mercredi, 08 août 2007 FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC) Du 9 au 12 AOUT 2007
Texte de Fred Delforge - Photos de Margaux Delforge, Sophie Davoine et Fred Delforge (sauf mention spéciale)
http://www.festiblues.com
Découvrez en exclusivité deux vidéos du FestiBlues International de Montréal offertes par nos amis du site Le Net Blues : Patrick Verbeke et Bob Harrisson Nina Van Horn et Fred Chapellier
C’est la deuxième année que nous couvrons le FestiBlues International de Montréal et cette édition s’annonce particulièrement exceptionnelle car pour son dixième anniversaire, le festival éclectique du Nord de Montréal a souhaité mettre en avant sa diversité et mettre les petits plats dans les grands en nous proposant une programmation variée au sens large du terme et des moments totalement inédits créés juste pour le public d’Ahuntsic Cartierville ! Autant dire que les retrouvailles avec l’équipe d’organisation mais aussi avec les artistes, le staff technique et les bénévoles ne manquent pas de nous allumer de multiples petites étoiles dans les yeux …
Mardi 7 août 2007 :
Jour J-2 pour ce 10ème FestiBlues International de Montréal et après avoir salué les amis du cru mais aussi nombre de nos compatriotes venus dans le cadre du jumelage avec Blues sur Seine dans les bureaux de la rue Laverdure et dans le Parc Ahuntsic qui commence à prendre forme pour l’évènement, nous retrouvons les invités à la conférence de presse qui réunit à la Maison de la Culture nombre d’artistes et bien évidemment de médias et d’officiels … Une première démonstration de Gumboot donnera le ton général de la manifestation et c’est après avoir savouré l’accent délicieux des divers intervenants venus nous présenter en détail le programme et remercier copieusement les partenaires institutionnels et privés que nous assisterons à la remise du Prix Spécial FestiBlues à la CDEC Ahuntsic Cartierville. Une dernière déclaration forte de Martin Laviolette qui réaffirme que l’on se bouge dans le Nord de la ville et il sera temps de laisser place à la photo de famille avec tous les artistes présents puis à la musique avec Bob Harrisson et Patrick Verbeke réunis pour nous donner un avant goût de ce que sera leur prestation commune dans quelques jours …
Démarré sur une reprise de « Sweet Home Chicago », le mini concert de deux des plus grands représentants des blues québécois et français ne manquera pas de mettre en avant leurs voix éraillées à souhait et leurs jeux de guitare fins et racés … Un passage obligé par « Louise » et Patrick sortira enfin le dobro de 1932 qui vient une nouvelle fois de traverser l’Atlantique à ses côtés pour nous gratifier d’une de ses compos en Français qui séduira inévitablement une assistance dans laquelle on reconnaît quelques grands noms comme Nanette Workman, Guy Bélanger ou encore l’épatant Jim Zeller qui ira associer son harmonica aux deux complices du jour pour un « Got My Mojo Working » qu’ils ont souhaité lui offrir pour son anniversaire !
Consacrée aux diverses interviews par les télés, radios et médias locaux, la fin de la soirée sera couronnée par une prestation donnée à l’arrache en fond de salle par les toujours étonnants Mountain Men venus de France sous les yeux médusés des organisateurs mais aussi des musiciens qui viendront se régaler d’un « When The Saints Go Marching In » partagé entre la guitare de Mat et l’harmonica de Barefoot Iano … Attirée par les sons gracieux produits par ces deux ovnis de la scène française, Nanette Workman viendra même personnellement les saluer et les féliciter ! On ne pouvait mieux commencer ce voyage en terre de blues …
Jeudi 9 août 2007 :
FestiBlues s’ouvre cet après-midi au grand public et c’est après un passage par la zone occupée où l’on remarque diverses structures gonflables mais aussi des stands de maquillage, de dessin et d’activités diverses que nous retrouvons l’équipe technique un peu inquiète puisque quelques problèmes électriques ont un peu de mal à se résoudre … Côté artistique, on s’apprête à recevoir une des stars du Québec et ça s’affaire aussi très fort !
