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FETE DE L'HUMANITE 2007 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 16 septembre 2007
 

FETE DE L’HUMANITE
PARC DEPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE (93)
15 SEPTEMBRE 2007


http://lesogres.free.fr
http://www.myspace.com/lesogresdebarback
http://www.moussethakim.fr
http://www.like.com.fr
http://www.ayomusic.artistes.universalmusic.fr
http://www.myspace.com/ayosound
http://www.razorlight.co.uk
http://www.myspace.com/razorlight
http://www.iggypop.com
http://www.myspace.com/iggyandthestooges


C’est sans le moindre doute l’événement populaire majeur de chaque rentrée et ce n’est pas pour rien que l’affluence est toujours de mise à la Fête de L’huma, chacun y venant par conviction, pour le fun ou simplement par habitude et tout le monde s’y retrouvant dans la bonne humeur et dans une ambiance qu’il est assez difficile d’imaginer … Au détour de rues rebaptisées pour l’occasion Lucie Aubrac, Sacco et Vanzetti, Rol Tanguy, Che Guevarra ou Nelson Mandela, on y croise parfois les Delanoë, Buffet et autres Hollande et leurs escortes de gardes du corps et de photographes, chacun attirant les badauds ou les laissant au contraire de marbre selon qu’ils soient venus pour entendre la bonne parole ou au contraire simplement pour prendre du bon temps.

Arrivés vers 15 heures suite aux traditionnelles difficultés de circulation aux environs du Parc Départemental de La Courneuve, nous manquerons le début du concert des Ogres de Barback et comme de ce côté les consignes sont fermes et définitives, il n’y aura pas moyen d’aller tirer le portrait du groupe et nous devrons nous contenter de nous régaler de leurs couplets à la fois humanistes et engagés portés par un swing tzigane d’où émergent la flûte et le cajon mais aussi l’accordéon, la scie musicale, la contrebasse et bien évidemment la guitare. Le soleil a du mal à percer mais les chants partisans avec au passage le couplet Zebda et le final Béru sur fond de « Salut à toi » finiront d’apporter une autre chaleur que celle des barbecues qui fonctionnent à plein régime, déversant des effluves de merguez grillée à des kilomètres à la ronde … Le public, séduit par le brio et le talent dont ont fait preuve une fois encore les Ogres, en redemande !

On reste dans l’engagement avec Origines Contrôlées, une des nombreuses ramifications de Zebda et des Motivés conduite par Mouss et Hakim et on retourne avec le groupe vers le Maghreb et vers l’histoire un peu trouble de l’immigration, revisitant au vol les chansons de Mohamed Mazouni comme « Adieu la France, bonjour l’Algérie » ou de Slimane Azem avec « La carte de résidence » et dégustant en rafale une succession de morceaux posés à un juste milieu entre Toulouse et Alger. Le brassage des cultures et des idées fait des étincelles et c’est sur un ton volontairement festif que ces purs produits de l’immigration finissent de séduire un public de plus en plus nombreux, recueillant son aide lorsque des soucis techniques les privent de micro et allant puiser en lui une énergie qui les pousse à être encore meilleurs à chaque fois. Rejoint par le grand Idir pour « Maison Blanche », Origines Contrôlées finira de réveiller le côté berbère qui est sensé sommeiller en chaque individu et c’est non sans avoir rendu un vibrant hommage à Matoub Lounès que le groupe nous quittera après une petite heure de concert bien remplie !

Luke sortait il y a quelques jours un nouvel album et c’est directement sur la grande scène de L’Huma qu’il est venu le porter, jouant quand même la sécurité en assurant une prise de contact avec le public grâce à des hymnes datant de « La tête en arrière » comme « Petite France », « Soledad » ou bien évidemment « La sentinelle » et mettant beaucoup d’énergie dans un rock qu’il considère comme étant en voie de disparition, lui que l’on considère souvent comme le seul véritable successeur de Noir Désir … Le son des guitares se veut puissant et musclé, le chant n’est pas en reste et c’est du grand Luke que l’on découvre en ce début de soirée, tout le groupe s’affichant très solidement soudé et les titres tombant sans le moindre souci, un peu comme si le combo les jouait à la scène depuis toujours. Professionnels et remuants, les Francilliens ont ce soir encore prouvés qu’il fallait compter sur eux pour les années à venir et que leur nouvel album, « Les enfants de Saturne », n’était pas près de les éloigner de la réalité tant ils avaient les pieds bien ancrés sur « La terre ferme » !

