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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
vendredi, 08 août 2008
 

FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
Du 7 au 10 AOUT 2008

Texte de Fred Delforge - Photos de Margaux Delforge, Sophie Davoine et Fred Delforge (sauf mention spéciale)

http://www.festiblues.com 

Trois ans déjà que nous débarquons début août dans le Parc Ahuntsic pour y couvrir le FestiBlues International de Montréal, un évènement à taille humaine où les gens vous reconnaissent et vous apprécient, où les sourires fusent de partout malgré un été pourri qui laisse craindre le pire pour la pluie tout au long de ces quatre jours de musique qui nous attendent. Les retrouvailles sont touchantes et cette onzième édition de FestiBlues est une fois encore placée sous le signe de l’amitié et du jumelage avec Blues-sur-Seine, le festival frère un an plus jeune qui poursuit sa vie à plusieurs milliers de kilomètres du Québec, à l’autre extrémité de l’Atlantique …

Jeudi 7 août 2008 :

C’est la scène Loto Québec qui accueille ce soir le premier concert de cette nouvelle cuvée de FestiBlues et c’est avec une attention toute particulière que nous nous y attardons puisque le Power Stroke Blues Band est un des trois candidats appelés à participer à la grande finale du Concours Relève en Blues Marché Central qui lui permettra peut-être de figurer parmi les heureux lauréats de ce prix qui fait référence dans le pays et qui a déjà récompensé nombre de formations méritantes. Le trio s’attachera ce soir à nous présenter ses propres compositions très énergiques dans un style blues rock qui fait plaisir à entendre. Le jury est averti, départager les trois finalistes dimanche soir ne sera pas une mince affaire !

On passe à la scène Hydro Québec une petite demi-heure plus tard et c’est en terrain connu que l’on se retrouve puisque c’est notre ami Nico Wayne Toussaint qui s’y produit à une heure un peu inhabituelle mais avec toujours autant de charisme et de bonne humeur ! Le Bayonnais et ses fidèles complices vont venir faire souffler le « Southern Wind » sur Montréal et c’est en multipliant les hommages à ses mentors que Nico va faire dérouler un concert dans lequel on remarquera forcément James Cotton mais aussi Muddy Waters ou encore Junior Wells … Toujours aussi virtuose, le chanteur et harmoniciste nous fera voyager au son de la guitare aérienne de Rax Lacour et nous entraînera après s’être attardé sur un « Late Last Night » bien pêchu vers d’autres rivages, ceux de « Mali Mississippi » sur lequel Vincent Thomas nous offrira un long solo de drums très tribal avant qu’Antoine Perrut ne déchausse sa basse pour nous proposer un long chorus de saxophone ! L’instant est magique et le public qui arrive enfin dans le parc ne s’y trompe pas … Nico Wayne Toussaint qui avait déjà fait ses preuves quelques années plus tôt au même endroit a une fois de plus remporté la partie grâce à une très bonne prestation !

Pascale Picard est la révélation québécoise de l’année et ce n’est pas un hasard si elle s’est retrouvée il y a quelques semaines sur les Plaines d’Abraham à ouvrir pour Sir Paul McCartney … Avec la jeune fille, tout est clair, c’est un mélange de rock et de pop qui nous attend et si FestiBlues joue une fois encore l’ouverture, le public qui commence à se masser devant la scène Loto Québec prouve que le quintet créateur du festival a eu raison de faire ce choix ! On se laisse donc entraîner au gré des compositions issues de l’album « Me, Myself And Us » certifié platine mais aussi de quelques reprises bien pensées comme l’excellent « These Boots Are Made For Walking » ou « Give Me A Reason » et on explose avec les fans sur le hit « Gate 22 » et sur quelques autres sucreries dont le public raffole visiblement. Des musiciens irréprochables parmi lesquels on remarque Mathieu Cantin aux guitares, Philippe Morissette à la basse et Stéphane Rancourt à la batterie viendront donner des accents très professionnels à une chanteuse et guitariste qui n’hésite à jouer avec l’humour mais aussi avec l’autodérision quand elle manque par exemple un accord ! Avec un show très réussi de quatre vingt dix minutes, Pascale Picard sera parvenue à ses fins et même si les puristes du blues ne se sont pas reconnus dans cette prestation, il en fallait ce soir pour tout le monde …

