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LAX'N BLUES FESTIVAL - 6ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 30 mars 2008
 

6ème LAX’N BLUES FESTIVAL
SALLE DES FÊTES – LAX (12)
Le 29 mars 2008

http://www.philippemenard.com
http://www.myspace.com/philippemenard
http://www.hotgang.net
http://www.myspace.com/hotgang
http://www.bluespower-band.com
http://www.myspace.com/bluespowerband
http://www.thereverend.eu
http://www.myspace.com/thereverendlr
http://www.laxnblues.fr

Se retrouver avec sur la valise une étiquette sur laquelle figurent les trois lettres LAX rappelle invariablement les virées internationales vers les States et en particulier Los Angeles … Seulement voilà, dans ce cas bien précis, il n’est point question de la cité des anges mais bel et bien de Lax, petit village de l’Aveyron rattaché à Baraqueville, dans les environs proches de Rodez ! De quoi calmer les ardeurs les plus folles, quoi que … Une programmation réjouissante, une gastronomie dans laquelle se télescopent tripoux, cochonnailles et aligot, il n’en faut pas plus pour que les fins gastronomes du team Zicazic répondent à l’appel de nos provinces et se rendent ventre à terre vers le Lax’n Blues Festival, sixième du nom.

Arrivé dans la salle des fêtes du village, on remarque l’effervescence qui règne dans la ruche, le rôle de la reine des abeilles étant assuré par Didier tandis les bénévoles s’affairent à ses côtés pour que tout soit en place à l’heure dite. Les premières balances tournent bon train, à commencer par celle du Reverend qui a accepté d’assurer la master class annulée par son vieux pote Nono à la dernière minute, l’enregistrement d’un album de Trust imposant parfois quelques désagréments et autres impondérables … Pendant ce temps, nous accompagnons nos potes de Blues Power Band vers Albi où Xavier Boulanger les attend pour une interview dans son prochain Baker Street. Rentré juste à temps pour voir les Hot Gang se mettre en place, il ne reste plus qu’à Bannish et ses boys à se caler sur la console puis c’est Philippe Ménard qui s’y colle, le tout sous l’œil expert des Classic & Trouble venus en amis puisqu’ils se produisent ce soir à quelques dizaines de kilomètres de là … L’arrivée du public vers 19 heures 30 n’est pas sans provoquer une certaine bousculade dans le village mais elle marque surtout le début de ce qui reste à Lax et dans ses environs la grande fête de l’année ! Are you ready ?

Avec une bonne heure de retard sur le timing, c’est Philippe Ménard qui s’y colle et qui vient planter dans une assistance déjà bien copieuse et vigoureuse une première banderille acoustique avec un « Catfish Blues » qui a le mérite de donner le ton de  la soirée ! Ménard, c’est peut être un one man band mais quand il est question d’envoyer du son, le bonhomme s’y connaît autant qu’un power trio et ne se prive pas de le faire … Les guitares se suivent et les couleurs changent, les sèches sonnant à la surprise générale avec plus de grain et de pêche que les électriques et le chanteur n’en finissant plus de placer une voix ni jamais vraiment noire ni jamais vraiment blanche sur des « Kindhearted Woman » ou des « Who Do You Love » qui marquent définitivement les esprits. On retraverse inévitablement le répertoire du maître à penser de Philippe Ménard, le grand Rory Gallagher, et c’est en réarrangeant à sa manière des « Laundromat », des « Million Miles Away », des « Out Of The Western Plains » ou des « Bullfrog Blues » que le longiligne gaucher à l’harmonica gracile en arrivera à un rappel qui finira de scotcher tout le monde lorsqu’il sortira un bout de bois avec une corde tendue en son centre et qu’il nous offrira un « You Gotta Move » tout en slide avec pour seuls artifices deux tournevis … On le savait bricoleur, on le découvre quincaillier, sacré Philippe !

