du côté d’Aubergenville …

Romano / Texier / Sclavis – La Nacelle – Aubergenville – 20 novembre (Texte & Photos de François Berton)

Dire que le jazz se fait rare à Blues sur Seine est un euphémisme. Mais cette année, après Sixun, voila l’immense trio de Louis Sclavis, ses complices, sa clarinette basse — la même que l’on aime chez Michel Portal — qu’il échange souvent pour son saxo ténor. Il n’est pas accompagné de Aldo Romano à la contrebasse et de Henri Texier à la batterie, ils cheminent ensemble, de front, pour créer des surprenantes harmonies, voire de troublantes dysharmonies. Allier brillance et profondeur est le lot d’exceptionnels musiciens que le public a religieusement écouté, voyageant avec eux et savourant leurs images mentales. Rappelons que ce trio avait travaillé et parcouru l’Afrique avec Guy Le Querrec, « jazzman » au Leica. Oh ! Ces longues phrases de Louis Sclavis, l’embout de sa clarinette ôté, qui évoquent les appels crépusculaires des muezzins ... La qualité rare de la sonorité techniquement rendue permettait à Aldo Romano et à Louis Texier de faire d'une riche contrebasse et d'une splendide batterie des instruments de premier plan. Une grande soirée de Blues-sur-Seine.

Fruteland Jackson – Collège Paul Cézanne – Mantes la Jolie – 21 novembre

Assister à un workshop de Fruteland Jackson est un privilège dont peu des élèves du Collège Paul Cézanne ont conscience en cette fin d’après-midi quand ils sont invités à pénétrer dans le foyer de leur établissement, mais à n’en point douter les enseignants et personnels d’administration l’ont pour leur part déjà bien compris et c’est avec beaucoup de plaisir qu’on les voit arriver et se placer en fond de salle pour prendre une partie de l’immense savoir musical de ce grand bluesman …

Le brouhaha de rigueur en ce début de master class va très vite s’estomper et laisser place à un respect mutuel dès que le guitariste aura terminé de se présenter et si la jeune enseignante qui se charge d’assurer les traductions semble par moment se laisser déborder par le flot continu auquel la soumet un artiste pour le moins prolixe, les élèves de 3ème semblent plutôt bien comprendre ce que Fruteland Jackson essaye de faire passer comme message. Parti dans une présentation du blues depuis ses origines, ce pédagogue né va remonter de l’esclavage jusqu’aux bluesmen actuels sans oublier de parler de W.C. Handy, père unanimement reconnu du blues, mais aussi en insistant et en le démontrant par l’exemple qu’il existe deux grands types de blues, celui des campagnes et en opposition celui des villes. C’est donc en expliquant dans le détail la différence entre le one man band et le groupe structuré et en sortant pour l’anecdote un kazoo ou encore un harmonica pour étayer ses paroles que Fruteland nous offrira diverses démonstrations de blues, de boogie woogie, de rock’n’roll ou encore de rhythm’n’blues, singeant même au passage les guitar heroes pour finir de détendre l’atmosphère …

Petit à petit intéressés par le contenu de cette grosse heure de conférence, les collégiens rechigneront encore un peu à prendre part au spectacle avant qu’une jeune fille un peu plus hardie que les autres n’accepte de rejoindre le guitariste et d’improviser à ses côtés quelques vers, puis c’est par une série de questions et de réponses que se terminera la journée, chacun des élèves s’attachant à poser sa propre question dans un Anglais certes scolaire mais dont l’utilisation montrera l’utilité du travail réalisé par le corps enseignant dans les ZEP ! Un dernier blues interprété par Fruteland Jackson et cela en sera fini de ses prestations à Blues-sur-Seine, la prochaine étape étant désormais pour lui le retour vers les Etats-Unis où il aura tout le loisir de raconter comment a été ressentie l’élection de Barrack Obama par la population française … See you later Fruteland !

