dimanche, 20 janvier 2008 JEAN-LOUIS AUBERT : « UN TOUR SUR MOI-MÊME » Mantes la Ville – Salle Jacques Brel Samedi 19 janvier 2008
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Archi-complet dès le début de la mise en vente des billets, le concert de ce soir s’annonçait comme le grand événement de ce début d’année 2008 dans tout le Mantois et ce sont quelques huit cents fans parfois nostalgiques de Téléphone et souvent amoureux de Jean-Louis Aubert qui se sont retrouvés dans un univers dépouillé dédié à l’acoustique avec en toile de fond quelques guitares, un piano et des percussions … Sagement installés sur leurs sièges, les spectateurs attendent dans le calme le début du spectacle, savourant les derniers instants de paix avant la tornade puisque c’est dans une ambiance de salle de boxe (sic) que le concert commencera à l’heure dite !
Des lights sobres, des fumigènes bien présents histoire de rappeler aux photographes que la loi anti-fumée ne concerne pas encore leurs objectifs, un son bien calé et c’est parti pour un concert qui va retracer la carrière des débuts de l’artiste jusqu’à nos jours, démarrant tout naturellement avec le premier méfait éponyme commis par la bande des quatre et un morceau qu’on aurait presque pu oublier, « Le Vaudou », qui montre bien le ton choisi dans cette échappée solitaire pour laquelle le tête-à-tête entre un artiste et son public a été mis en avant. On reste en 1977 avec « Métro c’est trop » puis on saute de deux ans pour rejoindre « Crache ton venin » dont le break central viendra se mêler à un des standards du groupe, « La bombe humaine », que le dandy préféré des quadras ne manque jamais de reprendre quel que soit l’endroit et les conditions dans lesquelles il se produit … Ayant enfin compris comment appréhender une salle qui continue de bouillonner dans tous les sens, Aubert se met à lui parler un moment avant de partir « Au cœur de la ville » et surtout se met à plaisanter et entre dans un délire où viennent le rejoindre Iggy Pop, Les Stones et même quelques lapins blancs qui broutent l’herbe devant les gardiens du Mur de Berlin qui vous regardent droit dans les yeux avec des jumelles quand vous êtes à deux mètres d’eux … « Dure limite » ! Encore un bon en avant et on se souvient d’Olive, parti il y a maintenant deux an à deux jours près, en revisitant « Oublie ça » qui faisait à l’époque référence aux abus en tous genres de ce grand exagérateur devant l’éternel … Ne se privant pas de faire usage de son imposant rack d’effets depuis le début du concert, Jean-Louis se sample à gogo sur ce titre en particulier et nous offre un final tribal digne des trips d’antan … Un petit passage par le piano, histoire de prouver que ce n’est pas que de la déco, et Aubert en arrive à la fin de Téléphone avec « Le jour s’est levé » qui sera suivi à la demande du public d’un premier titre de son répertoire personnel, « Veille sur moi », et par la fin d’une première heure de musique nous entraînant tout naturellement vers « Un autre monde » !
Les « Locataires » se réjouissent car c’est juste après « Le bout du rouleau » que leur pote Loulou les invite à le rejoindre sur le devant de la scène pour prendre en eux un peu d’énergie salutaire et les accompagner dans une œuvre elle aussi chargée de compositions au charme fou … On reste encore un moment dans l’album « Bleu Blanc Vert » avec « Ils cassent le monde » et un petit mot pour Ingrid Bétancourt, six ans déjà, puis c’est vers Barbara que les pensées du poète s’évadent cette fois puisqu’il lui dédie « Le jour se lève encore » avant de lui emprunter son si fameux « Dis, quand reviendras-tu ? » qui ne manquera pas d’émouvoir la salle, toutes générations confondues. Place au troisième millénaire, c’est cette fois « Comme un accord » et pour commencer « Commun Accord » qui sont mis à l’honneur, Aubert se lançant ensuite très vite dans un « Alter Ego » marqué par un très profond solo d’harmonica qui démontre encore une fois à quel point le chanteur vit pleinement ses compositions et sait les adapter à chaque situation … L’heure tourne et il faut bien se résoudre à en arriver à l’album « Idéal Standard » qui marquera inévitablement la fin de ce tour sur lui-même que Jean-Louis Aubert s’offre pour le pied, juste pour se rappeler qu’il n’est pas homme à tricher et que seul face à quelques milliers de spectateurs, simplement armé de six ou douze cordes selon les morceaux, il est toujours capable d’avoir le dernier mot ! On s’offre donc « Parle moi » avant de se quitter avec un rapide flashback dirigé vers « H » et son hymne « Temps à nouveau » … Deux heures de bonheur que l’on aimerait voir se poursuivre !
Devant l’accueil chaleureux qui lui a été réservé ce soir à Mantes la Ville, Jean-Louis Aubert ne coupera pas à trois rappels, un premier bref et limite syndical où il nous rappellera que quand « On aime » on n’invente pas un sentiment, un deuxième revenant à deux reprises vers Téléphone avec « Sur la route » et « New York avec toi » simplement entrecoupés du fort à propos « Ailleurs » et enfin un dernier consacré à « Sid’aventure » dont les dernières notes se poursuivront bien après la sortie de scène de l’artiste après une standing ovation grâce à la complicité de la machine infernale arrivée de Californie il y a quelques mois avec son livret fait de près de six centaines de pages écrites dans la langue de Bill Gates … Un jeu d’enfant pour un homme qui a une guitare greffée au bout du bras gauche, un crayon à papier accroché à la main droite et un pupitre à partitions soudé dans la tête !
La salle Jacques Brel se vide petit à petit, chacun faisant ses dernières emplettes sur le stand de merchandising ou allant satisfaire dehors une envie naturelle de s’encombrer les bronches d’un peu de nicotine. Il est déjà temps de passer à autre chose, pour le public d’une part qui commente à tout va une prestation fort appréciée et pour l’artiste de l’autre qui s’en ira avec le même spectacle réjouir la France entière jusqu’en juin prochain … C’est la tête pleine d’images et de bons souvenirs que l’on terminera par remercier ceux sans qui cette soirée aurait été toute autre, Mohamed du Service Culturel de Mantes la Ville, Delphine de Backline, Viviane, la mine d’or des régisseurs, Lambert, le manager de toujours et enfin Jean-Louis, l’homme à tout faire de ce fabuleux spectacle en forme de one man band !
Fred Delforge – janvier 2008
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