Il est presque 22 heures et la salle n’en finit plus d’engranger des spectateurs quand Blues Power Band bondit sur scène pour nous servir un show qui va lentement mais sûrement monter en intensité. Proposant un set classique mais ingénieusement adapté à la situation, les Parisiens vont une fois encore convaincre en ne ménageant ni leur talent, ni leur humour. Il transpire une joie de vivre évidente de cette formation qui en seulement deux albums est parvenue à se hisser vers le plus haut de ce que la scène française compte de groupe de blues. Les guitares se complètent, les harmonies se tiennent et la rythmique s’est trouvée depuis un bon moment, Bannish n’ayant plus qu’à faire son ouvrage dans des conditions optimales et à placer une voix aussi à l’aise sur les tempos vifs que sur les ballades, nous réservant pour le plaisir général un show où quelques reprises prestigieuses viennent émailler de superbes compositions comme « Reverse Side Blues », « www.bluespower-band.com (or Dial B.P.B.) » ou encore l’inénarrable « Shoot, Shoot, Don’t Talk » qui a donné son nom à un deuxième album considéré par un grand disquaire français comme l’un des cent meilleurs du blues ! Le public se presse sur le devant de la scène et n’en finit plus d’apprécier une prestation d’un très bon niveau qui allie avec une ingéniosité les aspects visuels les plus agréables à un son et à une musicalité irréprochables. La France a trouvé ses Blues Brothers et à n’en point douter, ces cinq là n’ont pas fini de faire parler d’eux !

Minuit sonne et le millier de spectateurs est dépassé depuis déjà un bon moment, la salle continuant pourtant de se remplir pour accueillir les Hot Gang, une formation où les fondations rockabilly sont rehaussées d’accents punk, ska, rock et bien évidemment blues … La trompette et le trombone atteignent régulièrement la Blue Note et l’antique Gretsch de Johann donne aux morceaux du groupe des allures de standards qui trouvent leur place idéale au milieu des « Mellow Saxophone » et autres « That’s Allright Mama » que le combo nous distille avec force mais aussi et surtout avec foi, le frontman usant à chaque instant d’un charisme inouï et mettant tous les arguments de son côté pour finir de convaincre une assistance emballée par une prestation réjouissante au possible ! Rien n’est laissé au hasard avec les Hot Gang et le groupe utilise chaque centimètre de scène pour en arriver à un show complet achevé par l’enchaînement de « Summertime Blue » et de « Brand New Cadillac » qui laisse forcément des traces dans les mémoires et donne un très fort arrière goût de revenez-y … Une chose est certaine, leur prochain passage dans la région ne manquera pas d’attirer le public et on comprend sincèrement pourquoi !

C’est un Reverend accompagné d’un nouveau groupe et quelque peu laminé par la fatigue qui va venir se produire sur la scène du 6ème Lax’n Blues sur le coup des 2 heures du matin, le public plus ou moins éthéré se montrant pour sa part un tantinet éprouvé par la richesse des précédents shows et ne répondant que difficilement à l’appel des « Route 66 » et autres monuments du blues rock que l’homme à la Les Paul lui sert tant bien que mal, les pensées visiblement ailleurs mais les doigts toujours aussi bien en phase avec les cordes. On revisite le dernier album en date de cette figure légendaire de la scène hexagonale, « I Have A Dream », et The Reverend continue de nous prêcher son blues avec une foi évidente mais avec des approximations qui ne trompent pas, le manque de rodage de la nouvelle formation se faisant cruellement sentir par moments, surtout quand le quartet s’engage sur la voie des compositions … Alors on compense parfois par des artifices et c’est en se grimant d’un des masques qui symbolisent le festival que le bassiste rattrape le coup, amusant la galerie pour finir de montrer que le groupe a vraiment envie de donner le meilleur de lui-même et conjurant un mauvais sort qui s’acharne aujourd’hui sur un Reverend qui rame pour maintenir le cap et qui s’en sort finalement avec les honneurs grâce à son envie de bien faire, à sa gentillesse et à son amour pour les gens. Invitant deux bénévoles à le rejoindre sur scène et à attraper la guitare et la batterie puis dédiant aux autres un ultime « Bullfrog Blues », celui qui avait littéralement enflammé l’édition 2004 clôturera celle de 2008 par un grand moment de convivialité et de chaleur humaine ! Les années se suivent et ne se ressemblent pas, c’est aussi ce qui fait le charme des festivals …

L’Europe nous grappille une heure de sommeil mais Lax n’en finit plus de faire la fête et c’est non sans avoir salué Didier et toute son équipe de fous furieux qu’il faut se résoudre à rejoindre l’hôtel. La nuit sera courte, d’autant plus que l’intensité de cette journée où se sont succédés quatre groupes de tout premier ordre n’aide pas à trouver le sommeil tant les images défilent dans la tête … Alors là où certains comptent les moutons, on se remémore les bons moments passés à Lax, dieu sait s’ils sont nombreux, et le sommeil finit enfin par reprendre ses droits. Le Lax’n Blues Festival a une fois encore prouvé que l’on peut être une petite structure avec un petit budget et organiser un grand festival qui mériterait comme beaucoup d’autres de figurer au calendrier des incontournables de la saison … On ne manquera pas de s’en souvenir et bien évidemment de le dire !

Fred Delforge – mars 2008