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SOLIDAYS 2007 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 07 juillet 2007
 

SOLIDAYS
HIPPODROME DE LONGCHAMP – PARIS
6, 7 & 8 JUILLET 2007

Photos © Olivier Urbanet & Fred Delforge
http://www.solidays.org

Tout laisse présager que nous aurons cette année encore un très beau Solidays et même le soleil a choisi d’être de la partie puisque seulement quelques heures avant le début de cette nouvelle édition, la pluie qui a accompagné le colossal ballet du montage des scènes et des structures pendant toute la semaine quitte le dessus de la capitale pour nous laisser sous un soleil radieux et, il faut le reconnaître, sacrément bienvenu ! On espère juste en arrivant sur le site que ce fichu astre aura eu la bonne idée de se payer le pass 3 jours et qu’il nous accompagnera jusque bien après le concert de clôture de Diam’s dimanche soir …

Vendredi 6 juillet 2007 :

Solidays, c’est le festival solidaire par excellence, le festival porteur d’espoir, le festival vecteur de culture mais aussi de conseils sanitaires et sociaux …  Les rencontres y sont toujours très belles et les visages inoubliables et plus encore que les artistes, ce sont les bénévoles et le public que l’on ce plait à contempler. Drastique sur les accès aux fronts de scènes, l’organisation nous a refoulés au beau milieu de ce public et si ça ne nous simplifie franchement pas le travail côté photo, ça nous permet au moins de faire de véritables découvertes humaines, de voir de vraies gueules de rock avec leurs propres personnalités et leurs propres attitudes …

On fait un saut rapide par l’espace presse avant l’ouverture des portes au public et on se rend compte que tout le monde est d’ores et déjà au travail. Luc Barruet, le directeur et fondateur de Solidays, répond encore et toujours à nos confrères, Les Fatals Picards jouent le jeu de la conférence de presse … De notre côté, nous allons jeter un œil intéressé et une oreille attentive du côté de la scène Domino où se produisent les Jeunes Talents présentés par la Mairie de Paris et on y découvre entre autres Mon, une formation avec un violon et un violoncelle mais aussi avec des guitares parmi lesquelles on remarque une superbe Gretsch qui envoie un son délicieux …  

Le temps passe déjà vite et il est 16 heures 30 pétantes quand Les Fatals Picards lancent officiellement ce neuvième Solidays … Humour et chansons punko-drôlatiques sont au menu d’un set où les costards vont être taillés à un rythme digne de l’industrie textile asiatique et où tout le monde en prendra pour son grade, de Joey Starr à No One Is Innocent et de Superbus à Marcel et Son Orchestre. Le public n’est pas en reste et se prend des vannes en veux tu en voilà, tout étant prétexte à plaisanterie et à moquerie, que ce soit des titres excellents comme « Djembé Man » et « Française des Jeux » ou encore d’autres moins inspirés comme l’infamie totale qui a conduit le groupe dernièrement vers les tréfonds du dernier concours de l’Eurovision …

C’est No One Is Innocent qui s’y colle ensuite sur la scène Bagatelle voisine mais aussi The Sunshine Underground qui donne le premier concert de la journée au Phénix et les baskets vont de notre côté commencer à fumer. Excellents l’un et l’autre, les deux groupes vont chauffer respectivement leurs publics à blanc et si la victoire absolue revient sans aucun doute à la bande à Kemar pour l’énergie colossale et l’attitude très positive du combo qui porte à bout de bras son excellent nouvel album « Gazoline », le gros son et les lights qui agrémentent la prestation des Britanniques qui ont emprunté leur nom de scène aux Chemical Brothers laissent entrevoir de très belles heures à venir sous un dôme à l’atmosphère bouillante …

Solidays est définitivement le festival du partage et nous devons une fois encore passer d’une scène à l’autre puisque le génial Garland Jeffreys et les jeunes loups pop d’Editors se produisent simultanément en deux endroits opposés à savoir Domino pour le fabuleux chanteur de Brooklyn et Paris pour le quartet d’Albion. Charismatique en diable, Garland Jeffreys arrive devant son public en scandant des « respect / protect » et en affichant un T-Shirt Solidarité Sida de bon ton et s’en va très vite se promener au cœur du public pour constater de lui-même que chacun apprécie sa prestation funky au possible et croustillante à souhait. De son côté, Editors s’emmêle un peu les crayons devant un public franchement trop clairsemé pour véritablement porter le groupe et Tom Smith a beau passer de la guitare aux claviers avec beaucoup de brio, rien ou presque ne parviendra à débrider un concert où, si on ne s’ennuie quand même pas totalement, il manquera jusqu’à la fin la petite étincelle qui aurait pu mettre le feu aux poudres !

