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BLUES SUR SEINE - 9ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
vendredi, 09 novembre 2007
 

BLUES SUR SEINE - 9ème EDITION
DU 9 AU 24 NOVEMBRE 2007
MANTES EN YVELINES ET SA REGION (78)

 
http://www.blues-sur-seine.com 


Soirée de Lancement - Auditorium des Technodes - Guerville - 8 novembre
 
Le lancement de Blues sur Seine s’accompagne traditionnellement d’une cérémonie de présentation réservée à un cercle fermé de représentant des communes et des entreprises partenaires du festival et si diverses manifestations ont déjà été démarrées dans le Mantois comme l’exposition Luther Allison au CAC Georges Brassens de Mantes la Jolie, celle des splendides photographies de François Berton à Rosny sur Seine ou encore la master class « Teaching The Teacher » de Michael ‘Hawkeye’ Herman au Château de La Roche Guyon, c’est ce soir que débute réellement cette 9ème édition qui s’annonce d’ores et déjà prometteuse par sa programmation audacieuse mais aussi très fortement chargée en émotions !

C’est donc dans un Auditorium prêté par le Groupe Calcia et plein comme un œuf que quelques trois cent cinquante heureux privilégiés vont assister à une prestation chaude et convaincante proposée par Lisa Otey, une chanteuse et pianiste qui avait déjà laissé quelques traces dans les mémoires régionales en venant se produire en 2002 à Blues sur Seine avec ses complices américaines Lil’ Mama Heather Hardy, Carla Brownlee et Kathleen Williamson. Programmée ce soir en trio avec le bassiste néerlandais Harm van Sleen et le batteur français Fabrice Bessouat, la sympathique et talentueuse pianiste va nous offrir une petite heure de musique durant laquelle le public ressentira toutes ses influences venues du jazz mais aussi celles d’un boogie woogie dans lequel elle fait des merveilles. Délicat et particulièrement complice, le trio va venir déposer une ambiance digne de celle des clubs de la Rue des Lombards dans une salle qui s’y prête et qui apprécie comme il se doit les « Crazy Harry », « Boogie In 3 », « I Want You To Be » et autres « Trust Me Baby » qui lui sont proposés. Quelques facéties musicales communes ou individuelles finiront de marquer ce début de soirée et c’est par un rappel que le set du trio se terminera, l’ovation du public s’avérant largement méritée par ces trois brillants artistes …

Un très beau film résumant de façon exhaustive l’édition 2006 du festival viendra ensuite réjouir un Auditorium qui se plait à y reconnaître les artistes programmés l’an passé et qui découvre ou redécouvre toute la dimension sociale de Blues sur Seine au travers de ses actions destinées au grand public mais aussi aux jeunes des écoles et à tout un public « empêché » qui découvre le blues dans les prisons, les centres d’accueil, les hôpitaux, les maisons de retraite … Il sera ensuite encore une fois question de musique puisque Roland Tchakounté venu recevoir une récompense pour sa magnifique prestation lors de l’International Blues Challenge de Memphis en février dernier nous interprètera « Zuiktam », une des chansons en langue Bamiléké de son nouvel album dont la sortie est programmée avant la fin de l’année que l’artiste traduit par les expressions françaises « goûte-moi » ou encore « essaie-moi » ! Tout un programme qui en appelle à la tolérance et au respect des différences …

La présence dans la salle de Jay Sieleman de la très sérieuse Blues Foundation de Memphis et des représentants de l’Ambassade des Etats Unis à Paris sera l’occasion idéale pour Blues sur Seine de recevoir un prix spécial que le festival mais aussi et surtout son fondateur Jean Guillermo méritent sans le moindre doute en raison de toutes les actions qu’ils entreprennent pour que vive cette musique et c’est tout auréolé d’un « Keeping The Blues Alive Award » obtenu grâce au soutien d’artistes comme Gaye Adegbalola, Fruteland Jackson, Michael ‘Hawkeye’ Herman et tant d’autres que cette neuvième édition commencera sous les meilleurs auspices !

Encore quelques discours laissant exploser les talents linguistiques de l’un, les dons d’orateur de l’autre ou encore des velléités comiques tout juste dignes d’un mauvais Mister Bean et il est temps de partir retrouver les nombreux convives présents autour d’un très sympathique cocktail qui sera propice aux retrouvailles avec nos amis québécois de FestiBlues mais également avec le toujours aussi fringant ‘Hawkeye’ et sa délicieuse épouse et tant d’autres encore. Blues sur Seine est officiellement né ce soir, les parents peuvent en être fiers car le bébé promet d’être beau et brillant ! Que la fête commence …

The Golden Gate Quartet – La Collégiale – Mantes la Jolie – 9 novembre

Au moment où le Golden Gate Quartet annonce légitimement sa volonté de bénéficier du régime actuel des retraites et s’engage dans une monumentale tournée d’adieu qui devrait s’échelonner sur deux ou trois années, Blues-sur-Seine a forcément fait le choix de reprogrammer cette figure de légende des musiques noires-américaines et après avoir courtisé le Forum Armand Peugeot en 2004, c’est cette fois le cadre enchanteur de la Collégiale de Mantes la Jolie qui accueille une formation dans laquelle demeurent encore et toujours Clyde Wright, Paul Brembly et Franck Davis qui y évoluent respectivement depuis 1954, 1971 et 1995 mais où l’on découvre également Anthony Gordon, un nouveau chanteur basse qui succède à Richard Phillips depuis l’an dernier.

La soirée sera donc dédiée au gospel et au negro spiritual et c’est a-capella que les quatre chanteurs démarrent la soirée, se lançant dans un show très typique du Golden Gate Quartet mais n’en finissant plus de combler le public de bonheur en associant avec le même talent les belles notes et les bons mots. Parfaitement francophone, Clyde Wright n’hésite pas à partager son bonheur d’être sur les scènes avec le public et c’est après avoir mené de main de maître un « Swing Low, Sweet Chariot » qui remémore inévitablement l’écrasante domination des Anglais sur le quinze tricolore lors la dernière Coupe du Monde de Rugby qu’il nous rappellera que le quartet est né en 1934 dans l’esprit d’un certain Orlandus Wilson dont Paul Brembly est le neveu …

Il est temps de laisser entrer un peu de musique dans les morceaux que nous interprète le Golden Gate Quartet et après s’être accompagné d’un peu de guitare, c’est le trio coutumier piano, basse et batterie qui vient rejoindre le groupe et qui l’accompagne sur le tour traditionnel des grands standards des musiques sacrées parmi lesquels on retrouvera avec toujours le même plaisir les « Down By The Riverside », « Nobody Knows » dédié à l’esclavage et à ses victimes, « Oh When The Saints » ponctué par une brève sortie de scène lors d’un break instrumental, « Higher Ground » et autres « Joshua Fits The Battle Of Jericho ». Une représentation du Golden Gate Quartet sans le couplet de Clyde Wright sur les gens qui souffrent de dépendances et de maladies comme le cancer ou le Sida semblerait forcément tronquée et c’est toujours à ce moment précis que le deuxième ténor nous rappelle son âge, 79 ans, et les raisons de sa bonne forme, l’absence d’alcool et d’autres toxiques, avant de remercier le ciel de lui avoir donné la force et la foi avec « My Pay » … On sait que le spectacle tire à sa fin et on ne peut que profiter des derniers instants d’une acoustique parfaite et de lights sobres mais efficaces qui donnent à cette soirée des parfums d’éternité en se levant pour accompagner le Golden Gate Quartet sur « Oh Happy Day » et sur « Hey Men » avant de recevoir en guise de récompense un final instrumental et un ultime morceau offert en guise de rappel.

Quelques collectionneurs parviennent à atteindre l’espace réservé aux artistes qui se prêtent de bonne grâce au jeu des autographes et c’est dans le calme et la bonne humeur que la Collégiale se vide … Mantes la Jolie n’a pas fini de résonner ce soir puisque l’esprit et les couleurs du blues continuent de se déverser sur le CAC Georges Brassens où les Perpignanais d’Electric Octopus Orchestra et les Parisiens de Jesus Volt ont eu tout le loisir de déverser les watts inhérents à leur blues-rock très fortement teinté de modernisme ! Voilà une première soirée publique qui était décidément placée sous le signe de la qualité … Et ce n’est que le début !

Dee Dee Bridgewater – Cosec Pablo Neruda – Les Mureaux - 10 novembre

Le COSEC des Mureaux affiche un remplissage plus que conséquent pour accueillir cette grande dame de la musique qu’est Dee Dee Bridgewater et c’est une salle qui n’aura pas besoin de plus que les quelques mots de présentation prononcés par Jean Guillermo pour être chauffée à blanc qui réservera un accueil tout particulier à ce spectacle en tous points épatant ! Accompagnée de balafons, koras, tamanis, djembés mais aussi d’une contrebasse, d’une batterie et d’un piano à queue, la chanteuse commencera son concert en présentant ses musiciens parmi lesquels on reconnaît le percussionniste Baba Sissoko mais aussi le joueur de kora Cherif Soumano et le bassiste Ira Coleman et c’est très vite sur un « Afro Blues » qui parvient sans aucune difficulté à devenir le trait d’union entre le Mali et les Etats-Unis que tout le groupe s’engage, commençant à offrir au public ses premiers instants de véritable bonheur !