Awek / The Yardbirds – Salle Jacques Brel – Mantes la Ville – 21 novembre 2008

Blues-sur-Seine tire ce soir une de ses dernières grosses cartouches et c’est une de ses plus importantes salles qui accueille Awek, finaliste du dernier International Blues Challenge de Memphis, et The Yardbirds, un groupe de légende qui écume les scènes du monde entier depuis une grosse quarantaine d’années ! Revival, quand tu nous tiens … C’est malheureusement une Salle Jacques Brel pas tout à fait complète qui nous ouvre les bras aujourd’hui mais les deux formations vont faire tout leur possible pour que la fête soit belle et il faut bien se résoudre à constater qu’elles y sont l’une et l’autre parvenues !

Emmenés par un Bernard Sellam des grands soirs, les Toulousains d’Awek ne vont avoir aucun mal à séduire un public bon enfant avec leur bon blues électrique plein de guitare et d’harmonica et c’est en dépliant la panoplie complète des « I Can’t Get Enough » et autres « Big Legged Woman » mais aussi en revisitant Sonny Boy Williamson ou en nous sortant un « Kiki » ou un « Yes Sir, Yes Sir » de derrière les fagots que le quartet va venir faire résonner l’âme d’une musique installée à mi-chemin entre le Texas et Chicago. Avec six albums et des participations aux plus grands festivals nationaux et internationaux, Bernard Sellam à la guitare et au chant, Joël Ferron à la basse, Olivier Trebel à la batterie et Stéphane Bertolino à l’harmonica ont acquis un impressionnant bagage musical et ce n’est pas par hasard s’ils font partie aujourd’hui des toutes meilleures formations françaises capables de rivaliser de talent avec les plus grosses pointures mondiales. Leur set réduit à une cinquantaine de minutes, rappel inclus, aura fortement marqué les esprits grâce à un jeu impeccable mais aussi à beaucoup de charisme et c’est une véritable marée humaine qui se dirigera vers le stand des produits dérivés pour acquérir l’excellent « Burnin' Wire on South Lamar » et par la même occasion décrocher les précieuses dédicaces qui vont avec. Chapeau bas messieurs !

L’entracte permettra de procéder au tirage au sort de la Stratocaster autographiée par l’intégralité des artistes du festival et c’est après avoir annoncé le nom de l’heureux vainqueur que notre ami Bibiche de Tomahawk Music s’en retournera vers la salle pour assister à un des gros morceaux du festival, le concert des Yardbirds ! Première constatation, le son est fort, très fort, trop fort même et les tympans déjà usés par une grosse quinzaine de jours de musiques électriques vont ce soir être une fois encore mis à mal … Il faut avouer qu’avec trois guitares, les Yardbirds ont de quoi mettre des watts et que si Chris Dreja, artificier originel de la formation aux côtés du batteur Jim McCarty, est quasiment inaudible, ses deux complices Ben King et Jean Michel Kadjan se chargent sans le moindre mal de garnir l’atmosphère de riffs bien lourds et bien puissants. Pilotés par un John Idan aux faux airs de Mick Jagger à la basse et au chant, les icônes du british blues vont ce soir nous servir un set carré mais parfois un peu trop mécanique, s’attachant à envoyer les standards de façon irréprochable mais sans véritable saveur, un peu comme si la qualité intrinsèque des « Train Kept A-Rollin’ », « Drinking Muddy Water » et autres « For Your Love » perdait un peu de sa texture au sortir d’un formidable juke box vivant auquel il ne manque que deux ou trois petits détails pour être totalement convaincant, la folie et la spontanéité par exemple … Véritable plus, l’harmonica et les percussions de Billy Boy Miskimmin apportent aux Yardbirds un peu de couleur blues à des fondations bien rock et c’est une salle visiblement conquise par la prestation des Anglais qui saluera le groupe comme il se doit, décrochant un premier rappel syndical mais aussi un deuxième plus décontracté durant lequel le mythe s’en ira même en revisiter un autre, Led Zeppelin, dont il reprendra quelques riffs. 

