Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

OXMO PUCCINO & THE JAZZBASTARDS pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 30 septembre 2006
 

Lipopette Bar
(Blue Note – Capitol Records – 2006) 
Durée 44’01 – 12 Titres

http://www.oxmo.net

On le savait capable de faire tomber les idées préconçues depuis la sortie de son premier album, « Opéra Puccino », mais de là à l’attendre sur le prestigieux label Blue Note pour son quatrième album, il y avait quand même un pas que l’on n’aurait sans doute pas osé franchir sans garanties. Rappeur parisien d’origine malienne, Oxmo Puccino n’abandonne en rien le hip hop de sa jeunesse mais avance et franchit les montagnes en passant cette fois par un album très jazzy non seulement dans l’esprit mais aussi dans la réalisation ! Rejoint par Vincent Taurelle aux claviers, Vincent Taeger à la batterie, Ludovic Bruni aux guitares et Marcello Giuliani à la basse et à la contrebasse mais aussi plus ponctuellement par des cuivres ou un violoncelle, Ox’ a choisi d’abandonner un projet hommage à Billie Holiday pour à sa place se consacrer à un album entièrement nouveau dont les textes seraient tirés de sa plume et dont les musiques seraient composées par Vincent Taeger et Vincent Taurelle … Fin septembre 2006, le nouveau bébé entre dans les bacs et ses parents n’en sont pas peu fiers !

Sorti de son contexte musicalement froid, le rap français n’a jamais été aussi bien mis en valeur que par la musique de ces Jazzbastards, et des mots qui peuvent généralement sembler durs ou même agressifs prennent avec des accords de piano et un son de contrebasse une toute autre mesure … On pourrait imaginer que la collaboration n’a pas été évidente et pourtant, quand on entend ce qui en est ressorti, on se dit que l’osmose était totale et que le courrant n’a eu aucun mal à passer. Nous conviant au « Lipopette Bar », Oxmo Puccino nous présente les gens qui le peuplent et l’ambiance qui y règne, une ambiance entre jazz et mauvais trip où l’on sent la présence forte de la mante religieuse Kali et de sa cousine Billie disparue à la fin de sa tournée triomphale pour se réfugier dans ce lieu imaginaire, du flic véreux Pat Phil et du barman Tookie, du bookmaker Barbie et de Yago, son homme de mains, du pianiste Pile Ali et de Tito, le voyou au grand cœur … On traverse « Perdre et gagner », « Quoi qu’il en soit », « La roulette russe » et « La femme de sa nuit » comme on le ferait dans un conte, ou mieux comme dans un vieux polar en noir et blanc dans le genre du « Faucon maltais », puis on termine en fanfare avec un « Nirvana » complètement atypique aux accents bruitiste et aux sons enregistrés aux limites du mono. « Lipopette Bar » est une fabuleuse histoire née de la rencontre de deux mondes, celui des griots modernes et des cités d’une part et celui des musiciens et des piano bars de l’autre. Il fallait le faire car la collaboration a permis à chacun de comprendre et de respecter le travail de l’autre ! Blue Note s’est offert le culot d’engager un rappeur et a une fois de plus fait avancer les choses … Bravo.