L’étincelle va arriver justement avec Marcel et Son Orchestre qui prendra place sur la scène Bagatelle juste après l’allocution du représentant Rwandais des Jeunes Scolarisés Contre le Sida … Fidèles à leur habitude festive mais cette fois encore un peu plus punks dans leur son, les Ch’timis vont carrément nous mettre sur les rotules avec un set digne des plus belles heures du dopage dans le Tour de France et c’est en franchissant dans la même étape les plus grands cols alpins et pyrénéens à la fois que Franki et ses hurluberlus vont non seulement séduire les habitués mais en prime convaincre les néophytes ! Au même moment, Romain Humeau conduit Eiffel sous le Phénix et on ne résiste pas au plaisir d’aller retrouver des titres qui font mouche comme autant de fleurets et on se prend même en prime le génial « Tu vois loin » qui avait secoué tout un peuple au moment de sa sortie à l’horizon 2004. Plein de jus comme une grosse orange bien mûre et gorgée de soleil, Eiffel nous fera ce soir encore le coup de l’effet revigorant qu’il nous fallait avant d’affronter la deuxième moitié de la soirée !              

On passe très vite à Mademoiselle K non sans avoir écouté l’allocution des trois représentantes du Bus des Femmes un peu émues de se retrouver sur la scène de Domino et on redécouvre la jeune artiste mi-ange mi-démon avec ses ailes noires dans le dos et sa vieille Fender écaillée qui prêche le rock de fort belle façon … Ca joue juste et ça sonne fort, le public apprécie la vision de cette sympathique chanteuse au ton à la fois frais et vigoureux et c’est avec une pointe de regret que l’on quitte très vite les lieux pour traverser Longchamp et rejoindre la scène Paris où Kaiser Chiefs donne un concert qui plus est quasiment dispensable. Le soleil qui décline et l’obscurité qui approche nous pourrissent les objectifs et même du côté visuel ce n’est pas la fête … On se prend quand même « I Predict A Riot » pour faire la route et on se laisse tranquillement glisser avant la fin du show vers Bagatelle où Joey Starr termine ses balances.  

Grand bien nous en a pris car la foule est dense et c’est idéalement placés que nous nous retrouvons quand ce pionnier du rap en France débarque sur les planches avec derrière lui le gros son des guitares de Enhancer … Sans a-priori ridicule mais sans grande illusion non plus compte tenu du pedigree de Joey Starr, on se laisse entraîner dans le monde du Jaguarr et se prête finalement assez vite au jeu d’un artiste qui se donne à fond dans son show et qui avoue que son ego surdimensionné est particulièrement flatté de voir tant de monde devant lui. Les samples de Chapi Chapo et de l’Ile aux Enfants ponctuent les intermèdes et la grande gueule du bad boy fait le reste en égratignant au passage Doc Gynéco qui a vendu son âme à Sarkozy, finissant de mettre Solidays à sa botte et remportant la soirée haut la main avec un concert qui restera parmi les meilleurs du jour, et dieu sait s’il y en a eu de bons déjà ! On quitte les lieux avant la fin pour aller retrouver Paolo Nutini sous le Phénix et si le ton musical est tout autre, la densité du public est la même au point qu’accéder au devant de la scène est quasiment impossible. Gueule d’ange et voix de crooner, chansons folk et rock très épurées avec même au passage la reprise du « Natural Blues » de Moby, il n’en faudra pas plus pour que notre avant dernier concert de cette première soirée soit une réussite !