La Salle Jacques Brel se vide tranquillement et c’est dans le hall que les deux groupes qui ont animé la soirée se retrouvent pour une dernière rencontre avec le public mais aussi pour quelques photos de famille plutôt sympathiques qui ne sont pas sans rappeler le final de l’édition précédente de Blues-sur-Seine, quand les Mountain Men et Jacques Higelin avaient sympathisé et même improvisé un petit blues bien sympathique du côté de la sortie devant quelques privilégiés scotchés par la magie de l’instant … Awek et Yardbirds n’auront pas jammé ensemble mais ils étaient ce soir réunis sous la même bannière, l’affiche était belle et elle aura tenu toutes ses promesses pour le plus grand bonheur du public !

Big James – Le Chaplin – Mantes la Jolie – 22 novembre 2008

Pour la dernière journée de Blues-sur-Seine, nous avons fait le choix de nous offrir un ultime grand rush et d’essayer d’écumer peu ou prou tout ce qui se passe du côté la ville mère du festival et c’est en faisant un détour pour présenter les expositions de la gare de Mantes la Jolie à Mike Lécuyer, plus traditionnellement habitué de la « Gare du Nord, à 7 plombes du mat’ blues », que nous nous rendons au Chaplin où nous accueille une autre exposition moins blues et moins ferroviaire mais toute aussi agréable à l’œil, celle de Maelle de Coux qui nous rappelle par l’image que « Tout n’est pas rose » !

Sébastien Charlier et Nicolas Espinasse invitent ensuite une poignée d’élèves de l’Ecole Louise de Vilmorin à nous présenter au travers des trois titres qu’ils leur ont enseigné la restitution des six heures d’apprentissage de l’harmonica dont nombre d’enfants bénéficient grâce à l’action éducative de Blues-sur-Seine. C’est enfin Christophe Guest qui reçoit d’autres élèves du même établissement venus chanter à ses côtés des œuvres originales pleines de valeurs fortes et de positivité. On y évoque Slim, un bluesman assassiné, et toujours « Le nouveau » ou encore « Emma » autant de personnages auxquels le public a pu s’attacher au fil des représentations du festival …

On connaissait Big James en sextet, c’est aujourd’hui en quartet que le tromboniste auquel le surnom de big va comme un gant vient se produire devant une salle où l’on retrouve les enfants de la restitution mais aussi leurs parents ou encore quelques handicapés venus prendre en compagnie de leurs aides de vie leur part du festival ! Ca se passe comme çà à Blues-sur-Seine et Big James qui l’a bien compris se donne autant devant une salle un peu atypique et pas franchement dédiée à sa cause que devant celles garnies d’amateurs de blues où il se produisait jadis en compagnie de Buddy Guy ou d’Albert King ou encore celles où il se produit désormais sous son propre nom. C’est une fois encore un cocktail de compositions et de reprises qu’il nous sert en cet après-midi frigorifique, revisitant copieusement avec ses Chicago Playboys les titres de « Thank God I Got The Blues » et les ponctuant à l’occasion d’un « Thrill Is Gone » pour mieux terminer en rappel avec un medley fait d’une part de « Sweet Home Chicago » et d’une autre de « Shake, Rattle And Roll ». On sent bien qu’il manque le sax et les claviers mais Big James y gagne un peu en finesse et parvient avec son mélange de soul, de funk et de blues à faire pencher la balance en sa faveur, gagnant au final la sympathie d’un jeune public qui restera longtemps après le concert pour recevoir qui un autographe, qui une poignée de main, qui simplement un sourire …

Jim Murple Memorial (Balances) – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 22 novembre 2008

La soirée sera chargée et il n’est pas toujours évident de se dédoubler, c’est donc un peu avant l’heure de l’apéritif que nous rejoignons le CAC Georges Brassens où Jim Murple Memorial qui se produira ce soir dans le Café Concert Luther Allison peaufine ses balances et remplit l’atmosphère de sa musique où l’on remarque bien entendu beaucoup de bases reggae mais aussi du rocksteady, de la soul, du jazz et du rhythm’n’blues ! Les guitares se mettent tranquillement en place autour de la contrebasse et de la batterie et bientôt les cuivres s’installent à leurs côtés pour qu’enfin Anne-Marie Dallaine puisse poser sa voix sur un ensemble qui fait mouche à chaque fois et qui ce soir encore fera le plein avant que les deux Dj de Dj Gabba ne viennent clôturer la soirée du CAC !

