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MAURESCA FRACAS DUB pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
vendredi, 14 mars 2008
 

"Les troubadours ont inventé la notion de l'amour"

Dans la famille des musiques occitanes métissées à la sauce jamaïcaine, Marseille avait les Massilia sound system, Toulouse les Fabulous Troubadors et Montpellier ses Mauresca Fracas Dub.
Avec maintenant 10 années au compteur et la sortie prochaine d'un nouvel album (BARTAS, le 15 avril 2008 pour le public, un mois avant pour les souscripteurs), petite présentation du groupe et de leurs référents : les troubadours.

Vous chantez en Occitan. Qu’est-ce qui se cache derrière ce terme ?

Il y a deux façon de dire « oui » dans les langues dérivées du latin dans l’espace français : oïl ou oc. Au nord c’était la langue d’oïl et au sud la langue d’oc. Cette dernière, qui a donné l’Occitan, est l’ensemble des dialectes méridionaux qui vont de Nice en passant par les Alpes, Auvergne jusqu’à Bordeaux et quelques vallées italiennes et espagnoles.
Ce sont des dialectes qui ont été mus en avant par les troubadours.

Qu’entends t’on quand on parle de troubadour ?

C’étaient les poètes du sud. Ils ont créé un mouvement qui a été repris un peu partout en Europe. Un peu comme nous sommes actuellement influencés par la musique américaine.
En Occitan, troubadour signifie « celui qui trouve ».

Qui trouve quoi ?

Qui trouve la bonne musique, les bons sons pour dire les choses. On pense que ça a été largement influencé par la musique arabo-andalouse et par la culture méditerranéenne en général. C’était un courant musical et littéraire.
On a une vision assez faussée d’eux. On les confond avec les jouglars. Ces derniers interprétaient les chansons des troubadours qui eux étaient des seigneurs lettrés. Ce n’étaient pas ces jongleurs avec des clochettes que l’on imagine !

Que chantaient ils ?

Il y a eu plusieurs mouvements. D’abord le troubadour a été intimement lié à l’invention de l’amour. Car avant la seule relation socialement acceptée était celle de la femme soumise à son mari. Le concept de plaisir sexuel partagé était totalement méconnu.
Les troubadours ont changé l’ordre établi car ils chantaient la femme de l’autre, l’amour interdit. Il y a plein de chansons qui contaient l’amour charnel, ça n’était pas un amour platonique. C’était une relation particulière entre les sexes qui est encore très moderne ! On en est même parfois loin de nos jours.
Puis, quand leur culture a été mise à mal par les conquêtes des barons du nord, il y a eu des textes contestataires.

Est-il vrai que Richard Cœur de Lion, alors Roi d’Angleterre, s’est beaucoup intéressé aux langues occitanes ?

Oui, il était même en partie occitan car une large partie de la Gascogne, l’Aquitaine, appartenait à l’Angleterre. C’était donc une des langues de son royaume. Il aurait même écrit des textes dans cette langue.

Quel est votre rapport avec la langue : elle vous a été apprise par votre famille ou bien dans le cadre des études ?

Il a un peu des deux pour certains c’est arrivé par le lycée et la fac, pour d’autres la famille. Par exemple, le père de Chabs, un des deux MC, était un militant occitaniste.  Il ne faut pas non plus oublier tout ce qu’ont fait les Massilia Sound System, qui ont réconcilié beaucoup de monde avec tout ça.

A Toulouse il y avait les fabulous troubadours, à Marseille les Massilia SS et au milieu : rien. Ce qui était déjà très malin d’un point de vue géostratégique. Mais de la sorte, n’a-t-il pas été difficile de vous démarquer de vos prestigieux aînés ?

On a grandi avec eux en quelque sorte. Ensuite, tout ça a été digéré. On a mûri la chose à notre niveau pour créer NOTRE expression. On est parti de leur délire car ça nous touchait. Que ce soit une parole toulousaine ou marseillaise, on se sentait également concernés dans les villages dans l’Hérault. Tout est une histoire de mots : ils te touchent, te font rêver.

Montpellier a une image tellement bourgeoise. Il parait inconcevable qu’une telle ville puisse être le point de départ d’une démarche identitaire occitane.

Elle a toujours été une ville de transition avec l’implantation des universités. Il n’est effectivement pas aisé de trouver un Montpelliérain pur souche.
Musicalement elle a son histoire dans la scène rock avec des groupes qui ont porté haut les couleurs de la ville comme les sherrif, les  naufragés et OTH. D’ailleurs, le chanteur des deux derniers groupe a monté un groupe de balèti occitan : spi et la gaudriole.

Des places ouvertes pour d’autres langues ?

Le percussionniste, qui est d’origine bolivienne, chante en castillan et le bassiste en goudjerâtî, une langue du nord de l’Inde.

Propos recueillis par Stéphane Burgatt, mars 2008

Lien utile :   http://www.myspace.com/maurescafracasdub