A tout seigneur tout honneur, c’est à MS. Lauryn Hill que revient le privilège de clôturer la soirée du vendredi non sans que Luc Barruet ne soit venu nous rappeler que cette année, Solidays comme tous les autres festivals n’avait pas encore fait le plein au niveau des spectateurs et que de ce côté là aussi il restait fort à faire ! Après avoir salué la mémoire de César, un des bénévoles des premières heures de Solidays décédé mercredi après avoir passé sa journée à installer l’attraction Sex In The City, par une minute de silence, le public attendra quelques longues minutes encore la chanteuse des Fugees qui se produit ce soir dans un registre tribal particulièrement déroutant avec à ses côtés moult cuivres et percussions mais aussi une dualité assez intéressante basse et contrebasse. Malgré tous les efforts produits et toute la maestria d’une formation qui y met beaucoup de cœur, on a très régulièrement une impression qui fait un peu penser à celle du gars qui voit passer le train et qui reste sur le quai sans monter dedans … Ajoutez à cela le caractère capricieux d’une artiste qui a éconduit les photographes et les a bannis de son concert, une foule dense et chaude et enfin une fatigue légitime qui commence à apparaître après une douzaine de concerts avalée dans l’après-midi et vous comprendrez facilement pourquoi nous déserterons les lieux avant la fin du show de cette grande dame pourtant venue en exclusivité pour Solidays !

Samedi 7 juillet 2007 :

Depuis le petit matin, le calendrier affiche glorieusement un superbe 07/07/07 et pour fêter ça, le soleil est de la partie à Solidays, et en plus il cogne dur le garçon ! Bonne nouvelle pour le public mais aussi pour les groupes qui peuvent profiter des jolis T-Shirts et des jolies coiffures qui s’offrent à eux … On zape la scène Talents Ile de France pour cause de timing franchement serré et on fonce vers la scène Paris où des notes résonnent depuis notre arrivée sur le site !

Nelson, pas l’Amiral, le groupe parisien, nous y attend avec son indie-rock bien fagoté et nous propose un ballet fort sympathique dans lequel on retrouve tout ce qui fait le charme de son album « Revolving Doors ». De la guitare survoltée jouée par moments avec un archer à des mélodies impeccables où le rock et la pop se croisent avec beaucoup de délicatesse, tout est prétexte à de très bonnes vibrations que le public, encore un peu amorphe et épars à cette heure précoce d’une journée au programme bien chargé, partage avec une certaine bonhomie mais aussi avec beaucoup d’entrain !

On s’éloigne tranquillement vers Bagatelle où Tokyo Ska Paradise Orchestra se prépare à mettre littéralement le feu à Solidays et à exploser le compteur de l’applaudimètre tant le public va être réactif à sa prestation époustouflante. Tous les touristes nippons de la capitale ont fait le déplacement et le devant de la scène a des allures de Pays du Soleil Levant quand ces descendants asiatiques des Skatalites commencent leur set cuivré à souhait et débordant de vitalité ! Le trombone Masahiko Kitahara en rajoute à chaque instant, le guitariste Takashi Kato finit d’exploser le vernis de sa Strat bleue et le ska des Japonais se teinte à la fois de punk, de jazz et d’electro pour encore mieux séduire un public carrément sous le charme … Pendant ce temps, Samarabalouf fait lui aussi le plein au Phénix et son swing manouche à base de guitare et de contrebasse fait lui aussi vibrer la foule mais sur des sonorités autres. Beaucoup de charisme, un poil de taping sur les instruments et quelques nouveautés à paraître ultérieurement feront de la prestation de ces disciples de Django un des nombreux moments forts de la journée.

Solidays baisse le son et c’est assis devant la scène Paris avec sous les yeux le décompte des victimes du Sida qui s’égrène de façon effrayante que nous nous accordons le break du Patchwork des Noms, un temps de repos pour les orteils voué au recueillement puisque les associations évoquent sur scène le souvenir de leurs disparus en prononçant leurs noms tandis que dans le public, on déploie au sol les carrés de tissu sur lesquels ces mêmes noms figurent … L’émotion est grande et si d’aucuns en profitent pour aller se promener dans le village associatif, ceux qui restent pour la cérémonie sont visiblement émus !   

