mercredi, 05 décembre 2007 TRUST L’OLYMPIA – PARIS (75) Le 4 décembre 2007
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C’est dans un Olympia plein comme un œuf que Trust va recevoir ce soir ses fans, des fans motivés à bloc pour fêter les trente années de carrière de leur formation fétiche et venus des quatre coins de l’hexagone se retrouver, qui autour de l’amitié du forum du groupe où les relations se sont solidement tissées, qui entre potes ou encore en famille. Les gradins rouges sont peuplés de beau monde et on y reconnaît des amis de longue date comme l’incontournable Erik Bamy ou encore Fabienne Shine de Shakin’ Street venus prendre part à la fête …
Les Vilains Volatiles vont se charger ce soir de chauffer le public en une vingtaine de minutes et force est de constater qu’ils vont plutôt bien y parvenir avec leur rock à texte et leurs mélodies qui rappellent plus souvent qu'à leur tour Téléphone, non seulement dans la manière de les chanter mais aussi dans celle de tourner des riffs qui tiennent au corps et au cœur. Emmenés par les frères Patrick et Philippe Loiseau, cherchez d’où vient le nom du groupe, les Parisiens vont nous servir leurs « Anar Carambar » et autres « Verbe » en se permettant de citer du Bonvoisin dans le texte, « ils massacrent leurs frères et tout devient absurde », sur l’intro de « Religion » et même de s’offrir un guest, Anthony Dubas, pour leur ultime morceau qui n’est autre que le très lucide « Décodeur » … Le rideau tombe et le public commence à appeler Trust. Mission accomplie pour Le Vilain Volatile !
A événement important, set list originale, et Trust a demandé à son public de lui indiquer ses morceaux préférés pour les interpréter ce soir … C’est donc sur « Marche ou crève » que la machine de guerre du rock français va se mettre en branle, chacun ayant eu à cœur de surveiller son look et arborant une petite surprise vestimentaire, Nono très classe en veste noire, Iso en costume, Bernie et Farid en éternels Cap’tain Fracasse ou Vivi avec une cravate rouge du plus bel effet ! Les choses se mettent en place très vite et si Trust n’a eu qu’un concert pour se rôder, à Istres deux jours plus tôt, on sent bien que les répétitions ont été nombreuses car le show est carré, même presque trop par moments. Les caméras entament leur ballet et laissent augurer une énième sortie live du mythe hard et c’est sans véritable surprise que le set avance bon train, les « Palace » et « Au nom de la race » permettant aux photographes de finir leur ouvrage avant de se faire jeter manu militari hors de la salle par une sécurité qui fort heureusement a le talent de se poser les bonnes questions au bon moment, d’où la poursuite de ces quelques lignes …
On s’offre un très grand moment d’émotion avec « Darquier » qui nous reconduit directement dans l’ère « Répression dans l’Hexagone » et qui tout compte fait colle encore bien à une actualité brûlante, la délation semblant revenue au goût du jour et le culte des différences n’existant plus que dans une sphère musicale malheureusement en péril. Bernie a le bon goût de ne point trop en faire et c’est en restant politiquement sobre et humainement au top qu’il conduit son groupe à la baguette, Nono qui joue ce soir majoritairement sur des Gibson ES335 emmenant dans son sillage un Vivi impérial lui aussi sur les guitares de la marque de Nashville (SG et Les Paul) et tout ce joli monde se voyant soutenu par le Farid Medjane des grands soirs, par un Iso Diop toujours aussi discret sur scène, et surtout par le tant décrié Dj Deck qui saupoudre ingénieusement les morceaux de ses samples et de ses scratches. Ca déplait à certain mais les plus ouverts apprécient ce break zarbi sur « Fais où on te dit de faire » avant de replonger dans le Trust vintage de « Sors tes griffes » et surtout de la nouvelle surprise du soir qu’est « Mr Comédie » !