On se retourne vers la scène Hydro Québec qui accueille Papagroove, un collectif issu de la scène world-jazz qui compte une quinzaine de musiciens sur scène avec moult cuivres, claviers et percussions et qui nous sert un mélange bien homogène de funk qui n’est pas sans rappeler par moments un certain James Brown. On laisse passer quelques titres bien juteux comme cet énorme « One Way Departure » et on s’imprègne des rythmes bien balancés par une formation emmenée avec beaucoup de brio par le chanteur Sébastien Francisque avant de jeter l’éponge pour aller se reposer les oreilles avec un son un peu moins violent du côté de la Rue Lajeunesse !

Ce sont nos amis parisiens de Cotton Belly’s qui ouvrent le FestiBlues dans sa version « indoor » à la Maison de la Culture et pour les gagnants du Prix FestiBlues / OFQJ du dernier Tremplin Blues-sur-Seine, c’est une première expérience à l’international qui se produit ce soir, la première d’une longue série qui les conduira jusqu’à Donnacona la semaine prochaine après un passage par l’incontournable Zaricot quelques jours plus tôt ! Rompus à l’exercice de la scène, les Franciliens vont ce soir mettre le meilleur d’eux-mêmes dans une prestation où des compositions toujours très inspirées comme « Ghost Baby Blues » rejoignent des standards dans le genre de « St James Infirmary », « When The Saints Go Marching In » ou « Hoochie Coochie Man ». L’harmonica et la voix de Yann Malek se mélangent à merveille aux guitares et basses de Jérôme Perraut et Michel Descamps et à la batterie de Julien Andral et c’est une salle conquise dès le premier morceau qui salue une prestation de très bonne qualité clôturée par le traditionnel enchaînement de la « Cotton Jig » et de « Got My Mojo Working » qui ne laissera personne indifférent.

Le temps de laisser Jack de Keyzer s’installer sur la scène intimiste de la Maison de la Culture et c’est reparti pour un bon blues issu d’une ligne droite tracée entre Toronto dont le guitariste est originaire et Chicago d’où lui vient l’inspiration. La voix fine et racée du frontman servie avec parcimonie sur des arrangements où guitares et claviers forment un couple harmonieux fera forcément son effet sur un public d’aficionados venu se presser dans la salle après la fin du set des Papagroove et c’est en parfaite osmose avec le blues qui donne sa raison d’exister à FestiBlues que cette soirée se terminera pour le « in » tandis que dans les bars de Montréal résonnent encore les accords de Jim Zeller, Carl Tremblay, Nico Wayne Toussaint, Men In Blues, JD Slim et autres Bob Harrison, grands noms s’il en est dans les musiques aux teintes bleutées !

Vendredi 8 août 2008 :

La pluie qui s’est abattue toute la journée sur l’île de Montréal a copieusement détrempé le Parc Ahuntsic et si le temps semble décidé à devenir plus clément pour la soirée, on glisse et on s’embourbe à volonté dans les allées qui mènent d’une scène à l’autre et sur la pelouse qui leur fait face … Le public, intimidé, a préféré attendre la dernière minute pour rejoindre FestiBlues et c’est seuls ou presque que nous essuyons un des derniers grains de la soirée en attendant les premiers concerts ! La bonne humeur reste de mise et c’est bien là le principal …

C’est Slim Wood qui s’y colle avec un petit quart d’heure de retard sur l’horaire et pour ce deuxième candidat du Concours Relève en Blues Marché Central, il n’est pas difficile de séduire les spectateurs présents en leur proposant un subtil mélange de boogie woogie et de blues qu’il interprète seul derrière son piano. La voix bien en place et les notes toujours très inspirées, le musicien traditionnellement coiffé de son chapeau noir nous servira ce soir quelques belles pièces parmi lesquelles on reconnaîtra bien entendu « Got My Mojo Working » ou une relecture originale de « St James Infirmary » qui force le respect. Une très bonne impression à confirmer dimanche soir lors de la finale !