C’est Emmanuelle Julien, une jeune auteur-compositeur de Montréal, qui donnera officiellement les premières notes de cette dixième édition en quartet en prenant le temps qui lui est imparti pour tenter sa chance au concours de la Relève dont un des prix est une bourse de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse pour se rendre en France jouer à Blues-sur-Seine en novembre prochain ! Après un hommage appuyé à Bonnie Raitt avec « Baby I Love You », la chanteuse doublée d’une très bonne guitariste finira de charmer un public encore très épars avec ses propres morceaux qui se tiennent plutôt bien … On la retrouvera dimanche pour la grande finale.
On se tourne maintenant vers la scène Hydro Québec près de laquelle Patrick Verbeke se promène incognito pour y assister au show de The Incinerators et une chose semble évidente : ça va chauffer ce soir ! Venu se produire à Montréal dans le cadre du partenariat avec le Red Bank Jazz & Blues Festival, le quintet du New Jersey va carrément mettre le feu d’entrée de jeu en nous servant un instrumental pas piqué des vers mettant pleinement en valeur tout le talent de son harmoniciste Marco Orozco. Les guitaristes s’en donneront ensuite à cœur joie tout au long d’un set où la voix n’est pas trop mise à l’honneur mais où chacun d’entre eux s’en ira de temps à autres saupoudrer de façon très bien pensée un blues très conventionnel qui, à défaut de les surprendre, comblera les amateurs les plus avertis avec des versions dynamitées de « Mean Old World » ou bien évidemment de l’incontournable « King Bee ». Bourré à la fois de feeling et de technique, le show des Etasuniens aura eu le mérite de bien nous mettre en jambes pour la suite !
Inconnu en France, Eric Lapointe est au Québec une sorte de Johnny Hallyday qui célèbre cette année ses dix ans de carrière, qui attire le public en nombre et qui sait jouer la carte du charme pour mieux convaincre ses fans ! Chauffé à blanc par le présentateur, le Parc Ahuntsic qui aura du attendre une dizaine de minutes l’arrivée de l’icône rock au cœur tendre va très vite se mettre à vibrer au rythme des standards de l’artiste qui oscillent entre rock bien carré, blues-pop guimauve et bon blues envoyé à la perfection par un band où l’on remarque cuivres et claviers et où chacun est parfaitement en place ! Au travers de chansons où il est régulièrement question d’anges et de femmes que l’artiste apprécie beaucoup, Eric Lapointe nous proposera de façon très professionnelle un show glamour et frime où l’on remarquera certains de ses classiques comme « Le Boys Blues Band », « Le Screw », « Coupable » ou « One Hundred Years From Now » et où sa voix et sa guitare seront régulièrement appuyés par une paire de guitaristes qui donne aussi bien dans la rythmique que dans les chorus et par un deuxième chanteur qui apporte un peu de diversité à l’ensemble … Un peu trop show-biz à notre goût, la prestation millimétrée et parfaitement ajustée de ce pilier de la scène rock locale aura eu le mérite de satisfaire un public venu majoritairement pour lui !