Un retour vers « Europe et Haines » permettra au groupe de se déplacer en avant dans le temps et c’est avec un certain plaisir que l’on constate que la pression ne redescend pas d’un poil quand arrivent « On lèche, on lâche, on lynche » et « Le temps efface tout », la sauce prenant encore un peu plus de saveur quand Bernie salue la mémoire du regretté Fred Chichin sous l’ovation du public et devient carrément très épicée avec l’arrivée de « Ton dernier acte » qui parviendra bien entendu à faire résonner les murs de … l’Olympia de quelques AC/DC et autres Bon Scott ! Le jour de gloire est arrivé et Trust nous emmène encore vers « Les Templiers » et vers « Préfabriqués » où le subkick de Farid lui donne une pêche d’enfer, puis on se laisse de nouveau envahir par les ambiances nouvelles d’un « Surveille ton look » samplé à profusion et théâtre de toutes les excentricités, le même Farid faisant la baleine et crachant de l’eau vers le ciel, Bernie attaquant les cymbales à ses côtés ou se couchant devant Nono qui, à genoux, assure le break … Faisant remarquer à la salle que Deck mouille autant la chemise que les autres, Trust demande à son public de bien avoir l’intelligence de le respecter et c’est sur des bases plus saines et surtout sans sifflets que l’on repart vers le rock pur et dur avec « Certitude … Solitude … » puis, après un petit couplet politique de l’incorrigible frontman qui évoque les banlieues qui brûlent et la France qui travaille plus pour gagner plus, avec « Fatalité » qui permettra à Bernie de chambrer quelque peu l’Olympia pour réellement le faire gueuler ! Pari réussi, c’est la salle et elle seule qui chante « Saumur » de bout en bout et c’est après avoir déroulé « Instinct de Mort » que les traditionnelles présentations et les sempiternels remerciements sont proférés … Encore un peu de politique et on attaque la grosse intro « Fuck You It’s A Proposition » qui rythmera « La mort rôde » avant de glisser vers la fin du set avec un irrésistible « Police Milice » tout de bleu éclairé et enfin avec le brûlot si cher à Nono, l’irrésistible « L’élite » qui cette fois encore entrera sans prévenir.
Acte un, scène deux, c’est en acoustique que les deux figures historiques du groupe reviendront nous faire « Tous ces visages » en l’honneur du Commandant Massoud avant que le rappel ne s’éternise pour le plus grand plaisir d’un public qui scande « Joyeux anniversaire » entre chacun des morceaux … On se paie donc encore une tranche de « Chaude est la foule », une autre du « Mitard » sur lequel Bernie harangue encore et toujours une salle qui insiste avec lui sur le couplet final et appuie vertement les « Mais c’est un homme madame … » et une dernière de « Bosser huit heures » pour laquelle Nono ressortira de ses tiroirs sa talk box, montrant quelque peu de difficultés par moments à retrouver ses repères et s’appuyant confortablement sur les samples d’un Dj Deck toujours aussi irréprochable. C’est cette fois aux cris de Bernie Président que la salle acclame le groupe et pour le remercier d’être venu, Trust s’embarque enfin dans « Antisocial » que le public aura eu la bonne idée de ne pas réclamer du début à la fin du concert ! L’Olympia exulte, explose, s’offre enfin son éjaculation salvatrice tant l’instant était attendu après plus de deux heures et demie d’un concert sans temps mort, certes parfois sans trop d’inventivité mais en tous points réussi … La locomotive Trust est repartie sur les rails du rock et tout bien pesé, ce n’est que légitime. On attend maintenant une suite, car suite il y aura en 2008 !
L’Olympia se vide tranquillement, le stand merchandising copieusement fourni tourne à plein régime et chacun prend soin de repartir avec un programme, avec un T-shirt, un bandana, un bonnet ou même un des cent bombers numérotés spécialement créés pour l’occasion ! Quelques verres entre amis au café d’en face et il est temps de se quitter … Devant l’entrée des artistes, une poignée de fans font encore le pied de grue en espérant quelques autographes près de deux heures après la fin du set ! La vue du pass qui pend à mon cou leur donne encore un peu d’espoir et les incite à persévérer …
Fred Delforge – décembre 2007
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