Rejointe par le très photogénique et non moins excellent chanteur Kabiné Kouyaté pour « Bani » ou en Anglais « Bad Spirits », Dee Dee Bridgewater fait très rapidement monter encore un peu plus l’intensité et c’est dans des communions musicales du plus bel effet que les deux voix s’unissent autour d’une musique qui a su marier avec beaucoup d’ingéniosité toutes formes de sonorités pour en arriver à l’alchimie parfaite ! On continue avec l’adaptation des « Footprints » de Wayne Shorter devenus « Long Time Ago » sous l’influence de Dee Dee et c’est à un superbe duel entre le balafon et le tamani que nous assistons médusés, le jazz africain se faisant totalement intemporel et se voyant magnifié non seulement par une voix de luxe mais aussi par des éclairages splendides. Arrivent ensuite la superbe chanteuse Ami Sako mais aussi le jeune fils guitariste de Dee Dee, Gabriel Durand, pour un « Demissènw (Children Go Round) » très ingénieusement servi et une adaptation de Ramata Diakité, « Mama Digna Sara Yé » qui sera marquée par une très longue et magnifique intro de kora. Poussés dans leurs derniers retranchements, les morceaux sont joués pleinement jusqu’à la dernière note et c’est un groupe qui prend visiblement un plaisir fou à être sur scène qui les interprète de façon incomparable ! 

On poursuit par une autre adaptation, d’Oumou Sangaré cette fois, et Dee Dee Bridgewater nous fait sourire en nous expliquant que « Djarabi » est une chanson d’amour qui ne correspond plus vraiment à son âge mais qu’elle a trouvée si belle qu’elle l’a instantanément adoptée … Kabiné Kouyaté revient sur scène pour « Sakhodougou », une chanson de griots qui se voit elle aussi agrémentée d’une très belle intro de kora et on reste avec les griots pour « Massane Cissé (Red Earth) » où Gabriel revient nous apporter non seulement sa guitare mais aussi le petit côté Hendrix qu’inspire son look et son jeu à la wha-wha. Remerciée par une standing ovation, Dee Dee Bridgewater s’offrira une ronde avec ses musiciens autour de la scène puis reviendra pour un très énergique « Compared To What » que le public enfin debout accompagnera en faisant quelques danses devant la chanteuse …

Il est temps de quitter Les Mureaux pour rejoindre Mantes où l’opération Bars en Seine accueille notre amie Nina Van Horn à la Brasserie de la République … Le concert du soir a laissé de nombreuses traces dans les esprits et il est certain que le public muriautin n’a pas fini de se souvenir d’une telle soirée ! Magistrale Dee Dee …

Nina Van Horn – Brasserie de la République – Mantes la Jolie - 10 novembre

Nous arrivons au BR quelques minutes après le début du deuxième set de la chanteuse franco-américaine la plus colorée de l’Ouest Parisien et force est de constater que Nina a elle aussi mis le feu, mais d’une autre manière, ce soir ! Accompagnée du guitariste japonais Mar Todani qui supplée à l’indéboulonnable Fred Chapellier retenu dans sa Marne adorée mais aussi de Kim Yarbrough à la basse, Fred Kolinski à la batterie et Fabien Saussaye aux claviers, la diva du blues rock nous envoie un superbe « Huntsville » tout en slide et en émotions puis dérive de son dernier ouvrage pour aller vers des morceaux bien joufflus qui n’en finissent plus de secouer une salle définitivement sous le charme d’une voix éraillée qui n’est comparable à aucune autre ! Outre la musique, Nina s’y connaît comme personne pour agrémenter le show et c’est en allant faire quelques facéties dans le public mais aussi autour du piano de Fabien qu’elle réjouit ses ouailles du soir, offrant un morceau à Fred Kolinski pour qu’il le chante en duo avec elle et saluant son homme avec un génial « He’s My Man » qui nous conduira jusqu’au rappel indispensable …

Saluée comme il se doit par un public qui a décidé de venir prendre un verre avec elle après avoir obtenu quelques dédicaces, Nina nous accompagnera jusque tard dans cette fin de soirée au BR marquée une fois encore par un son impeccable et par un plaisir évident des musiciens à se produire dans un endroit que l’on compare de plus en plus souvent à un petit New Morning. Difficile à assumer mais le lieu semble capable de relever le défi à très brève échéance ...

Tremplin National Blues-sur-Seine – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 11 novembre

Le Tremplin national est toujours un moment un peu spécial dans la vie de Blues-sur-Seine car c’est l’occasion de retrouver le gratin de la presse spécialisée blues mais aussi nombre d’amis qui viennent spécialement pour l’occasion … C’est donc dans un CAC Georges Brassens des grands jours que l’on croise les Jay Sieleman (Blues Foundation), Michael ‘Hawkeye’ Herman, Nina Van Horn, Pat Boudot Lamot, Roland Tchakounté, Mountain Men, Blues Power Band, Omar (ex-Trust, Volcania) et autres venus spécialement voir huit groupes en découdre et juger autant que faire se peut de leurs prestations respectives … Sélectionnés parmi soixante cinq candidats par une quinzaine de présélectionneurs, les finalistes présents aujourd’hui s’affichent parmi les meilleurs groupes de la scène hexagonale et n’aspirent qu’à succéder aux précédents lauréats parmi lesquels on se souvient des Hoodoomen, Stringers In The Night, Bulldog Gravy, Spoonful, Charles Pasi, Natural Blues ou Mountain Men. C’est sous des lights particulièrement soignés et avec un son digne de leurs talents musicaux qu’ils se lanceront dès 14 heures dans le grand marathon de ce huitième Tremplin Blues-sur-Seine !

De cette grande fête du renouveau de la scène blues française, on gardera cette année en mémoire les victoires amplement méritées de Shake Your Hips ! qui remporte le prix électrique Blues-sur-Seine et le prix Cahors Blues Festival et de Mathieu Pesqué qui repart vers Pau avec le prix acoustique Blues-sur-Seine et le prix Cognac Blues Passions. On se souviendra également de Cotton Belly’s récompensé par trois prix dont ceux du Collectif des Radios Blues et du One Way mais aussi et surtout par celui du FestiBlues International de Montréal qui leur permettra d’aller se produire au Québec en août prochain grâce à la manne financière de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse. Récipiendaires respectivement des prix Europa Jazz Festival, Sénart Blues Festival et W3 Blues Radio, les Hound Dogs, Caps & Hats et Eric Lavalette Band n’auront pas fait le déplacement vers Mantes pour rien, tout comme Eric Ter venu récupérer le chèque de mille Euros qui accompagne le prix spécial de la Sacem récompensant les meilleures compositions en Français. Chris The Cat et Jean-Pierre Vimont qui n’obtiendront aucun des onze prix décernés cette année se consoleront en figurant sur le prochain CD des Trophées Blues-sur-Seine qui sera tiré à 1.200 exemplaires au printemps 2008 et qui sera adressé à toutes les instances musicales françaises …

Un Tremplin Blues-sur-Seine qui ne se clôturerait pas par une jam et par une nouvelle version de « Gare du Nord » interprétée par le grand maître de cérémonie du jour qu’est Mike Lécuyer ne saurait être parfait et c’est en chœur que tout le monde, techniciens, amis et organisateurs, viendra l’accompagner dans les mythiques « Tchou Tchou » qui agrémentent ce traditionnel refrain cher à Blues-sur-Seine ! On conclura en notant que la cuvée 2007 du Tremplin est assez bien équilibrée, longue en bouche et particulièrement bien parfumée … Le Beaujolais Nouveau qui lui succèdera dans quelques jours n’a qu’à bien se tenir !

Rob Lutes – Hell’s Kitchen – Espace Corot – Rosny sur Seine - 13 novembre

C’est ce soir Rosny-sur-Seine qui accueille Rob Lutes et les Hell’s Kitchen et quand on constate l’animation qui règne devant l’Espace Corot, on comprend que les administrés de cette dynamique commune sont unanimement motivés pour participer à un spectacle que l’on annonce comme étant très prometteur !

Une brève allocution de Jean Guillermo informe l’assistance de la présence en fond de salle de Janiva Magness et de Ash Grunwald qui seront programmés dans les jours qui suivent mais aussi de Jay Sieleman de la Blues Foundation de Memphis qui poursuit son périple de huit jours dans le Mantois et qui constate de visu que l’obtention du Keeping The Blues Alive Award par Blues sur Seine n’est pas un hasard et c’est parti pour une cinquantaine de minutes d’un très bon blues acoustique teinté de folk servi par les guitaristes Rob Lutes et Rob McDonald. Venu du Nouveau Brunswick, le Canadien se partage entre un chant en Anglais et des interventions en Français et nous rappelle qu’il vient d’un état où les Acadiens sont légion, installés entre le Québec au Nord et le géant américain au Sud … On s’amuse des anecdotes qui ponctuent le show, du clin d’œil à Bob Walsh lorsque le chanteur entame un des morceaux composés pour son dernier album, de la dédicace de Rob Lutes à sa mère dont c’est la « fête » ce soir (elle ne s’appelle pas Brice, c’est son anniversaire présenté à la façon nord-américaine) et d’une musique qui rappelle discrètement par moments celle de Cat Stevens. Le résonateur de Mc Donald répond à la guitare de Lutes et les deux Rob nous présentent « Jackson », le seul blues au monde où il est question de golf, avant de nous quitter et de venir nous offrir un double rappel où les possesseurs du nouvel album de l’artiste reconnaîtront inévitablement « Cold Canadian Road ».

Le temps d’aller visiter le stand des produits dérivés et ce sont déjà les enfants des écoles qui viennent nous montrer ce que les musiciens pédagogues de Blues-sur-Seine leur ont enseigné au cours des six heures qui leur ont été prodiguées. Emmenée par Christophe Guest à la guitare, l’Ecole Baronne nous interprétera cinq chants parmi lesquels on remarque un « Motherless Child » pas franchement évident à chanter à cet age tandis que c’est sous la coupe de Sébastien Charlier à l’harmonica et de Nicolas Espinasse à la guitare que les enfants de l’Ecole Justice nous apporteront le souffle du blues avec « Sweet Home Alabama » et « Everybody Needs Somebody To Love ».

