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BLUES SUR SEINE 2006 - 8ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
vendredi, 10 novembre 2006
 

BLUES SUR SEINE - 8ème EDITION
DU 10 AU 25 NOVEMBRE 2006
MANTES EN YVELINES ET SA REGION (78)

 

http://www.blues-sur-seine.com

Soirée de Lancement - Auditorium des Technodes - Guerville - 9 novembre
 
C’est reparti pour 18 jours de Blues dans le Mantois et, traditionnellement, ce sont les invités de la soirée VIP qui profitent de la première manifestation hors programme du festival … Réuni autour de Léa Gilmore et de ses musiciens, le cortège des officiels et autres privilégiés va se régaler ce soir d’un spectacle articulé autour de trois grands axes, à savoir le blues, le jazz et le gospel. Se produisant pour la troisième fois en France après avoir joué au Blues Autour du Zinc de Beauvais (60) et au Bougy Blues Festival (14), Léa Gilmore est cette année entourée des incontournables Thibaut Chopin (basse) et Fabrice Milleroux (batterie) mais aussi d’Eric Byrd, un étonnant pianiste tout droit venu des Etats Unis. Chaleureuse et envoûtante, c’est en réveillant son public qu’elle commence son set, le saluant en musique et l’invitant, non sans mal, à lui rendre la monnaie de sa pièce … Après avoir obtenu quelques timides réactions, elle n’aura plus qu’à laisser le bon temps rouler pendant une grosse heure en nous gratifiant de quelques reprises de Ray Charles comme « Allelujah, I Love Her So » ou « What’d I Say », d’un très apprécié « Fever » mais aussi de morceaux plus inattendus comme « C.C. Rider » ou bien évidemment de quelques gospels vibrants qui lui tireront quelques larmes discrètes et lui feront bénéficier de la première standing ovation de cette 8ème Edition de Blues-sur-Seine. Très engagée, Lea Gilmore ne manquera pas de rappeler ses convictions en terme de justice et d’humanité et évoquera son concert du jour auprès des détenus de la Centrale Pénitentiaire de Poissy, précisant au passage que sa musique est une musique d’esclaves et qu’il est bon de s’en souvenir régulièrement …

Il est temps d’en passer par le film rétrospectif de la dernière édition qui nous remémore tant de grands moments vécus, puis par les traditionnels discours qui nous réserveront l’agréable surprise de laisser un peu de place au pianiste Julien Brunetaud, finaliste de l’International Blues Challenge de Memphis au début de l’année et nouvelle coqueluche du public américain, qui nous interprétera un des boogies dont il a le secret. Les politiques se chargeant de clore les allocutions, il ne nous restera plus qu’à rejoindre l’accueil des Technodes pour profiter du cocktail offert par les Ciments Calcia et du concert de Mama’s Biscuits qui nous séduira grâce à la voix racée de la sympathique Véronique Sauriat et par le jeu précis de son éminent complice guitariste Stan Noubard Pacha, réglé quand même un peu trop haut ce soir … Malgré le froid qui envahit le hall où les Parisiens se produisent, les notes empruntées aux grandes chanteuses des années 50 et 60 finiront par réchauffer l’atmosphère et conduiront même plusieurs couples à ébaucher quelques pas de danse … Le cru 2006 de Blues-sur-Seine nous promet quelques temps forts et les jours à venir ne manqueront pas de nous en apporter la preuve !

Lea Gilmore – La Collégiale – Mantes la Jolie – 10 novembre

Blues-sur-Seine s’ouvre enfin ce soir au grand public et lui offre la possibilité de découvrir la fabuleuse Lea Gilmore dans un exercice qui lui colle particulièrement bien à la peau, le gospel ! Après s’être rendue dans les établissements scolaires, culturels et même pénitentiaires de la région, la plantureuse chanteuse américaine investit le cadre magnifique de la Collégiale de Mantes la Jolie pour y déverser sa fougue et son charme naturel, le tout emmené par une voix hors du commun et un charisme tout aussi fabuleux. Parvenant à désacraliser les lieux pour un moment, Léa Gilmore invite une centaine de choristes issus de quatre chorales de la région dirigées par Jacky Weber et leur permet d’avoir à ses côtés leur heure de gloire tout comme l’avait fait Rhoda Scott quelques années plus tôt …

Lea Gilmore n’est pas une artiste conventionnelle et c’est à sa guise qu’elle conduit ses spectacles, n’hésitant pas à partager ses espoirs et ses envies avec ses musiciens et son public et plongeant au plus profond de ses émotions au point de s’en tirer les larmes à chaque fois que la pression devient trop forte. On traversera ce soir en cette belle compagnie les standards du gospel, de « Swing Low, Sweet Chariot » à « Amazing Grace » en passant par l’incontournable « Oh Happy Day » mais aussi quelques titres plus obscurs qui en appellent à l’espoir et aux racines noires des esclaves, deux notions particulièrement  complémentaires. Malgré le froid qui règne dans un édifice qui a partagé les joies et les peines du Mantois depuis le XIIème Siècle, Lea Gilmore se produit pieds nus et pose ses empreintes dans celles de Martin Luther King Jr en lui dédiant sa chanson préférée, le superbe « We Shall Overcome » magnifié par des choristes aussi perfectionnistes que leur chef de chorale et teinté d’une très grande émotion puisque Léa Gilmore termine en pleurs devant un public tout naturellement debout et totalement acquis à sa cause. Impeccables tout au long de la soirée, Thibaut Chopin et Fabrice Milleroux prendront chacun un solo très discret en fin de spectacle et emboîteront le pas à un Eric Byrd particulièrement brillant ce soir.

D’un avis partagé avec nos amis Québécois de FestiBlues et avec le journaliste américain Felix Ybarra venu spécialement du Michigan pour couvrir Blues-sur-Seine, le public repartira conquis de cette première soirée officielle du festival, non sans avoir longtemps acclamé une diva très marquée par une prestation d’une rare intensité … Au même moment, Nico Backton & The Wizards Of Blues remplissaient la Maison du Voisinage d’Aubergenville et le CAC Georges Brassens accueillait sa première soirée décalée de l’édition en ouvrant son Café Concert à La Danse Du Chien et aux Washington Dead Cats, un des derniers rescapés de la vague alternative des années 80.  Que la fête continue !

Liboma Minghi – Collectif 12 – Mantes la Jolie – 11 novembre

La tradition qui fait que Blues-sur-Seine accueille chaque année des spectacles aux limites extrêmes du blues est respectée puisque c’est ce soir un mélange de lutherie urbaine et de musique roots africaine qui va nous être présenté par un artiste inattendu, le rappeur Bebson de la Rue, venu de République Démocratique du Congo pour présenter un spectacle autoproclamé « Liboma Minghi », ce qui signifie « Très, très fou » en dialecte Lingala.

Dans un bric à brac d’instruments fabriqués avec des objets et matériaux destinés à la poubelle, cannettes, planches, bouteilles et autres casseroles éculées, cette création de Jean-Louis Mechali en appelle autant au chanteur de Kinshasa qu’au groupe Les Urbs mais aussi à des jeunes du Centre de Vie Sociale « Les Ecrivains » de Mantes la Jolie qui vont nous présenter un spectacle où les voix et les percussions sont reines et ou un saxophone artisanal donne la réponse à des samples dans une ambiance étrange où les cris des spectateurs rencontrent les chants des artistes et donnent à la salle à la fois un faux air de juke joint et de rite initiatique vaudou … Rap et raggamuffin s’entrechoquent avec les sonorités congolaises et donnent qui plus est un côté free jazz un poil bruitiste à l’ensemble ce qui non seulement surprend mais aussi force l’admiration !