On quitte la scène Loto Québec pour aller retrouver trois des plus grands harmonicistes du cru, Carl Tremblay, Jim Zeller et Guy Bélanger, qui vont se livrer ce soir à un spectacle exceptionnel dédié à leur instrument de prédilection sous l’œil avisé de notre ami Felix Ybarra de la West Michigan Blues Society venu spécialement pour ce dixième FestiBlues. Commencé conjointement par les trois prodiges accompagnés de la guitare virevoltante de Carl Dutremble, de la basse de Marc Deschênes et de la batterie de Bingo Deslauriers, le set sera laissé pour un long moment à Carl Tremblay et à son jeu très typé où l’on retrouve ses diverses expériences rock et un très judicieux clin d’œil à Elvis Presley au travers d’un « Hound Dog » digne de figurer dans le top ten des pourtant nombreuses reprises qui en ont précédemment été faites ! Plus blues et plus délicat dans son jeu, Guy Bélanger viendra ensuite déposer une certaine classe sur le concert, glissant même par moment vers un registre plus country, et nous offrira en bonus un moment d’exception en prenant le micro et en chantant de façon magistrale et vibrante un « Sitting On The Dock Of The Bay » qui verra Jim Zeller arriver pour le chorus final. Reprenant le morceau à son compte, le dernier intervenant de la soirée nous assènera très vite un « Goodbye To The Lower East Side » et laissera le show se débrider définitivement au son de son harmonica chromatique avant que tout le monde ne se retrouve sur un standard lancé à grande vitesse par une locomotive particulièrement véloce. Ceux qui ont fait l’erreur de partir avant ce spécial harmonica en seront pour leurs frais car ce fut sans aucune hésitation le moment le plus intense de la soirée !
La fatigue se faisant sentir, on délaissera pour ce soir la Maison de la Culture où se produisaient The Blues Berry Jam en apéritif, K-Led Bâ’Sam en plat de résistance et une jam réunissant tous les artistes de la soirée en dessert. On en fera autant pour les divers bars de la ville où les concerts battaient leur plein tout en se promettant de s’accorder une soirée spéciale pour partir à la découverte de ces concerts plus intimistes que nous avions particulièrement apprécié l’an dernier. La première soirée du FestiBlues a été en tous points une grande réussite dont chacun peut être fier !
Vendredi 10 août 2007 :
La soirée promet d’être belle et après avoir été inondé de soleil et baigné de chaleur, Montréal souffle un peu en ce début de soirée où l’air redevient plus respirable. La zone occupée connaît un réel succès et les plus jeunes y trouvent de quoi s’occuper en attendant le début des concerts du soir tandis que les plus grands écument les stands de souvenirs et de ravitaillement de manière systématique …
On commence ce soir avec Old Fashion Morphine, ce quintet candidat au concours de la Relève dont le nom est tout droit tiré d’une chanson de Jolie Holland et dont le jeu qui se veut vif et séduisant va nous attirer l’oreille non seulement par son harmonica très riche mais aussi par une mise en place musicale quasiment impeccable sur des reprises pas toujours évidentes comme « Gangster Of Love », « Mellow Down Easy », « Walking By Myself » ou bien évidemment « Old Fashion Morphine » pour laquelle l’harmoniciste se paie le luxe de placer son instrument devant un mug pour en modifier les nuances … La deuxième journée commence bien !
Le public arrive tranquillement et on reste devant la scène Loto Québec pour y découvrir un deuxième groupe candidat à la Relève, Milan Boronell Trio, dont le guitariste et leader jouit d’un jeu digne du disciple de B.B. King qu’il est du haut de ses 19 ans dont dix passés à pratiquer l’instrument … Aguicheur sur un premier « I Don’t Need No Doctor », Milan Boronell s’offrira un peu de John Mayall avant de laisser sa guitare aller à de multiples facéties du plus bel effet et de clôturer sa brève mais efficace prestation par des soli individuels peut-être un peu déplacés lors d’un tour préliminaire de concours mais ô combien magnifiquement servis !