On retrouve les couleurs vives de la scène Hydro Québec pour y accueillir Steve Strongman, un des hommes forts du blues Canadien qui va venir nous présenter en trio un blues à la fois délicat et musclé, tout en finesse et en nuances … La guitare aérienne du frontman cache un chanteur fort honorable et c’est en nous présentant ses compositions mais aussi quelques adaptations que ce musicien d’Hamilton va venir réchauffer l’atmosphère dans un parc qui cherche difficilement à se remplir. Sortant à l’occasion l’harmonica, Steve Strongman aux côtés duquel on reconnaît Alec Fraser, le bassiste qui avait accompagné il y a quelques années le jeune Jimmy Bowskill à Blues-sur-Seine nous promènera au travers d’un répertoire où le blues rock et les ballades font bon ménage et nous proposera sur la fin une reprise de Sonny Landreth en invitant ceux qui ne connaissent pas cet artiste à très vite le découvrir ! La soirée commence plutôt bien …

On quitte un moment les concerts pour rejoindre la zone occupée où notre ami Rick L. Blues donne quatre jours durant des cours d’harmonica aux jeunes mais aussi aux moins jeunes, mettant en pratique une activité éducative qui lui est chère et testant en direct quelques extraits de la méthode pédagogique qu’il est en train de finaliser. Pour ce musicien à l’éternelle bonne humeur, la satisfaction de se retrouver face à des élèves aussi nombreux qu’attentifs est forcément la plus belle des récompenses qu’il pouvait recevoir aujourd’hui !

Il est l’heure de passer au grand évènement de la soirée, « Blues sur pelouse » que l’on aurait pu ce soir rebaptiser « Blues sur gadoue » … Par chance, le public a répondu présent et après avoir salué le ballet des officiels et le passage sur la scène Loto Québec des cinq fondateurs de FestiBlues, on entre sans retenue dans le show mis en scène par Tania Kontoyanni et présenté par Luck Mervill que nous avions déjà croisé sur les mêmes planches deux ans plus tôt.  Entrés l’un après l’autre sur la scène, Kevin Parent, Anik Jean, Luis Oliva, Pete Déry, Lise Hanick et Nico Wayne Toussaint vont venir nous annoncer que « Le blues (les) guette » avant de s’offrir tous ensemble un premier hymne, « Travailler c’est trop dur », qui confirme que le ton de la soirée sera à la détente et à la bonne humeur !

C’est Kevin Parent qui va commencer les prestations individuelles en nous offrant deux pièces dont une reprise de Gaston Mandeville, « Manager son stress », qu’il jouera en compagnie d’un Nico Wayne Toussaint toujours très coloré puisque c’est vêtu d’une chemise d’un très beau rose qu’il se produit ce soir. Le backing band dans lequel on remarque le guitariste virtuose Christian Malette mais aussi une section rythmique bien en place, un clavier et un accordéon tient ses promesses et c’est Nico Wayne Toussaint qui y va de sa chanson en Français avant que Lise Hanick ne le rejoigne pour une adaptation de Gérald De Palmas, « Sur la route », que le public suivra du bout des lèvres …

Nico reste en scène et se fait rejoindre successivement par Pete Déry puis Luis Oliva pour deux bons vieux blues du Québec et c’est ensuite à Luck Mervil de venir se fendre de son hommage à « un petit pot dans lequel on met les meilleurs onguents » (sic) en reprenant un « Hymne à l’amour » qui n’aurait sans doute pas laissée Edith Piaf indifférente. Kevin Parent et Anik Jean nous ramèneront bien malgré eux et très brièvement la pluie mais le blues de ce plateau exceptionnel continuera à rouler bon train grâce à Pete Déry et Luck Mervil qui reprendront ensemble un titre de Michel Pagliaro déjà repris par Roch Voisine, « J’entends frapper ». Les puristes y trouveront sans doute à redire mais aucun des spectateurs présents ne se plaint de ces adaptations blues très personnelles et c’est en reprenant Les Rita Mitsouko et « Les histoires d’A. » qu’Anik Jean confirme que la variété rock a sa place ce soir dans le Parc Ahuntsic !      

