dimanche, 23 mars 2008 Bleu pétrole (Barclay – Universal – 2008) Durée 50’35 – 11 Titres
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On le croyait plus ou moins définitivement rangé de la pop depuis la sortie de « L’imprudence » en 2002 et pourtant, c’est grâce à la route et à la centaine de concerts de « La Tournée des Grands Espaces » qu’Alain Bashung a réussi à se rabibocher avec elle … Toujours présent grâce à divers duos et à de multiples collaborations sur les albums de ses amis, l’auteur compositeur qui a entre temps atteint la soixantaine se décidera à retourner en studio pour offrir d’autres frères et sœurs à « Gaby » et à « Joséphine » après être tombé sur quelques compositions de Gaétan Roussel, le frontman de Louise Attaque qui arrivera à point nommé pour accompagner Bashung dans cette nouvelle aventure en compagnie de Mark Plati, architecte et producteur de sons voluptueux s’il en est. Accompagné de la rythmique qui le suit depuis dix ans et la sortie de « Fantaisie Militaire » mais aussi de ses nouveaux compagnons de studio et bien évidemment du guitariste Marc Ribot, l’artiste convie une colossale section de cordes pour l’album de la renaissance, celui d’une véritable ruée vers l’Ouest dans laquelle il se rapproche comme il ne l’a jamais autant fait de Johnny Cash, de Bob Dylan ou même d’Elvis …
On reconnaît invariablement la voix particulièrement nasillarde qui colle si bien aux chansons qu’interprète Alain Bashung, cette voix à la fois entêtante et envoûtante qui interpelle, agace, séduit et parfois dérange selon que l’on soit plus ou moins bien prédisposé à la croiser au détour d’une platine … Bashung ne dévie pas d’un millimètre, avançant encore et toujours après tant d’années passées à chanter mais restant fidèle à ce qui a fait, certes non sans mal, son succès et trouvant dans les compositions de Gaétan Roussel un nouveau souffle mais aussi une nouvelle lucidité. A la fois pop et folk, les onze morceaux de « Bleu Pétrole » sont somptueusement américains et en même temps formidablement français, Bashung s’égarant volontairement sur des mots empruntés à Joseph d’Anvers (« Tant de nuits »), à Gérard Manset qui lui offre trois titres et dont il reprend le formidable « Il voyage en solitaire » mais aussi à Léonard Cohen dont il réveille l’adaptation de « Suzanne » par Graeme Allwright. Les dobros répondent aux lap steel, le B3 tutoie la guitare Leslie et les violons, violoncelles et autres altos donnent à de nouveaux hymnes comme le très actuel « Résidents de la République » ou encore les admirables « Hier à Sousse », « Le secret des banquises » et « Sur un trapèze » leur véritable dimension, celle d’un très grand album de Bashung comme le public aime à les découvrir. L’artwork très inspiré par les grandes étendues américaines finit de donner à « Bleu Pétrole » un cachet particulièrement attachant et invite à la rencontre avec un ouvrage qui, à n’en point douter, fera date dans l’histoire déjà chargée du chanteur ! Dans les bacs dès le 25 mars …
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