Il est temps de se laisser happer par la scène Hydro Québec pour y découvrir le groupe cubain d’origine Elmer Ferrer Band et se laisser bluffer par un autre guitariste virtuose qui a accompagné Sting lors de son passage à Cuba et qui positionne son set du côté d’un certain Jimi Hendrix en en reprenant le feeling bluffant mais en mettant beaucoup de funk autour. Avec un quatrième homme tatoué et polyvalent qui passe allègrement des claviers à la guitare pour durcir le ton quand le rock est de sortie, le groupe varie les plaisirs et nous propose une alternance de styles bien mise en avant par un jeu particulièrement maîtrisé mais parfois un peu trop teintée de celui de ses idoles … On se satisfera toutefois d’une prestation enjouée qui se terminera par une paire de standards où l’on retrouve « Come Together » dans une version accélérée pour commencer et « Voodoo Chile » en mode copie carbone pour le final. Le public, qui commence à se masser en rangs serrés devant la scène Loto Québec voisine, apprécie à sa juste valeur l’énergie mise en œuvre pour faire de ce concert un fort agréable moment !
C’est un des gros morceaux de ce 10ème FestiBlues qui a lieu maintenant et tout le monde l’a bien compris. C’est donc devant un Parc Ahuntsic plein comme un œuf que le show Elvis Blues dédié au trentième anniversaire de la disparition du King va se dérouler et l’organisation ne s’en plaint pas, d’autant que la chaleur de la journée a donné soif et que les bars tournent à plein régime ! Présenté par l’humoriste Alain Dumas, le spectacle démarre avec Martin Fontaine qui a tenu le rôle du légendaire chanteur dans « Elvis Story » et qui nous propose d’entrée de jeu un « Mystery Train » avant de chausser une guitare et de se laisser aller à quelques morceaux parmi lesquels on reconnaît « I’m Evil », l’adaptation du « Hoochie Coochie Man » à la sauce Presley … Alain Dumas revient ensuite nous chanter « Let Me Be Your Teddy Bear » puis c’est Ian Kelly qui s’y colle en acoustique pour une triplette de standards avant que Martin Deschamps ne vienne mettre sa bonne humeur et son talent impressionnant au service de quelques « Heartbreak Hotel », « Suspicious Minds » et autres « Jailhouse Rock » pour lequel Bob Walsh le rejoindra sur le couplet final !
On reste avec Bob Walsh qui en impose avec sa version très personnelle de « Hound Dog » et avec d’autres plus conventionnelles de « Can’t Help Falling In Love », « Tutti Frutti » et « Blue Suede Shoes » puis c’est Elisabeth Blouin-Brathwaite qui quitte son poste de choriste pour devenir chanteuse à part entière et nous en pousser quelques-unes dont notamment un superbe duo passionnel avec Alain Dumas qui ne manquera pas de mettre les sens du public en émoi ! Le lead guitar prend sa place devant le micro pour un « Johnny B Goode » qui ne restera éternellement pas dans les mémoires puis c’est Martin Fontaine qui reprend le rôle d’Elvis et qui nous emmène vers la fin du spectacle avec des adaptations à la sauce King de standards de Ray Charles comme « What’d I Say » ou « I Got A Woman » mais aussi avec un medley incontournable où l’on retrouve « C.C. Rider » et « That’s Allright Mama » … Il fallait bien que ça se termine en feu d’artifice et ce sera fait quand tous les artistes reviendront nous interpréter ensemble « Love Me Tender » puis nous refaire le coup de « That’s Allright Mama » en version débridée pour finir d’asseoir le public ! Les bassins ont eu leur dose de secousses pour la soirée et la reprise de la marche sera difficile …