On passe sans le moindre temps mort au show des Hell’s Kitchen et si les Suisses affichent désormais un nouveau contrebassiste qui remplace la contrebassine d’antan, le ton général de leur bric-à-brac blues reste le même et sa qualité n’a pas à en ressentir. Jamais à cours de facéties, Bernard Monney gobe son micro tandis que Cédric Taillefert frappe avec vigueur une batterie où l’on reconnaît un tambour de machine à laver mais aussi une lessiveuse, une pelle à poussières et quelques artifices du genre de la boite à meuh ou du traditionnel klaxon qui font qu’à l’arrivée le trash-blues des cuisiniers de l’enfer ne ressemble à aucune autre musique ! A leurs côtés, Christophe Ryser conduit une rythmique solide et entraînante qui donne du cachet à l’ensemble. Impressionnants dans leurs riffs, les Hell’s Kitchen deviennent imparables quand la guitare slide s’invite sur les morceaux et on se régale tellement de compositions comme « Jack Is A Writer » et « Louise » ou encore de la méconnaissable mais enivrante reprise de « These Boots Are Made For Walking » agrémentée de deux kazoos que le temps passe trop vite et que l’heure de musique que nous propose le groupe semble forcément trop brève ! Les deux morceaux servis en rappel finiront de nous rassasier d’un blues totalement barré et totalement innovant comme on aime à le déguster à Blues-sur-Seine et ne manqueront pas de donner à Françoise Descamps-Crosnier, premier magistrat de la ville, l’occasion de venir partager le plaisir qu’elle a de recevoir le festival dans la superbe salle qu’est l’Espace Corot …

Travellin’ Brothers – FJT – Mantes la Jolie - 14 novembre

Le Restaurant Inter Entreprises installé dans le Foyer des Jeunes Travailleurs de la Rue d’Alsace à Mantes la Jolie accueille traditionnellement une des soirées hautes en couleurs de Blues-sur-Seine et c’est un public de connaisseurs qui se presse à l’accueil ce soir pour y découvrir non seulement la musique des Basques de Travellin’ Brothers mais aussi les petits plats que nous ont concoctés Gilles et son équipe de cuisiniers … Musique et bonne chère sont donc à l’honneur et c’est entre l’agneau et la brochette d’ananas et sur fond de Côtes du Frontonnais que Jon Kareaga et les frères Canibano vont venir nous présenter un blues rock dont ils ont le secret !

Habituellement puissant et énergique, le quintet sait s’adapter à toutes les situations et c’est en réglant son jeu pour qu’il convienne parfaitement à l’espace qui lui est dévolu qu’il vient nous présenter trois sets successifs pendant lesquels le public tapera du pied sur « Start It Up », « Mary Ann » ou « Hoochie Coochie Man », découvrira les hommages rendus à Buddy Guy, à Stevie Ray Vaughan mais aussi à Joe Strummer des Clash puisque le groupe reprendra le « Wrong’ Em Boyo » qu’il avait enregistré dans le cadre du tribute orchestré par la scène alternative basque, souhaitera l’anniversaire de notre camarade et partenaire historique Bibiche de Tomahawk Musique et se régalera en fin de set du « Too Tired » d’Albert Collins en finissant son moelleux au chocolat. La délicatesse des claviers apporte aux standards mais aussi aux compositions du groupe une touche très agréable et c’est soutenu par un batteur qui dose sa frappe au plus juste que cette valeur sure venue de Bilbao saura convaincre le public du jour en prenant soin de ne pas l’abrutir avec trop de décibels et en lui ménageant des moments de détente propices à la conversation …

Il est d’usage pour les Travellin’ Brothers de photographier leur public à la fin des concerts et c’est de bonne grâce que celui du FJT se serrera le temps d’un cliché, mais il appartient également à la tradition d’inviter des spectateurs à venir chanter le blues et ce sont donc Riton venu de Boulogne sur Mer prêter main forte à l’équipe des bénévoles de Blues-sur-Seine et Muriel Suissa, l’attachée de production du festival, qui s’y colleront, le premier se lançant en solo dans l’improvisation d’un « Blues du cheminot à la retraite » tandis que la seconde se chargera de poser sa voix que l’on connaît pour être à la fois admirable et juste sur un « Sweet Home Chicago » offert de concert avec Jon Kareaga ! Un dernier titre pour finir de faire chanter le public et c’est vers le fond sur restaurant que le groupe s’en ira se prêter aux inévitables dédicaces … La fête était réussie et on sait déjà que les Travellin’ Brothers ont gagné ce soir quelques nouveaux fans !

Ash Grunwald – Salle Municipale – Buchelay – 15 novembre

De retour dans la Salle Municipale de Buchelay après une année d’exil vers l’église en raison de travaux de mise en conformité des locaux, Blues-sur-Seine revient à une programmation audacieuse dans ce joli village des proches environs de Mantes et c’est l’Australien Ash Grunwald qui se chargera de démarrer une nuit bleue qui se terminera bien plus tard avec les incendiaires Travellin’ Brothers remarqués hier soir au FJT.

Venu en one man band de Melbourne, Ash Grunwald marque le renouveau du blues et pour l’avoir remarqué à Cognac il y a deux ans, nous nous devions de passer le voir ne serait-ce que quelques instants pour constater l’évolution dans le temps du guitariste et chanteur dreadlocké. Entre percussions et boite à rythmes pilotées au pied, le jeune homme se montre toujours aussi brillant en slide et c’est en faisant murmurer son dobro qu’il débute son set, se chargeant de faire monter le ton au bout d’un ou deux morceaux et de faire hurler l’instrument devant un public surpris qui se prête au jeu et qui accompagne l’artiste en tapant dans ses mains … Multipliant les expériences, Ash Grunwald n’en finira plus de surprendre une assistance séduite par une prestation à laquelle il ne s’attendait forcément pas !

Chicago Blues Festival – Centre Louis Jouvet – Bonnières-sur-Seine – 15 novembre

Le temps de rallier Bonnières en saluant au passage le radar automatique implanté en bords de Seine et c’est le show du Chicago Blues Festival qui s’installe dans un Centre Louis Jouvet qui l’accueille pour la deuxième année consécutive. Habituée au rock, la salle s’apprête à vibrer sous les coups de boutoir des grosses pointures chicagoanes et c’est un public de connaisseurs qui s’est déplacé en nombre conséquent pour constater la première explosion en France de ce qui s’avèrera très vite être juste un pétard un peu mouillé …

Non pas que les individualités en place ne soient pas capables de jouer avec le talent qu’il se doit, mais force est de constater que le minimum de réglages et de cohésion nécessaires à un bon show n’est pas encore acquis et c’est donc une succession de morceaux interprétés sans âme et sans jus dans le genre de « Stop Breaking Down » et « Everyday I Have The Blues » que nous convieront Eddie Taylor Jr et ses collègues Martin Lang à l’harmonica, Russel Jackson à la basse et Willie Hayes à la batterie avant d’être rejoints par un tandem composé du brillant guitariste Lurrie Bell et du très charismatique chanteur Tail Dragger qui ne suffira pas à amener le show au niveau auquel il aurait pu être. Parti évoquer sa calvitie dans le public en tombant le Stetson pour l’occasion, Tail Dragger n’en finira plus d’aller saluer une salle qui répondra plutôt bien à ses appels et c’est après avoir égrené quelques « Don’t You Lie To Me », « Have You Ever Been Mistreated » et autres « Big Legged Woman » qui aideront les automatismes à se mettre en place que tout ce joli monde se retrouvera en rappel pour un sympathique mais très conventionnel « Baby Please Don’t Go ». Encore quelques concerts de chauffe et le Chicago Blues Festival sera en mesure de livrer des spectacles dignes de sa réputation !

Tout comme le Beaujolais Nouveau qui faisait son entrée ce matin sur les zincs, c’est le froid qui arrive ce soir et c’est non sans avoir gratté les pare-brise que chacun s’en ira retrouver son sweet home non pas du côté de Chicago mais bel et bien dans un Mantois tout grelottant … Le rhume est le nouvel invité d’honneur de ce 9ème Blues-sur-Seine et on reconnaît désormais l’équipe d’organisation non plus à ses pass mais à ses mouchoirs !

Pura Fé – Janiva Magness – La Nacelle – Aubergenville – 16 novembre

Ce sont les femmes qui sont à l’honneur à Aubergenville en cette huitième soirée de Blues-sur-Seine mais la concurrence est rude puisque au même moment se produisent trois concerts en salles et quatre concerts en bars … Autant dire que les choix sont cornéliens pour le public et que si on s’explique un peu que La Nacelle ne soit pleine qu’à environ 80%, on sait d’ores et déjà que les spectateurs présents ce soir ne vont pas le regretter !

C’est par un rituel désormais traditionnel dans la salle que le spectacle commence puisque c’est par un exercice de slam que le concert sera intronisé, l’orateur du jour nous vantant à sa manière entre poésie et chant les vertus séculaires du blues avant que Pura Fé et son guitariste Dany Godinez ne s’installent sur les planches pour nous proposer une heure de musique durant laquelle, la lap steel guitar posée sur les genoux, cette artiste engagée d’origine amérindienne viendra nous régaler d’une voix idéale pour les incantations et d’un jeu posé à mi-chemin entre tradition et modernisme. Usant d’effets et se samplant à longueur de morceaux, Dany Godinez n’oublie jamais que ce sont les doigts qui se révèlent être les meilleurs amis de la guitare et c’est en les faisant courir sur ses cordes qu’il agrémente des titres au charme certains tels que « Hold The Rain » ou « Rise Up Tuscarora Nation » durant lesquels Pura Fé rend régulièrement hommage non seulement à sa nation indienne mais aussi à sa famille. Quelques parties chantées a capella et un « Summertime » interprété debout face au public finiront de convaincre une salle tombée sous le charme et c’est sur un rappel improvisé mélangeant les coutumes indigènes et un son de guitare qui rappelle par moments celui de Mark Knopfler que le duo nous quittera sous un tonnerre d’applaudissements !