Nico Backton & The Wizards Of Blues – Bar de la Mairie – Rosny-sur-Seine – 11 novembre :

Après avoir quitté Liboma Minghi, il est temps de traverser Mantes la Jolie et de rejoindre Rosny-sur-Seine où nous attendent Nico Backton et ses Wizards Of Blues prêts à attaquer leur deuxième set. Rejoint par son ami Richie Faret, harmoniciste des Maudits Waters, le trio est devenu par la force des choses un quartet et nous sert dans une ambiance chaude et confinée son blues pioché dans les années 30 mais aussi dans des compositions au charme certain. Avec une voix nasillarde juste ce qu’il faut pour accrocher l’auditeur et le séduire, Nico Backton est un des grands talents du blues et constitue assurément la relève pour les années à venir tant son style est riche et parfaitement affirmé. Séducteur sur un « Before You Accuse Me » ou encore mythique sur l’incontournable « That’s Allright Mama », le répertoire de Nico Backton sait en passer par des morceaux comme « Rolling And Tumbling », « Gimme Back My Wig » ou encore l’épatant « Back Door Blues » qui donne son titre à l’excellent album du groupe … Epaulé par ses complices François Miniconi à la batterie et Christian Michel à la basse acoustique qui assurent une rythmique à la fois caressante et accrocheuse, Nico Backton saura convaincre un public fait d’épicuriens venus se repaître du ragoût concocté par le patron des lieux mais aussi de nombreux connaisseurs et habitués des concerts de blues régionaux et nationaux. Une très belle soirée qui couronnait en beauté l’anniversaire de notre amie Louise Fournier arrivée de Montréal la veille. Happy Birthday Louise !

 

Tremplin National – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 12 novembre

Pour la septième année consécutive, Blues-sur-Seine organise aujourd’hui la finale de son Tremplin National qui voit se succéder sur la grande scène du CAC Georges Brassens les huit groupes issus d’une présélection qui ne comptait pas moins de quatre vingt un concurrents en 2006 … C’est donc une très belle brochette d’artistes qui se succèdent tout au long de cet après-midi dominical placé sous le signe de la bonne humeur et du blues et l’on remarque dans la salle l’excellent Franck Ash venu en ami assister à cette finale mais aussi le gratin de la presse blues hexagonale, les représentants de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse et notre ami journaliste Félix Ybarra, président de la West Michigan Blues Society et chroniqueur dans les magazines américains Blues Review et Big City Blues Magazine …

Alternant blues acoustique et blues électrique, les groupes se chargeront de donner une couleur attachante à une cérémonie présentée traditionnellement par Mike Lécuyer et en découdront en toute amitié pour se partager les huit couronnes de lauriers mises en jeu cette année … Chargé d’ouvrir le bal, Frank Blackfield sera suivi à un rythme soutenu d’Alexx & Mooonshiners, Hoochie Coochie Men et Mountain Men avant que le jury, déjà ravi d’avoir dégusté quatre vingt dix minutes de bon blues ne puisse aller se rafraîchir en dévorant des yeux les guitares bidons de Philippe Renault exposées dans le bar des lieux …

De retour dans l’antre dédié à la musique, nous découvrirons ensuite K-Led Ba’Sam, Weiss’n Blues, Couleur Blues et Natural Blues pendant quatre vingt dix nouvelles minutes puis ce sera au tour de Plan B, les vainqueurs désignés du Prix Sacem récompensant les meilleures compositions en Français, de se charger de mettre de l’ambiance pendant que le jury partira délibérer … De retour du sous-sol du CAC Georges Brassens ou se déroulaient les délibérations, la trentaine de jurés n’aura plus qu’à assister avec une certaine satisfaction à la remise des prix qui se décompose cette année comme suit :

- Prix Acoustique Blues-sur-Seine : Mountain Men
- Prix Electrique Blues-sur-Seine : Natural Blues
- Prix FestiBlues International de Montréal en collaboration avec l’OFQJ : K-Led Ba’Sam
- Prix Cognac Blues Passions : K-Led Ba’Sam
- Prix Cahors Blues Festival : Natural Blues
- Prix Bougy Blues Festival : Mountain Men
- Prix W3 Blues Radio : Hoochie Coochie Men
- Prix Sacem : Plan B

Il ne restera plus ensuite qu’à se rendre dans l’Espace Luther Allison où les jeunes bénévoles du festival viendront se joindre aux artistes confirmés dans une jam qui nous emmènera tard dans la nuit et à laquelle participeront bien entendu les groupes finalistes du Tremplin mais aussi Nina Van Horn, Charles Pasi, Mike Lécuyer, Francis Marie des Hoodoomen, Phil Bonin, Marc Loison, Jérôme Travers de Big Brazos et tant d’autres encore … 

Magda Piskorczyk - Beata Kossowska – Espace Corot – Rosny sur Seine – 14 novembre

C’est une soirée placée sous le signe de la Pologne et de la gent féminine que nous propose ce soir Blues-sur-Seine, une soirée découverte un peu étrange car c’est à Memphis et non en Europe de l’Est que Jean Guillermo, fondateur et programmateur du festival, a croisé la route de ces jeunes femmes lors de son voyage à l’International Blues Contest où il accompagnait Julien Brunetaud au début de l’année 2006 … Après avoir programmé des Russes, des Australiens, des Catalans et juste avant de dédier un concert à l’Afrique du Sud, Blues-sur-Seine part donc un moment vers l’ex-Royaume de Prusse !

Brillante chanteuse à la voix noire et au costume blanc, Magda Piskorczyk nous présente ce soir un show particulièrement varié en alternant les morceaux empruntés au répertoire purement blues et ceux puisés dans le rock, la soul et même le folklore … Accompagnée de sa complice guitariste et dobroïste Aleksandra Siemieniuk, la superbe chanteuse et guitariste prend appui sur une section rythmique efficace mais malheureusement trop décalée par rapport à la musique qu’elle propose et en appelle au sax ténor de Arkadiusz Osenkowski pour saupoudrer le tout de cuivres habilement dosés. On traverse des standards comme « Walking Blues », « Canned Heat », « Muddy Water Blues » ou encore une épatante adaptation de « Work Song » (« Sing Sing Song ») a capela qui fait ressortir à merveille le timbre chaud de l’artiste et le début soirée coule tranquillement, sans grande folie de la part d’un groupe paradoxalement trop et trop peu structuré à la fois. Il manque le violon présent sur l’album « Blues Travelling », la batterie du jeune Max Ziobro couvre la contrebasse de son frère Roman … L’ensemble se tient globalement bien mais la petite étincelle capable de faire passer le groupe du statut de sympathique à celui de très efficace manque cruellement. Dommage !

Après une vingtaine de minutes d’entracte, il est temps d’accueillir les enfants de Rosny sur Seine, ceux de l’école Baronne se chargeant de chanter trois chansons en Français tandis que ceux de l’école Justice nous montreront leurs talents d’harmonicistes sur deux titres dont le célèbre « Time After Time » saupoudré d’une dose de yaourt fort amusante de la part d’élèves pour lesquels les portes du collège sont à moins d’un an de l’ouverture …     

On passe très vite à la prestation de Beata Kossowska et c’est un public masculin béat qui va assister au show sexy-blues de la superbe harmoniciste qui arbore avec une certaine grâce un mélange de platform-boots, minijupe, mitaine en résille et décolleté plongeant … Côté musique, c’est un bon gros blues rock que nous sert la Polonaise, portée par son épatant guitariste qui joue sur Yamaha et qui sonne entre Yes et Santana avec en même temps un côté très progressif et un autre très guitar-hero ! Brillante instrumentiste et chanteuse tout à fait honorable, Beata revisite aussi allègrement le pub rock qu’elle dynamite le folklore polonais et c’est un show vif et dansant qu’elle nous présente ce soir, nous posant ses « Kukuleczka (The Coockoo) » et autres « Kabarakuka » au milieu d’un habile mélange de titres chantés et d’instrumentaux ravageurs. Invitant quelques enfants présents dans la salle à la rejoindre et à la suivre dans une longue période de danse et de rires tirés des excursions du quartet vers les musiques orientales ou encore celtes et slaves, Beata Kossowska y gagnera définitivement la sympathie du public. Une excursion du côté des îles donnera lieu à un superbe duel entre basse slapée et batterie après que la guitare et l’harmonica ne se soient répondus dans un long dialogue sous les yeux médusés des apprentis artistes et c’est non sans avoir plaqué le thème de « Mission Impossible » dans un élan de folie créatrice que Beata et ses musiciens nous quitteront au terme d’un set dynamisant et rafraîchissant !

