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MASSILIA SOUND SYSTEM pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
mardi, 13 mai 2008
 

"Avec un de nos membres absent, sur scène, il nous manque un bras"

Ils se plaisent à dire qu’ils ont mit du Pagnol dans les musiques jamaïcaines. Près d’un quart de siècle que la mécanique tourne. Pourtant, ils n’ont rien perdu de leur verve. Le groupe nous est revenu en grande pompe fin 2007 après quelques temps consacrés à leurs projets musicaux personnels. Gari Greu, un des Mc du groupe revient pour nous sur cette incartade, leur évolution.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Même si les thèmes bordés sont restés sensiblement les mêmes, le groupe a bien su évoluer sur le plan musical. L’exemple le plus flagrant est « oai et libertat ». On y sent l’effet bénéfique qu’a eu sur vous votre « parenthèse enchantée » où vous avez pu donner du temps à des projets personnels.

A l’époque on ne pouvait plus rester sur ce tempo là de faire des tournées incessantes sans se reposer un petit peu. Ca a donné naissance à "oaistar", « papet-j.com » et « Moussu T et lei jouvents ». Il est vrai que l’on sent bien les effets qu’ont eu ces projets musicaux sur chacun de nous durant trois années. Il faut savoir que ce ne sont pas des projets qui ont été créés dos à dos. On a mis au monde « trois petits massilias » : les idées étaient les mêmes, seule la musique variait.
Je suis content que ça se soit ressenti à l’écoute de cet album.

En revenant travailler ensemble pour le groupe, vous attendiez vous à ce résultat ? A cette énergie somme toute rock n’ roll par moments (« massilia fai avan ») ?

Massilia, ça a toujours été du rock dans le bus entre deux morceaux de reggae. C’est un groupe avec des personnalités éclectiques, des érudits des musiques jamaïcaines mais pas seulement. On ne s’est jamais rien refusé et on s’est toujours orienté vers la nouveauté.
Evidemment tu te mets au service de la chanson car l’arrangement n’est pas le même en fonction du propos, de l’intensité. Nous sommes des personnes qui ont des oreilles bien décollées.

Lux B, un des MC du groupe a d’ailleurs débuté dans une émission radio détonante.

Oui, Lux B est le Michael Jackson de la radio à Marseille. Mais il n’est pas le seul, nous avons presque tous commencé par la case radio. Il faut savoir que je l’ai connu en premier lieu en tant qu’auditeur avant que nous devenions alter ego. Son émission m’a beaucoup marqué, on avait l’impression qu’elle était enregistrée en plein stade Vélodrome.

Vous êtes attachés au média que représente la radio.

Le hip hop s’est développé par le biais de la bande FM. Quand les groupes comme IAM n’étaient pas encore pris au sérieux par les patrons de salles de concert, ils exerçaient leur art ainsi. C’était le vecteur média le plus facile d’accès.
C’est de là qu’on tient aussi ce petit côté bricolo, les scénettes entre les morceaux…Et puis la radio c’est la magie ! On a pris énormément de plaisir à prendre part à des émissions. Maintenant que nous n’en avons plus tellement le temps, ça nous manque assez.
 
En mettant dos à dos deux de vos albums, « occitanista » et « oai et libertat », on peut ressentir une méthode de travail radicalement différente. Ils n’ont pourtant que quelques années d’écart. Le premier est une production complexe, très riche là ou le second mise sur un style efficace, épuré et très direct. Etaient-ce les délais qui ont changé votre approche respective sur chacun de ces ouvrages ?

A l’époque d’occitanista, nous étions sur un gros chantier musical mêlant tradition et modernité. Nous collaborions avec des musiciens traditionnels pour ramener divers rythmes,  parfois ancestraux, vers le reggae. Nous avions alors un studio commun, à La Ciotat, où nous nous retrouvions chaque matin pour travailler. Depuis, nous n’avons plus de studio en tant que tel suite à quelques déboires avec la municipalité.
Nous sommes donc revenus vers plus d’autonomie et nous avons travaillé de manière plus souple. En effet la musique sur « oai et libertad » est plus brute. Il est plus centré sur nous ; il n’y a aucun intervenant dessus…

Ce qui en fait un opus plus accessible que son précédent.

On essaye toujours de faire en sorte que le disque ait autant d’écho chez ma fille que chez ma maman par exemple. Avec bien sur un degré différente : mon enfant ne va pas percuter un titre comme « massilia fai avan » de la même manière que le jeune de vingt ans venu sauter dans un concert.
Nos concerts sont également pensés de manière à être accessible aux personnes étrangères au monde codifié du ragga. On exprime aussi cette volonté par l’utilisation du provençal qui n’est pas voulue comme un enfermement mais un partage. Nous chantons en occitan pour s’ouvrir vers l’autre.

Votre bras tendu vers la world music n’était-il pas à l’époque un moyen calculé de contrer vos détracteurs qui vous qualifiaient de régionalistes ?

On a effectivement cherché à mettre en exergue ça. Personnellement, je n’ai pas appris le patois provençal de mon grand père mais de Moussu T, un des membres fondateurs du groupe et pourtant né à Paris. 
Ce n’est pas forcément quelque chose qui vient du sang. On évite ainsi l’erreur de croire qu’on est plus méritant de vivre quelque part au simple décompte du nombre de ses ancêtres.  
La lecture superficielle de notre mouvement peut faire peur. Pour nous, la désignation du régionalisme sonne celle du nationalisme. Par exemple, quand Bruno Mégret a été élu à la mairie de Vitrolles, le drapeau provençal a été hissé sur le parvis de la mairie.
C’est pour cela que nous avons toujours eu conscience que nous marchons sur un chemin parsemé d’embûches.

Une pensée pour Lux B, votre ami sur scène comme à la ville, qui est toujours tenu au repos.

Il a eu ce que l’on peut appeler une grosse galère, une sale maladie qu’il faut combattre.
J’espère qu’il sera remis pour l’enregistrement du troisième album de oaistar fin 2008. Il commence à aller mieux et je pense que tous les messages de soutient qu’il a reçus y sont pour quelque chose.
Sur scène nous arrivons à nous en sortir car nous avons du métier. Mais dans le bus et dans les loges, son absence est presque insupportable.

Lien utiles : www.massilia-soundsystem.com/
L'interview audio : www.myspace.com/zicaziclemission

Propos recueillis par Stéphane Burgatt, mai 2008