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CHICAGO BLUES FESTIVAL 2008 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 23 juin 2008
 

CHICAGO BLUES FESTIVAL
CHICAGO - (ILLINOIS)
Du 5 au 8 juin 2008

http://www.chicagobluesfestival.org
http://www.route-du-blues.net

Véritable encyclopédie du Blues, Jocelyn Richez est passionné des notes bleues et de Chicago mais aussi du reste des Etats-Unis qu’il décrit avec un talent naturel dans son site « La Route du Blues »

De retour de l’édition 2008 du Chicago Blues Festival, il nous adressait ses remarques et ses commentaires avec comme toujours nombre d’anecdotes qu’il recueille au cours de ses nombreuses pérégrinations dans les clubs et autres endroits typiques de la ville !


Cela fait maintenant 8 jours que je suis rentré de Chicago et parmi toutes les nouvelles de la windy city, il y en a quelques-unes qui sont bien tristes et dont malheureusement personne ne parle ici.

J'ai notamment appris le décès de Fred Johnson, une figure du South Side, un chanteur respecté également propriétaire de club, le fameux 7313 sur S Halsted, au coeur du ghetto. C'est l'ami Romain Pelofi qui doit être triste car nous étions allés ensemble au 7313 en 2004 où nous avions assisté justement à un concert de Fred Johnson. Je sais qu'il avait particulièrement apprécié cette soirée.
http://pagesperso-orange.fr/photos-chicago2004/Compte-rendu/CR-07-06-04.html
Depuis, le 7313 est fermé, c'est vraiment dommage. J'avais eu l'occasion de voir Fred Johnson à plusieurs reprises, au 7313 bien sûr, mais aussi sur la scène Gibson du Chicago Blues Festival et la dernière fois en 2006 au Blue Island Pub, en banlieue sud de Chicago.

Connaissez-vous Little Scottie, figure marquante de Chicago depuis des décennies, une forte personnalité qui a pratiqué tous les métiers du ghetto, d'évangéliste à proxénète, un activiste aussi bien pour les droits de la population noire que pour défendre Maxwell Street, mais surtout pour nous, un exceptionnel chanteur. Il a chanté aussi bien le gospel que la soul et le blues avec des paroles très salaces. Il n'avait pas son pareil pour mettre le feu dans les clubs du South Side Chicago. Eh bien, je l'ai croisé sur un trottoir du loop en train de vendre des badges à la gloire de Martin Luther King et Barack Obama. Il souffre d'un cancer de la gorge et ne peut plus parler ni bien sûr chanter. Le plus terrible est qu'il a une sorte de tuyau qui lui sort de la gorge ... Là encore Romain Pelofi doit être triste, voilà ce qu'il écrivait au sujet de Little Scottie lors du même voyage en 2004 :

" ... Et elle laisse la place à celui que nous attendions tous, celui dont Jocelyn m'a beaucoup parlé et qui a marqué tous ceux qui l'ont vu en club, Lil' Scotty. Personnage très particulier qui traverse une période sombre, sa femme ayant été assassinée il y a quelques semaines, Lil' Scotty est vêtu tout de noir, ce qui tranche sévèrement avec sapes vert fluo et ses badges clignotants des photos de l'année précédente. II chante quelques morceaux tout en se déplaçant dans le club, en se frottant contre des filles et en les invitant à imiter ses mouvements, parfois à la limite du pornographique "Stoop down baby, and let your daddy see !". Lil' Scotty termine sur un véritable triomphe. Après lui, tout est embrasé ! II part ensuite vendre des badges anti-Daley ou à l'effigie de Johnny Drummer qui en est hilare. Daley, tout comme son illustre père qui fut lui aussi maire de la ville, est particulièrement impopulaire chez les noirs. Sa politique de rénovation détruit les quartiers défavorisés et en déplace les habitants. Je vous avais déjà parlé de ce que la municipalité a fait de Maxwell Street. "
http://pagesperso-orange.fr/photos-chicago2004/Compte-rendu/CR-11-06-04.html

Sinon, il y a eu heureusement d'excellents moments, le plaisir de découvrir de nouveaux clubs, de nouveaux musiciens, de nouvelles chanteuses. Et puis une conclusion s'impose, le ghetto reste plus que jamais un formidable vivier de talents. Des talents exceptionnels dont la réputation ne sortira jamais de leur quartier, quel gâchis !

