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ALVIN LEE & TONY JOE WHITE à L'OLYMPIA (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 25 mars 2008
 

TONY JOE WHITE – ALVIN LEE
L’OLYMPIA – PARIS (75)
Le 24 mars 2008


http://www.alvinlee.com
http://www.myspace.com/alvinleerocks
http://www.tonyjoewhite.com
http://www.myspace.com/tonyjoewhite

Il règne autour de L’Olympia une atmosphère toute particulière ce soir puisque c’est une majorité de bikers et d’autres amateurs de bon gros rock qui tache qui s’est donné rendez-vous pour aller applaudir deux légendes, la principale n’étant autre que le toujours très grand Alvin Lee qui assure la tête d’affiche et l’autre, toute aussi prestigieuse, n’étant rien de moins que le génial Tony Joe White en tournée chez nous pour quelques dates … Les conversations tournent autour d’un seul et même sujet : qu’en est il de la forme d’Alvin Lee aujourd’hui ? Est il toujours le grand guitariste, chanteur et créateur que l’on a connu il y a des années ? N’est il plus que l’ombre de lui-même et du grand Ten Years After ? Autant de questions qu’il va falloir ruminer encore une heure, le temps d’une première partie et d’un entracte …

Entré seul en scène avec sa guitare et son harmonica et rejoint après un morceau par le batteur Jeff Hale, Tony Joe White n’aura aucun mal à chauffer une salle pleine à craquer et c’est avec son swamp-blues aux forts relents de bayou que le bonhomme, le chapeau solidement rivé sur le crâne et la voix particulièrement rocailleuse, viendra nous farter les oreilles avec ses alternances de blues lents et de blues plus remuants, enchaînant passages acoustiques et déluges électriques au gré d’un « Undercover Agent For The Blues » ou d’un « Rainy Night In Georgia ». Une petite trentaine de minutes d’une musique à la fois riche et conviviale finiront de convaincre ceux qui osaient en douter qu’il y a de l’avenir dans les formules simplistes et qu’un simple duo guitare et batterie peut développer à lui seul autant de feeling et d’énergie que le plus puissant des groupes. Des premières parties de cette trempe, ils ne sont pas nombreux les artistes qui osent s’y frotter et c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le Renard des Marais s’en ira rejoindre les loges sous les regards experts de Louis Bertignac et de son complice bassiste Cyril Denis visiblement emballés !

Le temps de passer backstage saluer quelques amis présents ce soir, Nina Van Horn, Boro, Nono Krief et quelques autres, et il nous faut déjà emboîter le pas à Alvin Lee qui vient se placer au bord de la scène avant le plongeon dans le grand bain de L’Olympia … Un « Rock And Roll Music To The World » magistral en guise d’apéritif et c’est parti pour le grand tour des standards du guitariste, les œuvres écrites jadis avec le groupe qui lui aura permis d’entrer des deux pieds dans la légende lors de son passage Woodstock il y a près de quarante ans trouvant bien évidemment une place de choix au beau milieu d’un répertoire varié à souhait ! On se chauffe tranquillement au son d’un « Hear Me Calling » et c’est reparti pour le grand show d’Alvin Lee sur un « I Can't Keep From Crying Sometimes » où le virtuose laisse libre cours à ses soli, usant de son pied de micro comme d’un bottleneck et faisant hurler les cordes de son ES335 avec une maestria inouïe ! Les derniers doutes ont laissé la place à une contemplation avide et c’est tout L’Olympia qui se laisse engloutir par un frontman qui n’a absolument rien perdu de sa superbe et qui se fait accompagner de sa section rythmique traditionnelle où l’on remarque le brillant Pete Pritchard aux basses et contrebasses et Richard Newman à la batterie.

Un petit solo de guitare ragtime pour se remettre en jambes et c’est sur « How Do You Do It » que le concert se poursuit, Alvin Lee prenant soin de passer d’un blues délicat à un rock’n’roll très teinté fifties et en venant rapidement à nous proposer « My Baby Left Me » ou « I Don’t Give A Damn » avec pour seuls effets non pas un copieux rack de pédales mais bel et bien une dizaine de doigts et beaucoup de talent ! Le showman ne triche pas et ses musiciens non plus, Newman s’embarquant dans un solo de batterie à rallonges au cours duquel il change sa caisse claire et laissant à ses deux compagnons quelques longues minutes de répit avant de les faire revenir sur scène pour un bon blues plein de jus et de classe. En posant son jeu très rock sur de solides fondations ancrées dans le blues, Alvin Lee trouve le terrain essentiel pour que sa voix laisse passer tout son grain et c’est avec un émerveillement non feint que le public se plie à ses plaintes, ses cris, ses alanguissements … On repart un moment vers les années 50 avec « I’m Gonna Make It » et c’est en ouvrant la porte à deux standards parmi les standards qu’Alvin Lee et son groupe nous annoncent que la fin du concert est proche. Un « Love Like A Man » toujours égal à lui-même avec son solo d’harmonica et ses gros délires de guitares amènera inévitablement sur le tapis le chef d’œuvre « I’m Going Home » avec son medley des standards du rock et c’est debout que L’Olympia terminera son concert, ravi du bon tour que le power trio vient de lui jouer ! Deux petits rappels plus tard avec en guide de bonus un très réjouissant « Choo Choo Mama » et nous en arriverons presque à deux heures d’un concert qui confirme qu’Alvin Lee est toujours un artiste plein de classe et de talent …

Paris est encore et toujours sous cette pluie pénétrante et l’horaire dominical ou plutôt pascal de ce concert nous laisse un peu de temps pour jeter un œil aux Harley qui occupent le hall. Encore quelques saluts et quelques remerciements à André Soulies et Maurice Suissa pour une production en tous points parfaite et pour un accueil du tonnerre et il ne nous reste plus qu’à rejoindre le trafic somme toute raisonnable qui nous ramènera vers l’Ouest … Dans la tête, les souvenirs de la Gibson rouge d’un artiste qui égrène ses notes depuis plus de quatre décennies sont omniprésents et à n’en point douter, nous retournerons sans la moindre hésitation retrouver Alvin Lee sur ses prochains concerts. La légende reste encore et toujours la même Forty Years After …

Fred Delforge – mars 2008