En se retournant juste avant le rappel, on ne peut que constater que l’Espace Corot s’est singulièrement vidé après la prestation des enfants des écoles … Outre le fait que ce soit aux limites de l’incorrection pour les artistes et pour l’organisation, on comprend qu’il est déjà minuit et que nombreux sont ceux qui se lèveront pour aller travailler demain. Pourtant Blues-sur-Seine ne se déplace dans les villages qu’une fois par an et apporte aux enfants des écoles six heures d’enseignement musical et d’ouverture vers l’extérieur … Si certains parents en ont fait abstraction ce soir, d’autres en étaient conscients et sont restés jusqu’au bout du concert, s’offrant à eux-mêmes et à leurs enfants un spectacle de très bonne qualité et un grand moment de découverte et de partage ! 

The Duo – Flip Bar – Mantes la Jolie – 16 novembre

The Duo nous invite à venir déguster le Beaujolais Nouveau et la bière de Noël en sa compagnie chez le tout nouveau propriétaire du Flip Bar, un des lieux traditionnels de l’opération Bars en Seine soutenue par France Boissons depuis plusieurs années … Quelques petits soucis dans la livraison de la sono entraîneront bien un retard d’une grosse demi-heure mais c’est avec leur éternelle bonne humeur que Claude Langlois au Weissenborn et Pascal Mikaelian au chant, harmonica et guitare vont nous proposer une musique qui puise ses sonorités dans le plus pur style hawaïen et qui associe de façon très subtile un jeu particulièrement précis, beaucoup d’humour et de second degré et une grosse dose d’autodérision. Partagés entre les reprises pour la fine bouche et les compos pour le talent, The Duo revisitera Big Joe Williams ou Elvis Presley, intercalera quelques phrases d’un « Idiot ou bien crétin » emprunté à Benoît Blue Boy au beau milieu de « Nothing But The Blues » et piochera dans ses deux albums pour nous régaler de quelques douceurs comme « Clifton » écrite en hommage au roi du Zydeco … La soirée s’annonçant longue, nous nous verrons contraints de renoncer à la compagnie des deux sympathiques musiciens et à celle d’un « Tarantino » qui n’aura sans doute pas manqué de montrer le bout de son nez pour prendre la route de Mézy sur Seine où nous attend un autre concert ! On se retrouvera de toute façon dans quelques jours …

Richard Johnston – Eglise – Mézy sur Seine – 16 novembre

Le temps de prendre une collation auprès de notre chef cuisinier Tony et de récupérer notre ami québécois Normand Perras et nous voici sur les bords de Seine, à une vingtaine de kilomètres de notre base, dans la superbe église romane de Mézy qui accueillera ce soir le one man band américain Richard Johnston puis plus tard la belle polonaise Magda Piskorczyk … Après la restitution de chant des enfants de l’école locale, le fringant quarantenaire natif du Texas nous régalera des sons atypiques tirés de ses trois guitares, un résonateur, un modèle type Stratocaster et enfin une « boite à cigares » faisant office en même temps de guitare et de basse. Les percussions actionnées par les pieds nus de l’artiste en appellent autant à une grosse caisse qu’à un ensemble charleston caisse claire et c’est dans un étonnement général que le toujours très décalé Richard Johnston nous servira un mélange d’acoustique et d’électro-acoustique devant une assistance au départ surprise puis rapidement séduite. Pour celui qui venait en France avec une énorme envie de jouer dans la rue, la surprise de se produire dans une église après avoir réjoui les étudiants du Lycée Rostand le matin même sera la plus belle récompense d’un travail qui évoque à la fois RL Burnside et Philippe Ménard et qui a déjà été salué de l’International Blues Challenge de Memphis au Cognac Blues Passions … Taillé au sécateur dans l’étoffe dont on tire les héros, Richard Johnston restera un de nos très bons souvenirs de ce nouveau cru de Blues-sur-Seine mais il nous faut pourtant très vite le quitter pour rejoindre le Chicago Blues Festival qui se produit une quarantaine de kilomètres plus loin … 

Chicago Blues Festival – Centre Louis Jouvet – Bonnières sur Seine – 16 novembre

Abonné depuis ses débuts à une des toutes premières dates de la tournée du Chicago Blues Festival, Blues-sur-Seine a convié le public de Bonnières à découvrir les excellents guitaristes Wayne Baker Brooks et Donald Kinsey et la fabuleuse chanteuse Trudy Lynn qui officient dans la mouture 2006 de ce concept aussi temporaire qu’itinérant … Arrivés juste après l’entracte et donc après les prestations individuelles de chacun, nous assisterons à un final de folie qui verra se succéder les trois grands noms de la soirée dans une dernière démonstration solitaire, Trudy Lynn ne manquant pas de nous concocter un meddley de quelques grands standards, avant que tout le monde ne se retrouve pour quelques titres dont un épatant « Shake Rattle And Roll » et un admirable « Blues Is Allright » et ne finisse assis autour de Nick Bird à la guitare, Kenneth Kinsey à la basse, Jerry Porter à la batterie et Gary Goldsworthy aux claviers pour un surprenant rappel tout en contraste par rapport au reste du show.

Remarqué au Bay Car Blues Festival il y a quelques années alors qu’il officiait aux côtés de Lonnie Brooks, son père, Wayne Baker Brooks ne manquera pas ce soir de mettre le feu à la salle et allumant littéralement sa guitare et en lui tirant un mélange de sonorités riches et colorées tandis que Trudy Lynn surprendra son monde en « oubliant » à plusieurs reprises le micro et en laissant parler ses cordes vocales de façon très naturelle … Issu de la scène reggae, Donald Kinsey viendra une fois de plus nous prouver que le style de Peter Tosh et Bob Marley qu’il a jadis accompagnés n’est absolument pas incompatible avec le blues de Wayne et la soul de Trudy et c’est une salle sous le charme qui se mettra à danser sur les derniers morceaux de la soirée avant de réserver un tonnerre d’applaudissements au Chicago Blues Festival qui nous a très agréablement surpris cette année !

On salue une dernière fois notre reporter américain Felix Ybarra qui reprendra les airs demain midi vers le Michigan après une semaine passée en notre compagnie et on se remémore tous les bons moments partagés avec lui. Rendez-vous est pris pour le retrouver rapidement sur les routes du blues, à Memphis, à Chicago ou à Detroit par exemple …

Jean-Luc Fillon & Bird – Autour du Blues – COSEC – Les Mureaux – 17 novembre

Tout grand festival de jazz qui se respecte programme généralement une soirée jazz et, à l’inverse, Blues-sur-Seine a choisi de présenter une première partie jazz juste avant le concept « Autour du Blues » réuni ce soir dans un COSEC qui, malheureusement, n’affiche pas complet ! Emmenés par leur professeur Jean-Luc Fillon, les élèves du Centre des Arts des Mureaux vont donc se lancer dans une relecture des répertoires de Thelonious Monk, Miles Davis, John Scofield ou Charlie Mingus avant que les guitares ne donnent la réponse à la basse, la batterie, les claviers, le sax ténor et la trompette sur un « Watermelon Man » pioché dans l’œuvre hétéroclite du grand Herbie Hancock … Plutôt bien en place, le groupe baptisé Bird parviendra régulièrement à faire abstraction de la partition et à apporter un petit grain de folie à des musiques prestigieuses, les rendant encore plus sympathiques auprès d’un public où amateurs éclairés et néophytes se côtoient …

Une vingtaine de minutes mise à profit pour se remémorer les bons moments passés lors de notre virée à Montréal en août dernier chez Réjean Nadon et Louise Gosselin du Net Blues, fraîchement arrivés à Blues-sur-Seine, et il est déjà temps de répondre à l’invitation de Patrick Verbeke qui nous propose d’assister à un « Autour du Blues » où il se produit avec le gratin de la scène nationale à savoir les guitaristes Denys Lable et Claude Engel, le pianiste Slim Batteux, le batteur Claude Salmieri, le bassiste Laurent Cokelaere et le saxophoniste Davyd Johnson. Partageant le chant avec le massif Slim Batteux, le très éraillé Patrick Verbeke nous montrera à quel point les aiguilles qui habitent sa gorgent lui donnent une voix digne de celle des plus grands bluesmen et tout ce beau monde nous servira des « Black Night » et autres « Crossroads Blues » avant d’être rejoint par la toujours très sympathique Beverly Jo Scott sur quelques impressionnants « Rock Me » ou « Bad Bad Whisky » …