Lise Hanick vient ensuite nous présenter un de ses titres personnels, « Foot Maniac », qu’elle agrémente traditionnellement de toute la verve qu’on lui connaît, accentuant certains passages et mettant toujours beaucoup d’humour et de second degré dans ses interventions. Nico Wayne Toussaint l’accompagne mais on remarque également sur la scène des choristes de luxe puisque ce sont Pete Déry et Luis Oliva qui s’y collent dans le rôle des pom pom boys pendant que Luck Mervil fait les chœurs sur le refrain ! Une belle reconnaissance pour cette artiste attachante et malheureusement pas suffisamment reconnue en France où elle passe une moitié de l’année !

C’est visiblement ému que Nico Wayne Toussaint viendra interpréter la « Ballade de Jean Batailleur » face à un public qui connaît bien évidemment cet hymne qu’il avait l’habitude de chanter avec et pour son père et l’émotion se transporte jusque dans les premiers rangs qui accompagnent le vigoureux Bayonnais sur ces vers de Zachary Richard chargés d’histoire … Pete Déry accompagne l’harmoniciste à la caisse claire et c’est rejoints par Luck Mervil et Luis Oliva que les quatre complices d’un soir présenteront le band sur fond d’un « J’suis un rocker » qui remuera la foule ! On pourrait penser que la fin est proche mais c’est avec beaucoup d’humour que Kevin Parent vient nous jouer « Trois en dessous de zéro » avant d’accompagner Anik Jean sur « Sarbacane » puis de lui laisser chausser une Gibson SG pour nous livrer son « Junkie de toi » sur un ton fabuleusement rock. Cette fois, c’est la fin et ce sont tous réunis une dernière fois que les artistes nous serviront l’hymne blues du Québec composé par Offenbach, « Câline de blues ». Le public, enchanté, ne s’y trompe pas et réserve une ovation à un spectacle qui faisait office de pari pour les organisateurs et qui s’est révélé largement gagnant !

La soirée n’est pas terminée et c’est à Mike Goudreau & The Boppin’ Blues Band de se produire sur la scène Hydro Québec. Las, le public déserte le parc et c’est devant un parterre clairsemé que le chanteur et guitariste va venir nous offrir son blues qui swingue en Français. Supporté par une section de cuivres avec sax, trompette et trombone mais aussi par un clavier, Mike Goudreau laisse le bon temps rouler de Chicago jusqu’à Québec et nous offre avec toujours le même talent son « Blues des loups » ou un superbe « Same Old Blues » dans lesquels tout son amour des notes bleues transparaît à chaque instant. Sur sa Telecaster aux tons bois naturels ou sa Stratocaster rouge, le virtuose doublé d’un très agréable chanteur qui ne cherche pas à masquer son accent si caractéristique de la belle province par de quelconques effets de voix finira de nous faire passer une très bonne soirée bien plus blues dans l’âme que celle d’hier !   

On oublie pour un jour la Maison de la Culture où le programme est identique à celui de la veille avec Cotton Belly’s et Jack de Keyzer et les bars où se produisent ce soir Lise Hanick, Bob Harrison, Adam Karch, Pat Lehman Band, JD Slim et Men In Blues pour aller céder à l’appel de la couette histoire d’être opérationnels pour les nombreuses photos qu’il faudra encore trier demain matin … Une moitié de FestiBlues est passée, souhaitons que la suite soit aussi réjouissante et que le temps se maintienne !