On terminera cette deuxième journée sur la scène Hydro Québec avec Bob Harrisson et Patrick Verbeke qui attaqueront leur set en duo en attendant que le Bob Harrisson Band dans lequel Bingo Deslauriers qui a assuré tout le show précédent évolue se mette en place et c’est la même prestation que celle donnée lors de la conférence de presse avec entre autres « Sweet Home Chicago » et « Louise » que les deux papis du blues nous proposent … Bob Harrisson se complait ensuite dans l’essence même de la vie et nous offre « What A Wonderful World » avec son groupe pendant que le sieur Verbeke souffle un instant avant de revenir mettre le feu, Telecater en main, sur des hymnes comme « De quoi j’vais m’plaindre aujourd’hui » mais aussi « St James Infirmary » et l’ancêtre du rock, « Rocky Road Blues » ! Bob Harrisson revient à son tour et nous entraîne lentement mais sûrement vers un indispensable « Câline de Blues » qui met le public dans un état second puis ce sont les deux formidables créateurs à la voix caillouteuse qui se lancent de concert dans une version de « Si tu as mal le blues te fait du bien » qui n’en finit plus et qui vire carrément au « Got My Mojo Working » au grand dam des organisateurs qui sont déjà dans le rouge au niveau du dépassement d’horaire … La complicité naissante entre Patrick Verbeke et Bob Harrisson soutenue par un groupe remarquable a fait des heureux dans le public mais aussi sur scène et le manque notoire de répétitions a largement été compensé par la somme des immenses talents réunis ce soir sur scène ! On n’est pas prêt d’oublier ce show …
On délaisse une fois de plus la Maison de la Culture où nos frenchys Nina Van Horn et Fred Chapellier mènent la danse pour aller satisfaire à un besoin naturel de repos après une journée qui a une fois encore été épuisante mais absolument fabuleuse. La barre a été posée très haute mais à n’en point douter, les deux journées à venir devraient encore franchir des sommets et battre des records !
Samedi 11 août 2007 :
On commence une longue journée de festival avec les Mountain Men qui se produisent en acoustique sur la zone occupée et c’est un véritable moment de bonheur que Mat et Barefoot Iano nous offrent en revisitant les standards du blues à leur manière, c'est-à-dire en mélangeant un jeu de guitare vif et une voix caverneuse avec un harmonica d’une beauté infinie ! Le public, s’il n’est pas très nombreux, apprécie comme il se doit la prestation de ce groupe tout droit issu du Tremplin Blues-sur-Seine et repart en grande majorité avec un exemplaire de l’excellent album de ces deux superbes artistes basés dans les Alpes.
Nina Van Horn et Fred Chapellier qui faisaient leur soundcheck au loin nous rejoignent pour le déjeuner et nous avons ainsi tout le loisir de partager de bons moments avec des musiciens d’exception en attendant que la journée passe entre interviews, concerts de punk-rock et diverses activités physiques ou manuelles. La clinique d’harmonica proposée par Barefoot Iano accueille une vingtaine d’apprentis musiciens et si seulement trois d’entre eux iront jusqu’au bout d’un cours où l’artiste australien leur apprend à faire des sons de train, de vache, d’âne ou de téléphone, ils se verront récompensés par les félicitations de leur professeur qui leur remettra en cadeau un des superbes étuis qu’il fabrique personnellement pour ranger leur tout nouvel instrument !
On ne tarde pas à retrouver Clio & The Blueshighway, le quatrième groupe finaliste de la Relève FestiBlues conduit par une superbe chanteuse à la peau d’ébène originaire de Brooklyn qui s’accompagne d’une formation parfaitement en place pour nous en mettre plein les yeux et plein les oreilles avec un cocktail de bon blues bourré de nuances et de subtilités ! Ceux qui auront osé affronter les rayons du soleil encore puissants en ce début de soirée en seront quittes pour avoir gagné un très bon moment de musique offert par une artiste d’envergure et par son groupe qui nous offriront en fin de set une très agréable version de « Spoonful ».