Mélangeant technique et feeling, le groupe se partage les belles notes et chacun fait montre d’une certaine dose d’altruisme, laissant régulièrement à l’autre le soin de placer le solo ou simplement de briller, sans flagornerie mais aussi sans fausse modestie … On attend toujours Michael Jones qui tarde à montrer le bout de sa Telecaster et le tandem Beverly Jo Scott – Patrick Verbeke en sourit, profitant de l’occasion pour placer un vieux rock de Brenda Lee ou des reprises de « Talk To Your Daughter », « Reconsider Baby » ou « Stormy Monday » avant que l’artiste, adepte forcené du cumul des mandats, ne débarque de façon impromptue sur la plateau après être arrivé en trombe de La Plaine Saint-Denis où il participait à une mascarade musicale conjointement orchestrée par TF1 et Univers Sale … Musicien et chanteur accompli, Michael Jones ne tardera pas à montrer à quel point il est artistiquement au top mais c’est humainement que les choses ne sont pas en place, ce dernier apportant un côté un peu grossier à la soirée en lançant des plaisanteries malvenues de la part de quelqu’un qui s’est tant fait attendre et en cherchant les bières d’une façon vraiment inadaptées à l’océan de finesse que ses compagnons nous avaient proposé jusque là. On se consolera un peu avec un « Key To The Highway » impeccable mais aussi avec quelques « Ready For Love » ou « Nobody Loves You When You’re Down And Out » qui permettront heureusement à la soirée de se terminer dans une bonne ambiance générale … Si le match était un peu déséquilibré pour cause de « forfait », la logique est quant à elle respectée avec un score du genre « Blues : 1 – Variété : 0 ». On ne va pas s’en plaindre …  

Sambou Kouyaté – Le Chaplin – Mantes la Jolie – 18 novembre

Ilot de culture dans un environnement sans cesse dénigré, Le Chaplin est en quelque sorte le poumon du val Fourré et la seule salle de cinéma d’Art et Essai d’une ville de quelques quarante milliers d’habitant … Accueillant sans cesse des expositions pertinentes, le bloc de béton réunissant bibliothèque, ateliers et salle de spectacle nous réserve chaque année le même accueil sympathique et c’est cette fois au travers des photos de Marlène Mauboussin commentées par la poésie urbaine de Saïd Bahij pour former l’exposition « La Cité du Raide-Chaussée au XXIème  siècle » que nous déambulons en attendant le spectacle franco-sénégalais de Sambou Kouyaté.

L’après-midi commence par la restitution des élèves des écoles ayant appris l’harmonica avec Greg Sczlapczynski et le chant avec Christophe Guest, les premiers nous présentant l’incontournable « When The Saints Go Marching In » et un étonnant « Sweet Home Chicago » adapté à la sauce Mantes la Jolie tandis que les seconds se lancent dans trois chansons particulièrement drôles et bien faites !

Réunis autour de Sambou Kouyaté, les musiciens de l’Ecole Nationale de musique vont ensuite se relayer, mêlant leurs harpes, percussions et autres guitares à des rythmes d’obédience mandingue du plus bel effet et déclenchant des tonnerres d’applaudissements et des manifestations spontanées de liesse auprès d’un jeune public pour qui ces sonorités ne sont pas inhabituelles.

Le grand moment de la journée restera quand même le concert Sambou Kouyaté lui-même, ce dernier ne ménageant jamais ses efforts et tirant de sa kora des sons admirables qui se marient à merveille aux djembés et autres percussions mais aussi au somptueux jeu de guitare de la star local, Abdoulaye Traoré, que tout le monde connaît et respecte dans le quartier. Réunissant sur la même scène des artistes d’horizons et de cultures diverses, le spectacle fera office de trait d’union entre l’Afrique et l’Europe et ne manquera pas de nous réserver une belle surprise quand un des animateurs sociaux du quartier viendra prêter son admirable voix au groupe avant de rappeler aux jeunes gens encore présents dans la salle les valeurs de l’école et du respect et les avoir mis en garde contre les méfaits de l’alcool et des drogues … C’est aussi grâce à ce genre d’évènements que les mentalités évoluent !

The Duo – Eric bibb – Espace Maurice Béjart – Verneuil sur Seine  – 18 novembre

Le programme de la soirée nous réserve une décision plutôt cornélienne puisque l’on a le choix entre aller assister aux concerts de Richard Johnston et Anis à Aubergenville ou à ceux de  The Duo et Eric Bibb à Verneuil sur Seine … On rejoint donc le superbe Espace Maurice Béjart où nous attend le petit film rétrospectif de l’édition 2005 de Blues-sur-Seine avant que l’on ne passe aux deux grands évènements musicaux de la soirée.

C’est un show un peu surprenant que vont nous proposer pascal Mikaelian et Claude Langlois ce soir, le joueur de pedal steel guitar le plus câpé de l’hexagone s’étant contenté de s’armer de deux Weissenborn en délaissant son attirail traditionnel et le lot de sonorités qui l’accompagne … Reprenant presque mot pour mot et note pour note la prestation donnée au Flip Bar il y a quelques jours, The Duo aura un peu de mal à fédérer un public qui semble quelque peu désemparé par un déséquilibre latent entre trop d’humour et pas assez de musique. Certes il reste l’instrumental « Mississippi », le « Baby Please Don’t Go » de Big Joe Williams et le « Shake Your Hips » de Slim Harpo entrecoupés d’un « Blues et Sexy », d’un « Clifton » ou bien évidemment d’un « Tarantino », certes The Duo prend un réel plaisir à nous servir des notes savoureuses où l’harmonica et les slides se rejoignent, mais malheureusement la réaction de la salle qui reste très polie n’est pas à la hauteur du talent des deux artistes. Ce n’était sans doute ni le lieu ni l’heure … Dommage car ce groupe est indiscutablement un des meilleurs de l’hexagone !

Un détour par les loges pour saluer Bako Mikaelian et Claude Langlois mais aussi Weiss’n Blues, finaliste du dernier Tremplin Blues-sur-Seine, et il est temps de rejoindre la salle où Eric Bibb va se produire devant les yeux ébahis d’une assistance où l’on reconnaît les Québécois du Denis Viel Band retenus lors du dernier FestiBlues de Montréal pour se produire en France dans le cadre du partenariat entre les deux festivals avec le soutien de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse.

Eric Bibb, c’est l’association de la classe et du talent, une véritable gueule de bluesman sur un visage d’ange avec un jeu de guitare fabuleux et une voix qui vous prend directement au cœur … Voyageant entre blues et gospel sans jamais oublier le folk, le New-Yorkais va nous emmener à travers le monde en nous associant à ses expériences et en retraversant sa discographie déjà très riche. On passe d’un « I Don’t Need No Doctor » à une « Prison Song From Brazos River » et d’une six-cordes à une douze-cordes avant que le fabuleux Larry Crockett ne vienne donner encore plus de charme à un artiste qui nous sert son blues en pleins et en déliés, en y mettant bien évidemment le fond mais aussi largement la forme. Se mariant au plus juste avec le jeu de guitare d’Eric Bibb, le toucher de caisse claire et de cymbales de Larry Crockett n’en finit plus de surprendre et de séduire par une inventivité dont on ne doutait pas mais qui épate encore un peu plus à chacune de nos rencontres … D’un clin d’œil à Mississippi John Hurt à un autre à B.B. King, Eric Bibb charme et attendrit Verneuil sur Seine en se fendant de ses propres classiques et s’attire des tonnerres d’applaudissements entre chaque morceau, le suivant étant à chaque fois plus fort et plus profond que son prédécesseur ! On en passera encore par « John The Revelator » avant qu’il ne soit temps de se quitter sur les derniers coups de minuit après deux rappels mais aussi après deux standing ovations très largement méritées.

