Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil arrow JORDAN RUDESS

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

JORDAN RUDESS pdf print E-mail
Ecrit par Mike Rochette  
mercredi, 22 août 2007
 

JORDAN RUDESS - « The Road Home » - (Québec le 16 août 2007)

 

A l’aube de la sortie de « The Road Home », le nouvel solo album du claviériste Jordan Rudess, l’occasion nous a été donnée de lui poser nos questions exclusives quelques instants avant son concert avec Dream Theater sur le site d'Expocité à Québec … D’où l’avantage d’avoir des correspondants Outre-Atlantique puisque il faudra encore attendre un petit moment avant de le retrouver en France ! C’est donc Mike Rochette qui s’y est collé et à en croire sa réaction, l’échange a été particulièrement réussi. Le tout sous l’oeil expert et avisé de sa charmante compagne Marie Jacques qui nous gratifie de quelques clichés dont elle a le secret …

La sortie de votre nouvel album solo « The Road Home » est prévue pour septembre 2007. Pouvez nous exprimer vos sentiments quant au travail effectué avec d’autres grands musiciens et amis ? Comment cela s’est-il déroulé ?

JR : Ce fut un grand plaisir de faire cet album puisqu’il s’agissait de reprendre quelques-unes de mes pièces préférées, des pièces qui ont probablement eu plus d’influence sur ma vie que ma formation classique de base. À la fin de mes études au « Juilliard School of Music », j’ai découvert des groupes tels que Genesis, Yes, Gentle Giant, Emerson, Lake & Palmer et j’ai été estomaqué par le son de ces groupes progressifs. C’est grâce à ces derniers que j’ai découvert un volet créateur de ma personnalité et aujourd’hui lorsque l’on me demande quel est mon genre de musique préféré, je réponds immédiatement par Yes, Genesis, ELP et Gentle Giant. Évidemment, il y a aussi Dream Theater qui est basé essentiellement sur le progressif aussi bien que le métal. D’ailleurs, les autres membres du groupe ont aussi les mêmes influences que moi avec probablement quelques variantes au niveau des groupes préférés toutefois. Pour revenir à l’album, à la base il y a Rod Morgenstein à la batterie et moi. Il n’y a pas de guitare basse car je m’en charge aux claviers donc seulement des invités pour les voix et les différents soli de guitares ce qui est une très importante contribution au succès de l’album.

Pouvez-vous nous donner une idée du processus de sélection des 4 pièces de l’album (« Dance On A Volcano » de Genesis, « Sound Chaser » de Yes, « Just The Same » de Gentle Giant, « Tarkus » de ELP) si l’on exclut votre composition originale « Piece Of The π » et l’excellent « JR Piano Medley » qui regroupe « Supper’s Ready » de Genesis, « I Talk To The Wind » de King Crimson et « And You And I » de Yes ?

JR : En fait, ce sont quelques pièces de tout l’ensemble de la musique progressive qui m’ont le plus influencé et touché émotionnellement. Étant donné la longueur des pièces, la sélection finale a été très difficile.  Par exemple, la pièce « Tarkus » de Emerson, Lake & Palmer se devait d’être sur l’album. Cette pièce est l’élément qui m’a amené jusqu’où je suis aujourd’hui. C’est grâce à « Tarkus » que je me suis intéressé sérieusement aux instruments électroniques pour m’éloigner du piano classique. Cette pièce ne pouvait être absente de la sélection et d’ailleurs elle est un peu plus longue que la version originale vu les ajouts personnels que j’y ai fait … tout comme sur les autres pièces de l’album.

Est-ce qu’il y a des pièces qui semblent meilleures, lorsque entendues dans le contexte de l’album?

JR : Je ne sais pas, pas vraiment en fait. C’est quand même plaisant de les avoir toutes sur le même album. Ainsi, peu importe la piste où l’on est, il toujours possible de se dire que c’est notre pièce favorite qui tourne. Un de mes objectifs pour l’album était de reprendre de grands classiques et de leur redonner une nouvelle vie.

Un autre objectif est-il de faire connaître ces classiques à une nouvelle génération?

JR : Effectivement, ces jeunes qui suivent Dream Theater se doivent de connaître ces pièces et de savoir d’où proviennent mes influences.

Laquelle des pièces de l’album serait la plus intéressante à être exécutée en spectacle?

JR : Ce serait intéressant de jouer ces pièces en spectacle, mais ce sont de grosses productions « studio » avec plusieurs invités. En fait je ne saurais dire mais « Tarkus » serait assez extraordinaire à exécuter. La reprendre telle que produite en studio nécessiterait plusieurs musiciens sur scène de même que l’utilisation de trames sonores préenregistrées. Je n’ai jamais pensé approcher ces pièces avec l’idée de les faire un jour en spectacle. J’étais beaucoup plus concerné par la qualité et le profil à leur donner pour l’album, à les rendre encore plus agréable à écouter. Si un jour je les fais en spectacle, effectivement ce serait intéressant…

Avez-vous porté une attention particulière à l’ordre des pièces sur l’album, aviez-vous une vue d’ensemble préétablie?

JR : Oui, j’ai porté attention à la sélection des pièces pour que ce soit homogène. J’avais aussi en tête un ordre bien précis que j’ai présenté à Mike (Portnoy) qui est un spécialiste de la chose. Nous en avons discuté, il m’a présenté son ordre à lui … et finalement, convaincu que son choix était le meilleur (rires).

Avez-vous abordé cette production différemment que vos précédentes?

