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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 09 août 2006
 

FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
Du 10 au 13 AOUT 2006

Toutes les informations sur http://www.festiblues.com

C’est toujours un plaisir de se retrouver sur les festivals et quand ceux-ci se déroulent qui plus est à quelques 5.500 kilomètres de chez nous, les rencontres et le dépaysement sont forcément au rendez-vous … Sept heures d’avion et six heures de décalage horaire séparent Paris de Montréal et après quelques jours d’acclimatation passés entre les rendez-vous avec les radios locales, la visite des magasins de musique dont l’époustouflant Steve’s Music Store (http://www.stevesmusic.com), les retrouvailles avec les amis Québécois et la découverte d’une ville cosmopolite fort attachante, il est temps de passer aux choses sérieuses en entrant de pied ferme dans le vif du sujet …

Mardi 8 août 2006 :   

Sacré bon départ pour la neuvième édition du FestiBlues International de Montréal qui reçoit ce soir ses VIP et les médias à la Maison de la Culture d’Ahuntsic Cartierville pour une soirée placée sous le signe de la bonne humeur et de l’harmonica ! Ouverte par Charles Pasi, le grand gagnant de l’édition du Tremplin Blues-sur-Seine 2005, et Travis Knights, surprenant danseur de claquettes, la réception laissera très vite place au cortège des discours officiels et à la présentation non seulement du programme mais aussi du volet social d’un festival qui se veut ouvert sur le monde puisque l’on y retrouve des artistes venus de Pologne, du Cameroun, des Etats-Unis, de France et d’ailleurs mais qui se concentre également sur un quartier auquel il apporte une véritable aide et un véritable soutien ! On retrouve dans la salle nombre d’artistes programmés sur le festival avec notamment Rick L. Blues, Luck Mervil, Gregory Charles ou l’étonnant Frigid, animateur de la première soirée Electro Blues programmée samedi, et Robert Charlebois, tête d’affiche du concert d’ouverture de jeudi nous gratifiera même d’une petite prestation filmée dans laquelle il rappellera son attachement au quartier et sa joie de revenir y jouer dans quelques jours … Après une grosse heure de conférence de presse et la remise du trophée FestiBlues 2006 à nos amis Réjean Nadon et Louise Gosselin du Net Blues (http://www.lenetblues.com), c’est de nouveau Charles Pasi qui se chargera de conclure en nous proposant une petite demi-heure de musique dont il a le secret, séduisant comme à son habitude le public grâce à un show plein de charisme et de bonne musique ! Relayée par les télévisions, les radios et la presse écrite, l’ouverture de ce cru 2006 se place donc sous les meilleurs auspices … La météo s’annonce clémente et le public devrait une fois de plus venir en nombre profiter de quatre journées de grande qualité !

Jeudi 10 août 2006 :   

On entre ce soir dans le vif du sujet avec la première grosse soirée publique dans un Parc Ahuntsic qui a craint la pluie toute la matinée et qui l’a même essuyée en tout début d’après-midi … Quand les premiers spectateurs gagnent la pelouse juste avant 18 heures, le soleil est au rendez-vous et son retour semble bel et bien définitif. Tout le monde peut enfin respirer paisiblement !

On commence avec le premier finaliste du concours Relève en Blues, The Ronnies, qui viendra nous pousser son gros Chicago blues sur fond de guitares qui hurlent et d’harmonicas qui flambent, le tout malheureusement desservi par un son atrocement fort qui fait mal aux oreilles ! Dommage car même si la voix du chanteur est un peu trop poussée, il y a dans ce jeune groupe les quelques ingrédients nécessaires pour faire un bon blues … A revoir dimanche, dans de meilleures conditions on espère !
 
Le temps de tourner la tête vers la scène Hydro Québec et c’est parti pour quarante cinq minutes du blues métissé de J.D Slim où l’on croise autant d’influences Chicago que de relents country ou même cajun. Guitariste émérite et slideur né, l’artiste se partage entre Anglais et Français et s’accompagne d’un bassiste à l’instrument futuriste qui donne à son show une raison de plus de passer pour un véritable ovni. Agréable par le son et délicieuse par la teneur, la guitare de J.D Slim aura permis ce soir à un public qui arrive tranquillement sur le site de se mettre en jambe avant le grand moment très attendu …

On passe très rapidement à Rick L. Blues et à son show haut en couleurs. Performer né, le colosse au costume bleu et aux lunettes fumées nous rappelle à quel point il est un virtuose de l’harmonica doublé d’un chanteur à la voix exceptionnelle. Accompagné de son génial guitariste Henry Breton et d’un contrebassiste au look d’enfer, Rick L. Blues nous servira son cocktail de bon blues où l’on retrouve des standards comme « Got My Mojo Working », « Everyday I Have The Blues » ou « Train Train » mais aussi des morceaux plus obscurs et des compositions personnelles, art pour lequel l’artiste fait montre d’un réel talent ! La bonne nouvelle du jour sera quand même l’annonce d’un troisième album qui sortira à l’automne prochain et qui mettra un terme définitif à la rumeur non fondée selon laquelle Rick L. aurait été tenté de remiser les amplis ! On a eu peur …