On reste au même endroit pour assister à la prestation de Superbus qui, sous le soleil de plomb qui nous assomme, fait montre de quelques difficultés à convaincre ceux qui ne font pas partie de leurs fans absolus. Jennifer y met pourtant du sien et le groupe nous balance du « Lola » à tout rompre avec force guitares et moult mélodies accrocheuses mais on sent qu’il manque quelque chose pour que la mayonnaise monte … L’horaire n’est pas évident mais Superbus a l’habitude des aléas des festivals et on ne s’explique toujours pas pourquoi son set restera un poil de deçà de ceux que nous avions déjà vus à ce jour. On s’absente rapidement pour rejoindre Renan Luce sous le Domino et du côté de ce jeune issu du croisement de Georges Brassens et de Tom Waits, on constate tout de suite que ça joue, et bien en plus ! Il fait plaisir à voir ce trio qui reprend du Nougaro avec un talent évident et qui se plait à mélanger guitares et contrebasse en tirant des notes avec un plaisir évident et se fendant de ses propres compos sans oublier de saluer « Titine » vers la fin de sa prestation, comme pour mieux également saluer un public aussi dense que conquis !

Le représentant de SOS Sida venu de République Démocratique du Congo évoque les soucis de son peuple face à la maladie et précède Sean Lennon de quelques minutes pendant que ses musiciens s’affairent à leurs derniers préparatifs. Sean Lennon, c’est tout un programme, un peu de John et de Yoko dans les traits ce qui à l’arrivée donne une tête de castor bien sympathique mais aussi un talent évident de songwriter. Pas facile d’hériter de ce couple tumultueux et pourtant Sean le fait avec une classe toute naturelle, privilégiant la mélodie aux frasques de la vie et nous en mettant non seulement plein les yeux mais aussi plein les oreilles avec un répertoire taillé sur mesure … Ajoutez à ça que le garçon s’adresse à son public dans un Français parfait et qu’il se désaltère au vin rouge et vous aurez compris pourquoi il s’offrira ce soir une prestation inoubliable pendant qu’à Bagatelle les trublions de M.A.P. mettaient le souk avec leur show politisé et engagé. Mélange de slam virulent et d’accordéon avec un poil de percus pour lier le tout, le répertoire de ce groupe tout droit construit dans la génération Beur nous fait la satire sociale d’un peuple et de ses représentants en s’attardant sur une vision caustique du racisme mais aussi du pouvoir et de ses déviances diverses … On tire sur les Présidents, l’ancien et le nouveau, on adapte « Aint No Sunshine When She’s Gone » à la sauce banlieue et on s’attire la sympathie d’un public avec un côté positif qui n’oublie quand même pas de rappeler que l’album « Debout lad’dans » est en vente à la fin du concert ! Faudrait pas oublier quand même …

On attendait la tempête et on aura juste droit à une petite brise, et encore pas très fraîche, avec SUM 41 et son show pour post-adolescents mal sevrés ! Venu avec papa et maman (c’est bien, ça fait des entrées pour Solidays en fait !), le public de base des Canadiens se la joue midinette et cherche ses héros derrière la scène avant le concert, affûtant les cartons « I Love You » et s’entraînant à faire des cornes de Satan qui ressemblent pathétiquement à un plaidoyer pour le combat des escargots pendant que les caméras filment les héros backstage, que les amplis crachent « T.N.T. » et que ce pauvre Bon Scott se retourne encore une dans sa tombe … Le set commence enfin et c’est le délire total, Deryck Whibley crache sur les caméras pour faire des effets de style sur un éventuel DVD à sortir et si le public bondit et rugit comme un seul adolescent, on ne peut que constater que c’est loin de le faire niveau jeu, ce qui est particulièrement décevant quand on sait de quoi le groupe est capable quand il s’en donne la peine ! On abandonne très vite la partie et on fonce au Domino y voir Stuck In The Sound qui pour sa part privilégie le jeu sur l’attitude et qui nous envoie un concert plein comme un œuf et bourré d’influences où l’on retrouve en vrac The Pixies, The Ramones et At The Drive In. Quel malheur que la grande majorité du public soit entassée devant la parodie de punk rock que nous envoie SUM 41 alors qu’ici ça joue mille fois mieux et mille fois plus vrai !

