dimanche, 20 août 2006
Pause
(Babylone Bypass – PIAS – 2006)
Durée 56’53 – 12 Titres
http://www.pause-muzik.com
 Faire la jonction historique entre deux époques, celle de la Mano Negra d’une part et celle de Tryo de l’autre, c’est le but que s’est fixé Pause, la réunion de quelques artistes parmi lesquels on remarquera en tête de liste l’ineffable Guizmo, chanteur et guitariste justement en pause de Tryo, et le génial Daniel Jamet transfuge de la dite Mano … Accompagnés de Negoos et Oliv’ de M’Panada (chant et guitare), de Seb de Tarace Boulba (batterie), de Julien de Désert Rebel (basse) et de Toma de Free’s B (claviers), les deux trublions ont choisi de faire un pont entre le rock et le reggae sans jamais user de la langue de bois et en laissant pénétrer diverses influences comme le hip hop, le metal et les musiques du monde. Comptant un nombre incommensurable d’amis à leur répertoire, Guizmo et Daniel Jamet ne pouvaient qu’en inviter quelques-uns à les rejoindre sur un album qui fait figure de joyeux bordel et qui n’hésite pas à mettre un grand coup de pied dans la fourmilière …
Engagé et engageant, ce premier essai éponyme fait honneur aux multiples genres musicaux qui ont parsemé la redoutable carrière des deux frontmen instigateurs du projet ! On y retrouve un rap jazzy qui coule tout seul sur l’excellent « Métamorphose », un reggae subtil sur « Les bras de la pharma », un ska sensuel avec « Aristochapote », des sonorités orientales avec « Bagdad Live » où l’on retrouve l’icône Gnawa Diffusion, une somptueuse cacophonie cuivrée orchestrée par Mister Gang sur « Bourreau », des envolées de percussions et de guitares qui ne sont pas sans rappeler Tryo, présence de Manu et Daniel oblige, avec « Où tu vas ? », de la douceur et de la finesse avec « Laisse toi aller », des flows totalement inattendus avec « Sinistre » ou l’excellent « Le lapin » featuring Imhotep d’IAM … Et on en passe ! Associant la précision méticuleuse des instrumentations cachée derrière un semblant de détachement d’une part et l’attaque franche et sauvage des lyrics de l’autre, Pause ne fait pas dans la dentelle, mais d’ailleurs le groupe en avait-il envie ? Irrésistible pour ceux qui n’en attendaient ni une réincarnation de La Mano ni un nouvel album de Tryo, Pause a le mérite de se démarquer juste ce qu’il faut d’un « King Of Bongo » ou d’un « Grain de sable » et de marquer une réelle évolution dans le style de deux artistes majeurs de notre patrimoine culturel. Bien joué !
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