Le temps de retrouver Brian Slack mais aussi Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers venus nous saluer sur la pelouse du Parc Ahuntsic et nous partons sans trop tarder vers la scène Hydro Québec assister à la prestation de K-Led Bâ’Sam, le groupe lauréat du Prix FestiBlues lors du dernier Tremplin Blues-sur-Seine venu se produire en Nouvelle France grâce au soutien financier de l’Office Franco Québécois pour la jeunesse. Rompu à l’exercice de la scène, le guitariste et son groupe n’auront pas de mal à attirer le public vers eux en lui servant une très belle prestation qui en appelle à un Chicago Blues de très belle envergure et à nombre d’hymnes que l’on retrouve sur l’excellent album « Nothin’ But The Blues ». Un peu tendu en début de concert, le groupe finira par trouver définitivement ses marques et nous offrira une fin de set époustouflante qui, si elle souffre d’un son un peu brouillon où la basse et la batterie sont mis trop en avant au détriment de la guitare du virtuose, nous confirmera que K-Led Bâ’Sam conduit bel et bien un combo d’exception et que non seulement son frontman mais aussi chacune des individualités qui l’accompagne est taillé dans l’étoffe dont on fait les plus grands bluesmen !
Les caméras de TV5 s’activent, le représentant de la firme Simplex nous chante un boniment spécialement créé pour les 10 ans du FestiBlues et les 100 ans de la marque et l’équipe technique entre en ébullition pour accueillir sur la scène Loto Québec le show Simplement Blues, une création originale conduite par un des plus grands noms de la scène internationale, Nanette Workman, qui a eu carte blanche pour convier à ses côtés ses amis musiciens du cru mais aussi quelques artistes Français … Après seulement quelques titres, l’œil de la grande dame est attiré par la Mamie Blues locale, Cécile, une dame de près de 90 printemps qui danse chaque année au son des concerts du FestiBlues et qui vit sa passion musicale de façon entière et communicative ! Improvisant quelque peu, Nanette Workman s’adresse à elle et lui dédie une chanson de Jean Leloup, « I Lost My Baby », avant d’appeler Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers à venir interpréter de façon époustouflante de sincérité deux des chansons de leur récent album acoustique, « Wiggley Fingers » de Patty Griffin et l’excellent « Going To California » de Led Zeppelin. On poursuit l’étape acoustique avec des Mountain Men bien à leur aise sur cette prestigieuse scène pour nous interpréter une doublette magique où on les voit sur la défensive avec « Before You Accuse Me » et en pleine démonstration de blind blues avec « Georgia On My Mind ». Le public apprécie comme il se doit !
Le temps d’accueillir Florent Vollant et son tambour indien pour un morceau traditionnel dédié à ceux qui ouvrent le chemin et ce sont de nouveaux frenchys qui s’installent sur scène puisque la géniale Nina Van Horn et le non moins brillant Fred Chapellier viennent nous proposer deux morceaux de l’excellent album « From Huntsville To Jordan », le vibrant « Goodbye New Orleans » dédié à la ville sinistrée et le bondissant « Bayou Love Child » que le public apprécie au plus haut point ! C’est donc à une chanteuse survoltée et impeccable que Patrick Verbeke devra succéder et c’est avec toujours le même talent que cette référence du blues en Français nous rejouera ce soir « De quoi j’vais m’plaindre aujourd’hui » et « Si tu as mal le blues te fait du bien », deux morceaux capables d’entrer dans l’anthologie du blues au même titre que leur homologues anglophones …
On retourne sur le continent américain avec Kim Richardson qui passe d’une ballade tirée de son album « Kaléidoscope », « Out Here On My Own », à un morceau très funky issu du même ouvrage, « Gotta Feel It », puis c’est la tornade blonde Lulu Hughes qui nous rejoindra pour un subtil « Bridge Over Troubled Water » et pour un pamphlet sur fond de « Bad Bad Things » qui n’est pas sans rappeler « La Grange » qui meuble habituellement les fins de sets des formations posées entre blues et rock. Visiblement troublée par la qualité du show, Nanette Workman en oublie son morceau et appelle la dernière artiste de la soirée sur scène avant de se reprendre et de présenter en chanson ses musiciens puis c’est enfin la dynamique et charismatique France D’Amour qui viendra nous proposer quatre titres très variés, le classique « Stormy Weather », son tube « Si c’était vrai », le délirant hymne québécois « Rideau » de Plume Latraverse où il est question de Cognac et enfin « Ok, Alright, You Win » pour lequel la chanteuse chausse une Telecaster blanche et accompagne l’imposant big band qui a rythmé la soirée. Regroupés pour un final en deux temps, tous les musiciens du spectacle clôtureront le set par un monumental « Come Together » qui laissera sans doute des traces dans les mémoires !