En grand artiste qu’il est, c’est dans le hall qu’Eric Bibb viendra saluer ses inconditionnels, se pliant de bonne grâce au jeu des photos et autres dédicaces et affichant à la ville la même bonne humeur et la même décontraction qu’à la scène ! Ceux qui ont eu la chance de partager ce grand moment avec lui ne sont pas prêts de l’oublier …

Ze Bluetones – Salle Municipale – Mézières sur Seine – 19 novembre

L’après-midi est quelque peu étrange puisque après avoir appris que nos bénévoles québécois Maxime et Stéphanie dans un élan d’affection inspiré par la France et par Blues-sur-Seine avaient décidé de faire de notre ami Normand Perras le prochain grand-père du festival, c’est vers Roissy que nous étions appelés pour aller accueillir le très grand Adolphus Bell avant de retourner vers Mézières assister à l’événement de la journée, le concert du Denis Viel Band et celui des excellents Ze Bluetones. Las, des soucis de bagages perdus nous contraindront à arpenter les divers terminaux de l’aérogare pour terminer par arriver bredouilles et en retard à la Salle des Fêtes où le quintet de Denis Viel vient de terminer un concert très très chaud ! Il ne nous reste plus qu’à trouver une séance de rattrapage pour corriger cette absence à notre répertoire !

On connaît Ze Bluetones pour les avoir découverts au Tremplin Blues-sur-Seine de 2002 où leur talent avait été révélé à la France entière … Les retrouver aujourd’hui en tête d’affiche dans une aussi belle salle et qui plus est devant un public venu en nombre est un réel plaisir ! Après avoir enflammé la grande scène du Cahors Blues Passions, c’est à Mézières que Christophe Becker, l’âme compositrice de Ze Bluetones depuis sept ans, et ses sbires vont se produire dans un show un peu particulier. Non pas que la musique soit différente de celle de d’habitude, bien au contraire puisque que les grands classiques du groupe teintés de blues, de swing, de jump et de rock avec de gros relents fifties seront pratiquement tous de la partie, mais tout simplement parce que c’est le dernier concert de Ze Bluetones dans cette formation historique, Christophe Becker ayant décidé de laisser orphelins ses amis de toujours, Thomas Troussier à l’harmonica, Luc Mulot à la basse, Guillaume Chevillard à la batterie et le dernier arrivé Pascal Fouquet à la guitare. Les fidèles du groupe, pour qui la nouvelle n’en est plus vraiment une puisque l’information courait depuis quelques temps, sont tous venus assister à ce bouquet final du feu d’artifices Ze Bluetones en espérant qu’à la dernière minute tout pourrait encore changer mais rien à faire, la décision est ferme et définitive … Tirant des soli venus du plus profond de sa guitare, le Hoodoomen Pascal Fouquet n’aura de cesse de faire monter la pression, relayé dans son travail par une rythmique de très haute facture et par un harmoniciste virevoltant qui aura à cœur d’offrir à son grand frère adoptif un cocktail de départ que ce dernier, visiblement très ému, saura apprécier à sa juste valeur.

On se souviendra donc d’un concert aussi intense qu’émouvant conduit de main de maître par le frontman gaucher du groupe, Stratocaster inversée et pin up collée sur le bois de sa guitare. Un concert qui verra débarquer sur la fin un « Boogie Yaourt » particulièrement bien accueilli mais aussi une jam improvisée avec, pour commencer, l’épatant chanteur Michael Hawkeye Herman qui brillera sur un blues lent, puis avec les musiciens du Denis Viel Band, vainqueurs de La Relève FestiBlues 2006 venus reprendre le flambeau des tremplins de la main même des aînés de Ze Bluetones. La boucle est désormais bouclée …

Un dernier passage par le CAC Georges Brassens pour y transférer Adolphus Bell et pour prendre la température des évènements qui s’y sont déroulés aujourd’hui nous apprendra que Gloria, la compagne de Paul Personne est venue se joindre au groupe A L’Ouest qui animait la jam organisée dans le cadre de la brocante d’instruments et de l’exposition consacrée à la bande dessinée … Un joli clin d’œil à un groupe fort sympathique que notre Paulo national soutient plus qu’activement !

Jam au « One Way » (hors festival) – St Ouen (93) – 20 novembre

Blues-sur-Seine s’accordant une soirée off amplement méritée, c’est une poignée d’irréductibles du blues qui décident de quitter Mantes la Jolie pour rejoindre les Puces de Clignancourt et le mythique One Way pour assister et prendre part à sa traditionnelle jam session du lundi ! Fidèles parmi les fidèles, on compte parmi eux les piliers du bénévolat que sont Riton et Jean Chalmandrier mais aussi Jean Guillermo et quelques artistes issus de la programmation des jours passés et à venir …

On retrouvera ainsi dans une ambiance survoltée les jeunes talents de La Relève Festiblues, Denis Viel Band, mais aussi leurs aînés Doug Mac Leod et Michael Hawkeye Herman ainsi que le jeune Richard Johnston et l’épatant Mudcat réunis autour d’une nuée d’artistes locaux parmi lesquels on notera la présence de Fabien Saussaye exceptionnellement promu batteur, du récent lauréat du Tremplin K-Led Ba’Sam, de l’incontournable Juju Child, du saxophoniste Gulliver Alwood et de tant d’autres plus impressionnants les uns que les autres !

Christine, la sympathique tenancière des lieux affiche un sourire radieux qui confirme bien que le moment est particulièrement exceptionnel et chacun des participants, spectateurs et musiciens, n’ont de cesse de se réjouir d’une prestation de très bonne qualité dont on retiendra un époustouflant « Got My Mojo Working » conduit par Doug Mac Leod avec Dany Mudcat à la guitare, le désormais habituel blues lent emmené par Michael Hawkeye Herman et ponctué de soli individuels de ses accompagnants et enfin une époustouflante démonstration de « boite à cigares » prodiguée par le non moins époustouflant Richard Johnston en transe après avoir demandé le matin même sa jeune compagne en mariage ! D’une rare intensité, la jam se prolongera bien après les douze coups de minuit et c’est la mort dans l’âme qu’il faudra se résoudre à quitter le One Way, les activités du lendemain matin s’annonçant nombreuses pour chacun !

Doug Mac Leod – Roland Tchakounté – Eglise – St Martin la Garenne – 21 novembre

Escale parmi les plus charmantes de Blues-sur-Seine en pleine route des impressionnistes, St Martin la Garenne est traditionnellement dévolue à des concerts acoustiques et ce sont ce soir deux musiciens attachants qui vont s’efforcer de donner au village un de ses temps forts de l’année !

On commence avec la restitution donnée par les enfants de l’école communale, les plus grands s’adonnant à l’harmonica en compagnie de Sébastien Charlier et Nicolas Espinasse mais aussi de leur instituteur tandis que les « petits » issus de grande section de maternelle, de cours préparatoire et de cours élémentaire charmeront l’assistance en compagnie de Christophe Guest en nous emmenant « Dans leur vieille bagnole » ou en nous proposant leur « Blues des lutins ». La relève est assurée !

Doug Mac Leod est un personnage surprenant et après nous avoir éblouis hier lors de la jam au One Way avec un chant particulièrement riche et musclé, c’est en finesse qu’il va se produire ce soir, nous racontant longuement entre les morceaux de savoureuses anecdotes qui évoquent autant sa vie et ses rencontres que la genèse de ses chansons ou encore sa guérison par le blues … Assez mal compris par le public lors de ses commentaires, Doug Mac Leod parviendra néanmoins à le séduire grâce à des morceaux qui mélangent astucieusement finesse et technique et fera lentement mais sûrement monter la pression dans une assistance qui se met à goûter peu à peu à son excellent toucher de frettes et à ses slides ahurissants de délicatesse et qui finira par littéralement exploser à la fin d’une heure d’un concert où des pièces comme « Ain’t No Cure » contrastaient à merveille avec une longue complainte qui a su tirer des larmes à un résonateur usé jusqu’à la trame …