S’il y en a un qu’on attendait avec impatience, c’est bien de FFF dont il s’agit et si les Parisiens commencent leur set sans la basse, c’est avec un Nico survolté qu’ils le finiront, Marco Prince menant sa barque tel un gondolier vénitien, certes un peu exotique mais bon on ne se refait pas, et Yarol Poupaud taillant du riff comme si c’était la première fois de sa vie qu’il foulait les planches … Impérial, FFF a tout simplement été grandiose et si le concert du jour qui marquait le retour du groupe vers de bons et loyaux services n’a sans doute pas été le meilleur d’une liste copieuse, quel bonheur de revoir la Fédération Française de Funk au grand complet sur scène ! Tiens, pour la peine on essuiera même une petite larme avant de partir vers Phénix y retrouver Lily Allen et son show explosif placé entre fougue et cuivres. On se prend donc la grande scène du deux avec le tube absolu « Smile » et on regrette juste que la Lily soit montée sur scène avec son pass qui la fera ressembler à un sapin de Noël quand elle aura le mauvais goût de se mettre la capuche sur la tête … Hormis ce détail visuel un peu déplacé pour ceux qui vivent le concert en fond de chapiteau ou même carrément assis dans l’herbe dehors, rien à redire, la prestation est au top !

Ca tire sur les jambes et on va se le faire à l’économie en commençant par Zenzile et son charme angevin venu distiller son dub à Domino. Ca part en vrille dès le début du set et la musique nous met très vite les sens en émoi, portée par un saxophoniste de haut vol très vite rejoint par une chanteuse impeccable qui mélange The Voice et The Attitude avec un talent sans nom ! Pour tout dire, on adore et on a franchement hâte d’être en septembre pour découvrir sur album tous les nouveaux morceaux interprétés ce soir ! Le temps de reprendre le chemin de Paris et on retrouve Les Motivés qui attaquent au son de « Hasta Siempré » et qui nous balancent leur cocktail de chants de lutte sur lequel le public danse et fait la farandole … Toujours aussi positif et engagé, le collectif toulousain nous apporte sa bonne parole et nous rappelle sur fond de 100% Collègues et de Zebda qu’il faut rester motivés ! C’est dans le ton général de la soirée en plus …

Dernière ligne droite de la journée, on part vers Bagatelle y retrouver Sinclair qui a du mal à démarrer à cause de quelques modifs à faire dans les lights mais on y arrive enfin et on goûte au nouvel opus « Morphologique » de ce pilier de la scène electro-rock sans trop vraiment se laisser prendre au jeu tant la fatigue est présente et tant le set un poil guimauve à du mal à nous garder en éveil. Le public massé devant la scène semble pourtant séduit et c’est quand même avec une pointe de regret que nous partons vers Phénix y retrouver !!! (Chk, Chk, Chk), notre dernière grosse baffe de la journée ! Tout à fond, la foire d’empoigne sur scène, l’énergie positive et l’hystérie collective … Rien ne manque à un set full time job qui nous redonne la force de nous remuer en cœur avec non pas un mais des frontmen qui battent carrément tous les records de folie et avec le saxophoniste qui traverse même la scène à vélo pour le plus grand bonheur d’un public un peu réduit en nombre mais carrément émerveillé. Fabuleux !!!

Sans franchement la force de traverser le site, nous renonçons à aller voir Le Peuple de l’Herbe sur une grande scène qui s’annonce bondée, tout comme nous renonçons à la nuit electro qui suivra au Phénix … Il nous faut bien reprendre un peu d’énergie avant d’attaquer la troisième journée d’une neuvième édition qui jusqu’alors a tenu toutes ses promesses !
       
Dimanche 8 juillet 2007 :

Réveil maussade avec un temps qui laisse à penser qu’on n’y coupera pas aujourd’hui et que l’averse sera pour nous avant la fin de la journée … Quelques appréhensions concernant le matériel qui va souffrir, et oui il y en a pour un paquet de monnaie quand même dans l’artillerie Zicazic, mais bon, un peu de cœur à l’ouvrage et un bon parapluie aideront à passer les moments les plus délicats !

Merci à Solidays d’avoir eu la bonne idée de programmer Les Blérots de R.A.V.E.L au Phénix et de nous éviter une première traversée du site pour aller nous régaler de la fanfare tzigano-punk qui met carrément le feu dès l’ouverture de cette ultime journée de festival. Entre swing et banjo, la bande conduite par Thomas partage avec nous ses « Petits plaisirs » forts bienvenus en ce début d’après-midi climatiquement maussade mais musicalement bouillant ! On les quitte à regret après une trentaine de minutes de concert pour aller retrouver la légende Skatalites qui, à défaut d'essuyer les plâtres, assèche les premières gouttes éparses qui se posent sur nos objectifs. Fidèles à eux-mêmes, les papys du ska jamaïcain vont faire le tour de la question en traversant à grandes enjambées leur opus de 1967, « Ska Authentic Studio One », et en nous servant à tour de bras des « Latin Goes Ska » et autres « Gun Of Navarone » … Roots et sympathique, le concert ne peut que réjouir un parterre de fans carrément motivé !

