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FIESTA DES SUDS 2007 - MARSEILLE pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
samedi, 20 octobre 2007
 

La fiesta des suds est sans aucun doute le rendez-vous majeur de la rentrée culturelle Marseillaise. L’édition 2007 ne déroge pas à la règle, tous les ingrédients qui ont fait le festival sont présents : éclectisme et pluriculturalisme. « Valeurs qui sont également celles de la ville !» affirmeront certains.

Vendredi 19 octobre :
Coup d’envoi ; les premières de la fiesta sont toujours spectaculaires. Premièrement car c’est bien ici que le festival fait ses meilleures opérations comptable ; tant sur le plan fréquentation que consommation. J’en veux pour preuve ce calcul, simpliste à souhait, mais tellement éloquent : comptez cinq minutes pour vous faire servir une pizza (entière) et le double pour une boisson. Sans commentaire…

Car la fiesta des suds, le soir de l’ouverture c’est toujours un peu la débâcle : vous ne vous déplacez pas dans une arène mais bien dans une petite ville avec ses recoins, ses accès privés, discothèque, restaurant, cabaret…Ah, qu'il est cocasse d'observer tout ce beau monde tentant vainement de se repérer sur les plans fournis par l’organisation ! Attitude studieuse de courte durée, les plans finissant rapidement chiffonnés, la population errant çà et là au gré de ses envies. Grand bien leur en prennent, la fiesta est là pour faire oser l'aventure.

On pourrait d'ailleurs presque tirer un trait de comparaison entre les mouvements de foule et les flux migratoires…Match de rugby France/Argentine retransmis sur grand écran à l’est…ruée vers l’ouest (facile). L’équipe de France prend la tasse ? Direction la grande scène installée sous la passerelle de l’autoroute. Et ainsi de suite.

C’est d’ailleurs sous cette grande scène que le gros morceau de l’affiche musicale se déroule. Deux concerts majeurs programmés : Massilia sound system et Origines contrôlées. Pardon au passage pour ceux que nous n'avons pas croisés : Baba Zula, DJ Bobzilla ou encore Techno roman project, groupe Turc (Istambul étant cette année la capitale européenne de la culture.


Origines contrôlées, c’est le nouveau projet de Mouss & Hakim, qui ont déjà derrière eux Zebda et 100% collègues. Un devoir de mémoire, une mise en musique de textes de poètes immigrants nord africains. Des chants du voyage, en arabe comme en français, savamment portés sur scène, entre instruments traditionnels et plus modernes. Du sur mesure pour les deux chanteurs miiltants.

Ceux pour qui beaucoup ont fait le déplacement ce sont les Massilia sound system. Des marseillais au tout début d’une tournée assurant la promotion de leur dernier opus, le très efficace « Oai et Libertat ». Qu'on se le dise, un concert du sound system marseillais est toujours mémorable d’agitation, de ses membres comme de son publique. On avait déjà vu les crash-barrières (barrière de sécurité en avant scène) céder lors du concert de leurs 20 ans…

La mauvaise surprise en pénétrant dans l’espace photographe, soit celui prévu entre le publique et la scène, fut de découvrir que l’organisation avait installé un système de barrières lambda, servant à délimiter une aire mais en aucun cas à résister à la pression d’une foule de plusieurs milliers de personnes. Surprenant, effrayant quand on sait le cahier des charges des commissions de sécurité dans le spectacle.

Le système n’a en effet pas tardé à montrer ses limites. Les appels au calme du groupe n’y feront rien. Le pire sera évité grâce à la dizaine de gros bras qui auront passé très certainement une de leurs plus mauvaises soirées : 1h45 à pousser de toutes leurs forces contre la foule.

Moussu T, un des MC du Massilia sound system s’en amusera même : « c’est mieux que la salle ça ! Hein les gars ?! ». Il ne fait pas de doutes que les articulations seront douloureuses ce matin. Mais l’affiche de ce samedi soir promet moins d'agitation : Goran Bregovic ou encore Suzanne Véga.