Le temps de présenter les musiciens qui l’accompagnent et déjà Roland Tchakounté se lance dans un véritable festival où le Bamiléké est roi et où la finesse est sa princesse. Totalement intégré au groupe, Mathias Bernheim apporte avec ses percussions une nouvelle élégance à des chansons que l’on adorait en duo mais qui se voient magnifiées en trio ! Non content de nous servir les plus beaux morceaux de l’album « Aba Ngo », les « Mekou Shem », « Noum Windo » ou « Ka Bih Courage », Roland Tchakounté nous présentera ce soir nombre de ses nouvelles compositions, plus orientées world music que blues pour certaines mais toujours aussi entraînantes … Franchissant la barrière du langage, les émotions sont palpables à chaque nouveau morceau et c’est en faisant appel à son imagination que chaque spectateur ressent à sa façon le message que l’artiste veut faire passer au travers d’un slide un peu plus prononcé ou d’une petite épine musicale tirée de la « cymbale à clous ». Impérial, Mick Ravassat passe du dobro à la Les Paul et étend encore un peu plus les sonorités du trio, soutenant le jeu de guitare de Roland qui fait à l’occasion des incursions vers l’Espagne ou vers la Corse … Les esprits de Muddy Waters et d’Ali Farka Touré pénètrent régulièrement dans la magnifique église romane du XIIème Siècle où trônent de superbes statues et viennent se fondre comme par enchantement à la musique du trio ! Trop réservé et surtout trop ému ce soir, Roland Tchakounté aura le plus grand mal à communiquer par les mots mais la subtilité de ses notes aura la bonne idée de le seconder et c’est par une standing ovation largement méritée que la soirée se terminera …

Le chemin du retour partagé avec Michael Hawkeye Herman ne nous conduira pas jusqu’à Buchelay où se produisait ce soir Adolphus Bell et Mudcat mais nous réservera tout de même quelques belles anecdotes d’ordre privé et quelques commentaires flatteurs pour l’organisation de Blues-sur-Seine et pour les musiciens qui y participent. Les corps fatiguent après maintenant treize jours de festival mais le moral reste au beau fixe et les jours qui viennent nous réservent encore de très belles surprises !

The Honeymen – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 22 novembre

Blues-sur-Seine, fidèle à son volet éducatif, programme chaque année des spectacles tout particulièrement destinés aux enfants et c’est en général avec beaucoup de savoir-faire que les artistes programmés s’engagent dans un exercice pas toujours très évident. Invités réguliers du festival, The Honeymen vont aujourd’hui s’adresser à un public venu en famille spécialement à pied du Val Fourré et c’est donc une population pluriethnique qui se présente à eux, les communautés européennes, maghrébines et africaines se réunissant et s’asseyant pour l’occasion en face de la même musique, le blues ! La petite heure de retard imputable au public ne nuira en rien à la bonne humeur générale et c’est avec la ferme envie de faire la fête que le trio commencera son spectacle …

Robert Johnson nous invite à le rejoindre dans sa cuisine par l’entremise d’un vieux pick-up et c’est après un très bel instrumental que Jack, Elmor et Jim vont nous proposer un tour d’horizon du blues où l’on rencontrera les thèmes récurrents au genre, les trains, l’amour, les femmes, la paresse … Revisitant quelques vieux standards adaptés à la façon Honeymen pour devenir « Mon école », « Tu Peux cogner », « Ma belle » ou « Mo j’get une tee fom’ », le trio traverse le blues électrique et l’acoustique mais aussi le cajun, le zydeco ou encore le rock et le boogie et ponctue chacun de ses morceaux d’un trait d’humour ou mieux d’une petite explication très judicieuse … Le Greenbullet sert de transition pour expliquer ce qu’était le blues acoustique non amplifié et Jim et Elmor le démontrent en allant jouer dans la salle, « Nothing But Fine » apprend avec humour quelques mots d’Anglais à un jeune public appelé à le chanter et « Flemmard » ne sera rien d’autre qu’une très bonne occasion de laisser la salle partir en plein délire, le tout se terminant de façon très naturelle sur un « Danser le Boogie » mis en pratique par tout un pan de la ville qui vient de se découvrir une nouvelle passion pour le blues !

Présent dans la salle, Doug Mac Leod vient de prendre conscience de tout le talent de ces trois musiciens avec lesquels il partage tous ses repas depuis quelques jours … A la sortie du concert, les autographes fusent et tout le monde a un petit mot sympathique à l’attention des musiciens, des enfants ou du personnel. The Honeymen a aujourd’hui rempli admirablement son rôle de vecteur pour le blues mais aussi et surtout pour la culture en général. On peut apprendre en riant et les enfants s’en souviendront !

Chris Bakehouseman – Librairie La Réserve – Mantes la Ville – 22 novembre

La soirée est chargée mais avant de rejoindre le Foyer des Jeunes Travailleurs, il nous reste quelques instants à partager entre plusieurs spectacles répartis dans les environs. On commence avec Chris Bakehouseman qui se produit à La Réserve devant une grosse poignée de spectateurs malgré tout le travail de communication effectué par Stéphane, le sympathique propriétaire de la librairie où toute la région aime à se retrouver pour y dénicher de la lecture. Le temps de se prendre une bonne dose de one man band avec à la clé deux titres d’Eddie Cochran et deux adaptations de Snooks Eaglin puis de voir Chris contraint de poser la guitare en plein morceau à cause d’une corde de « La » anéantie et il nous faut déjà quitter les lieux pour aller saluer Charles Pasi qui joue à quelques centaines de mètres de là …

Charles Pasi – Le Sud – Mantes la Jolie – 22 novembre

Encore émus par leur concert donné cet après-midi à l’APARC au milieu des accidentés de la route, Charles Pasi et Antoine Holler se produisent ce soir dans un bar chauffé à blanc par une foule impressionnante et bénéficient de la présence de nombre de bénévoles venus assister à un show dont les deux jeunes gens ont le secret. Nous n’aurons que le temps de goûter à quelques titres dont un superbe « Hallelujah I Love Her So » servi avec toute la finesse de l’harmonica de Charles mais la fin de la soirée aura été apparemment exceptionnelle, Le Sud s’étant transformé en véritable karaoké où chacun aura eu le loisir de venir pousser la chansonnette avec le grand vainqueur du Tremplin Blues-sur-Seine 2005.

Mudcat – Foyer des Jeunes Travailleurs – Mantes la Jolie – 22 novembre

Pendant que l’autre vainqueur du Tremplin Blues-sur-Seine 2005, OC Blues Band, se produit dans le cadre atypique de la Communauté Emmaüs de Dennemont, quelques grappes d’épicuriens habituées ou non aux agapes du FJT se sont retrouvées autour d’un punch avant d’assister au dîner concert animé par Mudcat …

Dany Dudeck ne fait pas dans la dentelle et c’est fidèle à sa tradition de joyeux fêtard qu’il va nous proposer son show, accompagné dans ses débordements par l’épatant trombone Joe Burton qui s’est régulièrement illustré aux côtés du grand B.B. King. Pianiste, guitariste et chanteur, Mudcat laisse libre cours a ses délires les plus inattendus et ponctue ses belles mélodies de facéties qui passent plutôt bien dans une salle de restaurant pas comme les autres où les entrées sont servies sur une ardoise et où les mets concoctés par Gilles et son équipe rivalisent avec ceux des meilleurs chefs de la région ! Jouant du piano avec les pieds, l’artiste venu d’Atlanta s’approprie « Georgia On My Mind » et plaisante en disant qu’il ne sait plus trop à quel moment il a écrit ce standard pour Ray Charles … On traverse quelques morceaux de l’excellent « The Mess Is On » entre la volaille et le dessert et chacun y va de son petit solo, Bika Bika Pierre à la basse, Yoshito à l’harmonica et même Julien Audigier qui arpente la salle du restaurant avec sa caisse claire autour de la taille ! De son côté, Mudcat se livre à un sport dont il a le secret, marcher sur les tables et partir séduire la gent féminine, provoquant l’hilarité mais aussi l’admiration tant son jeu sait rester précis quelle que soit la position dans laquelle il se trouve. Rejoint par Maria et par son bodyguard Riton sur « I Wanna Make Love », Mudcat nous présentera une composition hispanisante destinée à son prochain opus mais aussi un énorme boogie woogie qui finiront de mettre le FJT sur les genoux tant le show aura été énergique ! Un dernier rappel avec Charles Pasi en special guest et l’affaire sera dans le sac, quatre heures se seront écoulées sans même que personne ne s’en aperçoive … La bonne chair et les pitreries de Mudcat font bon ménage et tout les convives présents ce soir ne sont pas prêts d’oublier leur fabuleuse soirée ! 