Le Parc Ahuntsic s’est rempli et ce sont quelques milliers de spectateurs, sans doute une quinzaine, qui attendent l’enfant du pays, un « p’tit gars ben ordinaire » qui répond au nom de Robert Charlebois ! Comment résister à cette véritable gueule du show business qui après plus de trente années de carrière revient sur les lieux de son enfance et nous y sert un spectacle pas franchement blues dans l’esprit mais ô combien sympathique ! On y retrouve les grands classiques du chanteur qui est également auteur, compositeur et brillant guitariste, des « Ailes d’un ange » à l’incontournable « Lindbergh », et si on attendra toute la soirée un hypothétique « Je reviendrai à Montréal » (après tout, il y est …), chacun aura le loisir de se régaler d’un show bourré d’humour et de fun comme on dit ici. Porté par deux batteurs et par un bassiste qui répond au nom célèbre d’Alexandre Dumas, la section rythmique nous rappellera que les Canadiens sont de très bons bûcherons et que si l’on a trop souvent rangé Charlebois dans le côté variété des bacs, il aurait pu tout aussi bien se garer dans la case rock ! Robert Charlebois à Montréal, c’est un peu comme Johnny Hallyday au Parc des Princes, un match à domicile et un public en communion totale avec son idole ! Thank You Bob …

On quitte la scène Loto Québec pour retrouver sa voisine Hydro Québec où se produit Tony D, un artiste à la discographie conséquente et au talent certain qui nous offre un blues de très bonne facture relevé d’un saxophone à l’inspiration bienvenue. Venu à FestiBlues dans le cadre de la Route du Blues, une réunion de divers festivals entre Québec et Ontario, Tony D y laissera une empreinte indélébile et même si une partie du public quitte les lieux très vite pour aller goûter à un repos mérité avant de reprendre le travail demain matin, ceux qui feront l’effort de rester en seront récompensés par un concert particulièrement explosif !

Direction la Maison de la Culture où Greg Szlapczynski s’est malheureusement produit pendant le concert de Robert Charlebois, ne recevant que la visite d’une cinquantaine de spectateurs … On y retrouve Jim Zeller, un artiste du cru qui ne manque pas de charisme et qui en impose autant par son jeu d’harmonica que par sa voix ou tout simplement par sa prestance ! Capable de nous proposer des adaptations très personnelles d’hymnes comme « This Boots Are Made For Walking » revu et corrigé à la sauce Zeller pour devenir « This Blues Are Made … » ou de nous envoyer un « Last Night A Dj Save My Life », un étonnant « Get Up, Stand Up » ou encore une version solo de « Summertime » pour prendre congé de nous, le frontman le plus en vue de la scène blues montréalaise mettra une ambiance bouillante dans une salle déjà chauffée à blanc et partagera sa scène pour un morceau avec Greg Szlapczynski qui recueillera lui aussi un très vif succès auprès des amateurs du ruine babines !

Avant de partir se remettre de nos émotions, il nous reste encore à aller rendre visite à Mike Deway qui se produit devant une quarantaine de spectateurs au Bienvenue Bar Salon, un club proche du Parc Ahuntsic. Découverts sur album il y a plusieurs mois, le guitariste et son band confirmeront tout le bien que l’on pensait déjà d’eux en nous proposant un mélange de reprises et de compositions au ton très coloré dans le genre de « J’part la bagarre » ou « Une gang de fous ». Passant du blues au boogie et du boogie au rock, le brillant guitariste Mike Deway et le Only Blues Band conduit par la chanteuse Josée Ferland nous permettront de terminer la soirée de façon particulièrement sympathique et même si le son est un peu agressif, personne n’en tiendra rigueur à une formation qui aura donné le meilleur d’elle-même pour le plus grand plaisir d’un public de danseurs massé devant la scène … 

Vendredi 11 août 2006 :   

Il est 18 heures quand Ahuntsic s’éveille de nouveau côté public avec Aziz, le deuxième des trois finalistes du concours Relève en Blues qui vient donner des watts à un parc encore un peu clairsemé pour cette mise en marche fort agréable. Groupe mixte où l’on découvre deux représentantes de la gent féminine, la bassiste et la chanteuse, Aziz se révèlera plutôt intéressant et si le set se montre quand même encore un peu décousu, on remarquera sa bonne tenue générale qui lui permet de maintenir l’attention des spectateurs en éveil du début à la fin du concert.

La seconde scène accueille dans la foulée un groupe pour sa part très en place et très homogène, Bill Durst Band, venu représenter l’Ontario dans le cadre de la Route du Blues. Conduit par un Angus Young, ou plutôt par un Angus « Old » décadent en short et chaussettes noires arborant fièrement une superbe Gibson SG, un crâne dénudé et une barbe à la ZZ Top, le gang de Bill Durst n’aura aucun mal à séduire avec un bon gros boogie blues de derrière les fagots qui rappelle immanquablement celui des inénarrables Gibbons, Hill et Beard. Décapant et bien servi, le blues rock des Canadiens aura tôt fait de nous mettre en jambe pour le reste de la soirée. On n’en attendait pas moins d’une formation dont tout le monde nous avait fait l’éloge jusqu’ici !