Samedi 9 août 2008 :

Le Parc Ahuntsic s’illumine aujourd’hui des multiples éclats jetés par les lunettes de soleil des spectateurs et, joie intense, le beau temps est revenu sur Montréal, signe que la soirée sera douce et sèche et que le public viendra en masse faire honneur aux artistes ! Autant dire que la bonne humeur est elle aussi au beau fixe du côté de nos hôtes québécois qui se frottent déjà les mains de ce retour à la normale pour la onzième édition de FestiBlues …

On démarre traditionnellement avec le troisième des finalistes du Concours Relève en Blues Marché Central et, une fois encore, nous sommes impressionnés par la maturité de Crossroad, un quintet venu de la Beauce qui nous sort lui aussi le grand jeu en enchaînant compositions et reprises parfois un peu téléphonées quand il s’agit des « I Shot The Sheriff » ou des « Crossroads » d’Eric Clapton et Robert Johnson mais qui les propose de si belle manière qu’on leur pardonne de tout cœur ces choix pas toujours originaux compensés par un jeu riche et sincère. Très bons musiciens individuellement, ces cinq jeunes gens ont trouvé l’osmose capable de faire de leur groupe une des valeurs sures dans un proche avenir ! 

Il est encore tôt quand nos frenchys de Cotton Belly’s investissent la scène Hydro Québec pour y recueillir les fruits de leur victoire au dernier Tremplin Blues-sur-Seine lorsque, remarqués par les organisateurs de FestiBlues et subventionnés par l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse, ils gagnaient le droit de venir se produire ici pour quelques soirs … Alors pour l’occasion, les petits gars de l’Essonne ont sorti les costumes et les chapeaux et c’est avec leur look « agricole » qu’ils vont venir poser des bâtons de dynamite dans un public qui n’y résistera pas tant le ton est juste et entraînant ! Rien ne manquera au set de ce brillant quartet, ni les reprises prestigieuses comme « Before You Acuse Me », « St James Infirmary » ou « Hoochie Coochie Man », ni l’étape gospel qui nous conduira de « Down By The Riverside » à « When The Saints Go Marching In », ni même les compositions décoiffantes comme « Cup Song », « Ghost Baby Blues » ou encore la fabuleuse « Cotton Jig » qui finira de mettre tout le monde, musiciens et public, sur la même longueur d’ondes. Un peu de dobro et de guitares électriques, beaucoup de sonorités acoustiques, un harmonica qui sait se faire diatonique mais aussi chromatique et une voix empreinte des meilleurs choses du blues, voilà une formation qui a tout compris de l’art de jouer comme on l’aime !

La scène Loto Québec grouille de personnes et c’est un ballet de techniciens qui est venu mettre en place les instruments pour accueillir le Jazz Big Band conduit par le grand Vic Vogel, pianiste, chef d’orchestre mais aussi compositeur et arrangeur québécois d’origine hongroise qui brille sur les scènes jazz mais aussi sur d’autres depuis nombre de décennies … Le programme du soir est simple, il s’agit de transposer en blues des musiques célèbres ou moins connues et de combiner les efforts de l’orchestre avec ceux des prestigieux invités du show. Une introduction instrumentale pour mettre les choses en place et c’est Stephend Pagliaro qui viendra brièvement nous rappeler que « Sans amour on n’est rien » avant qu’un nouvel instrumental et un solo de saxophone ne cèdent la place à Rick L. Blues, un des brillants harmonicistes comme on en trouve quelques-uns par ici !