JR : Oui, c’était différent parce c’est un album de reprises. La seule pièce qui est originale (« Piece Of The π ») avait été écrite pour un album de Dream Theater. Nous avions pensé introduire cet extrait mais nos compositions dans le style Dream Theater ne laissaient plus assez de place pour nos performances personnelles. J’ai dit aux autres membres du groupe de ne pas s’en faire que je placerais cet extrait sur un de mes albums … alors il est là.

Est-ce que l’album « The Road Home » est votre meilleur effort personnel?

JR : C’est un album pour lequel j’éprouve beaucoup de fierté sans toutefois en faire un jalon trop important au sein de ma carrière. Tous mes albums ont demandé tellement de travail que celui-ci je pourrais dire que c’en est un de maturité, je l’aime beaucoup.

Qu’attendez-vous de cet album, quelle réponse espérez-vous des amateurs de musique progressive?

JR : Des artisans du milieu de la musique m’ont déjà confirmé qu’ils aimaient le résultat final et ça me fait énormément plaisir. Je pense que les amateurs de musique progressive seront très contents. Ce n’est pas un album inhabituel pour eux et pour plusieurs je souhaite que ce soit le meilleur album de l’année 2007. J’avais aussi un projet très personnel relié à celui-ci qui consistait à obtenir les commentaires d’au moins un des membres des groupes de qui je reprends une pièce. Si vous allez sur www.jordanrudess.com vous serez en mesure de lire les commentaires de Tony Banks (Genesis), Keith Emerson (ELP), Jon Anderson (Yes) et Derek Schulman (Gentle Giant).

Quels sont vos plans de carrière à long terme?

JR : Je continue à faire des albums solo et à travailler avec Dream Theater. Je veux aussi performer plus souvent seul en concert, au piano qui est ma passion originale.

Parlant de concert au piano, si vous aviez à choisir des pièces pour ce faire, quelles seraient-elles?

JR : Quand j’ai fait la première partie de Blackfield, l’autre groupe de Steven Wilson de Porcupine Tree et de son ami Aviv Geffen, j’ai joué les plus mélodieuses pièces (selon moi) du répertoire progressif  qui en fait sans le savoir à cette époque se retrouvent maintenant sur l’album. Je choisirais de nouveau des pièces de la musique progressive.

Comment évaluez-vous la progression de votre style, de votre jeu au cours de votre carrière?

JR : Certainement au même rythme que la technologie parce que je suis très intéressé par toutes les améliorations ou nouvelles possibilités qui touchent le monde de la musique et spécialement les claviers. Je pense que jouer de la musique progressive permet d’utiliser à fond ces nouvelles avancées qui nous sont offertes et surtout d’exprimer toutes sortes de choses ou à tout le moins tenter de le faire.

Parlant de technologie, vous avez découvert le « Continuum » !

JR : Oui, un nouvel outil de travail qui s’appelle le « Haken Audio "fretless keyboard" Continuum » inventé par Lippold Haken (www.hakenaudio.com/Continuum/html) qui habite maintenant en Illinois. Il est un professeur de musique électronique. C’est comme un clavier sans note où tu places tes doigts pour des accords comme pour faire un C-E-G. Tu glisses ensuite tes doigts pour changer le G en A et le E en F ce qui fait que les sons se fondent les uns dans les autres. L’appareil permet aussi de bouger d’avant en arrière ou de gauche à droite et il répond aussi à la pression que tu y mets. C’est un peu comme jouer sur un clavier dans trois dimensions à la fois. Ce n’est pas un instrument qui émet des sons mais plutôt un gestionnaire de ceux-ci qui peuvent provenir d’un instrument que l’on a branché au préalable. J’ai utilisé le « Continuum » sur toutes les pièces de l’album « The Road Home ».


Des experts de la musique progressive avancent que ce genre musical est mort vers la fin des années 70. Êtes-vous d’accord et croyez-vous qu’il y a un regain d’énergie de la musique progressive ces dernières années?

JR : Je pense que la musique progressive n’est jamais vraiment morte. Il y a eu un énorme mouvement à cette époque avec Genesis, Yes, ELP, Pink Floyd et quand ces groupes ont abordé un style plus commercial ils ont délaissé quelque peu la base de la musique progressive qui est d’essayer de nouvelles choses. Un musicien « progressif » doit faire des tentatives, des essais, faire de nouvelles approches de la musique et des instruments, sortir des sentiers battus pour donner à la musique toute l’expansion qu’elle mérite … ce que ne permet pas le volet commercial. Alors il est difficile de dire que la musique progressive ait pu mourir car il y a toujours eu des musiciens qui ont continué de créer et d’explorer toutes les facettes de la musique … C’est ça la musique progressive ! Je crois qu’il y a un certain renouveau ou une certaine réapparition du progressif et Dream Theater ainsi que plusieurs excellents nouveaux groupes en sont responsables.

En terminant, un mot pour les amateurs de musique?

JR : C’est toujours très gratifiant de faire des spectacles pour les personnes qui savent ouvrir leurs horizons musicaux, c’est très motivant. Alors continuez de supporter les créateurs!

Les musiciens aguerris ou les débutants peuvent se rendre sur le www.jroc.us qui est le « On line Conservatory » de Jordan Rudess qui vous ouvre la porte pour des leçons et de multiples exercices.

Interview réalisée par Mike Rochette avant le concert de Dream Theater à Québec - Photos de Marie Jacques

Retrouvez  crhonique de "The Road Home" préparée par Fred Delforge en cliquant [ici]