mercredi, 24 septembre 2008 Ludo Pin (Audiogram – 2008) Durée 33’06 – 11 Titres
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Coller une étiquette sur la musique de Ludo Pin va être une chose particulièrement difficile et c’est très bien comme ça puisque ce jeune homme qui avance lentement mais sûrement vers la trentaine semble avoir tout fait pour éviter une quelconque assimilation trop facile par un système qui le dérange de façon plus ou moins évidente. Pour cet ex-Banlieusard devenu Parisien, l’adolescence aura été une raison valable de se mettre à la guitare puis, la maturité venant, à d’autres instruments mais aussi et surtout à l’ethnomusicologie. Bien décidé à extérioriser le malaise d’une génération qui a subi les affres musicales et les excès de la scène américaine avant de s’évanouir dans le décès de Kurt Cobain, Ludo Pin a conquis le cœur d’artistes comme Ignatus ou Louise Attaque qui leur ont ouvert leurs scènes et c’est aujourd’hui sur le label canadien Audiogram récemment installé à Paris qu’il sort son premier album. Quand on vous dit qu’il ne fait rien comme les autres …
Un poil de hip hop et une grosse dose de chanson, un soupçon de rock et pas mal de pop, Ludo Pin brouille à chaque instant les pistes et s’efforce d’adopter un ton agaçant pour nous débiter sans vraiment de relief des textes ingénieux dans lesquels les allusions à tout ce qui le tracasse sont légion. Et là où il semble délibérément chercher à irriter, le chanteur finit par séduire avec des chansons, on s’accordera à les appeler comme ça pour simplifier, dans lesquelles il met énormément de lui mais aussi pas mal des autres, signe que le monde qui l’entoure est quoi qu’il advienne indispensable à sa propre évolution. On se laisse aller à battre du pied sur des mélodies aussi improbables qu’impeccables auxquelles le gratin des musiciens français a contribué et de l’épileptique « 3 secondes » que l’on avait déjà découvert au début de l’été à l’inattendue mais tellement séduisante « Archiduchesse », c’est tout un univers qui vacille tel un château de cartes en se faisant souffler par un « Ca branle dans le manche », un « Et je m’ouvre », un « Keskonsenfouté » ou même un « Ah ça ira » qui clôt l’ouvrage de façon un peu surprenante. Une voix qui se pose comme elle le sent sur des mélodies qui mélangent instruments et machines, des arrangements dignes des meilleurs bidouilleurs et une finalisation orchestrée en compagnie de Bénédicte Schmitt qui a mixé mais aussi co-réalisé l’album, il n’en fallait pas plus pour que ce premier effort éponyme ait une carte à jouer dans le grand brouhaha de la rentrée …
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