lundi, 06 octobre 2008
ON HENRI ENCORE
LES CHANSONS DE SALVADOR PAR DAN INGER ET STEPHANE LEBE
THEATRE CLAVEL – PARIS (75)
Le 5 octobre 2008
http://www.3jock3.fr
http://www.theatre-clavel.com
Posé entre la Rue de Belleville et les Buttes Chaumont, du côté du Métro Pyrénées, le Théâtre Clavel est un tout petit îlot de culture dans le Paris authentique, une petite salle où l’on programme pour les adultes mais aussi pour les enfants, plusieurs fois par semaine et souvent même le week-end plusieurs fois par jour … La pluie qui nous glace en cette fin d’après-midi dominicale conduit les administrateurs à ouvrir les portes avant la fin des balances et jeunes et moins jeunes se retrouvent dans l’accueil en attendant de pouvoir aller s’entasser sur les quelques gradins posés sagement devant non pas la scène mais tout simplement le sol … Il y a là les familles venues profiter de l’aubaine de se retrouver autour de chansons connues de tous, mais il y a aussi les vieux couples venus assister à un spectacle tous publics, et tout ce beau monde attend en scrutant le décor où l’on trouve un piano et deux guitares, un cadre chevauché par un Panana, une vieille malle en bois et des partitions éparpillées à même le sol. Rien de transcendant en apparence mais la scène se veut conviviale … et elle va l’être !
Deux musiciens, on pourrait quasiment dire deux acteurs, entrent en scène et se chamaillent déjà un peu … Le chanteur et guitariste Dan Inger veut avancer dans un projet de spectacle, son acolyte pianiste Stéphane Lébé aspire à prendre une pause … Le décor est planté et l’intrigue démarre autour de la malle qui aurait appartenu à un grand-père bien sympathique dont les traits seraient proches de ceux d’Henri Salvador. L’objet livre ses premiers souvenirs et le tandem nous offre « Mademoiselle », ça aurait pu commencer plus mal ! De fil en aiguille, le scénario va nous emmener vers nombre de standards du chanteur de jazz au rire tonitruant et on passera de « Minnie petite souris » à l’irrésistible « Le loup, la biche et le chevalier » puis de « Le lion est mort ce soir » durant lequel Stéphane quitte ses ivoires et vient manger une banane à « Juanita Banana ». Ceux qui n’avaient pas encore tout saisi ont enfin la clé, « On Henri Encore » est plus qu’un concert, c’est une petite comédie musicale à elle toute seule … Et ça fonctionne, la voix de Dan est aussi délicate en blues qu’en jazz ou même en chanson et les deux instruments se rejoignent en parfaite harmonie autour de chansons qui appartiennent au patrimoine musical mondial !
Dan se lance en solo et interprète « Dans mon île » tandis que Stéphane s’installe sur un relax et feuillette bruyamment un journal avant de s’endormir … Réveillé en sursaut, il arbore un loup et fonce vers ses claviers pour nous y servir un entraînant « Zorro est arrivé ». Petits et grands participent, « Et alors, et alors, et alors … Zorro est arrivé-é-é, sans ss’presser-é-é … » ! Tout le monde y prend un réel plaisir et ça continue de plus belle avec une pure merveille, « Le blues du dentiste », peut être pas la chanson la plus connue d’Henri Salvador mais interprétée en boogie par le duo, elle déménage au point que plus personne ne bronche dans le Théâtre Clavel ! On continue dans l’humour avec « Moi j’préfère la marche à pied » puis dans la romance avec « Syracuse » pour laquelle la lumière se tamise sur les deux vestes blanches enfilées pour l’occasion. Dan Inger fait des effets d’ombres avec le Panama, les grands apprécient, les petits se taisent … Tout le monde est conquis ! Il est temps d’en arriver au medley final, une heure c’est trop peu pour les adultes mais c’est juste le compte pour les enfants … « Faut rigoler », « Ah ! C'qu'on est bien quand on est dans son bain » et « Le travail c’est la santé » finiront de nous rappeler que celui qui nous a quittés en début d’année était un grand artiste et un songwriter de génie … On sait que c’est fini mais on espère encore un peu !
Généreux, Stéphane Lébé et Dan Inger le sont et ils vont nous le montrer dans un rappel improvisé où ils nous bissent « Zorro est arrivé » en ne manquant pas de mettre tout le monde une fois de plus à contribution. La salle se rallume et chacun remonte tranquillement vers l’accueil en gardant en tête chaque instant d’un spectacle qui n’en est qu’à ses premiers rodages mais qui s’annonce capable de trouver le succès tant le ton employé est juste et tant l’envie de bien faire est palpable … Les quelques rares savonnettes posées au coin d’une rime n’ont en rien entaché la qualité du show, on serait presque tenté de dire qu’elles en faisaient partie intégrante ! En bon entertainer, Dan Inger a rattrapé habilement les petits débordements des plus jeunes et, à l’arrivée, tout le monde est reparti enchanté tant par le choix des morceaux que par la voix ou encore par les instrumentations et les arrangements. Il reste encore tous les dimanches d’octobre et de novembre pour s’en rendre compte par soi même …
Fred Delforge – octobre 2008
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