Parmi les clubs que j'ai fréquenté, mention toute particulière pour le Rooster Palace, un petit club du West Side situé sur W Madison, dans un quartier à la réputation sulfureuse. L'ambiance était autant dans la salle que sur la scène. C'est Joe B & The Shot Gun Blue Band (excellent) qui étaient programmés avec comme toujours une pléiade d'invités à commencer par Willie D, superbe chanteur. La découverte du soir fut une chanteuse qui m'était jusque là inconnue, Mz Peachez. Beaucoup de "vedettes" du West Side (ZZ Hill Jr, LT Mc Ghee, Ice Mike, Lil Harvey, etc...) fréquentent régulièrement ce club.

Autre découverte, le Big'O, un club du South Side, dans un quartier qui en comporte beaucoup d'autres (Lloyd Lounge, Linda's Place, Mary's Lounge, Mitchell Lounge, For The Good Time ... et le 7313). Le Big'O est le repère de Smiling Bobby et c'est lui-même qui m'a donné l'adresse. Normalement, on devait voir un concert de Elmore James Jr, en fait on a pu voir plein de musiciens et chanteuses mais pas de trace d'Elmore James Jr ! C'est souvent comme ça dans les clubs du ghetto. Ce fut l'occasion de passer une super soirée avec Smiling Bobby, de voir des chanteuses comme Sexy Jamie et Sexy Red. Et puis, pour Elmore James Jr, on a eu l'occasion de le voir au Reggie's, un nouveau club situé dans le même bloc que les studios Chess. Une belle soirée aussi où on a vu passer sur scène, outre Elmore James Jr, Eddie C Campbell, Byther Smith (en grande forme), Tail Dragger (avec Bob Corritore à l'harmo).

Côté bonnes nouvelles, j'étais heureux de retrouver Iceman Robinson, que j'avais découvert il y a quelques années au Quai du Blues à Neuilly et qui avait sorti un excellent cd sur le label Fedora. Je le croyais mort mais il est encore bien vivant. Il a fait une belle prestation en accompagnateur de Dancin' Perkins, chantant même deux de ses compositions. Ce concert de Dancin' Perkins (avec Iceman Robinson et Smilin Bobby aux guitares) fut l'un des meilleurs du festival.

Autre bonne nouvelle, Piano C Red a pu rejouer, lui qui était paralysé après s'être fait attaquer dans une station service du South Side pour lui voler sa voiture. Dans l'histoire, il s'est pris une balle dans la colonne vertébrale. Il est aujourd'hui dans un fauteuil roulant, il a complètement perdu l'usage de ses jambes mais retrouve petit à petit ses mains. Il reprend donc le piano, avec ses moyens actuels, il joue simple, ne fait que quelques notes mais c'était superbe, chargé d'émotion, il était en plus très bien accompagné par notamment Ice Mike à la guitare et avec Ramblin' Rose, une chanteuse / harmoniciste qui a aussi impressionné André Hobus. Bref, ce concert de piano C Red fut l'un des grands moments de l'édition 2008 du Chicago Blues Festival.

Et puis, parmi les autres moments forts, je ne résiste pas au plaisir de vous parler des "Teardrop sessions", un super plateau monté par Frank Bandy le patron du label Chicagoan Teardrop records comprenant Tré, Lady Cat, Scott Bradbury, JB Ritchie, Joe Kelley et bien sûr le boss Frank Bandy. Un super show du début à la fin avec un Tré qui fut l'un des musiciens les plus photographiés du festival, portant une veste à fleurs quasi importable !

Sinon, j'avais réservé une chambre dans un petit motel que j'avais découvert grâce à un CD de Mark Hummel, le "Heart O' Chicago", mon album préféré de Mark Hummel qui tire son titre de ce fameux motel de Chicago. Il y a la photo du motel sur la jaquette du CD. J'avais donc réservé dans cet hôtel en référence à ce CD et devinez qui j'avais comme voisin de chambre ? Magic Slim en personne ! Incroyable, c'est fou ce que le monde et petit ... Je le voyais tous les matins au petit déjeuner.

Jocelyn Richez – juin 2008