Généreux et virtuose, l’homme au costume bleu et aux lunettes fumées va venir nous offrir des adaptations bien senties de « Let The Good Time Roll » ou de « Mess Around » mais aussi une des pièces de son troisième album, « Out Of The Rain », qui convaincra le nombreux public du Parc Ahuntsic de la haute teneur en sensualité d’une musique qui puise ses racines dans la misère des esclaves noirs mais qui n’en est pas pour autant forcément triste et nostalgique puisque c’est l’espoir de ces gens qu’elle transporte vers les autres ! Rick L. Blues l’a compris et sait merveilleusement le traduire par quelques goulées d’harmonica et par une voix d’une infinie délicatesse …

Un « Drum Solo » présenté par Vic Vogel et interprété par le batteur canadien et le percussionniste cubain du Jazz Big Band et il est déjà temps d’accueillir le nouvel invité du soir, le chanteur et guitariste John McGale qui va nous entraîner de « Rainy Night In Georgia » à « Georgia » en dévoilant entre temps quelques morceaux parmi lesquels on en remarque un rendu célèbre Tony Bennett. Véloce et fin à la fois, John McGale aura l’ingéniosité de faire monter la pression d’un cran et de mettre le public sur les dents pour la suite de la soirée et après une adaptation du célèbre « Oscar’s Boogie Woogie » d’Oscar Peterson par Vic Vogel et un clin d’œil appuyé à Félix Leclerc, c’est au tour de la belle France d’Amour de prendre possession de la scène pour quelques morceaux.

Jeune et fougueuse, France d’Amour nous entraînera dans un « Hound Dog » fédérateur puis après avoir salué la difficulté de créer un tel plateau et en avoir remercié les organisateurs, elle tirera pleinement profit du Jazz Big Band en se faisant accompagner sur des titres comme « At Last » ou « Allright, Ok , You Win » sur lesquels les cuivres prennent définitivement une ampleur considérable pour mettre au mieux en valeur une voix non seulement chaude et forte mais surtout très juste ! Le charisme et le charme inné de la Québécoise ne feront que rajouter au bonheur du moment …

Le public ovationne ensuite l’entrée en scène très théâtrale de Michel Pagliaro et après un premier titre anglophone jazzy à souhait, c’est vers les bons vieux blues et rocks québécois dont il est le créateur que le guitariste va nous emmener avec « Faire le trottoir » pour lequel il attrape négligemment une Telecaster puis avec les superbes « Emeute dans la prison », « J’entends frapper » et enfin « Les bombes » pour lesquels John McGale qui a délaissé son costume de scène pour endosser le T-Shirt des bénévoles du FestiBlues viendra lui prêter main forte à la six-cordes. Les ballons volent dans le public et l’ambiance est à la fête tandis que les maringouins viennent se griller les ailes sur les projecteurs de la scène et après un final volontairement cacophonique du Jazz Big Band orchestré ou plus exactement désorchestré pour l’occasion par Vic Vogel, il sera temps de quitter la scène Loto Québec pour rejoindre sa voisine où nous attend un des gros morceaux de blues du festival !

Coco Montoya est un des grands guitaristes à avoir accompagné John Mayall au même titre qu’un certain Eric Clapton mais aussi que Peter Green ou Mick Taylor et pour ce véritable « lefty » qui joue sur une guitare de droitier retournée et qui adapte ses accords, trouver la note juste est une règle d’or à laquelle il ne déroge jamais. Accompagné d’une section rythmique carrée et d’un claviériste virtuose, Coco Montoya va laisser libre cours une fois encore à ses démonstrations les plus majestueuses au travers de titres où l’on remarque inévitablement des extraits de l’excellent « Dirty Deal » sur lequel Bruce Iglauer en personne a été partie prenante. En grande forme, Montoya nous sortira ce soir le grand jeu et si la débauche de notes dont il fait régulièrement l’utilisation finit par fatiguer des tympans usés par déjà trois soirées de bonne musique, c’est un réel plaisir que de retrouver cet artiste généreux et convaincant sur les planches d’un onzième FestiBlues dont il aura contribué à faire un très grand moment juste après en avoir fait de même la veille à L’Île en Blues de St Laurent de l’Île d’Orléans ! Les traces que le guitar hero aura laissées en terre québécoise risquent d’être incrustées dans le sol et dans les mémoires pour un certain temps … Qui s’en plaindra ?