Direction Domino pour y retrouver Adrienne Pauly et son gang de musiciens Black&White qui arbore fièrement des lunettes avec un verre blanc et un autre noir … Adrienne comme dirait Rocky, c’est de la balle, et son set est carré et franchement bien foutu ! Le show bien rodé du groupe fait sacrément plaisir à voir et le détachement naturel de la chanteuse est un véritable régal, en voilà une qui ne se prend pas la tête et qui ne se prend pas au sérieux mais qui joue et qui prend son pied sur scène ! Sur ce coup là, on craque carrément et en plus ça tombe bien, elle est libre la dame … On retrouve ensuite Gentleman sur la scène Paris et c’est reparti pour un bon reggae servi cette fois non pas à la sauce jamaïcaine mais à la sauce allemande par ce pionnier de la scène nationale germanique. L’espace scénique est un peu grand pour un chanteur qui est le seul à bouger mais le public réagit bien à l’appel de Gentleman et de ses choristes et bondit par moments comme un seul homme, mettant le jump propice au réchauffement des corps au goût du jour !

On attend Karpatt à Bagatelle mais la pluie est arrivée avant la fin des balances et devant le déluge, on abandonne l’idée même de se gorger de la chanson swing de ce groupe à la langue bien pendue et à l’humour caustique et on rejoint le Phénix où Koalin a le mérite de jouer à l’abri du chapiteau et donc de garder son public au sec. Adeptes de la pratique du « Mélanger les couleurs », Kaolin nous envoie à la face son rock énergique et joue autant sur les harmonies que sur les dissonances, n’hésitant pas à se faire folk et velours à la manière d’un Dylan puis l’instant d’après brutal et énervé à la mode des Pixies. On s’y attarde longuement pour profiter du chapiteau mais aussi d’un concert qui glisse plutôt bien devant une moitié de public amorphe qui attend le retour du soleil et une autre débordante d’énergie venue pour goûter pleinement à la prestation du gang de Montluçon … Terminé dans une cacophonie générale où chacun ira embrouiller les pédales d’effets de l’autre pour mettre un maximum de larsen, le show de Kaolin se révèlera à l’arrivée franchement convaincant !

On attendait beaucoup d’Ayo, au point de braver la pluie qui par chance se calme un peu et de foncer dans la boue jusqu’à la scène Paris où la belle Allemande d’origine nigériane se produit devant un parterre de spectateurs un peu léger compte tenu de son énorme talent … Comparée à Ben Harper pour la qualité de sa musique et de ses prestations, la chanteuse et guitariste séduira non seulement par ses chansons mais aussi par sa façon délicate de s’adresser au public dans un Français certes approximatif mais très bien accueilli par les spectateurs qui finiront de craquer quand elle entamera son tube « Down On My Knees », le tout sur fond d’une voix délicatement sensuelle et d’un jeu de guitare admirablement fin. On quitte un moment Ayo pour gagner l’abri de Domino où Oxmo Puccino et ses Jazzbastards nous jouent le « Lipopette Bar » avec toujours cette manière admirable de prendre le public au creux de la main et de s’adresser à lui de façon à la fois simple et chaleureuse … Parvenu à faire évoluer le rap vers le cinéma noir et vers le jazz, Oxmo Puccino lui a offert une certaine respectabilité auprès des non-amateurs et un second souffle auprès des fans du genre et c’est en chœur que le public égrène avec lui ses initiales, appuyant bien les O, X, M et O de son nom pour mieux lui montrer qu’il l’apprécie à sa juste valeur.