Après une trentaine de minutes d’entracte, c’est un public bien revigoré qui revient pour la seconde partie de la soirée qui n’est autre que la superbe Janiva Magness qui rentre tout juste de Suisse où elle était à l’affiche du Lucerne Blues Festival. Débuté par deux instrumentaux sur lesquels le claviériste Benjamin Yee ne laissera que très peu d’espace au reste du groupe, le concert naviguera entre blues et soul durant toute la soirée et c’est en enchaînant titres lents et rhythm’n’blues que Janiva, toute de rouge vêtue, parviendra très facilement à capter l’attention de spectateurs parfois un peu surpris mais globalement satisfaits de sa prestation. Chanteuse au timbre superbe, l’Américaine a été marquée par les grandes dames du blues et c’est en gardant en permanence en tête l’esprit des Billie Holiday et autres Aretha Franklin qu’elle nous offre des morceaux sur lesquels le guitariste Samuel Alex Meek s’essaie par moments à des exploits techniques dont il a le secret. Remarquant l’arrivée dans la salle de la guitariste italienne Stefania Calandra, Janiva Magness la salue et la félicite pour son talent, chaussant ensuite son frottoir customisé en nous faisant une fois encore le coup de la joueuse de washboard sexy qui séduit les foules à chacune de ses apparitions avant de s’attarder sur la présentation de ses musiciens et de saluer Blues-sur-Seine en ne manquant pas de rappeler que le festival lui a permis d’aller jouer dans une prison, dans des écoles et dans un centre pour handicapés, chose que personne ne lui avait jamais donné l’occasion de faire auparavant et dont elle le remercie vivement ! Sans véritablement quitter la scène car l’heure tourne et que nous sommes déjà samedi depuis une quinzaine de minutes, Janiva Magness terminera son show visiblement très émue en nous offrant une toute nouvelle chanson écrite par son mari qui, de son propre aveu, figurera très certainement sur son prochain album !

Les langues se délient dans le hall et les avis sont partagés, certains préférant la prestation de Pura Fé, d’autres celle de Janiva Magness mais tous repartant visiblement ravis d’une soirée en tous points réussie ! Un bout de chemin en commun avec la chanteuse et son groupe finiront de nous aider à nouer un contact durable et très cordial et c’est non sans avoir retrouvé Sam Tchang et ses Texas Sluts sur le parking du mauvais hôtel puis les avoir accompagnés vers le bon que cette soirée se terminera par quelques rires et quelques embrassades … Il est deux heures du matin et la nuit va être courte puisque le départ de Janiva Magness vers Los Angeles est prévu pour 7 heures 30 et que c’est avec un plaisir non feint que votre serviteur s’y collera, du moins jusqu’à Roissy …

Aunt Kizzy’z Boyz – Le Chaplin – Mantes la Jolie – 17 novembre

Une fois encore le Chaplin nous réservera un accueil particulièrement chaleureux et comme chaque année, c’est sans doute ici qu’aura lieu le grand moment d’émotion du festival. Réputé difficile, le quartier du Val Fourré n’est pas le coupe gorge que nous décrivent nos amis de la télévision et s’il y traîne bien quelques carcasses de voitures désossées, c’est surtout un endroit où les gens savent sourire, dire bonjour, remercier …

C’est donc une acclamation des enfants de l’Ecole Vilmorin qui saluera l’arrivée tardive de Christophe Guest venu leur faire interpréter les cinq chants qu’il leur a appris en six heures de cours juste après que Nicolas Espinasse ne se soit chargé d’accompagner les jeunes harmonicistes formés dans le même établissement. Des deux restitutions, on se souviendra essentiellement de l’envie des enfants d’apprendre et de la joie évidente qu’ils avaient à se produire devant leurs parents et leurs amis ! La reconnaissance était de mise et c’est copieusement applaudie que la petite cinquantaine de jeunes regagnera les trois premières rangées de sièges pour assister au début du concert en compagnie d’un public lui aussi international parmi lequel on note la présence des Français de Texas Sluts, de l’Italienne Stefania Calandra et des Portugais Charlie And The Bluescats…

Séduit par la prestation des enfants en première partie, le chanteur Sugaray Rayford invitera un des jeunes à venir se joindre au groupe et c’est en sa compagnie que les Aunt Kizzy’z Boyz démarreront leur concert sur les chapeaux de roues en commençant une relecture à la fois soignée et très personnelle des standards du blues et du rock. Récompensé à l’International Blues Challenge de Memphis en 2006, le sextet s’en ira revisiter avec brio les « Let The Good Time Roll », « Got My Mojo Working » et autres « Hey Pretty Baby » devant un public certes dissipé mais particulièrement actif puisque sur le devant, les danseurs s’activent dans un joyeux bazar qui fait plaisir à voir. Amusé, le guitariste Jim King envoie ses soli en regardant du coin de l’œil les deux nouveaux apprentis harmonicistes venus rejoindre le combo et c’est sous un feu rythmique dense assuré par une triplette magique où l’on compte basse, batterie et percussions que le clavier saupoudre délicatement les morceaux de belles grappes d’ivoires bien ficelées. Après une petite heure d’un set particulièrement énergique, les Aunt Kizzy’z Boyz font mine de quitter la scène et s’y voient très vite rappelés non pas pour un morceau supplémentaire comme le « Route 66 » qu’ils avaient envoyé pendant les balances mais bel et bien pour une photo de classe à laquelle ils se prêteront de bonne grâce avant de dédicacer le stock de programmes récolté par des spectateurs enchantés de leur après-midi passée à Blues-sur-Seine …

Les Contes du Mississippi – Musée Duhamel – Mantes la Jolie – 17 novembre

Pendant que les Aunt Kizzy’z Boyz réjouissaient le Val Fourré, c’est Eric Frèrejacques qui se chargeait de séduire les jeunes enfants du Centre Ville réunis dans le Musée Duhamel pour y entendre ses contes du Mississippi, un recueil d’histoires traditionnelles amérindiennes et africaines où il est question entre autres du jeune Billy parti à le recherche de pépites d’or dans la source du fleuve et de sa grand-mère qui lui a donné un talisman, le tout sur fond de dobro, d’harmonica de bâton de pluie, de percussions diverses et surtout de bonne humeur … Un spectacle à la fois instructif, frais et agréable à découvrir dont les enfants ressortiront indiscutablement ravis puisque c’est une petite partie de l’histoire du blues et de l’Amérique qui leur aura été présentée !



Digging Roots – Harry Manx – Espace Maurice Béjart – Verneuil-sur-Seine – 17 novembre

L’espace Maurice Béjart est une de ces salles de spectacles où il fait bon aller et Blues-sur-Seine ne s’y trompe pas en programmant chaque année une des grosses pointures du festival … Après avoir accueilli entre autres lors des éditions précédentes Gaye Adegbalola, Zacchary Richard ou encore Eric Bibb, c’est aujourd’hui Harry Manx que reçoit cette année Verneuil sur Seine, le Canadien se voyant accompagné de deux de ses compatriotes, les Digging Roots, pour compléter une affiche 100% nord-américaine qui représente plutôt bien la diversité des habitants du Canada …

Issus des populations autochtones, le chanteur et guitariste Raven Kanatakta et sa complice chanteuse ShoShona Kish vont faire ce soir l’effort de s’adresser au public dans un mélange de Français et d’Anglais assez croustillant mais c’est surtout avec une musique métissée qui reprend à son compte des racines ancestrales auxquelles viennent se juxtaposer des sonorités plus modernes qu’il vont conquérir le cœur d’une salle qui n’affiche pas complet mais qui répond de façon très spontanée aux invectives d’une chanteuse un peu tendue au tout début du set. Le message passe plutôt bien et les spectateurs se mettront très vite à vibrer à l’unisson en découvrant des « 500 Years Of Blues », des « Let Me Be » ou encore des « Rebel » qui portent en eux toutes les revendications des communautés natives nord-américaines mais aussi toute la spiritualité de ces peuples enfin reconnus comme réels facteurs de culture. En à peine une heure de spectacle, Digging Roots sera parvenu à apporter un peu des influences amérindiennes dans une salle unanimement emballée et c’est en abandonnant ses grelots à Raven que la délicieuse ShoShona s’en ira chercher deux de ses hôtes du staff historique du Festival pour les inviter à une danse rituelle sur scène reprise de bon gré par le public … Un moment inoubliable pour tous !

Les dédicaces vont bon train dans le bar du sous-sol et la guitare mise en jeu à la tombola organisée en partenariat avec Fender et Tomahawk Music trône fièrement auprès du stand des produits dérivés du festival pendant que chacun congratule des Digging Roots qui auront laissé une trace indélébile de leur passage dans la région … La suite promet elle aussi d’être mémorable et c’est courtoisement mais fermement que le public se voit convié à regagner sa place pour découvrir le grand Harry Manx !

