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NINA VAN HORN & FRED CHAPELLIER pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 26 août 2007
 

NINA VAN HORN & FRED CHAPELLIER
CANADIAN & US TOUR - AUGUST 2007

 

http://www.ninavanhorn.com
http://www.myspace.com/ninavanhorncom
http://www.fred-chapellier.com/
http://www.myspace.com/fredchapellier  

Quand Nina Van Horn a commencé à nous raconter son passage sur le continent américain en ce mois d’août 2007 climatiquement catastrophique (du moins dans l’hexagone parce que là bas !!!), on s’est dit que ça serait bien d’en faire un joli petit récit et de le partager avec tout le monde … Rien que pour réchauffer un peu les lecteurs d’une part et pour leur donner une grosse envie de traîner leurs guêtres dans ce coin du globe dans les mois ou les années à venir ! Voilà donc le résultat, à toi le micro Nina …
 

Nous voilà donc de retour Fred Chapellier et moi, la tête et les oreilles pleines de Blues et de moments forts dont il est encore trop tôt pour dire lesquels se fixeront à jamais dans nos mémoires …

MONTREAL FESTIBLUES !

D’abord le FestiBlues de Montréal, la rencontre avec Nanette Workman, charmante et drôle, qui demande à tout son crew de me faire une balance, l’équipe de TV5 Canada et son matos de fou, pour un show sur la grande scène Loto Québec … devant 15000 personnes ! Des musiciens impeccables (qui m’ont tous donné leur carte !) et un immense regret de devoir quitter la scène après seulement deux titres !!… Mais fière d’avoir dignement représenté un peu du Blues français… Pas seulement « French in Bed » la Nina ce jour-là ! Mission accomplie, j’ai tout cassé et ils ont adoré ! Ajouter à tout cela des rencontres vocales avec Kim Richardson (sublime) et Dawn Tyler Watson (irréel duo !) et une bonne couche de savoir recevoir de nos cousins Canadiens … Parce que les Français « Y z’ont la mèche courte ! ». Un pur bonheur pour Fred et moi-même !

La joie aussi de retrouver à Montréal notre Agent et Président de la West Michigan Blues Society …

DIRECTION GRAND RAPIDS, MICHIGAN …

Juste le temps de traîner sur St Denis et de voir quelques clubs (son à donf ! pas de problème de voisinage au Québec !) et nous voici embarqués en voiture pour un périple de 14 heures jusqu’à Grand Rapids, Michigan … Un long arrêt à la douane US où même les US Citizens passent un par un, présentent 3 pièces d’identité différentes … Cà rigole pas chez Bushland : prise d’empreinte … souriez, le petit birdie va sortir ! Mon interviewer/douanier ne me demande pas d’autographe ! Il s’appelle Simon et sa chemise est bien repassée, moi j’ai les cheveux en bataille, je ne sais plus trop comment je m’appelle et Fred ne ressemble à rien … Jet lag + miles avalés !

Cà y est, on est reparti, je demande à arrêter dans un truc stop et j’embrasse le sol US devant un truck garé ce qui provoquera le rire incontrôlé de Fred à chaque fois qu’il verra la photo ! Voyez vous-même … M’en fout, même pas mal, j’en avais envie depuis longtemps ! Nous arrivons vers 4.30 du matin à Grand Rapids, accueil chaleureux dans ce quartier middle class de la ville … Des écureuils partout dans les backyards mais aussi un tas de junk parfois … Partout des panneaux de protest anti-guerre, une façon simple d’afficher ses opinions … Toute l’Amérique que j'aime !

Et puis une grande rencontre, la première, et de taille : la visite de Donald Kinsey himself qui a entendu parler de notre venue au Billy’s … Un tas d’anecdotes sur Bob Marley et d’autres, quelques whiskey plus tard, on jamme sur la banquette dans la fraîcheur du ventilo au plafond et il promets de revenir samedi au Billy’s !

Le lendemain c’est visite du Billy’s et répétitions avec les musiciens qui vont m’accompagner, j’ai hâte d’y être et Fred aussi ! D’abord mon affiche sur la vitrine du club, ici on joue du Blues tous les soirs avec un band différent, de Chicago (à 3 heures de highway) ou d’ailleurs … Pas le genre de public à tromper …

Ouf ! la répet s’est bien passée, grand studio et bon son, les musiciens sont de Detroit, Jersey et Nashville, réunis pour la circonstance, ils connaissent tous les morceaux et on fait juste un filage pour samedi ! Merci Butch Lester, Matt Pellogram et Tom, good start !