Elle fêtait il y a un an son anniversaire devant 350 personnes dans un club, au lendemain d’avoir soufflé ses 27 bougies elle s’offre cette année L’Huma avec au bas mot 60.000 personnes à cette heure de la soirée ! Ayo a fait une percée monumentale et ce n’est pas sans raison tant sa musique et son feeling sont hautement communicatifs. Née en Allemagne d’un père Nigérian et d’une mère Rom, la jeune métisse se paie le luxe de s’adresser à son public en Français et lui chuchote à l’oreille des mots d’une infinie douceur. Heureuse d’être là pour ce qu’elle considère comme étant une grande cause, elle va vivre ses morceaux une fois encore à plus de 200% et les prêcher plus qu’elle ne les joue à un public sous le charme, prenant et reposant sa guitare au gré des titres et déclenchant la clameur générale lors des premières notes de l’hymne « Down On My Knees » pour ne plus ensuite la laisser retomber tout au long de l’heure de musique entre soul, world et folk qui lui est accordée. Dernier îlot de délicatesse de la journée, Ayo aura réussi le pari de convaincre jusqu’à ceux qui ne la connaissaient pas et qui n’étaient là que pour la suite de la soirée …

Les lumières commencent à s’allumer et la poussière, toujours omniprésente devant la grande scène, vole de plus en plus à l’arrivée d’un public qui joue des coudes pour se positionner idéalement devant la scène … La jauge monte et on en est à 70.000 personnes pour le show des Razorlight, nouvelle coqueluche britannique qui déferle sur la France en même temps que les germaniques Tokio Hotel et autres formations néo-punks acidulées et savamment pomponnées pour briller devant les caméras … Si le groupe joue plutôt bien et semble y prendre au moins autant de plaisir que son public, on remarque très vite que les compositions se ressemblent autant qu’elles se suivent et s’il n’y avait pas la cover du « Je suis venu te dire que je m’en vais » de Gainsbourg pour habiller un peu l’ensemble, on aurait tôt fait de s’ennuyer à cent sous de l’heure. La sécurité, sur les dents devant l’arrivée des slameurs, se permet de faire un impair sur une de nos collègues photographes, le seul de la soirée mais ça ne l’excuse en rien, la bouscule sans le moindre ménagement et tout le monde se retrouve très vite sur le coin de scène où les VIP se pressent et finissent d’encombrer un espace de travail considérablement réduit cette année …

On passe à 80.000 personnes pour l’arrivée d’Iggy & The Stooges et c’est Philippe Manœuvre lui-même qui se charge de venir les présenter, saluant au passage José Arthur qui vient de raccrocher le micro et L’Huma qui nous a offert tant de concerts de rock depuis tant d’années … Place à la légende, c’est un iguane tendu à bloc et comme à son habitude affamé qui va venir bondir tel un dératé sur la scène et l’arpenter de long en large, multipliant les poses suggestives et enchaînant les hymnes à une vitesse folle, les « 1969 » et autres « I Wanna Be Your Dog » n’en finissant plus de résonner dans le public et les Ron Asheton, Dave Alexander et Scott Asheton donnant à leur tour tout le jus qui est en eux pour que le punk rock des Fucking Stooges soit à son sommet ce soir ! Parti à l’assaut des amplis, chevauchant les fils des micros et s’en allant même à deux reprises en une heure à la rencontre de son public, Iggy contribuera à faire de cet ultime concert de la tournée des Stooges retransmis en direct sur les ondes de France Inter un des grands moments de l’histoire du groupe que Manœuvre qualifiera lui-même quelques instants plus tard d’anthologie … Autant dire que L’Huma nous a offert ce soir quelque chose d’irremplaçable !

Un dernier tour à travers les stands devant lesquels les poubelles débordent et où la bière coule à flots, un coup d’œil aux guinguettes et autres caf’conc’ où le blues rejoint le jazz et où le rock flirte avec le musette et il est temps de rejoindre les parkings et l’autoroute. Demain, ce sont Renaud et West Side Story qui clôtureront cette Fête de L’Huma, hier c’est Johnny Clegg, John Buttler Trio et Olivia Ruiz qui l’avaient commencée … La diversité et le mélange étaient une fois encore au rendez-vous cette année !

Fred Delforge – septembre 2007