Originaire de l’Ile de Man, ce génie de la guitare slide nous arrive de Colombie Britannique chargé des influences qu’il est allé chercher dans toute l’Inde et c’est forcément à un grand tour du monde qu’il nous convie ce soir, bien décidé qu’il est à nous montrer ce qu’il peut faire avec chacun des quatre instruments dont il dispose à ses côtés. Après un premier morceau en solo, Harry Manx invite le jeune et talentueux harmoniciste ontarien Steve Marriner à le rejoindre et c’est en duo que les musiciens poursuivront un concert où les surprises se suivent à un rythme effréné, le frontman ayant la bonne habitude de jouer du contre-emploi et passant de la lap steel guitar à une sorte de lap steel sitar à vingt cordes ou encore du banjo à la cigar box faite de bric et de broc mais sonnant avec le feu sacré qui anime ce personnage haut en couleurs ! On traversera donc sans passer par les clous quelques beaux titres totalement improbables tels que « Voodoo Chile » et « Take This Hammer » au banjo, un « Spoonful » en version de luxe particulièrement planante, du Springsteen à la cigar box ou du JJ Cale à la lap steel, le tout délicieusement accompagné d’un jeu d’harmonica où les diatoniques succèdent aux chromatiques avec toujours beaucoup d’inspiration ! Encore quelques standards plus directement venus du blues comme « Baby Please Don’t Go » ou « I Can’t Be Satisfied » sur lesquels Harry Manx et Steve Marriner ne manquent jamais d’apporter une très grosse touche personnelle en remplaçant un lieu par Blues-sur-Seine ou en plaçant un riff de « Frère Jacques » au beau milieu d’un solo d’harmonica et il sera temps de quitter les deux invités d’honneur de la soirée, non sans avoir obtenu un double rappel où l’on retrouvera « Crazy Love » en solo et un grandiose « Good Time Charlie’s Got The Blues » en duo … Quel talent, quelle classe, quelle virtuosité ! Pourquoi ces deux musiciens sont ils si rares en France ?

Etrangement, ce n’est pas vers la sortie que se dirige la quasi-totalité du public à la fin du concert mais bel et bien vers le sous-sol où Harry Manx arrivera très vite pour dédicacer ses disques et serrer des mains … L’occasion rêvée de partager quelques instants avec un artiste indiscutablement formidable et avec son jeune compagnon de route, parfaitement francophone et lui aussi particulièrement inspiré ! Encore quelques kilomètres pour rejoindre Mantes et le BR où les Aunt Kizzy’z Boyz visiblement enchantés par leur prestation du soir viennent de terminer plus de trois heures d’un concert de folie qui a mis tout le monde sur les genoux et il faudra se résoudre à aller enfin prendre un peu de repos … La première moitié de ce 9ème Blues-sur-Seine a été franchie haut la main et on attend désormais une suite qui s’annonce elle aussi passionnante !

Brocante musicale – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 18 novembre 2007

Le CAC Georges Brassens est aujourd’hui le centre nerveux de Blues-sur-Seine et si l’on y retrouve cet après-midi un concert du festival « In », c’est avant tout la brocante musicale orchestrée par Tomahawk musique qui attire en ce début de journée le chaland, sans doute lassé par le peu d’activité d’une Foire aux Oignons vieille de plus de cinq siècles qui n’en finit plus de se chercher une date idéale depuis quelques années pour avoir lieu ! Le froid intense qui règne sur la ville est une bonne raison de venir se réchauffer autour de l’expo des instruments et du concert donné par nos amis Bluesy Loups en trio dans les sous-sols des lieux et c’est entre batteries d’occasion et guitares en promotion que chacun profitera des compos et des standards interprétés par un des combos locaux les plus originaux. Matthieu à la Les Paul, JC à la guitare et aux percus et Jean Paul à la guitare nous réserveront quelques « Cocaine » et autres « Knockin’ On Heaven’s Door » pour bien démarrer une longue journée de fête en compagnie de notre ami Patrick Hochedé tout auréolé de sa nouvelle nomination du jour à l’ordre des Chevaliers du Taste-Oignon qui n’arbore cependant pas la tenue qui sied à son nouveau rang de dignitaire. Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre …

Clio & The Blueshighway – Michael Jerome Browne – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 18 novembre 2007

Initialement prévu à Mézières sur Seine, le concert du jour a du être rapatrié vers le CAC Georges Brassens en raison de la destruction totale de la salle municipale de la ville consécutive aux jeux stupides d’une poignée de jeunes incendiaires qui a plongé la municipalité et ses administrés dans le désarroi le plus total … C’est donc sous la présidence d’honneur des élus du cru en exil que ce concert réunissant les gagnants de La Relève FestiBlues et Michael Jerome Browne, deux formations québécoises, se déroulera devant une salle loin d’être pleine mais tout de même honorablement garnie !

Démarrée par les chants présentés par les élèves de l’Ecole La Villeneuve sous la direction de Manuel Lallemand, l’après-midi sera très rapidement marquée par le premier concert proposé par Clio And The Blueshighway et ce sont ces jeunes gens de moins de 35 ans que nous avions déjà remarqués cet été au Québec qui vont venir apporter sur nos terres la preuve évidente de leur professionnalisme en sachant attraper la salle par le bras et en parvenant à l’amener à suivre sa prestation d’une petite cinquantaine de minutes en y participant autant que faire se peut ! Conduits par la charismatique Clio, les Blueshighway nous proposeront quelques standards du genre de « Hound Dog » ou de « Before You Accuse Me » en les réarrangeant à leur sauce et en les adaptant à la demande pour les faire sonner dans la langue de Molière, s’attirant forcément la sympathie d’un public qui apprécie les expressions succulentes venues de chez nos cousins de la Belle Province. Ayant parfaitement compris qu’il fallait faire participer les enfants au spectacle pour retenir leur attention, Clio les impliquera dans un « Talk To Me Baby » pour lequel elle descendra se joindre à eux puis rejoindra la scène pour emballer le set jusqu’à un final emprunté à Janis Joplin … De cette prestation, on retiendra surtout l’énergie et l’énorme pouvoir d’adaptation d’un groupe qui mérite largement la confiance que lui ont accordée de concert L’Office Franco Québécois pour la Jeunesse, FestiBlues International de Montréal et le jury de Blues-sur-Seine présent à Montréal en août dernier parmi lequel on reconnaissait Patrick Verbeke et les Mountain Men !

Un changement de plateau rondement mené et ce sont d’autres Québécois qui investissent la scène du CAC Georges Brassens puisque le Michael Jerome Browne Trio est chargé de terminer le concert du jour en apportant sa vision personnelle des standards du blues mais aussi en proposant des compositions originales écrites en collaboration avec la femme du leader. Débuté à l’ES335, le show du jour va souffrir d’un manque de communication avec les enfants qui se montrent particulièrement dissipés et qui s’amusent au lieu de profiter du spectacle pourtant très riche qui leur est proposé. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Michael Jerome Browne va quand même nous entraîner à son rythme du Mississippi et de son « Rambling Blues » vers des morceaux comme « Guitar Mama » inspirés de Memphis Minnie et même nous offrir des inédits comme « Low Tide » ou encore des adaptations délicieuses de Jimi Hendrix et de Sam Cooke. Troquant la Gibson contre une douze-cordes acoustique mais aussi contre une banjo roots ou un violon, Michael Jerome Browne n’en finira plus d’élargir l’éventail de ses sonorités et de nous faire redécouvrir l’histoire du blues de la plus belle manière qui soit, en solo, en duo mais aussi et surtout en trio, passant du blues au folk et du folk au cajun avec une facilité déconcertante.

Rejoint sur les derniers morceaux par Steve Marinner que l’on avait remarqué hier aux côtés de Harry Manx, le Montréalais nous proposera en guise de dessert bien que l’heure soit plus propice à l’apéritif quelques derniers titres parmi lesquels on remarquera un très intéressant « Voodoo Music » et une ultime douceur empruntée à Dylan en guise de conclusion.

Mantes la Jolie est plongée sous une pluie glaciale et à l’heure où les camelots remballent leurs étalages du côté de la Foire aux Oignons, c’est tout Mézières qui s’apprête à regagner son village, rassuré par la solidarité des communes amies devant l’adversité mais encore sous le choc de la destruction d’un des outils de culture importants de la région. On retrouve les Texas Sluts rentrés frigorifiés de chez Emmaüs où ils ont donné un concert à guichets fermés mais aussi Stefania Calandra qui revient de son concert au Colombier de Magnanville … Blues-sur-Seine passe en mode « pause » pour le grand public pour une soirée et une journée entière mais à n’en point douter, il y aura encore matière à s’occuper demain !   

Jam (hors festival) – One Way – St Ouen – 19 novembre 2007

Comment décemment oser espérer profiter du jour off de Blues-sur-Seine pour se reposer sans que l’idée saugrenue de déplacer quelques musiciens vers l’antre bouillonnant qu’est le One Way, le seul et unique juke joint parisien ancré solidement en plein cœur des Puces de Clignancourt, n’apparaisse ? C’est donc cette année encore avec les lauréats de La Relève FestiBlues mais aussi avec quelques autres artistes et non des moindres que nous nous en irons rejoindre Christine et la nuée de zicos de tous poils qui s’escriment dans les lieux chaque lundi soir ! Et malgré la grève récurrente qui mine les transports depuis une bonne semaine, la jam tourne à un bon rythme emmenée par l’incontournable K-Led Bâ’Sam et quelques-uns de ses amis dont le saxophoniste habitué des lieux Gulliver Allwood, le batteur Abraham Cohen de Natural Blues, Julien Audigier ou encore Jo' Smoky Champ' qui l’accompagne habituellement à la guitare mais que l’on retrouve ce soir aux claviers en attendant l’arrivée de Fabien Saussaye … Le menu est simple, des standards parmi lesquels on remarque un excellent « Talk To Me Baby » et des musiciens qui interviennent à tour de rôle dans l’esprit convivial qui sied au mieux aux lieux ! Que demander de mieux ?