SWEET HOME … CHICAGO !

Le lendemain ? en route pour Chicago ! La Highway longe les groupes miniers des aciéries de l’Illinois et les fumées à travers le pont métallique me rapprochent des Blues Brothers, des noms familiers me ramènent à l’époque où j’ai tourné dans ces états mais, dans mes souvenirs, le pont n’était pas recouvert d’asphalte et le bruit métallique me manque !

Chicago ! on débarque au Legend’s au coin de Wabash Av., on se gare dans un parking à l’arrière du club auprès duquel passe en hauteur le métro qui faisait tant trembler la chambre de Jack … On ne s’entend plus et c’est super !

On a rendez-vous avec Mr Buddie Guy en personne qui a accepté de recevoir en privé ces « Français qui font du Blues » … Fred a sa guitare qui chauffe et hallucine devant une copie de la demande officielle pour l’entrée au Rock & Roll Hall of Fame signée par Clapton, BB King, Stevie Wonder et bien d’autres ! On rencontre le maître, c’est son 71ème anniversaire et l’homme en paraît 60, je lui demande quel est son secret et il se marre ! On est invité dans le carré VIP avec sa mère et tout le clan débarqué là pour le Birthday de Buddy ! Les tables sont pleines depuis 18h et çà joue grave sur scène ! Tout le monde attend Buddy mais le maître est fatigué ce soir et nous nous contentons d’une jam entre 2 morceaux …

Buddy Guy me regarde comme pour dire « vas-y Girl, montre leur … » et on passe une gratte à Fred, les clients se taisent et tâchent de saisir l'inspiration du Maître des lieux qui nous éclaire comme brille notre plaisir de jouer et chanter avec Buddy, en totale improvisation … Buddy repose sa guitare, reprend son verre … La magie vient de passer on Wabash Avenue !

Direction le Kingston Mines où c’est Joanna Connor qui nous attend avec son band ! Changement de décors, deux salles contiguës où alternent deux groupes par set d’une heure ! Un Blues Chicago contre un Blues Rock détonnant, le public habitué change de salle au fur et à mesure … Le Patron trône le long du bar dans une chaise haute et quand je lui demande si je peux fumer, il me répond avec une voix rocailleuse : « il est pas encore venu le temps où l’on cessera de fumer au Kingston ! ». Il me présente en disant : « puisque Bush a instauré de dire Freedom Fries au lieu de French Fries , devrait-il m’appeler Freedom Blues Sister ? ». On attaque un « Stormy Monday » qui rameute tous les gens restant dans l’autre salle et Joanna nous gratifie d’un solo de slide avec l’énergie qui la caractérise !

Il n’y a qu’à traverser la rue pour entrer dans le plus vieux juke joint de la ville, on aperçoit l’enseigne jaunâtre du Blues Club et la musique de  Willie Davis qui s’en échappe avec un saxo de folie qui joue à même le sol du club faute de place, mais quel talent ! Willie nous invite à prendre un verre, nous fourgue son CD (ils font tous çà, du genre : "bonjour, merci du compliment … on a des CD à vendre !") mais on discute aussi pas mal de la situation des musiciens ici à Chicago … La concurrence est rude et çà joue partout !

Rencontre aussi avec Henry Berry et sa femme Juanita, 2 MySpaciens et un parcours incroyable qui en a fait mon ami au fil des mails … Henry est un blanc qui a grandi dans une ferme au Mississippi … Enfant, il  ramassait le coton et a appris tout seul la guitare comme les Blacks du cru. Une mine d’or !

Il nous parle d’un autre club pas très loin qui vaut le détour, le Underworld Bar où l’on arrive pour quelques morceaux finaux de Rhythm’n Blues … A noter un petit autel dédié à Janis Joplin avec rideau de perles, bougies et petites photos un peu passées de Janis en train de chanter sur la piste exiguë au bout du bar ! Ici on n’oublie pas la Dame et même les Noirs présents lui rendent hommage !
 
