mercredi, 21 mars 2007
Gazoline
(AZ – Universal – 2007)
Durée 40’54 – 12 Titres
http://www.nooneisinnocent.net
http://www.myspace.com/myspaceisinnocent
 Révélé au grand public grâce au titre « La peau » qui avait envahi les radios en 1994, No One Is Innocent est un de ces groupes de fusion qui ne font pas systématiquement l’unanimité tant ils dérangent non seulement au niveau de l’attitude mais aussi au niveau de textes qui abordent ouvertement et sans concessions des sujets qui fâchent. A la fois héritiers de Rage Against The Machine et de Trust, Kemar (chant), Shanka (guitare), Djules (basse), Yann (batterie) et K-mille (machines) s’appuient sur des fondations metal mais leur imposent nombre d’influences totalement différentes comme l’electro et le hip hop et, contre vents et marrées, évoluent à chacune de leurs nouvelles sorties. Trop vite enterré durant le break salutaire entre « Utopia » en 1997 et « Revolution.com » en 2004, No One Is Innocent confirme son retour sur le devant de la scène avec un album un peu plus doux et nettement moins produit que ses prédécesseurs mais qui s’inscrit indiscutablement dans la lignée engagée que s’est fixé le groupe !
Les yeux grands ouverts, Kemar et sa bande de loufs reprennent à leur compte et avec fougue un flambeau prématurément déposé par Noir Désir et nous sortent l’album de tous les dangers mais aussi celui de tous les bonheurs puisque si le volume baisse d’un ton, le contenu est toujours aussi vert et fort. Engagé n’est pas un vain mot pour un groupe qui affiche ouvertement son opposition à toute forme d’oppression et de discrimination, fusse t’elle positive, et qui ne mâche pas ses mots quand une affirmation ne demande plus qu’à être proférée ! De vagues en vagues, No One Is Innocent surfe entre les élections et le désespoir de la jeunesse, laissant s’orientaliser le tittle track « Gazoline » ou évoquant les jeunes de banlieue sur « L’amour de la haine » et enfilant les phrases fortes à un rythme plus que soutenu. Ronronnante, la basse porte le mur des accusations avec un groove plus qu’improbable tandis que les machines confèrent à un ensemble assez accessible un côté hypnotique très agréable. D’un « Liar (machine à rêver) » à un « Boomerang », No One Is Innocent se fend de quelques pièces d’artillerie comme « Je ne crois pas », « Salut l’artiste », « La peur », « Les désespérés » ou encore un « Police-Délice » qui n’est pas sans rappeler un certain « Police-Milice » que déclamaient ses aînés il y a bien longtemps … A l’heure où la France se prépare à une échéance électorale importante, on pourrait penser que la sortie de « Gazoline » tombe à point nommé pour mettre du poids dans la balance de ceux qui considèrent que Kemar et Cie sont une fois de plus très opportunistes mais face à la justesse du ton et à la qualité du contenu de l’ouvrage, la logique voudrait qu’on leur fasse confiance et que l’on se dise que c’est pour la bonne cause que l’album arrivera dès le 26 mars. Ca se confirmera sans aucun doute en live, un terrain sur lequel No One Is Innocent est généralement très à son aise !
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