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MIGHTY MO RODGERS pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
jeudi, 24 mai 2007
 

Redneck blues
(Dixiefrog – Harmonia Mundi – 2007) 
Durée 45’50 – 17 Titres

http://www.bluesweb.com
http://www.mightymorodgers.com/

Il marque le retour de la conscience noire dans le blues et, à l’image des shouters d’antan, Mighty Mo Rodgers hurle à qui veut bien l’entendre son amour du Sud des Etats Unis, berceau du blues sous la forme que l’on connaît, et de sa culture ! Né en 1942 dans les faubourgs ouvriers de Chicago, le jeune Maurice Rodgers étudiera le piano classique et cultivera son amour des douze mesures en fréquentant le F&J Lounge et le Roadhouse, décrochera une licence de philo et s’en ira enseigner dans les quartiers difficiles de Los Angeles, produisant parallèlement un album de Sonny Terry et Brownie McGhee en 1973 et écrivant pour Chappell et Motown pour nourrir sa famille … C’est en 1992 qu’il reviendra définitivement à la musique en comprenant qu’il a un rôle social à y jouer, celui de médiateur entre les jeunes générations élevées au hip-hop et les anciennes nourries au blues, et pour ce faire il s’en ira emprunter 30.000 dollars pour enregistrer son premier opus, « Blues Is My Wailin’ Wall », qui sortira en 1999 et qui lui attirera une estime populaire quasi-unanime ! La suite est restée calquée sur le même modèle militant …

Mighty Mo Rodgers ne connaît pas la langue de bois et c’est à un troisième ouvrage contestataire qu’il s’adonne aujourd’hui, une sorte de troisième tome de son anthologie du blues dans laquelle il continue son tour d’horizon caustique des états américains, de la bannière étoilée et de ses travers, grands et petits, passés et présents … On y retrouve les stigmates de la Guerre de Sécession, les cicatrices de la servitude, les lynchages noirs et bien plus proche de nous les souffrances dues à Katrina et les décisions absurdes prises par l’administration Bush dans la gestion du sinistre et de la crise qui l’a suivie ! Apôtre d’un blues noir venu des racines, l’artiste l’ouvre très largement à toutes les ethnies et à toutes les formes musicales qui en découlent, qu’elles soient taxées de rock, de soul, de gospel, de folk, de funk ou de rap … Il y a une ingéniosité impressionnante dans ce « Redneck Blues », un véritable travail de recherche et de documentation qui a mené à l’écriture de textes d’une justesse et d’une force inouïes comme « The Ashes Of Nicodemus », « Don’t Die With A Lie (On Your Lip) », « Death Of The Middle Class », « They Bombed The Taj Mahal » ou « Have You Seen The American Dream? » et à la composition de musiques particulièrement variées et toujours parfaitement adaptées au sujet traité. Servi dans un superbe digipack et accompagné d’un livret bourré de documents historiques, l’ouvrage s’efforce d’ouvrir les yeux en même temps que les oreilles et traduit les grandes lignes du concept dans la langue de Molière pour permettre aux non anglophones de se rendre compte qu’outre la vigueur et le charme de mélodies tantôt entraînantes tantôt monotones, il y a une véritable dimension humaine dans cet album de musique qui dépasse l’étape où l’on hésite encore entre Chicago Blues, Delta Blues ou West Coast et que son rôle de vecteur culturel et humain est appelé à devenir primordial. On n’en attendait pas moins d’un artiste dont la rencontre est à chaque fois empreinte d’un magnétisme presque irréel …