Liens utiles :

www.myspace.com/massiliasoundsystem

www.myspace.com/originescontrolees

www.myspace.com/technoromanproject

www.myspace.com/babazula

www.myspace.com/dadabig28

www.djbobzilla.com

 


Samedi 20 :
Second soir. Comme dans tous les lendemains de nuit d’opulence, l’ambiance fut plus à la retenue. Le public a bien répondu présent mais la densité a été bien moindre. C’est dans ces configurations, plus agréables, qu’il est possible de partir sereinement à la découverte de l’aire de jeu construite à l’intérieur et aux alentours du Dock des Suds : 15000 m2 (espaces VIP compris).

La scène de la passerelle de l’autoroute est encore ouverte ce soir pour une affiche intéressante et musicalement à cent lieues de celle proposée la veille. Nous sommes bien là en face du souci des programmateurs de fournir au public un éventail musical aussi vaste qu’inattendu.

Le gros gagnant de la soirée est Goran Bregovic. Pour ceux qui ne le connaitraient pas, il est musicien fétiche du cinéaste Emir Kusturiza et a signé pour ce dernier les musiques de "Arizona dream" ou encore "Underground". Dans son dernier opus, il s’est attaqué à Carmen, qu’il a revisité à son bon plaisir en promettant à son héroïne une fin heureuse comme l’indique le titre : « Karmen (with a happy end) ».
Il faut croire l’artiste en état de grâce, la dernière adaptation libre de l’opéra de Bizet, cinématographique celle-ci (elle revisitait l’histoire avec des acteurs noirs pendant la seconde guerre mondiale), avait valu à Otto Preminger les foudres des descendants de Georges Bizet. « Carmen Jones » fut interdit à l’importation sur le vieux continent pendant une trentaine d’années.
Accompagné par l’Orchestre des Mariages et Enterrements, un petit ensemble de 40 musiciens, Bregovic a exposé une démonstration de l’expression « tenir la scène ». Un show fourni, alternant entre le lyrique et le festif, qui a totalement habité un public connaisseur ; sage mais réactif.

Au même moment, se produisaient Culture Musical Club dans la scène intérieure, rebaptisée « salle des sucres ». Un espace que l’on a redécouvert sans les piliers centraux qui furent un appui certain lors des concerts difficiles mais qui avaient une certaine tendance à gâcher le panorama.

Culture Musical Club est le grand orchestre de Zanzibar, un ensemble de 13 musiciens jouant une musique appelée Taarab née du croisement des mondes africains et arabes. Une ambiance tribale envoûtante due à l’effet de répétition engendré par l’ensemble de percussions. Une rythmique en écrasante majorité dans un orchestre qui ne s’axe que sur deux violons et trois chanteurs pour les parties mélodiques. Une prestation égayée par deux danseuses au rythme diabolique. Le Culture Musical Club (à ne pas confondre avec le groupe d’un certain Boy George) est hélas très discret : aucun site internet pour s'en informer et seulement un album, « spices of Zanzibar », sorti en 1996.


 
Retour de la world à la pop avec Suzanne Vega. Artiste surtout connue du grand public pour ses deux tubes « Luka » et « Tom’s dinner », sortis à la fin des années 80. La New Yorkaise, discrète mais toujours active, a réalisé son unique prestation française d’une tournée qui la fera courir les scènes des capitales hollandaise, espagnole, anglaise et italienne avant de repartir aux états unis. Une prestation sensible à l’image de la chanteuse. Une artiste discrète, étrangement soucieuse de ne pas étaler son passage dans la presse (les photographes n’étaient clairement pas les bienvenus). Suzanne Vega a offert un show carré, visuellement doux, sonoriquement soyeux mais hélas statique. Une prestation qui aura finalement du mal à garder l’attention de l’auditoire présent au départ et n’allumera l’ambiance que sur les deux derniers titres, que l’on a pu sentir comme une corvée pour leur interprète. Les années ont ici eu raison de la passion.

Le temps d’attester que l’organisation s’est résolue à installer des crash barrières et que les vigiles ont effectivement mal aux bras de leurs frayeurs de la veille pour se rendre à la Salle des sucres pour le final du show flamenco du Martégal Eric Fernandez venu présenter son dernier opus « Verdine tempo ».

