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MAGYD CHERFI pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
mardi, 08 janvier 2008
 

L’après Zebda

Pour Magyd Cherfi, oubliées les ambiances fiévreuses et survoltées de sa période Zebda. Ce groupe aura toujours une place dans son cœur car il a contribué à le faire grandir pour devenir le symbole engagé et festif que l’on connaît (« le bruit et l’odeur », « tomber la chemise »).
Dorénavant, usé par la vie de groupe, il a voulu composer son futur au singulier. Serein mais toujours autant enclin à s’engager pour les causes qu’il trouve justes, l’auteur du « Tonton d’América » de Tiken Jah Fakoly nous dévoile une toute nouvelle facette : celle de l’écrivain.

Tu as pris congé de tes collègues historiques il y a quelques années. Tu as depuis mené de front une carrière de chanteur solo et d’écrivain, perpétuant la tradition des chanteurs à plume après  Bonvoisin de Trust, Mathias Malzieux de Dionysos ou encore Nicola Sirkis d’Indochine. On pourrait d’ailleurs parler de Magyd Cherfi ou la plénitude, tout simplement…

A peu près oui ! On a toujours peur de dire qu l’on est heureux mais ce mot de plénitude me plait bien. Le fait de partir en solo m’a permit d’utiliser plus le « je » que le « nous ». Il y a toujours ce moment de la vie où l’on veut dire « Moi, je… ».

On sent bien que l’envie était forte car tout arrive en bloc : albums, livres etc.

Et voilà ! Ce sont tous ces vieux rêves enfouis qui resurgissent brusquement. J’étais au service de Zebda. Mais j’ai eu besoin d’écrire pour moi, d’écrire pour d’autres. De partir dans cette plongée littéraire… De faire toutes ces petites choses qui n’intéressaient que moi !

Et étonnement, alors que tu as un nom dans la musique et pas encore dans la littérature, c’est ton premier livre, « Livret de famille », qui a eu plus de succès que ton premier effort musical « Cité des étoiles » !

Il n’a pas été évident pour les gens de me retrouver dans une œuvre musicale individuelle. Je pense qu’au fond je n’ai pas trouvé ce fil conducteur personnel. Dans la chanson j’en suis plus au stade de chercher encore où je me situe vraiment. En écoutant mes deux albums, je me suis bien rendu compte que c’était là l’histoire d’un mec qui se cherche. Il manque encore ce fil rouge que je suis en train de travailler.
Alors que dans la littérature, ça a été une plongée immédiate. Je savais précisément où j’allais. C’est sûrement pour ça que l’accueil a été plus probant pour « Livret de famille ».

C’est tout simplement le cheminement de l’artiste : la quête de l’identité.

C’est bien ça : l’artiste passe son temps à se chercher. J’ai passé une partie de ma vie à faire une première recherche pour le groupe. D’ailleurs, une des luttes pour moi a été de me séparer de cette énergie physique qui était la notre. Etre dans une dynamique, ça rassure. Moi, je voulais autre chose que cette dimension physique. Et là se pose toute ma problématique : comment bien s’affirmer en étant plus dans l’émotionnel que dans le déclamatoire ?
Je pensais qu’être seul me donnerait une solution mais hélas non car il me faut au préalable encore éplucher les vingt années qui viennent de passer. Et c’est comme ça que l’on retrouve des valeurs de base comme l’esprit de reconquête. Les choses ne se méritent pas comme ça !

Tu avais d’ailleurs déclaré te sentir être plus un homme de lettre qu’un chanteur.

Oui car je suis arrivé à la musique presque par erreur. J’avais un entourage de musiciens. Et le fait d’être le poète de la troupe m’a amené à être le porte parole. Gamin, mes parents m’ont appris que la vie est une lutte. Moi je ne me sentais pas de me battre avec les poings et c’est dans les mots que j’ai trouvé un moyen de sauver ma peau : c’était mon premier contact avec les filles. C’était également le moyen d’aider les copains à écrire des poèmes pour les filles qu’ils draguaient et ainsi me faire accepter. C’était mon lien social.

C’était une manière pour toi de t’affirmer comme français bien qu’étant issu de seconde ou troisième génération d’immigrés Algériens !

Absolument. On a l’envie de faire du zèle pour avoir notre place. Moi mon grand truc ça a été la maîtrise des différents subjonctifs pour affirmer que je suis français… Et de quelle qualité ! Quand on est discriminé, on met les bouchées doubles pour montrer notre absolue crédibilité. C’est quelque part regrettable d’avoir à fournir un double effort pour le même acquis.

Tu as sorti deux ouvrage à l’heure où l’on discute ensemble : un récit autobiographique (« Livret de famille ») et un essai (« La trempe »). On retrouve ainsi tout à fait logiquement tes deux facettes : le conteur et l’engagé.

Tout à fait. C’est toute la schizophrénie qui m’habite : d’un côté l’engagé qui se trouve dans un parti pris et de l’autre l’artiste qui cherche à retrouver une universalité des valeurs. On retrouve cette dualité dans la musique comme dans la littérature : suis-je le militant qui se situe dans un camp, ou le poète qui nous considère tous comme frères et sœurs ?

Propos recuillis par Stéphane Burgatt, Raje Marseille, Décembre 2007

Références :
« Carnet de famille », Actes Sud, 2004
« La tempe », Actes Suds, 2007
« Cité des étoiles », Barclay, 2004
« Pas en vivant avec son chien », Barclay, 2007

Liens utiles :
www.magydcherfi.com
www.myspace.com/zicaziclemission (L'interview en PODCAST)