Il pleut de nouveau et on attend l’arrivée de Mass Hysteria à Bagatelle en compagnie des fans de Trust qui commencent à se chauffer en attendant la bande à Bernie et Nono … Portant fièrement son nouvel album « Une somme de détails » vers son public, Mass Hysteria confirme l’ouverture du groupe aux sonorités électroniques et Mouss nous joue le jeu de la pile électrique en bondissant sans cesse, soutenu qu’il est par une paire de guitaristes fous furieux et par une rythmique à toute épreuve. Energisant à souhait, le set des furieux frenchys n’en finit plus de mettre les slameurs sur les rotules et c’est dans une ambiance de pogo plus que soutenue que se déroule l’heure dévolue à ce groupe phare du rock pur jus en France. Au même moment, Grand Corps Malade fait le plein au Phénix et rend hommage à sa ville, Saint Denis, blottie bien au chaud aux côtés de sa grande sœur frimeuse Paris … Arborant fièrement un amusant T-Shirt « Ca peut chémar » et appuyé sur sa béquille, ce grand être dégingandé nous balance son slam très positif avec passion et nous envoie avec le sourire « Ma tête, mon cœur et mes couilles » avant de se faire accompagner par un quatuor à cordes pour ce qui restera un des grands moments de son spectacle.

Branle bas de combat à Paris, c’est Yannick Noah qui va s’y coller et on espère qu’il parviendra à passer entre des gouttes qui font mine de revenir au grand galop … Coup de chance, la chaleur communicative du chanteur parvient à pousser les nuages dès le deuxième service et à défaut de nous faire un ace, c’est avec tout le talent qu’on lui connaît que l’artiste au demeurant aussi complet athlétiquement que musicalement mettra un public entièrement voué à sa cause à ses genoux avec un florilège de ses tubes les plus forts qu’on ne citera pas tant ils sont nombreux. Tout de blanc vêtu, le big band de Noah nous fera bien évidemment le coup de « Saga Africa » vers la fin de sa prestation tandis qu’au même moment à Domino, tout à l’autre bout de Longchamp, The Magic Numbers servait son cocktail de pop soul un poil teinté de Californie et du surf qui va bien avec.

Après un retour gagnant à Bobital il y a tout juste un an pour les cinquante ans de son frontman, Trust soufflait les cinquante et unes bougies de Bernie Bonvoisin ce soir à Solidays et si d’aucuns petits scribouillards de la presse spécialisée se sont offerts de belles séances de langue de pute sur le dos du mythe hard, le groupe a prouvé aujourd’hui qu’il en avait encore sous la pédale en nous faisant un show noir et serré comme les meilleurs expressos italiens et en y ajoutant en bonus le petit chocolat 85% cacao qui l’accompagne pour lui donner toute sa saveur ! Impériale, la fabuleuse paire de guitaristes Nono / Vivi a survolté un concert dynamique au possible où l’accent avait été mis sur les titres les plus énergiques d’un répertoire qui est loin de se cantonner à « Antisocial » que les Parisiens nous serviront comme il se doit en fin de concert. Accompagné par un pogo général du début à la fin du show, Bernie et ses potes soutenus par l’apport inestimable de Dj Deck auront mis un gros doigt à tous ceux qui doutaient encore de leur capacité à reprendre leur place historique sur la scène rock française pendant qu’Abd Al Malik proposait son slam jazz de grande classe et très ambitieux au Phénix.

Tout a une fin et dès 22 heures, c’est Diam’s qui se chargera de clôturer ce neuvième Solidays en faisant de façon très originale le tour des précédentes programmations du festival mais aussi en emmenant copieusement un public d’aficionados « Dans sa bulle » pour un show débridé et propice à la communication entre la foule et une artiste qui se regardent droit dans les yeux et se parlent d’égal à égal. La scène au look un peu mégalo affiche deux enceintes géantes et une platine tandis que la militante du rap féminin et de l’anti-machisme la traverse de part en part en saluant ses Dj et ses fans de la même manière, avec cette gouaille toute particulière qui en énerve plus d’un et avec ce charisme un peu décalé qui séduit les autres …

A l’heure de quitter Longchamp, on ne pourra qu’avoir une pensée pour tous les malades du Sida qui s’éteignent au fil des minutes qui passent mais aussi pour les vivants qui les accompagnent avec leur joie de vivre et leur force qui les conduit encore et toujours à positiver et à poursuivre le combat pour un accès aux soins pour tous, sans différence de classe sociale, d’origine, de couleur, de religion … Plus qu’un engagement sur trois jours, aussi fabuleux soient-ils, c’est toute l’année que Solidarité Sida, ses bénévoles et les associations partenaires avancent pour que la maladie recule et c’est toute l’année qu’ils ont besoin de notre aide ! A bon entendeur …

Fred Delforge – juillet 2007
Photos © Olivier Urbanet & Fred Delforge