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ALPHA BLONDY pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 10 novembre 2007
 

Jah victory
(Mediacom – 2007) 
Durée 77’46 – 19 Titres 

http://www.alphablondy.info/

C’est sans le moindre doute grâce à Bob Marley que le reggae est devenu un langage planétaire capable de fédérer de la même manière l’Afrique et les Antilles mais aussi l’intégralité des continents qui succombe ouvertement à l’appel d’une musique à la fois chaude et communicative. Représentant la branche ivoirienne du genre, Alpha Blondy a pour sa part été capable de s’afficher comme le dauphin naturel du poète disparu et a fait son trou de son pays jusqu’en Jamaïque en proposant une musique à la fois roots et teintée de modernisme, inventant au passage le reggae francophone et revendiquant plus que de raison ses passions et coups de gueule au fil d’albums qui ne feront pas obligatoirement l’unanimité mais qui trouveront chaque fois leur public ! Accompagné pour ce nouvel effort de quelques légendes comme Tyrone Downie, Earl ‘‘China’’ Smith, Moussa Conde et les épatants Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, Alpha Blondy s’est partagé entre la Côte d’Ivoire d’où tout est parti mais aussi Paris et Kingston où les enregistrements ont été réalisés et c’est à un de ses albums les plus forts et typés qu’il nous propose aujourd’hui de goûter …

Qu’il chante en Anglais, en Français ou encore en Dioula, Alpha Blondy a toujours gardé à l’esprit ce côté engagé qui le caractérise mais aussi cette volonté unique en son genre d’ouvrir son art à toutes sortes d’instrumentations, laissant par moments entrer les sonorités maghrébines mais aussi des cornemuses, de l’accordéon ou des chants rapés et une bonne dose de rumba-reggae voire même de rock-reggae avec par exemple la surprenante adaptation du « I Whish You Were Here » de Pink Floyd qui marque d’entrée de jeu la volonté d’ouverture de l’album. Aussi positif que flamboyant, « Jah Victory » s’offre pourtant quelques coups de gueule plus ou moins gratuits comme « Sankara » ou « Mister Grande Gueule » et confirme sa foi pour l’icône Bob Marley en adaptant son « Crazy Baldhealds » en un « Sales Racistes » vibrant à souhait, nous gratifiant au passage d’un morceau à l’autre d’un très lucide « Tampiri », d’un très sincère « Jesus » ou d’un « Demain t’appartient » ouvert à toute proposition. De « Bahia » où il évoque ses tournées au Brésil à « Ne tirez pas sur l’ambulance » où il crie son amour pour son pays, Alpha Blondy en passe par un très passionné « Les salauds » où il hurle son dégoût de tout ce qui a alimenté la guerre civile en Côte d’Ivoire et le fait avec beaucoup de finesse sur quelques samples, sifflements et autres licks de guitare très discrets. Des dix huit albums qu’il a mis dans les bacs, Alpha Blondy avoue franchement qu’il considère ce dernier effort comme étant le meilleur et plus qu’une quelconque volonté de promotion, il faut sans doute y comprendre que c’est celui qui lui ressemble le plus …