Il est déjà tard quand Martin Laviolette et Madame le Maire terminent leurs allocutions et le Blues des Braves obtiendra exceptionnellement la permission de minuit pour pouvoir laisser l’espace nécessaire à ces musiciens indiens issus de la nation Wendat le temps de faire passer leur message tout au long d’un show lui aussi filmé par TV5. On voit ainsi se succéder au chant Florent Vollant et Gilles Sioui dans un ballet où la musique world rejoint le blues et même le reggae sur des compositions comme « Call Of The Moose » avant que Mara Tremblay ne vienne s’associer au projet créé par une chaîne télévisée autochtone en lui apportant quelques touches country au travers de chansons parmi lesquelles on remarque inévitablement « Douce lueur » … Porteur d’une richesse ethnique formidable, ce Blues des Braves parviendra a convaincre ceux qui auront fait l’effort de rester dans le Parc Ahuntsic malgré la fin un peu tardive d’une soirée qui aura une fois encore fait le plein !
Plus le courage une fois encore de passer par la Maison de la Culture, il nous faut nous résoudre à rentrer prendre quelques heure de repos avant la dernière ligne droite du festival qui s’annonce d’ores et déjà glissante puisque nous y retrouverons les Porn Flakes pour le grand show final …
Dimanche 12 août 2007 :
La journée promet d’être longue et le fort soleil du matin se transforme au fur et à mesure des heures en chaleur moite et orageuse qui nous fait craindre la pluie pour la fin de soirée … En attendant, la zone occupée tourne à plein régime et les souvenirs de ce 10ème FestiBlues se vendent allègrement pour le plus grand bonheur de l’organisation qui y trouvera le complément d’un financement salutaire ! La tombola pour gagner la guitare mise en jeu par Steve’s Music Store attire les derniers participants et le Parc Ahuntsic fait bonne figure avec son public jovial qui se plait visiblement à être ici …
On commence par du sérieux puisque ce sont les quatre groupes concurrents pour le concours La Relève Marché Central qui se succèdent sur la scène Hydro Québec pour tenter de gagner un des quatre prix mis en jeu cette année ! On assiste donc aux prestations successives d’Old Fashion Morphine, Emmanuelle Julien, Milan Boronell Trio et Clio & The Blueshighway qui se jouent dans un mouchoir de poche, chacun ayant à cœur d’être le meilleur et se donnant à fond dans un bref set affligé d’un son épouvantable ne le mettant pas forcément en valeur … La prestation terminée, le jury québécois et le jury français où l’on reconnaît entre autres Patrick Verbeke et les Mountain Men partiront se concerter pour les délibérations et finiront par décerner le 3ème prix soit une bourse de 300 Dollars Canadiens à Emmanuelle Julien, le 2ème prix soit une bourse de 500 Dollars Canadiens à Milan Boronell Trio et le premier prix comprenant l’enregistrement d’un CD et une programmation au prochain FestiBlues à Clio & The Blueshighway qui se verront également gratifiés du prix Blues-sur-Seine les emmenant jouer à l’automne prochain en France grâce au soutien financier de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse. D’un avis général, le cru 2007 de La Relève était exceptionnel !
