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MUSIC MAKER pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 26 novembre 2007
 

Slavery, prison, women, God and… whiskey
(Dixiefrog – Harmonia Mundi – 2007) 
Durée 60’28 – 18 Titres

http://www.musicmaker.org
http://www.bluesweb.com 

On ne tarit plus d’éloges au sujet de Music Maker Relief Foundation, de son fondateur Tim Duffy et de tous les artistes révélés par ce projet aussi insensé et ambitieux que juste qui a sorti de l’ombre quelques-uns des plus grands représentants d’un blues séculaire dispersé voire même carrément dissimulé dans tout le Sud des Etats Unis. Réunissant onze des artistes soutenus par la fondation, ce nouvel effort salué par Guy l’Américain se retourne sur l’esclavage et ses conséquences, énumérant les sujets récurrents dans l’esprit des pauvres hères de l’époque mais aussi de leurs descendants directs qui subissent encore et toujours les réminiscences d’une mise en situation d’infériorité du fait de leur couleur de peau … L’esclavage, le spectre de la prison, l’amour, les croyances et le réconfort procuré par l’alcool nous ramènent donc vers un quotidien pas si lointain que ça pour des artistes désormais reconnus de manière internationale comme Adolphus Bell ou Cool John Ferguson mais aussi à nombre d’autres totalement inédits en Europe. C’est donc encore une fois les cartes de la découverte et de la qualité que joue Music Maker avec ce séduisant opus !

De Rufus McKenzie on ne sait pas grand chose en glissant le CD dans la platine mais dès que l’on pose une oreille sur « Slavery Time Blues », le morceau qui démarre « Slavery, Prison, Women, God And… Whiskey », on est persuadé que ce chanteur et harmoniciste a tout compris de la philosophie de ses ancêtres ! Les one man band succèdent ensuite aux guitaristes et c’est au grand ballet d’un blues roots teinté de folk ou même de ragtime que nous convient les Drink Small, Little Pink Anderson, Jahue Rorie, Big Boy Henry, Elder Anderson Johnson, John Lee Zeigler, Albert Smith et autres Carl Hodges, un ballet où la mélancolie et la foi se mélangent avec la résignation et l’espoir et où les jurons fusent de part et d’autre, comme pour mieux conjurer les mauvaises années et tenter de les éloigner à tout jamais. Le livret, préfacé par Sebastian Danchin, nous présente succinctement chacun de ces derniers gardiens des clés du blues et nous invite à retrouver Tim Duffy dans une interview vidéo d’une douzaine de minutes où il nous raconte la rencontre individuelle de chacun de ces pionniers, ne manquant jamais de laisser transparaître l’admiration sincère et l’amitié définitive qu’il a pour tous ! Poignant et sincère, « Slavery, Prison, Women, God And… Whiskey », se veut être l’image fidèle d’une civilisation et de ses aberrations mais aussi un formidable message d’espoir … Pas étonnant que la totalité de la presse blues française mais aussi des radios blues soit unie derrière un ouvrage d’une telle intensité qu’il serait bon de présenter et de commenter aux plus jeunes dans les écoles pour s’assurer que plus jamais le monde ne soit tenté par de telles ignominies !