Le One Way sera un temps canadien ce soir et c’est Michael Jerome Browne qui va s’offrir la première place de special guest du jour, accompagné de ses musiciens Stephan Barry à la basse vintage et John Mc Colgan à la batterie mais également d’Eric Frèrejacques des Hoochie Coochie Men pour quelques morceaux bien envoyés et une adaptation du « Voodoo Music » de JB Lenoir qui, malgré les problèmes de son dus aux tweeter qui refusent de fonctionner normalement, restera forcément dans les mémoires des musiciens mais aussi de leur public. Clio & The Blueshighway amputés de leur batteur resté à l’hôtel viennent ensuite se greffer à la jam et c’est parti pour l’épisode québécois et féminin du jour, la délicieuse et talentueuse chanteuse emmenant tout son monde dans un « Hound Dog » revu et corrigé à la sauce soul avant d’inviter Olivier au saxophone puis Steve Marriner à l’harmonica à rejoindre un groupe créé de toute pièce pour l’occasion mais techniquement bien en place sur un « Spoonful » au charme évident ! Le One Way n’en finit plus d’apprécier et le fait savoir …

Les habitués de la jam du lundi reprennent leur place autour de Gilbert aux drums et ce sont Yoshito à l’harmonica, Thierry à la basse, Fabien aux ivoires, Marc à la guitare et tant d’autres encore qui vont venir nous entraîner jusqu’à minuit, heure traditionnelle de la dead line, sur les routes du blues à bord d’une belle mécanique bien huilée qui roule à l’improvisation et au talent ! La seule déception du jour sera sans doute de ne pas avoir vu Christine escalader le bar pour aller immortaliser l’instant en numérique et il faudra donc se résoudre à aller faire un tour sur les Champs Elysées pour offrir à nos amis d’Outre-Atlantique la vue d’un autre monument incontournable de la capitale, l’Arc de Triomphe. Le froid a quitté la région parisienne et c’est désormais un crachin continuel qui nous accompagne jusque vers Mantes où un peu de repos devrait nous aider à aborder la dernière ligne droite de Blues-sur-Seine …

Jeff Zima – Harry Manx – Eglise – Mézy-sur-Seine – 20 novembre

La tentation est grande de prendre la route de St Martin la Garenne pour aller y retrouver ceux que l’on peut considérer comme les chouchous de Zicazic, la superbe Dawn Tyler Watson et le très talentueux Paul Deslauriers, et en même temps la gifle assénée par Harry Manx samedi dernier à Verneuil sur Seine nous oblige fatalement à tendre l’autre joue … C’est donc vers Mézy sur Seine que nous nous rendrons de bonne grâce en compagnie de nos désormais inséparables Eric Frèrejacques et d’une poignée de Blueshighways pour y retrouver Jeff Zima que tout le monde ou presque a manqué hier au One Way (il faut le faire …) et un autre tandem canadien parmi les plus véloces et les plus passionnants au monde !

Quelques chants proposés sous la houlette de Manuel Lallemand par les élèves de l’école communale locale parviendront à réchauffer quelque peu une assistance où l’on croise nombre de gens du cru mais aussi le gratin de la presse spécialisée venu en masse, attiré par l’appel du pied que nous lui avions discrètement lancé après le premier concert de l’homme à la lap steel et c’est après un très bel « Armstrong » proposé par les jeunes gens que Jeff Zima va avoir l’honneur et le plaisir de proposer une musique pleine de subtilité et un humour qui ne l’est pas moins. Accompagné de Simon ‘‘Shuffle’’ Boyer à la caisse claire et aux cymbales, le Franco-Américain va nous promener tout en slide d’un « Build For Comfort » à un « Diggin’ My Potatoes » en passant de la guitare acoustique à ce qu’il baptise la tronçonneuse et en ne manquant pas de nous offrir en prime quelques compositions personnelles et des standards du genre de « Diddy wah Diddy » ou « Drinkin’ Wine Spoo-Dee-O-Dee ». Toujours très cabot, Simon Boyer nous gratifie de quelques jongleries de baguettes et de quelques démonstrations de son talent et c’est avec beaucoup de plaisir que tout le monde se délecte de l’humour parfois délicieusement impertinent du guitariste au costume et au chapeau gris et de son batteur en jeans baskets et chemise noire du plus bel effet ! Bénéficiant d’un vrai rappel qu’il dédiera à ses deux présidents, Jeff Zima clôturera sa cinquantaine de minutes de show en nous servant une version anglaise de « Vieille canaille » qui ne manquera pas de déclencher une certaine hilarité dans une bonne partie de l’assistance …

Un changement de plateau rondement mené par l’équipe des techniciens de Blues-sur-Seine et c’est dans le cadre toujours aussi enchanteur de l’église de Mézy que nous retrouvons Harry Manx pour un show beaucoup plus intimiste que celui de Verneuil, sans le confort des fauteuils en velours mais encore plus séduisant puisque le grain si subtil de la musique de ce personnage plein d’expérience gagne encore en sensualité du fait de la proximité avec le public. On remarque l’ingéniosité du footstomp joué pieds nus qui dépose des variations subtiles sur une musique où la guitare succède à une superbe Mohan Veena que l’on peut admirer à loisir compte tenu de la luminosité excellente des lieux et où le banjo et la cigar box collent au plus juste à un jeu d’harmonica fin et racé servi avec parcimonie ou au contraire avec abondance selon les morceaux par un Steve Marriner enchanté de se produire en France d’une part et en compagnie de cet autre grand musicien de l’autre. Un bonheur n’attend jamais l’autre à Blues-sur-Seine …

Très peu modifiée par rapport au show précédent, si ce n’est dans l’ordre d’apparition des morceaux, la prestation de ce soir verra toutefois une innovation de taille puisque c’est Steve qui prendra le chant lead sur un épatant « Mannish Boy » accompagné au banjo et c’est de concert que les deux hommes plus complices que jamais s’engageront d’un « Voodoo Chile » à un « Can’t Be Satisfied » en passant entre autres par un « Tijuana » magnifique et capable à lui seul de vous mettre tout le public en émoi ! Recueillant enfin une standing ovation totalement en adéquation avec la prestation qu’ils nous auront réservée, Harry Manx et Steve Marinner s’en iront se réchauffer quelques secondes avant de revenir auprès de l’assistance pour subir le feu très nourri des dédicaces et des photos inévitables après des exploits d’une telle intensité ! On regrettera simplement que le show ne se soit pas prolongé un peu (beaucoup !) plus loin dans la nuit …

Après un rapide retour vers Mantes sous le crachin pénétrant qui nous accompagne depuis dimanche, nous retrouvons Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers au bar de l’hôtel et c’est autour de quelques boissons revigorantes que toute une équipe de joyeux drilles où l’on croise entre autres notre Hoochie Coochie Men de service, quelques Blueshighways, Steve Marriner ou encore Jeff Zima et sa charmante épouse terminera la soirée dans la traditionnelle convivialité des after improvisés à l’arrache pendant Blues-sur-Seine …

Nanette Workman – Centre Culturel Canadien – Paris – 21 novembre

C’est un des grands personnages de la musique qui nous convie ce soir du côté de l’esplanade des Invalides et les grèves qui émaillent la capitale de nombreux embouteillages ne suffiront pas à nous faire renoncer à cette rencontre qui promet d’être riche en émotions … Le Centre Culturel Canadien dont le répondeur annonçait que les réservations n’étaient plus possibles et que le spectacle affichait complet nous réserve une mauvaise surprise puisque c’est devant vingt deux personnes exactement que Nanette va se produire, offrant au public une intimité certes réjouissante mais ô combien décevante eut égard à la popularité de la chanteuse ! Philosophe, c’est en rappelant qu’elle préfère la qualité d’un public à sa quantité que celle qui se produisait hier dans la même configuration à la Maison d’Arrêt pour Femmes de Versailles le jour même de ses soixante-deux ans nous invitera à remonter à ses côtés le fil d’une vie bien remplie … 

Née à New York, adolescente dans le Sud des Etats Unis, Nanette Workman simplement accompagnée du très véloce et en même temps très fin guitariste Roger Mann nous rappelle son statut de femme avec « I’m A Woman » et de troubadour avec « Mississippi Rolling Stone », nous emmène vers Willie Dixon avec « I Just Want To Make Love To You » puis nous racontes sa carrière, les chœurs pour les Rolling Stones et pour Johnny Hallyday, « Starmania » et « La légende de Jimmy », ses créations disco et pop puis enfin son retour vers le blues en 2001, après que sont père ait quitté définitivement son enveloppe charnelle … Remontant via Ray Charles et « Georgia On My Mind » ou Tony Joe White et une « Freewheel Cadillac » qui rappelle son amour des grosses cylindrées, Nanette Workman qui pilote encore et toujours des Harley Davidson nous conduit vers quelques medleys dont un premier où l’on croise Jagger et Lennon réunis autour de « You Can't Always Get What You Want », « Power To The People » et « Honky Tonk Woman », un autre dédié à Clapton avec « No More Tears », « Old Love » et « If I Could (Change The World) » et un dernier retraçant ses succès personnels avec « Danser, danser », « Donne donne », « Ce soir on danse à Naziland » et l’inévitable « Lady Marmelade » pour lequel elle s’interroge avec beaucoup d’humour sur la possibilité ou non de l’interpréter encore dans une petite vingtaine d’années … Roger Mann emprunte le chant de temps à autres au détour d’un couplet et on retrouve le duo sur des hommages allant d’Aretha Franklin (« Do Right Woman, Do Right Man ») à Tina Turner (« Proud Mary ») en passant par Dylan (« Gotta Serve Somebody ») pour terminer sur étonnant un rappel francophone avec « Chasseur » emprunté à Serge Fiori, le fondateur du groupe Harmonium dans les glorieuses seventies. 