   
Denis Viel Band – Brasserie de l’Etape – Mantes la Jolie – 23 novembre

Il est difficile de satisfaire à toutes les invitations du festival mais pour avoir eu le privilège de faire partie des votants lors du dernier concours de La Relève FestiBlues en août dernier à Montréal, nous nous devions d’assister à un des concerts des heureux récipiendaires du prix Blues-sur-Seine décerné en partenariat avec l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse. C’est donc à la Brasserie de l’Etape devant une grosse vingtaine de personnes que nous passerons un moment avec le Denis Viel Band qui nous sort ce soir le grand jeu, laissant à son clavier Réjean Dubé le soin de venir temporiser les guitares de Denis Viel et de Christian Gagnon. Le très bon blues rock des Québécois saura convaincre l’assistance et c’est à grands coups de « Shame On You » ou de « Superstition » mais aussi avec des reprises dignes de Muddy Waters comme « I’m The Seventh Son » que le quintet va parvenir à mettre la main sur une assistance plutôt réactive aux coups de semonce que leurs assènent ces cinq détenteurs de l’héritage du blues sur le continent Nord-Américain … La soirée s’annonce longue et nous quittons les bords de Seine pour rejoindre le CAC où les lasagnes de Tony nous font de l’œil …

Master Class Jack De Keyzer – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 23 novembre  

C’est Jack De Keyzer et ses jeunes élèves de la master class de guitare qui nous accueillent dans le café concert Luther Allison et nous profitons un moment de l’enseignement prodigué par ce grand bluesman venu de l’Ontario à des élèves attentifs et émerveillés par la finesse du jeu de guitare d’un artiste qui a participé à tout ce que l’Amérique compte de grands festivals. Parti sur la dissection de « Sweet Home Chicago », Jack De Keyzer parviendra avec beaucoup de tact à apprendre le morceau à des disciples de tous niveaux qui auront pour beaucoup pris ce soir leur première leçon de blues ! C’est ainsi que naissent les vocations …

Michael Hawkeye Herman – Charles Pasi – Le Colombier – Magnanville – 23 novembre 

Pour avoir passé énormément de temps en compagnie de Michael Hawkeye Herman ces derniers jours, nous savions à quel point l’homme avait d’expériences à partager mais c’est en prenant part à son concert interactif que nous pourrons découvrir véritablement toute l’étendue de son savoir et de son talent ! Une voix, une guitare et Mike Lécuyer aux traductions, il n’en faudra pas plus à ce grand bonhomme du blues pour nous faire participer à un voyage entre Mississippi, Californie et Iowa où l’on rencontrera des compositions comme « Great River Road » et des reprises comme « When You Got A Good Friend » ou « Statesboro Blues ». La guitare rafistolée à la super glue suite à un éclatement dans le dernier vol transatlantique ne montrera aucune faiblesse, sans doute en raison des grigri indiens accrochés à sa tête, et si Michael Hawkeye Herman se laissera aller à utiliser le dobro Fender de Michel Roué, un des bénévoles du festival, ce ne sera que pour mieux nous montrer les similitudes qui existent entre les cris humains et les effets de slide en revisitant un épatant « Rambling On My Mind ». Jamais à cours d’anecdotes comme celle de l’acquisition de sa première guitare, le fringant soixantenaire nous présentera le country blues d’Hank Williams, nous expliquera les origines anglaises de « St James Infirmary » qu’il considère que le plus vieux blues au monde puis nous transmettra le flambeau reçu de ses pères spirituels avec lesquels il a partagé les scènes en nous gratifiant en guise de rappel d’un énorme « Key To The Highway » qui leur est dédié, n’oubliant pas au passage de saluer la mémoire de Robert Lockwood Jr. qui a définitivement tiré sa révérence deux jours plus tôt …      

 

Quelques minutes passées au stand de dédicaces nous permettront de saluer Michael Hawkeye Herman avant que Charles Pasi ne se lance dans un show fidèle à la tradition de dynamisme du jeune harmoniciste et de ses complices ! Parti en électrique, le set des Parisiens aura un peu de mal à prendre sa vitesse de croisière mais tout rentrera dans l’ordre au bout de trois morceaux, quand Antoine Holler déchaussera la Strat pour se saisir de sa superbe Takamine et donnera le ton des indispensables « If I Move », « She’s » et « The Private’s Last Night » ou de la relecture de Cream, « Sitting On The Top Of The World ». Rapidement rejoints par la Franco-Québécoise Lise Hanick venue poser sa guitare et sa voix sur l’autobiographique « Give My Body Not My Soul » puis sur un vibrant « Got My Mojo Working » agrémenté d’un formidable solo d’onomatopées, les quatre jeunes musiciens ne manqueront pas de faire participer la salle, Charles Pasi descendant même à plusieurs reprises à la rencontre de son public. Achevé sur un retour en électrique pour « Talking With My Friends » et pour un « Move On » bourré de breaks inventifs, le set nous offrira en rappel une œuvre à trois guitares avec Michael Hawkeye Herman et Lise Hannick venus prêter main forte à une formation dans laquelle l’Australien Jimi Sofo aura une fois de plus enchanté l’assistance avec un jeu de basse acoustique fretless du plus bel effet ! Egal à lui-même, Charles Pasi a été une fois de plus excellent ce soir et si la réaction de la salle était plus mitigée qu’à Montréal, elle était largement à la hauteur du talent indiscutable que le groupe affiche haut et fort …

Il est temps de quitter l’admirable salle du Colombier non sans avoir salué les groupes programmés ce soir et les avoir félicités et remerciés pour le bonheur qu’ils ont donné à un public où l’on reconnaissait quelques habitués des grands moments blues de la région. La rencontre entre le vieux routier du blues et le jeune loup émergeant aura tenu toutes ses promesses et c’est avec un très grand respect mutuel que Michael Hawkeye Herman et Charles Pasi se sont quittés ce soir !

Adolphus Bell – CAC Georges Brassens – Mantes la jolie – 24 novembre 

Adolphus Bell est pratiquement prêt à reprendre l’avion pour les Etats-Unis et il ne nous a pas encore été donné l’occasion de le voir se produire en live … Le concert donné en début d’après-midi pour le public scolaire sera l’ultime occasion de se rattraper et c’est à un show bref mais ô combien chargé d’émotion que nous allons assister, ce Père du blues étant bien décidé à se jeter corps et âme dans un set qu’il tiendra à bout de bras du début à la fin ! Face à un public pas vraiment concerné au départ par le blues, Adolphus Bell saura s’adapter et faire monter progressivement l’attention des jeunes gens en leur servant un cocktail « made in one man band » à base de guitare, de chant, d’harmonica et de batterie. Passé par un « Thrill Is Gone » et un « Ain’t No Sunshine When She’s Gone », l’étonnant artiste qui se produit en solo depuis une trentaine d’années se livrera en fin de spectacle à un étonnant twist mais aussi à quelques facéties dont deux emprunts à Chuck Berry, le premier n’étant autre que son célèbre duck walk et le second une reprise de « Johnny B. Goode » qui finira de mettre le feu à la salle !

Regroupés sur le devant de la scène pour saluer l’artiste et le congratuler, élèves et professeurs ne tariront pas d’éloges à son sujet et si on ne sait guère s’ils sont ou non conscients d’avoir approché de très près les racines du blues, tout le monde est certain que ce moment de partage aura été apprécié de tous …    

Ten Years After – Forum Armand Peugeot – Poissy – 24 novembre

Cela fait maintenant quatre ans que Blues-sur-Seine programme un concert dans le show-room des Etablissements Peugeot de Poissy et c’est cette année encore un moment exceptionnel qu’il va nous être donné de vivre dans cette superbe salle aux tons bleus et bois ! Après Heather Hardy en 2003, le Golden Gate Quartet en 2004 et Sharrie Williams en 2005, ce sont ce soir les légendaires Ten Years After qui vont être à l’honneur …

On commence avec Big Ben, une formation rock présentée par Fender France, et si le jeu est assez juste et le son plutôt bon, la prestation nous laissera quelque peu sur notre faim, le groupe s’attachant à enchaîner des gimmicks plus éculés les uns que les autres et privilégiant le look sur la cohésion artistique … Un chanteur aux faux airs de Klaus Meine (Scorpions) s’offrant quelques incursions dans la salle immortalisées par un photographe partie prenante au show en montant sur scène, le batteur qui met le feu à ses baguettes pendant son solo et quelques autres plaisanteries du même genre viendront donner un petit côté pathétique à un show ni plus ni moins bon partagé entre Anglais et Français et entre reprises et compos dont un « Sexy Time » qui vaut toutefois le détour … 

Après une vingtaine de minutes de changement de plateau, Ten Years After fait son entrée dans une salle amorphe et va faire tout son possible pour la réveiller, usant d’un gros son malheureusement trop saturé au niveau des basses mais aussi et surtout d’une cohésion ahurissante et d’un feeling qui frise le hors concours ! On fera immédiatement abstraction de toute comparaison avec le Ten Years After d’Alvin Lee, Joe Gooch ayant réussi l’exploit de le remplacer admirablement sans pour cela le faire oublier. Virtuose de la Stratocaster et chanteur d’un très bon niveau, le jeune frontman conduit à merveille un groupe où les vieux de la vieille sont fidèles au poste et où Chick Churchill aux ivoires, Leo Lyons à la basse et Ric Lee à la batterie donnent à cette mouture de Ten Years After toute sa légitimité.