Place ensuite aux jeunes espoirs avec Portelli. Le quatuor Nîmois, vainqueur du tremplin musical organisé par les magasins de musique Milonga évolue dans ce qu’ils nomment un rock métissé. Un rock bien nourri par la frappe lourde de son batteur et une poly-intrumentiste (accordéon, bongo etc.) soucieuse, très soucieuse d’afficher le nom du groupe. Le groupe a déjà un bon instinct puisqu’ils n’ont pas eu la folie d’oser un show poussif, l’heure se faisant tardive lors de leur passage. Un passage agréable mais qui laisse regretter l’absence d’un second guitariste qui pourrait apporter le mordant qui a fait défaut sur certains titres.

La journée de dimanche sera consacrée à la danse avec de nombreux battle hip hop et shows DJ.

Lies utiles :
www.portelli.info
www.goranbregovic.co.yu
www.myspcace.com/fernandezeric
www.suzannevega.fr


 

Dimanche 21 :

Le repos dominical ? Pas pour tous. Les Docks des suds proposaient une journée positiv’art street consacrée à la culture hip hop et plus particulièrement aux battle avec un grand concours où se sont affronté breakers venus de France et d’ailleurs (Dijon, St Malo, Italie, Pays-Bas). Popularisé par des films comme « Steppin’ », le style est tout simplement impressionnant. Deux équipes s’affrontent sur une musique imposée par le DJ en faisant tour à tour des enchaînements, seul ou à plusieurs. Le tout est enrobé d’une grosse mise en scène, on se raille, on se provoque. Des gestes, des cris, des regards…Un pur show à l’américaine.

A l’intérieur, chacun à sa place, son rôle pour être précis. Ainsi on retrouve systématiquement le moqueur, le bagarreur, le gêneur, le meneur, le joker. A noter que ces termes se transposent aussi bien au féminin, le style étant très ouvert, loin de tout cliché machiste. Nous avons même pu assister à la démonstration d’un danseur unijambiste, avec ses béquilles, qui plus que l’impressionnante passe d’arme qu’il a réalisée a donné une bonne leçon de vie.
Le battle européen sera remporté haut la main par les Hollandais de Hustle Kidz, grands chouchous du public, après une passe d’armes de dix minutes menée tambour battant.

La journée fut l’occasion de mettre un petit coup de projecteur sur le human beat box en la personne de Micflow. Cette discipline est l’art de faire de la musique avec sa bouche, comme par exemple le Sergent Jones dans la série de films « Police Academy ». L’énumération peut être longue pour les plus doués : boite à rythme, basse, guitare voix, scratch…Un impressionnant travail de souffle et d’oreille.

Le festival marque une pause en ce début de semaine pour reprendre mercredi et « la fiesta des minots ».

Liens utiles :
http://www.myspace.com/micflow

 

Vendredi 26 :

Soirée placée sous le signe des machines. Les platines furent à l’honneur et une question trottait dans nos têtes : le seul DJ peut-il lever toutes les foules lorsqu’il n’est pas en conditions de club ?
Arrêtons nous tout de suite, il n’y aucune réponse clairement arrêtée tant le nombre de facteurs entrant en compte est non négligeable. Cette soirée de la fiesta des suds aura eu le mérite de pouvoir nous éclairer sur le phénomène et ses limites. Tout d’abord car avec ce festival, vous pouvez aborder un show de plusieurs manières géo stratégiques. Il y a bien sur la grande scène et son abondance de lumières, taillée pour le spectaculaire ; si toutefois on choisit d’en faire. Vous avez ensuite la scène de concert intérieure plus intimiste, chaleureuse ; elle ne porte pas son nom de « salle des sucres » innocemment. Pour finir, le club, la discothèque, avec son immense boule à facettes.

Bien évidemment, c’est dans cette configuration que les différents DJ (dont DJ C de Radio Grenouille) ont aisément mis le public dans leur poche. Et ce sans subterfuges autres que des enchaînements bien pensés. Exemple : un refrain des Beastie Boys qui se glisse parfaitement entre deux transitions « électro », et c’est l’attention d’une part du public, jusque là distraite, qui est captivée.