Il est tard, nous avons des lunettes noires, un demi-gallon de gaz et Henry nous sauve en nous invitant à rester la nuit chez lui à Chicago ! Muse of Blues thanks you ! On a droit à la visite des nombreuses guitares acoustiques que collectionne Henry et tout le monde se couche comme il peut, la tête pleine de musique …

BACK TO DETROIT & GRAND RAPIDS

Retour à Detroit pour un concert privé devant la Detroit Blues Society réunis en trio avec My Man Butch au piano et Fred Chapellier ! Un grand moment avec une approche toute personnelle de Butch de « Malika », sans rythmique mais toute en atmosphère qui me surprend et me ravit ! Le public s’éclate et nous le dit, nous voilà rassurés pour le show de samedi au Billy’s !

Lendemain, réveil avec une des nombreuses radios Blues que l’on trouve aussitôt tourné le bouton ! Susan nous prépare un petit dej de folie avec pommes de terre rôties, bacon, œufs … La vie est belle ! On va chercher ma copine du Texas, Mikki, rescapée du cyclone Katrina avec sa copine et leur chien qui ont survécus cinq jours dans un petit bateau en plastique par des vents de 140 km/heure. Elle a été rapatriée au Texas , a rencontré une solidarité exemplaire : son Boss lui a trouvé une maison et une voiture comme çà, gratuit, (il l’appellera d’ailleurs pour savoir si elle est bien arrivée au Michigan ! Un mec en or) … Son amie ne gagnera pas son combat contre la maladie et j’ai invité Mikki à me rejoindre pour le week-end pour qu’elle se change un peu les idées … Touchée par mon titre « Good Bye New Orleans » elle est devenue mon amie et ma fan n°1 !
 
C’est le jour du gig en Ontario, à Windsor, de l’autre côté du fleuve, en face de Detroit … Une ville frontalière où les casinos fleurissent et les clubs aussi ! Le Windsor Star distille une demi-page sur nous et confirme notre french touch dans tout l'Ontario et jusqu'à Vancouver !
 
Le Filmore East nous attends, 67 dollars l’entrée avec un menu Français pour l’occasion et un menu Nina Van Horn (5 plats svp, ya à bouffer sur la Nina !). Le Patron Italien est ravi que je lui parle dans sa langue d’origine et il m’informe qu’il ne faut pas que je sois choquée si les gens continuent à manger pendant que je chante !!! Il y a une excellente chanteuse de Jazz qui officie en première partie avec son pianiste et çà sent le collier de perle et les costards à 3000 dollars sur fonds de sommelier français ! (j’ai envie de commander des crevettes et de racheter les petits enfants où de monter sur les tables en enfilades en chantant « I Got My Hair » !

Viens mon tour, je suis une curiosité et les regards retouchés de ces dames me dévisagent : « elle est comment la petite française ?, …hum, pas mal le lover français à la guitare ! ». On attaque de front avec Fred et Butch et après quelques hésitations, je vois les fourchettes retomber dans les assiettes et la mousse de champagne au coulis de fruits rouges s’écrouler dans les coupelles de cristal ! Le Blues a le dessus (du panier !) et ces anglophones apprécient particulièrement « Huntsville » et « Good Bye New Orleans », je vends plus de CD là que partout ailleurs, parfois plusieurs comme à ces flambeurs débarqués à Windsor avec des Barbies pour un week-end chaud et une liasse de billets de 100 dollars US ! On déguste le seul repas complet de la tournée et tout le monde est au petit soin pour nous !
 
Le lendemain, direction Grand Rapids pour un rendez-vous avec une Radio Blues du Michigan. Il pleut et Felix nous annonce que c’est mieux car les gens ne seront pas tentés de rester chez eux ! La radio martèle mon arrivée imminente dans les locaux et Gary Moore succède à Stevie Ray sur les ondes ….On me drive jusqu’au studio et John nous reçoit avec convivialité et curiosité ! Il passe en revue presque tous les titres, s’attarde sur Huntsville et aborde le sujet des exécutions aux USA, puis me demande pourquoi le titre « French In Bed » en me faisant signe d’y aller mollo sur les explications dans cette ville fondée par des Calvinistes Hollandais … Je comprend vite qu’on ne peut pas parler de tout ! L’émission continuera à passer des titres du cd toute la soirée jusqu’à 23h, çà c’est de la promotion de concert !