Pendant les délibérations, on entend au loin The Ronnies, les lauréats de La Relève FestiBlues 2006 qui ont investi à leur tour la scène Hydro Québec et si le son est toujours horriblement déformé, l’énergie est au rendez-vous pour un groupe qui a semble t’il encore beaucoup progressé depuis l’an dernier et qui propose à un public fidèle au poste une sélection de chansons où l’on retrouve des classiques comme « Hoochie Coochie Man » mais aussi une ‘‘toune’’ en Français sur laquelle la voix de Mathieu Legault n’est pas sans rappeler les intonations d’un certain Robert Charlebois qu’il a sans doute eu l’occasion de croiser il y a un an dans le Parc Ahuntsic …
Le 10ème FestiBlues s’offre maintenant un bouquet final semblable à celui de 2006 en invitant les Porn Flakes pour un grand show décadent sur la scène Loto Québec et c’est entre une batterie ornée de fourrure, des téléviseurs sixties et un décor de folie que des canons envoient des T-Shirt dans le public. Ca démarre fort et c’est avec Emmanuel Auger que le show commence, celui-ci étant très rapidement suivi sur scène par les Loco Locass venus nous proposer leur rap et leur ragga ou encore un « Fight For Your Right » adapté tant bien que mal en blues, mais aussi par Gaillard, la mascotte en peluche du festival qui s’installe aux claviers … On se prend ensuite un peu de blues avec notamment « Sympathy For The Devil » revu et corrigé par Sylvain Marcel puis Andrée Watters vient nous proposer « You Can Leave Your Hat On » en solo et « Venus » en duo avec Lulu Hughes, apportant une grosse teinte pop à une soirée qui se voulait déjà très variée ! On retrouve très vite Sylvain Cossette qui nous fait le coup de la reprise du « Revolution » des Beatles puis qui replonge tout droit en plein rock, dynamitant par la même occasion un public qui semble très réactif au show …
La foule n’a pas fini d’en prendre plein les yeux et les oreilles puisque c’est Guy A. Lepage qui attrape le micro pour demander à la pluie d’attendre la fin de la soirée en nous interprétant « Have You Ever Seen The Rain » de Creedence Clearwater Revival puis en virant en pleine ère disco sur « Stayin’ Alive » en compagnie de Lulu Hughes. Emmanuel Auger et Martin Deschamps viennent ensuite faire planer l’ombre d’Offenbach sur Ahuntsic en interprétant le légendaire « Câline de Blues » qui une fois encore fait des étincelles dans l’assistance puis c’est en solo que Martin Deschamps poursuit ses efforts avant de se faire rejoindre par Lulu Hughes très en forme ce soir pour un « Gimme Shelter » qui emballe encore un peu plus le rythme. La tornade blonde nous amène ensuite vers la fin du rock’n’roll circus des Porn Flakes avec « Emeute dans la prison » et conclut avec « Oh Baby », une ballade rock bien guimauve qui semble faire des vagues dans un Parc Ahuntsic qui est assez loin de l’heure du blues en cette fin de journée. En guise de rappel, les Porn Flakes nous présenteront une jam conduite par Guy A. Lepage sur « Like A Rolling Stone » et enfin une version explosive de « Highway To Hell » de nos amis d’AC/DC emmenée par la toujours aussi dynamique Lulu Hughes ! Chassez le naturel, il revient au galop …
Ainsi s’achève le 10ème FestiBlues International de Montréal, une édition émouvante et riche en rebondissements qui a répondu à toutes nos attentes et c’est le cœur un peu serré que nous quittons le Parc Ahuntsic et les gens formidables que nous avons encore une fois eu plaisir à retrouver … Difficile de tous les citer mais comment oublier les Fab Five qui ont créé l’évènement, Martin Laviolette, Martin Landry, Gilles Gauvreau, Georges Fournier et Jacques Noël mais aussi leurs compagnes et tout le staff du FestiBlues, Douceline, Laurence, Catherine, Lorraine, Alex, Etienne, Adrien, Normand et tous les autres bénévoles rencontrés au cours de cette semaine chaleureuse dans tous les sens du terme ! On se retrouve très vite de l’autre côté de l’Atlantique en novembre …
Fred Delforge – août 2007
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