dimanche, 13 mai 2007
BLUES A ST PIERRE – 9ème EDITION
SALLE JEAN VILLAR – ST PIERRE DU PERRAY (91)
Le 12 mai 2007
http://shaggydogs.free.fr/
http://www.myspace.com/shaggydogs
http://jeanpierrevimont.free.fr/
http://www.backton.com/
http://www.myspace.com/nicobackton
Quand un petit festival de blues a la bonne idée d’en arriver à sa 9ème édition, c’est sans doute que la programmation y est de qualité et que l’accueil n’est pas en reste et il convient de constater ça de visu ! Blues à St Pierre fait partie de ces exceptions culturelles qui résistent encore et toujours à la privatisation voire carrément à la privation intellectuelle et c’est dans une salle pleine où l’on refuse même du monde que les Shaggy Dogs, Jean Pierre Vimont et Nico Backton & The Wizards Of Blues parviendront à mettre à mal une concurrence télévisée où l’on remarque conjointement la finale de la Coupe de France de Football et l’inimaginable mais très fédérateur Concours de l’Eurovision. Un premier exploit dont Pierrot Mercier et toute l’équipe d’organisation peuvent déjà être fiers !
Il est 21 heures 30 quand les premières notes des « Pub Rockers Class Heroes » viennent résonner dans la jolie salle Jean Villar et les quelques 120 spectateurs vont très rapidement se prêter au jeu des Shaggy Dogs qui ne manquent pas d’arguments pour séduire malgré un son qui a le plus grand mal à trouver ses repères. Conduits de main de maître par un Greenbullet qui accentue encore et toujours son côté taquin et qui part continuellement à l’assaut du public en lui parlant mais aussi en lui proposant une alternance habile de son chant et de son harmonica, les chiens hirsutes vont nous emmener dans une promenade au cœur d’un répertoire qui, s’il n’est pas toujours 100% blues, est peuplé de pièces taillées dans le fun et dans le rock parmi lesquelles on remarque inévitablement le fabuleux « The More I Give » qui passe admirablement bien en live ou encore quelques « Cha Cha Song », « Stupidity » et son break de « In The Midnight Hour » dédié à Wilson Pickett et enfin l’énorme « Do The Dog » venu tout droit de chez Monsieur Rufus Thomas. Rejoints par des invités comme Lionel Riss d’Alexx & Mooonshiners à la guitare sur « Messin’ With The Kid » et Jean-Marc Henaux de Shake Your Hips à l’harmonica sur « You Don’t Love Me », les Shaggy Dogs auront à cœur de nous mettre de bonne humeur et de nous faire passer un excellent début de soirée avec une bonne heure de musique placée sous le signe du regretté Lee Brilleaux et de son savant Dr Feelgood …
On passe du pub au piano-bar avec le Jean-Pierre Vimont Quartet qui va venir nous proposer son blues très empreint de jazz dans lequel il met toute sa passion pour T-Bone Walker qu’il revisitera à plusieurs reprises mais aussi celle pour Robben Ford. Ancien guitariste de Roland Tchakounté, Jean-Pierre Vimont est ce qu’il est convenu d’appeler une fine gâchette et c’est armé de sa Telecaster blanche qu’il vient nous régaler de ses reprises de « Baby Please Don’t Go », « Just A Gamble » ou « Chevrolet » en posant une voix très intéressante dans les ivoires de son compagnon Thomas Keller et en s’appuyant sur une rythmique très fine et complice pour captiver de façon irrésistible l’attention de son public. Le temps de placer une composition, « If You Quit », une reprise du « Doodlin » d’Horace Silver et enfin l’époustouflant « Need Your Love So Bad » tiré de la plume de Little Willie John et immortalisé par Fleetwood Mac et son fondateur Peter Green et il est temps de se quitter en croisant une fois encore la route de T-Bone Walker sur « Got To Cross The Deep Blue Sea ». Minuit vient de sonner et le cœur de St Pierre bat la chamade tant la soirée est en tous points une réussite !
Last but not least, c’est le grand, le fabuleux, le talentueux Nico Backton et ses Wizards Of Blues qui vont avoir la lourde tache de clôturer en beauté ce 9ème Blues à St Pierre et les Perpignanais vont y mettre du cœur à l’ouvrage pour offrir ce cadeau bien mérité à un organisateur qui les apprécie tout particulièrement et ce depuis bien avant la sortie de leurs deux albums ! On entre donc à pied joint dans un répertoire acoustique très roots qui mélange astucieusement des compositions d’une classe inouïe et des reprises bien pensées, le tout porté par une voix richissime et par un jeu de guitare résolument imparable. Tout y passe ou presque et c’est avec un humour qui se faufile admirablement bien jusque dans le fond de la salle que Nico Backton nous annonce ses morceaux, démarrant par un très bon « Big Fat Mama » et laissant se succéder les emprunts à « Back Door Blues » et « Blues On My Front Door » en prenant soin de lancer quelques œillades amicales à Mississippi John Hurt, à R.L. Burnside ou à Tom Waits et en enchaînant les « Everyday I Have The Blues », « Hot Times In Old Town » et autres « Before You Accuse Me » au beau milieu de titres plus personnels mais tout aussi fascinants. Soutenue par les percussions atypiques de François Miniconi, la basse acoustique de Chris Michel et l’harmonica versatile de Richie Faret, la Takamine laisse échapper des trésors d’ingéniosité et quand le bottleneck trouve le chemin des cordes, notre plaisir n’en est qu’encore un peu plus accru ! Nous présentant sur la fin du set une démonstration de ce qu’il est capable de faire avec sa guitare fabriquée dans une boite à cigare, Nico Backton s’en ira à la rencontre de « Rollin’ And Tumblin’ » et s’offrira sur le rappel, vers les 2 heures du matin, une standing ovation largement méritée !
La 10ème édition de Blues à St Pierre trotte déjà dans l’esprit de nos hôtes mais il est surtout temps pour nous de reprendre la route en nous frayant un passage entre les cohortes de CRS et les gyrophares qui sillonnent méticuleusement à l’affût du moindre petit excès de vitesse une Francilienne qui elle aussi a le cafard … Les informations nous apprennent que ni l’O.M. ni les Fatals Picards n’ont gagné quoi que ce soit hier et il est temps de mettre « Blues On My Front Door » dans l’autoradio pour se consoler tout en évitant la propagande étatique qui envahit jusqu’à TSF 89.9 et France Info et pour que la centaine de kilomètres qui nous sépare de notre home sweet home se passe le plus sensuellement possible, les yeux dans les yeux avec le compteur de la Saxo …
Fred Delforge – mai 2007
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