Il n’est pas très tard mais l’appel de David Rotundo qui se produit à la Maison de la Culture n’est pas assez fort pour nous convaincre de remonter nos appareils photos sur la Rue Lajeunesse et nous nous résignons à quitter la ville pour ses faubourgs bien que Jim Zeller, Nico Wayne Toussaint, Adam Karch, Bob Harrison, JD Slim et Carl Tremblay nous aient invités à les rejoindre dans les bars du quartier pour de nouveaux concerts souvent ponctués de jams à n’en plus finir. La boue accumulée sous les semelles en foulant le sol détrempé du Parc Ahuntsic contribue à accentuer la fatigue physique et c’est vers une bonne nuit de repos que nous nous dirigerons ce soir encore !          

Dimanche 10 août 2008 : 

La dernière soirée du onzième FestiBlues arrive déjà et le beau temps qui régnait ce matin sur Montréal semble bien décidé à nous faire défaut pour le bouquet final … Le public a donc quelque peu boudé cette quatrième journée et si les organisateurs le regrettent, la bonne humeur est quand même une nouvelle fois au rendez-vous pour cette ultime grande fête dans un Parc Ahuntsic toujours aussi détrempé ! 

La première grosse animation de la fin d’après-midi sera la finale du Concours Relève en Blues Marché Central et elle nous réservera encore quelques bons moments puisque se succèderont sur scène le quintet Crossroad et son excellent chanteur et guitariste soliste, le pianiste de boogie woogie Slim Wood et le trio Power Stroke Blues Band qui nous proposeront chacun à leur manière une très bonne prestation. Le blues rock à trois guitares des premiers, le charisme et les chansons fifties du second et les nuances musicales des troisièmes finiront de donner aux jurés québécois et français des arguments nécessaires pour s’en aller délibérer et les vingt cinq minutes dédiées à chacun d’entre eux auront une fois encore été l’occasion de constater le bon niveau de la nouvelle scène blues québécoise !

Vainqueurs de la précédente édition du même Concours Relève en Blues Marché Central, Clio & The Blueshighway que nous avions déjà accueillis à Blues-sur-Seine en novembre dernier grâce au soutien financier de l’OFQJ vient se produire sur la scène Hydro Québec pour y donner ce qui restera dans les anales du FestiBlues comme un des très bons concerts de cette cuvée 2008 ! Parti dans sa formation classique, le groupe piloté par la superbe et talentueuse Clio nous proposera un début de set classique avant de s’offrir un petit plus avec l’arrivée de l’harmoniciste Eric Frèrejacques rencontré lors de son périple automnal en France. Venu se greffer au groupe sans la moindre répétition, le Français trouvera instantanément ses marques sur « Talk To Me Baby » et apportera une vague de fraîcheur à un set d’une rare ingéniosité où chacun des musiciens donnera le meilleur de lui-même sans compter et en prenant visiblement un plaisir fou à jouer ensemble. Terminé sur un superbe « Spoonful » que Willie Dixon aurait sans doute beaucoup apprécié, le show de Clio & The Blueshighway laissera après son passage un très fort goût de « revenez-y » et nous fera regretter de ne pas pouvoir revoir le groupe sur scène avant notre retour dans l’hexagone …

L’heure est maintenant aux récompenses et aux remerciements et c’est le jury québécois qui déclare son tiercé gagnant du Concours Relève en Blues Marché Central avec dans le désordre un troisième prix sonnant et trébuchant d’une valeur cumulée 550$ pour Slim Wood, un second prix de 1.000$ pour Crossroad et enfin un premier prix comprenant un enregistrement professionnel, une programmation au FestiBlues 2009 et 750$ en bons d’achats à Power Stroke Blues Band. Pour sa part, la délégation française retiendra le pianiste Slim Wood pour une programmation à Blues-sur-Seine en novembre prochain, ce dernier voyageant grâce au soutien de l’OFQJ et étant appelé à se produire dans un bar local mais aussi sur une des très belles scènes du festival francilien qui l’avait d’ailleurs déjà accueilli en 2005 en tant que musicien du Blues Berry Jam. Pour en finir avec cette remise des prix, c’est Jean Guillermo de Blues-sur-Seine qui, visiblement très touché, se verra remercié par un Prix Spécial FestiBlues en témoignage d’estime et de reconnaissance afin de souligner la qualité exceptionnelle de son engagement !      