BILLY’S ... GOT A GUN !

Direction le Billy’s, c’est déjà l’heure du gig, on fait un line check (çà joue tous les jours alors l’ingé-son, il connaît sa salle), je me change dans le bureau du Boss près de la clim qui ronfle et dans une moiteur collante … La salle est pleine et c’est parti pour un premier set d’une heure. Le public est là en nombre et toutes les tables sont prises ! Je les scotche en quelques tunes, Fred rajoute une couche de guitare à sa façon et le public se détend, certain qu’il va passer un bon moment, puis commence à danser dans la plus pure tradition de Chicago en applaudissant fort à la fin de chaque morceau ! « Si çà groove, on danse, si on reste assis alors on cause et c’est foutu pour le band » nous dira t on plus tard … Felix nous confirme que si çà ne leur plaît pas, ils se barrent dans les autres Clubs de Grand Rapids au deuxième set ! Tout le monde reste et les accros du grand bar qui traverse la salle se rapprochent … Je rencontre trois personnes de MySpace venues spécialement du Nord du Michigan et de Chicago pour me voir ! Un truc vraiment sympa ce MySpace !

Cerise sur le gâteau, Donald Kinsey vient bœuffer sur un shuffle d’anthologie avec son batteur et un mexicain, Thomas Espreza, nous rejoint sur scène pour un « Hoochie Coochie Man » de haut vol … Ils restent avec nous pour la fin du dernier set et fleurissent de leurs interventions les derniers morceaux ! Tout le monde danse et chante …

C’est fini ! On vend une kyrielle de CD et on signe tout ce qui bouge, des t-shirts, des papiers divers, des affiches et on se charge de plein de n° de tel, adresses diverses et contacts de musiciens qui veulent tous jouer avec nous dans la prochaine tournée !!!

Le Président de la Blues Society est aux anges et très fier de nous avoir montrés à son public ! Mission accomplie et dans le bonheur ! Cà a l’air un peu grosse tête mais c’est le sentiment qui prédomine dans nos têtes à Fred et à moi-même ! Pas de complexe, que du bonheur ! On a vu la light, on en redemande ! Don Kinsey veut discuter avec Aligator Records pour me faire mon prochain cd et une tournée en double bill, Fred en redemande !
 
MEME LES PLUS BELLES HISTOIRES ONT UNE FIN …

A peine le temps d’un Jack D bien mérité et nous nous engouffrons dans le humer noir pour un dernier ride jusqu’à Toronto ! On sèchera et on mangera en route … On n’a rien bouffé depuis le petit dej copieux du matin et je veux me faire un dernier donut nappage chocolat trempé dans le café insipide dont on peut boire un litre avant de s’énerver !
 
Dans le dernier truck stop avant la frontière, on achète à la hâte les petits souvenirs, porte clés et autre babioles. A la duty shop, le caissier me demande si je « pratique » en montrant ma petite sorcière en argent qui vole à mon cou depuis longtemps ! Il a l’air sérieux et m’explique qu’après l’affaire de Salem, de nombreux sorciers et sorcières s’étaient réfugiés au Canada en Ontario et qu’ils forment toujours une communauté bien vivante !!! Got My Mojo Walking Man !!
 
7 Heures plus tard nous arrivons à l’aéroport de Toronto et nous nous écroulons pendant le vol pour une petite heure réparatrice mais si courte ! Nous sommes à Montréal mais le vol pour Paris n’est que le soir et nous voilà bloqués à errer dans un état second … Nous restons cinq heures devant un coca et c’est le cul au carré que nous pénétrons dans l’avion de nuit qui va nous arracher à ce continent qui nous a si bien accueillis !

L’arrivée sur Paris est sans surprise … Le même temps gris et pluvieux du départ nous ramène sur Terre et c’est la tête et le cœur pleins de souvenirs chauds que nous nous séparons dans un grand éclat de fou rire déclanché par la fatigue tellement on ne ressemble à rien !

Merci Monsieur Fred Chapellier … Vous en êtes un autre ! A très bientôt pour de nouvelles aventures mais je voulais tellement partager tout cela avec vous ! Keep The Blues Alive Pals !
 
Nina Van Horn - Fred Chapellier – Août 2007