Craig Adams – Collégiale – Mantes la Jolie – 22 novembre 2008

Le temps de s’alimenter et de peaufiner les derniers préparatifs et il faut déjà rejoindre la Collégiale où nous attend la dernière grosse soirée de ce dixième Blues-sur-Seine ! Pour chauffer un peu l’atmosphère dans ce lieu dépourvu de chauffage, c’est le film rétrospectif de l’édition 2007 qui accueille le public et après qu’Alain Langlais, Président de l’association Blues-sur-Seine n’ait remercié tous les acteurs qui ont permis à cette dernière édition d’être une grande réussite, c’est un autre film qui s’installe sur les trois écrans géants, celui qui nous présente un peu Craig Adams avant que celui-ci ne s’installe enfin aux claviers !

Un des bons mots de Jean Yanne ne peut que nous revenir à l’esprit, « Si Dieu avait voulu qu'on aille à la messe, il aurait fait les bancs d'église plus confortables et les prédicateurs moins ennuyeux … ». C’est en le démontrant par l’exemple que Craig Adams vient étayer les dires du philosophe populaire français avec une prestation explosive qui va faire se lever à maintes reprises le public de la Collégiale ! Un premier gospel et déjà le volumineux chanteur de New Orleans s’en va dans les travées pour serrer des mains avant de retourner prestement à ses ivoires et à son micro pour d’autres pièces du genre de « Down By The Riverside » pour lesquelles il se fait accompagner de ses choristes, jolis bébés d’au moins trois centaines de livres pièce ! Tout est dans le ton, une section rythmique basse / batterie qui a assurément trouvé ses marques, un chœur puissant et convaincant et un leader au charisme certain qui ne manque jamais de briller non seulement en formation complète mais aussi dans des démonstrations en solo comme cet épatant « Everything Can Change » qui lui attirera une première standing ovation au beau milieu du set !

Craig Adams est un jeune homme intarissable et il n’en finit plus de prêcher pour sa paroisse ce soir, passant même par un « Let The Good Time Roll » avant de laisser à ses choristes le loisir de prendre leur moment de gloire en s’essayant de fort belle manière au poste de leader puis d’en passer par quelques grosses tartes à la crème chères au gospel, les « Oh When The Saints » et autres « Oh Happy Day » qui ne pouvaient décemment être oubliées dans un show à la fois construit et réjouissant que chacun apprécie comme il se doit, même s’il souffre par moment de quelques longueurs, notamment quand le leader quitte ses claviers pour prendre des bains de foule dont il semble être un grand amateur. Minuit approche à grands pas et c’est sur un unique rappel où il nous signifie de nouveau sa foi en dieu mais aussi celle en son nouveau Président, Barrack Obama, que Craig Adams apportera sa touche finale à Blues-sur-Seine, un point d’orgue dans lequel il est question de spiritualité et où il explique qu’il croit qu’il y a une petite lumière tout au fond de la nuit …

Ainsi s’achève cette dixième édition de Blues-sur-Seine, sur une note festive qui invite déjà à se retrouver dans un an pour la suite … Un rapide passage par Le Circus pour une fin de soirée où les bénévoles partagent le verre de l’amitié sur un fond musical partagé entre Big James qui donne son dernier show et de vieux disques de blues un peu kitsch qui meublent les breaks et il est temps d’aller goûter à un repos bien mérité après presque trois semaines d’un festival qui aura tenu toutes ses promesses ! On ne remerciera pas ici tous ceux qui ont fait que l’anniversaire a été un véritable succès, ils se reconnaîtront forcément tant ils ont pris du plaisir à se retrouver et à construire tous ensemble cette belle manifestation que la communauté blues du monde entier nous envie … Il y avait une fois de plus l’esprit, il y avait encore et toujours les couleurs ! C’est tout simplement Blues-sur-Seine … 

Fred Delforge - novembre 2008