On revient à la musique pour une ultime soirée cajun qui verra se succéder deux formations sur la scène Loto Québec et on commence avec Feufollet, un très jeune groupe de Lafayette qui vient nous régaler de ses violons et autres accordéons sur des sonorités tantôt festives tantôt mélancoliques qui rappellent que les Accadiens ont traversé des moments difficiles mais que leur joie de vivre a toujours repris le dessus, quelles que soient les épreuves qu’ils aient eues à traverser. Avec leurs compositions en Français, ces jeunes gens parviendront à faire participer spontanément le public et c’est une piste de danse improvisée qui fait face à la scène après seulement quelques titres comme « Moi et ma belle » ou « Jolie blonde », le plaisir d’être sur la même longueur d’ondes semblant évidant des deux côtés de la barrière de sécurité ! Rien ne pourra venir gâcher la fête, même pas une corde de Si cassée sur la guitare de Anna Laura Edmiston en milieu de concert qui la contraindra à finir le spectacle, rappel inclus, en modifiant ses accords avec beaucoup de savoir-faire. Le stand Cajun situé au fond du parc peut se réjouir, l’alligator qu’il sert ce soir en plat de résistance devrait faire des heureux !

Arrive ensuite sur scène une formation originaire d’Ottawa, Mumbo Jumbo Voodoo Combo, qui vient nous mettre du swing et du groove dans la fin de soirée en nous apportant un mélange pluriethnique très inspiré des sonorités de New Orleans mais également ouvert vers les musiques caribéennes et latines. Sur les rythmes traditionnels du Mardi Gras, le groupe qui jette des colliers de perles dans le public et dont le batteur est également le chanteur va nous offrir un mélange issu de ses trois albums et de standards comme « Yellow Moon » ou « That Mellow Saxophone » avec une formation réduite à son strict minimum puisque l’on n’y compte en tout et pour tout outre le batteur un pianiste, un bassiste et un saxophoniste auxquels vient rapidement se joindre un très jeune invité au washboard. Festif et entraînant, Mumbo Jumbo Voodoo Combo finira de nous faire passer un très bon moment plein de bonnes vibrations et de convivialité et séduira visiblement un public qui n’aura pas eu à regretter d’avoir bravé la seule petite averse venue perturber la journée en tout début d’après-midi !

On salue une dernière fois le FestiBlues en assistant au tirage au sort par Luis Oliva de la Fender Telecaster autographiée par tous les artistes présents durant le festival et le Parc Ahuntsic se vide très rapidement de ses spectateurs … Cette nouvelle édition aura été à n’en point douter un énorme succès non seulement par la qualité de sa programmation mais aussi par son éclectisme qui une fois encore se devait d’être remarqué ! Si les résultats en terme de fréquentation ne sont pas encore connus au moment de terminer cet article, on peut d’ores et déjà penser que l’été calamiteux n’aura sans doute pas permis de battre les records d’affluence des dernières années mais il convient de féliciter d’une part le public pour son audace et son ardeur et de l’autre les cinq créateurs de FestiBlues, Martin Laviolette, Martin Landry, Gilles Gauvreau, Georges Fournier et Jacques Noël auxquels il faut bien évidemment associer une équipe technique et logistique coordonnée par Catherine Jobin et bien entendu tous les bénévoles croisés sur le site durant ces quatre jours … La chaleur de l’accueil qui nous a une fois encore été réservé a réussi à nous faire oublier le mauvais temps et les moustiques omniprésents et il nous tarde déjà de vous retrouver à Mantes la jolie en novembre pour la 10ème édition de Blues-sur-Seine ! Et pourquoi pas à Montréal en 2009 ?…

Fred Delforge – août 2008