Paris s’est vidé de ses manifestants et de son cortège de voitures et c’est en menant bon train que nous retournons vers Mantes où un after improvisé regroupant quelques-unes des grandes figures de ce 9ème Blues-sur-Seine nous attend pour terminer la soirée …

After – CAC Georges Brassens – Mantes-la-Jolie – 21 novembre

Réquisitionnés par le noyau dur des bénévoles historiques du festival avec le consentement bienveillant de la Direction de ce haut lieu de culture, les sous-sols du CAC Georges Brassens seront ce soir le théâtre d’un after un peu particulier où le Canada sera encore une fois à l’honneur, cinquième anniversaire du jumelage entre Blues-sur-Seine et FestiBlues International de Montréal oblige … On retrouve donc les brillants musiciens que sont Harry Manx, Dawn Tyler Watson, Steve Marriner et Paul Deslauriers venus bœuffer avec quelques amis parmi lesquels on note la présence de JC Seigneur, Eric Frèrejacques, Jeff Zima ou encore Ronan Daniel, le régisseur du festival, devant un public essentiellement composé de bénévoles et d’amis ravis de voir les instruments changer de main, Dawn se partageant entre la caisse claire, le cajon et la guitare, Steve délaissant son traditionnel harmonica au profit d’une guitare ou Paul maniant la basse avec un réel plaisir … De standards en standards, c’est tout le blues qui contribuera à faire de ce moment de détente un grand moment de convivialité et d’amitié entre quelques bienheureux privilégiés !

Popa Chubby – Le Sax – Achères – 22 novembre

On peut reprocher à Popa Chubby son caractère changeant et certains jours où il se montre irascible mais quand le mastodonte venu tout droit de New York City from the Bronx attrape sa vieille Strat au vernis ruiné et la plugge dans le couple d’amplis Fender qui trône derrière lui, c’est les doigts et les cordes qui causent, pas le bonhomme ! C’est ce qui attend un public d’aficionados ce soir au Sax, un public venu autant pour entendre du bon blues rock fortement teinté de l’œuvre de Jimi Hendrix que pour voir le Popa se mettre en rogne cinq minutes et tout balancer derrière lui. Ca fait partie du jeu et si ça peut en agacer certains, le public en redemande alors forcément …

C’est sur fond de « Theme Of The Goodfather » que le power trio nous accueille ce soir dans un Sax qui affiche complet depuis déjà plusieurs jours et au lieu de s’embarquer dans les morceaux de son excellent et très surprenant nouvel effort, Popa Chuby nous refait encore et toujours le coup du retour vers « Electric Chubbyland », rentrant de plein fouet dans un « Hey Joe » fort bienvenu et se ménageant quand même quelques portes de sortie vers « Deliveries After Dark » pour bien montrer qu’il a aussi son propre répertoire en magasin mais que ce qui le captive ce soir appartient bien au gaucher le plus allumé et le plus génial de la création. Sans véritablement proposer une succession de morceaux bien établie, le guitariste multiplie les instrumentaux et s’embarque dans des délires improvisés, surveillé de très près par A.J. Pappas à la basse et Chris Reddan à la batterie qui lui obéissent au doigt et à l’œil, lui offrant au passage un très confortable matelas rythmique sur lequel il peut en poser en toute confiance tant il est robuste !

On en passe par l’épisode exigeant de Popa quand il se met à réclamer plus de delay, moins de reverb, et après s’être revigoré d’un verre de vin, c’est vers son excellent « Woman In My Bed » qu’il nous dirige, laissant le reggae prendre possession de la salle et offrant même à Chris un solo de percussions avant de s’asseoir sur une chaise et d’entamer un titre soft, s’agaçant d’un son pourtant bon, appelant Amar, son tour manager à la rescousse et finissant par mettre un coup de pied dans la chaise pour repartir de plus belle vers du bon gros rock comme il sait si bien le jouer ! On approche des deux heures de concert et Popa Chubby, qui multiplie les crachats en direction de la salle mais aussi de ses musiciens, nous entraîne une fois encore dans un gros medley où l’on retrouve entre autres des bribes de « Foxy Lady », « Boom Boom », « Little Wing » et « Wild Thing » et c’est sur un final un peu plus détendu que s’achève un concert sans grande surprise mais globalement irréprochable …

La chaise réapparaît et Popa s’allume un cigare avant de venir s’y installer pour dédicacer tout et n’importe quoi, des albums, des plaques de guitare, les pass des bénévoles et des photographes … On retrouve l’artiste sympa et accessible que le New Yorkais sait aussi être très régulièrement et c’est dans la bonne humeur que le Sax se vide. Un petit appel de Mantes nous prévient qu’il se passe des choses au d’Estrées où Clio & The Blueshighway viennent de terminer leur concert dans le cadre de l’opération Bars en Seine. 

Jam – Bar Le d’Estrées – Mantes-la-Jolie – 22 novembre  

C’est un d’Estrées des grands soirs qui nous accueille et bien que minuit ait déjà sonné depuis un bon moment et que Clio & The Blueshighway ait terminé son concert, la musique résonne encore dans un bar où la jam est partie de façon très conviviale. Le noyau dur des fêtards de Blues-sur-Seine est accoudé au comptoir, vive les RTT et le houblon, et c’est un spectacle plutôt surprenant qui nous attend puisque Harry Manx qui n’a pas joué de guitare de façon conventionnelle depuis maintenant trente six ans chausse la Strat et s’en vient accompagner Dawn Tyler Watson … Très vite rejointe par Steve Marriner et Yannick Lambert mais aussi par un épatant Thibault Chopin qui chante et qui joue de l’harmonica, la soirée nous réservera quelques belles surprises comme entre autres le passage de Harry Manx à la batterie ou encore le plan Muddy Waters envoyé en Français par Steve Marriner,  les deux animateurs du jour s’avouant désolés l’un et l’autre de quitter Blues-sur-Seine demain pour s’en retourner vers le Canada. Hilares, Clio et Dawn Tyler Watson assistent de la salle avec un plaisir non feint à une fin de soirée chaleureuse comme on en vit depuis quelques temps dans un Mantois où le blues est encore la véritable façon de penser et de vivre pour les quelques jours qu’il reste à passer avec cette 9ème édition … On parle déjà de 2008 et une chose est certaine, tout le monde a envie de revenir !

Plateau France-Québec – Forum Armand Peugeot – Poissy – 23 novembre

Il y a maintenant cinq années que Blues-sur-Seine et le FestiBlues International de Montréal avancent main dans la main, cinq années pendant lesquelles ces deux grandes manifestations s’échangent des bénévoles, des soutiens techniques et mais aussi des artistes … Pour avoir été du voyage ces deux dernières années, on sait combien les deux manifestations sont différentes mais complémentaires et on comprend mieux le sens du mot jumelage qui serait dans ce cas précis plus proche d’une amitié sincère et dévouée ! Pour marquer le coup comme il se doit, Jean Guillermo nous a concocté ce soir un plateau exceptionnel réunissant trois grands coups de cœur et trois belles histoires humaines, comme l’avaient fait cet été nos cousins de la Belle Province …

La première, c’est Dawn Tyler Watson, un équivalent de Gilbert Bécaud au féminin avec une énergie qui frôle les 100.000 Volts et une joie de vivre sans cesse renouvelée ! Pour sa troisième participation à Blues-sur-Seine, c’est elle qui se charge d’ouvrir le bal en duo avec son désormais inséparable Paul Deslauriers, guitariste venu du rock et s’unissant dans une relation musicale totale à cette superbe multi-instrumentiste et chanteuse aux très fortes influences jazz. Avec beaucoup d’humour, la Canadienne originaire d’Angleterre va venir allumer cette salle aux tons bleus et bois d’une « Cigarette » propice à démarrer un incendie qu’il va être difficile de dominer côté public puis c’est en présentant ses titres avec beaucoup de détails à l’appui qu’elle conduira le Forum Armand Peugeot au travers d’un répertoire où l’on croise ses propres morceaux comme « Ten Dollar Dress » mais aussi des reprises délicieuses et notamment celles de Willie Dixon avec « My Babe », de Steve Earle avec « My Old Friend The Blues », de Led Zeppelin avec l’époustouflant « Going To California » ou encore de Patty Griffin avec un « Wiggley Fingers » proposé à plein régime qui donnera au duo l’occasion de recueillir les acclamations d’un public totalement emballé par sa prestation. Non sans avoir remercié l’organisation et avoir renouvelé en public sa déclaration d’amour mainte fois affichée en privé à ce qu’elle considère comme étant le meilleur festival du monde, Dawn Tyler Watson achèvera une inoubliable heure de finesse et de grâce en nous proposant un fort intéressant « Cold Shot » de Stevie Ray Vaughan qui emmènera tout le monde vers le stand des produits dérivés pendant la petite demi-heure d’entracte nécessaire pour encaisser le coup !

La deuxième, c’est Jean-Jacques Milteau qui va venir nous la conter … Parrain de la première édition et programmé de façon régulière à Blues-sur-Seine, l’harmoniciste le plus connu de la scène nationale qui est parvenu à se faire un très joli succès à l’international va ce soir tisser sa toile autour de ce jumelage et de deux manifestations qu’il connaît pour également avoir connu les pluies d’été sur le Parc Ahuntsic en 2005 et c’est en démarrant sur « Fragile », un morceau qu’il a composé en partant du thème du « Canadien errant », qu’il va nous promener en compagnie de son guitariste Manu Galvin puis de la formidable chanteuse Demi Evans dans des morceaux au naturel réjouissant comme « Jack The Man » ou au contraire plus nostalgiques comme cet « Heart Of Gold » enregistré il y a quelques années à Memphis en compagnie de Mighty Mo’ Rodgers, un des autres parrains notoires du festival, et servi ce soir à Poissy dans sa version pisciacaise. Jamais avare d’un bon mot, Milteau salue comme il se doit l’hôte industriel du soir en évoquant les transports et donc l’automobile, évoque les retraites et notamment celle de Manu Galvin pour laquelle il serait bon de faire un geste en se portant acquéreur de bootleg officiel que le trio a enregistré et qu’il vend à la sortie du concert et se fend d’un triple hommage à Ray Charles avec « Hard Times », « What’d I Say » et « Georgia On My Mind » avant de terminer son set avec Marvin Gaye et le très touchant « How Sweet It Is To Be Loved By You » qui ne manquera pas de clôturer en beauté une prestation dont on retiendra une voix exceptionnelle, un jeu de guitare sobre mais efficace et le côté pince-sans-rire d’un harmoniciste virtuose !