On traverse donc avec beaucoup de subtilité quelques « Working On The Road », « King Of The Blues » ou « Hear Me Calling » mais aussi quelques medleys et autres jams qui donnent au concert un caractère très rock progressif avec sa succession de creux et de vagues en terme de tempo. Quelque peu réveillée par un très très long solo de batterie puis par « The Hobbit », la salle va encore réagir un peu plus à « Love Like A Man » pour finir par se débrider au fur et à mesure que défileront les « I’d Love To Change The World », « Good Morning Little Schoolgirl » et autres « I Can’t Keep From Crying Sometimes » avec sa jam très hendrixienne en plein milieu et ses plans où l’on croise aussi bien « Walk This Way » que « Smoke On The Water ». Le véritable feu d’artifice n’aura pourtant lieu qu’à la fin du concert, pendant le sempiternel « Going Home » et son cortège de breaks, de « Blue Suede Shoes » à « Hound Dog » ! Enfin debout et acclamant le groupe à tue tête, le Forum Armand Peugeot sort péniblement d’une léthargie dans laquelle il s’était lui-même plongé, Ten Years After n’ayant à aucun moment démérité et s’étant contenté de reproduire assez fidèlement mais avec tellement de classe et de naturel son tout nouveau live, faisant monter l’intensité d’un cran à chaque changement de morceau !   

Le temps de saluer Joe Gooch mais aussi quelques amis de passage dont certains sont venus de très loin, comme ce fan de Trust venu de l’Aisne pour approcher le mythe, et il est temps de foncer vers Mantes pour essayer d’attraper quelques notes de The Reverend mais sans succès ! Une session de rattrapage au Plan de Ris Orangis dans quelques jours s’avère donc quasiment incontournable …

Soweto Gospel Choir – Johnny Clegg – Salle Jacques Brel – Mantes la Ville – 25 novembre

C’est ce soir que Blues-sur-Seine tire sa révérence et c’est de façon on ne peut plus touchante que le festival prendra congé de son public puisque la programmation est une fois encore riche et colorée avec le projet franco-nigérian Désert Rebel au Sax d’Achères et le plateau Soweto Gospel Choir et Johnny Clegg à Mantes la Ville. De retour de Versailles où nous étions allés saluer nos amis Ex Vagus et Ange qui se produisent ce soir dans le superbe Théâtre Montansier, nous nous dirigeons rapidement vers la Salle Jacques Brel qui affiche complet.

Démarré à l’heure précise, le show du Soweto Gospel Choir va très rapidement mettre toute la salle sur la même longueur d’ondes, celle d’une musique positive et communicative qui séduit autant l’ouie que la vue avec des sonorités zoulous et des costumes du plus bel effet. Moitié zébrures, moitié formes géométriques, les habits de scène de cette chorale d’un autre genre séduisent par des couleurs flamboyantes et par une harmonie parfaite qui tape l’œil sans jamais choquer. Unanimement salué par la presse du monde entier, le Soweto Gospel Choir ne faillira pas à sa réputation en nous offrant une succession de chants où l’énergie déployée est impressionnante et où les danses font partie intégrante d’un spectacle particulièrement vivant. Piochant dans leurs deux albums, « Blessed » et « Voices From Heaven », les Sud-Africains ne cèderont pas à la facilité de nous proposer les traditionnels « Amazing Grace », « Oh Happy Day » ou autres « Swing Low, Sweet Chariot » qui n’auraient rien apporté de plus à leur présence pour au contraire nous servir un répertoire intégralement fait de sublimes chants africains évoquant la quête de la paix et la revendication de leur terre ou célébrant dix années de démocratie en Afrique du Sud. Avec ses voix merveilleuses et ses percussions judicieuses, avec ses chorégraphies parfaites regroupant danses et sauts mais aussi quelques tranches de vie comme cette scène de ménage qui terminera la prestation, la formation n’aura eu de cesse de déclencher des tonnerres d’applaudissement amplement mérités tout au long d’une trop petite heure d’une rare intensité … A voir et à revoir ! 

Une petite demi-heure de pause pour changer le plateau et c’est au tour de Johnny Clegg d’investir une Salle Jacques Brel entièrement vouée à sa cause ce soir. Après un premier titre bondissant évoquant une hypothétique capoeira africaine, le Zoulou Blanc va nous faire traverser son tout nouvel album, chaussant de temps à autres une guitare mais prenant aussi à l’occasion un bandonéon pour soutenir un groupe impeccable dans lequel on remarque l’étonnant guitariste Andy Innes issu de Savuka et des musiciens présents à ses côtés depuis plusieurs années.  On traverse en musique les « Daughter Of Eden », « Thamela », « The Revolution Will Eat Its Children » ou « Faut pas baisser les bras » avec toujours un petit mot d’introduction dans un Français très correct et fort bienvenu. On prend note des considérations ethniques, philosophiques, politiques ou sociales d’un chanteur dont l’engagement n’est plus à démontrer et on croise de temps à autres un des vieux standards qui ont contribué à faire la renommée de Johnny Clegg comme par exemple « Bullets For Bafazana » ou « I Call Your Name » arrivés assez tôt et l’un derrière l’autre dans le set. Toujours en pleine forme, Johnny Clegg multiplie les danses et les bonds et se donne corps et âme dans un show qui est un véritable plaidoyer universel pour les droits de l’homme et de l’Afrique dans lequel il s’exprime aussi bien en Zoulou et en Afrikaans qu’en Anglais ou encore en Français. Après avoir entrevu un moment Nelson Mandela et le Mur de Berlin sur « Your Time Will Come » et constaté que l’artiste continuait sa recherche de la spiritualité avec « Great Heart », le temps sera venu d’entamer la dernière ligne droite du concert avec l’enchaînement indispensable de « Scaterling Of Africa » et de « Cruel, Crazy, Beautiful World » qui raccompagnera l’artiste une première fois vers sa loge. 

Le temps d’installer des praticables et ce sont Johnny Clegg mais aussi le Soweto Gospel Choir qui reviennent pour le moment que toute la salle attend avec impatience depuis le début de la soirée, un formidable « Asimbonanga » immédiatement suivi par « Impi », tous deux donnés en chœur et repris par un public définitivement aux anges ! Encore un morceau en solo et le parrain de cette 8ème édition de Blues-sur-Seine quittera définitivement la scène non sans avoir remercié et salué son public d’un petit saut, somme c’est la coutume avec lui …

Il est ensuite temps de clore définitivement le festival et c’est Alain Langlais, son Président, qui se charge de le faire dans un discours où il salue l’engagement de ses partenaires, de son équipe technique et de ses bénévoles … On se remémore quelques grands moments passés ensemble tout au long de ces dix huit journées et il est enfin temps de procéder au tirage au sort de la guitare mise en jeu par Fender France. Son heureux gagnant n’est pas dans la salle et la traditionnelle photo célébrant la remise du superbe objet aura donc lieu dans quelques jours … Que dire de plus si ce n’est merci à toute l’organisation ? Comme disent nos cousins de La Belle Province : « Tabarnak, c’tait fun encore ! ».

Fred Delforge - novembre 2006