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FESTIVAL D'ILE DE FRANCE - UN CARNAVAL EN LOUISIANE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 09 septembre 2007
 

Festival d’Ile de France – Un Carnaval en Louisiane
Parc du Château de Villarceaux (95)
Le 9 septembre 2007

http://www.fidf.fr

Commencée depuis le début du week-end, cette nouvelle édition du Festival d’Ile de France fait escale en ce dimanche chaud mais pas franchement ensoleillé dans le Parc du Château de Villarceaux, un des endroits les plus charmants de ce petit coin de Vexin où il fait bon pique-niquer en attendant le début des concerts … Il y a là nombre de spectateurs et on y reconnaît quelques figures emblématiques du blues en France, de René Malines à Jacques Perrin, mais aussi une petite cinquantaine de membres de Blues sur Seine ayant fait le court déplacement pour ne pas manquer une bouchée d’une journée qui promet d’être intense !

Répartis dans sept endroits stratégiques du parc, les groupes vont s’adonner pour la plupart à deux ou trois sets étalés dans le temps, laissant ainsi au public la possibilité de découvrir une jolie brochette de musique made in New Orleans et de profiter des diversités musicales de chacun. On pouvait ainsi en cette journée placée sous le signe de la francophonie et aussi un peu de l’Acadie découvrir de la musique cajun, du jazz, du gospel, du zydeco …

Rythmée par le Mahogany Brass Band et son gros rythme qui déambule dans les allées, la journée commencera en fanfare et nous conduira du Manoir de Ninon jusqu’à l’Ile aux Grenouilles où se produisent les Pine Leaf Boys à peines arrivés de Roissy en raison d’un retard d’avion. Un violon et un mandoléon pour accentuer le côté festif et c’est parti pour les premiers pas de danse que s’accordent les plus hardis, les autres suivant très vite et secouant des épaules et du bassin au son de la musique de ces cajuns qui s’expriment dans un Français chantant et coloré.

Quelques minutes plus tard, ce sont Tori Robinson & The Vintage Jazzmen parmi lesquels on reconnaît Dan Vernhettes à la trompette et Guillaume Nouaux à la batterie qui viendront nous proposer leur jazz New Orleans fortement teinté de gospel et nous séduire avec une musique pleine de classe qui nous ramène à grandes enjambées vers un bon vieux jazz d’avant guerre ! En costume blanc, le groupe contraste de façon très intéressante avec une chanteuse zébrée qui communie au plus juste avec une équipe de musiciens irréprochable et techniquement au top ! Un grand moment …

On part ensuite à l’assaut des Vertugadins pour y retrouver Dr. Michael White, le brillant clarinettiste venu du Doc Paulin’s Brass Band, et on se prend avec beaucoup de délicatesse un bon jazz teinté de blues où le banjo se marrie avec la trompette et où le chant et la contrebasse font beaucoup plus qu’accompagner un maître de cérémonie qui distille une musique à la fois soft, classe et populaire. Un sacré bonhomme !  

Encore quelques ascensions et on rejoint le Château du Haut où le zydeco est à l’honneur avec Jeffery Broussard & The Creole Cowboys. Dans le plus pur style rendu célèbre par Clifton Chénier, l’accordéoniste tirera parti du washboard et du violon pour donner du corps à sa musique et c’est devant un parterre de fans unanimement séduits que cet artiste novateur nous imposera sa propre vision du genre, c'est-à-dire avec une grosse dose de rhythm’n’blues dedans ! Difficile d’y résister et là aussi, ils sont de plus en plus nombreux à battre le pavé avec leurs semelles …

Praline Gay-Para nous accueille ensuite dans l’Orangerie pour nous y conter quelques histoires populaires bourrées d’humour que son acolyte contrebassiste ponctue de notes toujours très bien choisies. De fables écologiques et contes traditionnels où il est question d’esclavage et de droits de l’homme mais aussi de sorcellerie, la conteuse captivera petits et grands tout au long de petits spectacles ne dépassant jamais la trentaine de minutes, c'est-à-dire suffisamment pour marquer les esprits et trop peu pour que le public ne se lasse … Très bonne idée ! 

Le temps de redescendre vers la Grange et on assiste au show de Linnzi Zaorski & Delta Royale, une prestation où la blonde chanteuse au look rétro et aux faux airs de Marylin Monroe va nous faire profiter d’une voix jubilatoire, le tout sur fond de jazz d’entre deux guerres avec son lot de saxos et de trompettes ! Séduisante et magistrale, Linnzi Zaorski aura vite fait de se mettre le public dans la poche tout au long d’un set marqué par les allées et venues d’un public qui apprécie plus, et à juste titre, le son de l’extérieur que celui de l’intérieur de la Grange où la résonance est insupportable …

Il suffit de longer le lac pour rejoindre le Miroir de Ninon et y découvrir Bélisaire, une formation hexagonale devenue experte pour ce qui est de jouer de la musique cajun ! Un maître de danse dans le public conduit le ballet tandis que sur scène l’accordéon, le violon, le tit’fer et le washboard s’accordent les uns aux autres de façon très juste, donnant des fourmis dans les jambes avec des valses, des two-steps et des traditionnels très dansants. Entre Louisiane et Acadie, c’est toute l’Amérique francophone qui défile devant nos yeux !

A 17 heures précises, c’est enfin le band de Manu Dibango qui investit la grande scène du Potager pour y rendre hommage à Sydney Bechet au travers d’un set d’une heure où le saxophoniste et ses complices vont interpréter les plus grands succès de la légende avec moult vibraphones, tubas, percussions et claviers. On se laissera emporter au rythme de « Dans les rues d’Antibes », « Georgia Cabin », « Si tu vois ma mère » et autres « Do You Know » ou « Petite fleur » revus et adaptés à la sauce créole du saxophoniste camerounais et on succombera sans la moindre retenue au charme d’un artiste complet et communicatif qui présente et explique chacun des morceaux qu’il interprète, prévoyant une petite anecdote ou un simple clin d’œil pour chacun d’eux ! Rejoint par Kristel Dobat au chant sur quelques titres, c’est sous un soleil qui a enfin fait sa véritable apparition que Manu Dibango scellera le sort d’une journée en tous points réussie !

Les familles, venues nombreuses, regagnent tranquillement leurs pénates à une heure décente pour les plus jeunes et c’est tout le public qui semble satisfait d’un très bon moment dédié à une ville qui, deux ans après le passage de l’Ouragan Katrina, n’a pas fini de panser ses blessures … Les stands distribuent prospectus et autres documents invitant les touristes à se rendre à New Orleans pour donner à ses habitants l’envie de renaître et de retrouver leurs anciennes activités ! C’est aussi ça l’éthique du Festival d’Ile de France, une véritable volonté d’ouvrir les yeux du public vers l’extérieur … A bon entendeur !

Fred Delforge – septembre 2007