samedi, 03 mai 2008 Solitaire (Odéon – 2008) Durée 35’34 – 12 Titres
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De sa naissance à Alexandrie il y a bientôt trois quarts de siècles jusqu’à son prochain Olympia qui marquera la sortie de son nouvel album, « Solitaire », Georges Moustaki n’aura jamais pris le temps de s’arrêter un moment ni même simplement de penser à le faire. Sa vie, c’est la scène et la chanson et il faut reconnaître que l’une et l’autre le lui rendent bien, l’accueillant tout au long des années pour la première et lui offrant quelques succès inoubliables pour la seconde, de « Milord » au « Métèque » en passant par « Ma liberté » ou encore « Ma solitude ». Marqué de manière indélébile par mai 68, ce poète engagé ne pouvait en laisser passer le quarantième anniversaire sans marquer le coup de façon forte et c’est en s’offrant un nouvel album réalisé par Vincent Segal de Bumcello et enregistré par Djoum aux Studios ICP de Bruxelles qu’il s’exécute, invitant pour l’occasion quelques jeunes loups à venir le rejoindre sur diverses pistes aux côtés de ses musiciens, Toninho Do Carmo aux guitares, Luiz Augusto Cavani à la batterie et Francis Jauvain à l’accordéon mais aussi d’autres, invités eux aussi, comme Marcel Azzola à l’accordéon, Marco Arietas à la guitare ou Sarah Murcia à la contrebasse. Histoire de se sentir un peu moins « Solitaire » …
Au début, il y a la voix, inaltérable et présente pour nombre d’entre nous depuis toujours. Puis viennent les textes que Moustaki écrit, emprunte ou adapte selon le cas. « Le temps de nos guitares » est sans doute le plus bel hommage qu’un artiste puisse rendre à ses semblables puisqu’il en énumère plusieurs de manière non exhaustive en n’oubliant jamais d’avoir une petite attention pour chacun de ceux qu’il évoque, de Brel à Béart en passant par Salvador, Charlebois, Dylan, Brassens, Gainsbourg ou Coluche … Le ton est dorénavant donné, c’est à du grand Moustaki qu’il faudra s’attendre et le monstre sacré le confirme très vite en nous proposant la passionnante « Sorellina », la sensuelle « Mélanie faisait l’amour » ou encore « La jeune fille » avec toujours la même inspiration divine ! On y trouve encore des duos, plus délicieux les uns que les autres … Avec Vincent Delerm, le Moustaki libertin évoque « Une fille à bicyclette » et salue le retour des belles gambettes dans les rues de la capitale grâce à l’avènement du Vélib ! Stacy Kent s’invite à « Partager les restes » d’une séparation sur des airs crées par Chico Buarque, China Forbes de Pink Martini revisite un classique parmi les classiques, « Ma solitude », et se fend aux côtés d’un poète un tantinet fêtard d’une amusante relecture de « Donne du rhum à ton homme » … Et puis il y a l’ouragan Cali qui se greffe à une reprise venue des seventies, « Sans la nommer », avec toute la fougue et la ferveur qu’on lui connaît, et qui accentue un peu plus encore les relents gauchistes et anars de Moustaki … A chaque instant le charme opère, les nouvelles chansons prennent très vite des allures de standards et plus « Solitaire » défile dans la platine, plus on se dit que cet album est fait pour durer ! Il fallait bien que Moustaki commémore à sa façon un mai 68 que l’on aurait tendance à vouloir faire disparaître prématurément des livres d’histoire … Sacré bonhomme !
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