A l’inverse, pour tenir l’attention d’un auditoire plus vaste, sur une scène où l’on doit se sentir si petit avec sa platine, il faut revoir son approche. Une attaque réussie pour Dj Zebra, l’homme qui ose tous les mélanges. Il faut reconnaître l’audace d’un homme qui ose poser les voix du « Jedi » des Dionysos sur le Billie Jean de Michael Jackson.
Pour être sur de tenir la foule en haleine, Zebra s’est entouré des rappeurs ambianceurs Leeroy (ancien Saïan Supa Crew) et Anis. Mais surtout, il n’hésite pas à lâcher sa machinerie avec le pilote automatique pour prendre le micro et venir au devant de la scène. Le rendu est surprenant mais efficace : la foule du soir a apprécié et n’a pas boudé son plaisir.

Helas, on ne peut pas dire de la prestation de Marc Mac qu’elle fut régulière. Assez inégal, son set ne parviendra pas à captiver durablement l’attention des gens. Pourtant évoluant sur une scène intérieure plus chaleureuse que celle de Zebra et étant accompagné d’un maître de cérémonie, MC MG, Marc Mac a illustré bien malgré lui l’importance des enchaînements. Le soufflet peut retomber si vite…C’est bien dommage car par moments, la chaleur de la salle des sucres montait ostensiblement.

La faute à la configuration de cette salle, ni grande scène, ni danse floor, qui n’est peut être pas taillée pour autre chose que pour les concerts à instruments ? On en doute au vu de ce qui a suivi.

Dans exercice sensiblement différent, les Jamaïcains de Ward 21 sound system ont tout simplement retourné la salle. Le sound system est un mouvement né dans les caraïbes, comme son aîné le reggae, et qui se base sur une formule simple : un « sélecta » aux platines et un ou plusieurs « toasters » aux micros. Le résultat ne tenant essentiellement qu’au talent de ces derniers à faire monter le thermostat. Les quatre Caribéens auront eu le mérite de nous captiver jusqu’à la fin de leur sound system et d’avoir failli nous faire manquer la prestation de Cassius.

Cassius qui clôturait ce soir sa tournée. Un finish à l’énergie pour le duo, membres représentatifs de la french touch. Dans une formule scénique qui incluait une chanteuse, un batteur et une avalanche de watts, Zdar et Boombass ont démontré tout leur amour de la scène avec une ferveur toute rock n’ roll.

Liens utiles :
http://www.myspace.com/21ward
www.cassius.fm
http://www.myspace.com/marc4hero
http://djzebra.free.fr/


Samedi 27 :

Soirée éclectique placée sous le mot d’ordre « dansons ! ». Une nuit avec des visages connus (Luke, Ours, Diego Carrasco) et de belles découvertes. Les révélations, voila le point fort qu’on ne pourra pas retirer à cette fiesta 2007.

La première est Asa. La chanteuse d’origine Nigériane a littéralement séduit l’assistance ave son timbre sensible et sa musique envoûtante teintée de soul, de pop et de funk. Toute la chaleur de la musique noire était là et elle a touché son public. Asa, un nom à retenir.

L’autre nom est hispanique : Cuarto Poder. Dans un hip hop latino du plus bel effet rappelant aux grands moments des Delinquent Habits ou autres Cypress Hill, les cinq vénézueliens ont brûlé les planches et l’assistance dans un set carré mais ridiculement court d’une demi heure. Le mélange des styles latins dans le hip hop a toujours fait mouche. Là-dessus, Cuarto Poder ne devait rien apporter de neuf. Son énorme force est la scène : les quatre MC alternant les prises de micro avec ferveur et vélocité créent un rythme infernal.
Ajoutez deux danseurs et un DJ prompt à prendre la guitare pour renforcer les instrumentaux et vous arriverez à vous faire une idée de l’effet que peux faire ce tout jeune et prometteur groupe qui n’a pas encore commercialisé d’album à ce jour.

Une bien belle nuit de musique qui nous rappelle que le festival touche bientôt à sa fin. Il ne reste en effet plus qu’une seule nuit au programme. Et elle risque elle aussi d’être longue avec entre autres Wax Taylor et une sélection d’artistes de La Réunion dont les Ziskakan.

Liens utiles :
http://www.myspace.com/cuartopoderhiphop
http://www.myspace.com/oursoursours
http://www.myspace.com/asaofficial 
http://www.luke.com.fr/