La troisième est en train de naître et c’est du côté de Montréal qu’elle a débutée cet été lorsque Nanette Workman a découvert le large champ d’action couvert par Blues-sur-Seine. Séduite, elle a accepté de venir en France simplement accompagnée du guitariste Roger Mann pour y participer à diverses manifestations à caractère social mais aussi à ce plateau exceptionnel et c’est une femme emballée que l’on retrouve ce soir en compagnie d’une poignée des Tortilleurs chers à Benoît Blue Boy, Thibault Chopin à la basse, Fabrice Millerioux à la batterie et Fabien Saussaye aux claviers. Trois quarts d’heure durant, Nanette Workman va nous proposer un show qui ressemble un peu à celui donné au Centre Culturel Canadien il y a quelques jours mais sans les medleys et en version électrique, la précision des instrumentistes de talent qui l’accompagnent donnant à ses « I’m A Woman », « Mississippi Rolling Stone » et autres « Do Right Woman, Do Right Man » une toute autre couleur. Non sans avoir salué une fois encore La Corniche de Rolleboise où elle loge ‘‘comme à la maison’’ (sic) et où elle apprécie tout particulièrement une table qui le mérite amplement, Nanette Workman nous proposera encore son « Beau Romeo » et le « Gotta Serve Somebody » de Dylan avant de nous quitter un peu après minuit …

Une telle soirée ne pouvait se terminer sans un bouquet final et c’est tiré par l’héroïne incontestable du jour que le feu d’artifice « Come Together » résonnera dans le Forum Armand Peugeot, Dawn Tyler Watson invitant tour à tour JJ Milteau, Demi Evans puis Nanette Workman à venir prendre part à une fête qui se terminera entre bouquets de fleurs et embrassades aux airs d’un « Happy Birthday » saluant l’anniversaire de Dawn qui vient d’arriver à échéance il y a quelques minutes et celui de Nanette que l’on célébrait il y a quelques jours.

De retour dans le hall, les conversations s’éternisent un peu et les stands de ventes de CD sont pris d’assaut, les bénévoles remballent le bar et les produits dérivés, il y a deux pleines semaines que Blues-sur-Seine tourne à vitesse réelle et si tout le monde est légitimement épuisé, personne n’est pressé que ça se termine ! On salue avec un poil de nostalgie Dawn, Paul, Nanette et Roger qui repartent vers Montréal demain matin mais aussi les régionaux de l’étape qui seront dans leur lit d’ici quelques instants et il est déjà temps de penser à une suite qui sera à n’en point douter elle aussi réjouissante … La 9ème édition de Blues-sur-Seine tire ses dernières cartouches mais elles sont encore capables de mettre dans le mille et nous en aurons la preuve demain !

Mountain Men – Jacques Higelin – Salle Jacques Brel – Mantes la Ville – 24 novembre

C’est par une soirée absolument exceptionnelle que Blues-sur-Seine va tirer un trait sur sa neuvième édition, un grand cru dont on se plaira à se souvenir pendant des années tant les surprises humaines et artistiques mais aussi la bonne humeur auront été de taille … Alors forcément, un grand moment sans les Mountain Men, les grands vainqueurs du prix acoustique au Tremplin 2006, ne saurait être parfait et c’est réunis à l’affiche avec le grand bonhomme qu’est Jacques Higelin que nos deux amis qui iront enflammer Memphis à la fin du mois de janvier prochain se retrouvent ce soir ! Là où certains se seraient mis inutilement la pression, Mat et Iano ont choisi d’être fidèles à eux-mêmes, simples et grands …

Une salle Jacques Brel assise et venue majoritairement pour voir Higelin accueille le duo de l’Isère qui va ce soir avoir la lourde charge de la chauffer et c’est sur un instrumental en acoustique que les deux complices s’embarquent, brisant instantanément la glace et commençant à donner le ton d’un spectacle qui va nous conduire au son de l’harmonica de Barefoot Iano et de la guitare et du chant de Mister Mat vers des « Highway 61 » et des « Gone Fishing » pas forcément toujours très académiques mais réjouissants au possible grâce à un charisme imposant et à une envie de communiquer avec un public qui entre instantanément dans le jeu et qui tombe très vite sous le charme de deux garçons qui ne se prennent pas au sérieux mais qui débitent du riff comme un bûcheron le fait avec ses stères. On ferme les yeux pour mieux entrer dans « Georgia On My Mind », on s’amuse de voir ce grand Australien nous traduire en Français le titre de « Last Fair Deal Gone Down », on vibre à l’unisson sur l’enchaînement délicat de « Let It Shine » et « When The Saints » et c’est debout au milieu d’un public définitivement conquis que l’on participe à la standing ovation qui récompense « Ces gens là » que Mat et Ian interprètent juste pour le fun, histoire de saluer la salle en rendant hommage à celui qu’ils requalifient de bluesman belge pour l’occasion. En fermant une nouvelle fois les yeux, on imagine le grand Jacques sur les planches tant l’interprétation est à la fois vibrante, belle et fidèle … Encore un moment de pur talent avec cette adaptation de « Travailler c’est trop dur » que la salle reprend à tue tête et c’est vers le hall que nos deux compères s’en iront pour mettre à sac leur dernier stock d’albums ! Il faudra désormais attendre le prochain car celui là est épuisé … Pendant ce temps, la Stratocaster offerte par Fender France et Tomahawk Musique trouve un heureux gagnant lors du tirage au sort de la tombola !

Higelin, c’est une grosse mécanique bien huilée avec un light show impeccable, un son au top et une attitude toujours très avenante qui pousse le public à apprécier ses spectacles … Alors qu’il tarde à entrer en scène, la salle se chauffe en lui demandant s’il dort au son de « Frère Jacques » et c’est en nous expliquant de façon très électrique qu’il veut « Cette fille » que le bonhomme apparaît sur une scène prête à rompre sous le poids de son talent. Passant du piano au micro et à la guitare sans jamais oublier de s’étendre sur des anecdotes aussi croustillantes qu’imaginaires entre les morceaux, Higelin a le cerveau qui travaille à 200 à l’heure et ses musiciens ont parfois bien du mal à le suivre, porté qu’il est par ses « Prise de bec » et autres « Tombé du ciel » et revenu tout droit au bon vieux temps des chansonniers qui haranguaient autant leur public qu’ils ne chantaient … Aidé de son texte ou au contraire avec des lyrics bien ancrés au plus profond de lui, l’artiste nous refait le tour du très bon « Amor Doloroso » en en reprenant nombre de ses titres qu’il sert avec une foi telle qu’on croirait que ces standards existent depuis toujours. La longue redingote grise commence à faire transpirer le showman mais celui-ci persiste et signe et nous envoyant ses « Crocodaïl », « Ici c’est l’enfer » et autres « Queue de paon » que ses complices saupoudrent de contrebasse et de percussions ou inondent de guitares selon le ton général pris par le morceau. Un salut groupé, une standing ovation, on sent la fin venir et pourtant …

C’est en reprenant Trenet à son compte qu’Higelin fait « Boum » et ce n’est que le début d’un imposant rappel où l’on ne comptera pas moins de cinq morceaux qui s’ouvre à un public désormais debout et heureux de l’être ! Un rappel dédié à Barbara avec « J’aime », à sa fille Izia avec « J’t’aime telle », un rappel qui nous conduit jusqu’à « L’hiver au lit à Liverpool » et qui se termine par une inévitable coupe de « Champagne » que l’artiste nous offre de bon cœur sans oublier de remercier qui de droit en chanson, ses techniciens, ceux de Blues-sur-Seine … L’instant semble interminable et après plus de deux heures et demie d’un spectacle parfait, Higelin et compagnie quittent un navire qui, après tant de mouvement, risque fort d’aller s’échouer dans le hall !

On y retrouve les Mountain Men qui saluent le public de quelques notes improvisées, les badauds qui attendent la star pour lui serrer la main, la féliciter, la remercier … Bon bougre, Higelin débarque et se joint encore un peu plus à une fête qu’il a contribué à rendre belle, rejoint Mat et Iano et en chante une avec eux à l’arrache, retourne aux photos et aux dédicaces et n’en finit plus de s’amuser avec son public. Sacré bonhomme, sacré talent ! Il sera bientôt temps de quitter Jacques Brel pour aller rejoindre Georges Brassens à quelques kilomètres de là, où les amis du festival se sont donnés rendez-vous pour la traditionnelle fête de fin d’édition … L’occasion rêvée de vider quelques chopes avec les gens qui ont contribué à faire de ce 9ème Blues-sur-Seine un grand festival dont on se souviendra longtemps, avec le staff permanent et avec les bénévoles, avec les techniciens et avec les derniers artistes encore présents. Tous les nommer ne ferait qu’ajouter quelques pages à un reportage qui se sera étoffé tout au long des deux semaines et des trois week-end qu’aura durée cette belle aventure humaine … L’esprit et les couleurs du blues peuvent dormir sur leurs deux oreilles, Blues-sur-Seine se charge de les entretenir et de les faire vivre ! On appelle ça Keeping The Blues Alive et il paraît qu’il existe une récompense pour ça … Merci !

Fred Delforge – novembre 2007