Le temps de se restaurer et c’est déjà au tour de Kevin Mark de venir chauffer encore un peu plus un public déjà très réactif en lui servant un mélange de West Coast et de blues. Un premier morceau présenté par ses musiciens parmi lesquels on reconnaît l’ex-pianiste du Blues Berry Jam et c’est au tour de ce gagnant d’un Lys Blues de venir faire porter ses grandes envolées de guitares par deux saxophonistes bien synchronisés et par un groupe très professionnel. Séducteur, Kevin Mark parviendra très rapidement à se mettre le public dans la poche pour le conduire là où il a choisi de le faire, c'est-à-dire vers un « St James Infirmery » qui clôturera un set de très grande qualité !

Rendre hommage à B.B. King est une chose que nombre de musiciens font au quotidien mais c’est ce soir un tribut hors normes qui va lui être payé par un groupe all stars où l’on reconnaît Christian Malette et son Big Band cuivré à souhait mais aussi de prestigieux invités : Bob Walsh et Sylvie Desgroseillers ! Parti dans un gros show avec « Everyday I Have The Blues », Christian Malette fera office de mouche du coche et conviera tour à tour les deux grands artistes appelés à l’accompagner pour un set qui traverse le répertoire du légendaire guitariste et quelques standards du blues comme « Got My Mojo Working » réarrangé pour l’occasion. Subjugué par la voix fabuleuse de Sylvie Desgroseillers mais aussi par la prestance de Bob Walsh (et par le pantalon à carreaux rouge et noir de Christian Malette …), le public aura finalement vibré comme un seul homme au son d’un « Hold On, I’m Coming » d’anthologie admirablement servi en trio par les héros de la soirée. Un moment inoubliable !

Difficile de succéder à cet hommage appuyé à B.B. King et pourtant Charles Pasi est bien décidé à relever le défi ! Les milliers de spectateurs amassés devant la scène Loto Québec ont juste eu le temps de faire un quart de tour vers la gauche que le set du Parisien vainqueur du Tremplin Blues-sur-Seine 2005 est parti au son d’un « Sing Sing Song » plutôt inattendu. Radicalement modifié, le show de Charles Pasi voit le nombre de titres interprétés considérablement réduit et chaque morceau rallongé d’autant … Difficile de dire définitivement si c’est mieux ou non mais toujours est il que le public y trouve son compte et que l’harmoniciste Guy Bélanger est enthousiaste au sujet du petit frenchy qui monte ! Aussi charismatique que n’importe quel vieux routier du circuit blues, Charles Pasi brille autant par son jeu précis que par sa voix attachante et n’hésite pas à faire le show en descendant au milieu du public ou en esquissant régulièrement quelques pas de danse sur scène. Le public en redemandera à la fin du concert mais, au grand dam des organisateurs qui n’ont plus la possibilité de lui accorder la moindre minute et qui le regrettent autant que nous, Charles Pasi se verra contraint de quitter la scène sans offrir de rappel à un public littéralement emballé par la prestation du groupe !

On traverse le parc en direction de la Maison de la Culture et, à défaut d’y retrouver Roland Tchakounté qui a fini son concert depuis un bon moment, on assiste à la seconde partie du set de Bob Harrison ! Chanteur à la voix caverneuse et guitariste au jeu flamboyant, la star locale met le feu à la salle en lui servant un mélange de reprises et de compositions dans lequel on retrouvera le véritable hymne québécois « Câline de Blues », un titre daté de 1972 et signé par le groupe Offenbach dont Bob Harrison a été le batteur à un moment de sa carrière. Toujours prêt à plaisanter, le guitariste se verra rejoint par le cow-boy harmoniciste Chris Cool et nous servira entre autres le « C’est la vie » de Chuck Berry, le « What’d I Say » de Ray Charles avec un final épileptique traduit en Français ou encore le « I Feel Good » de James Brown rebaptisé Jacques Lebrun pour l’occasion … Un grand moment de musique et de bonne humeur qui nous vaudra nombre de « tabarnak » très spontanés !

Un rapide passage par le bar Le Terminus où se produisent The Ramblers et après quelques « tounes » dont un medley décapant où blues, funk et groove se croisent et s’entrechoquent, il est temps de prendre congé du FestiBlues pour quelques heures, juste histoire de se remettre un peu de la fatigue et des kilomètres de marche accumulés depuis le début du séjour au Québec …    

Samedi 12 août 2006 :   

FestiBlues passe à l’heure des familles en ouvrant aujourd’hui à 11 heures et en proposant des activités diverses comme l’initiation à l’art de la bande dessinée, des stands de maquillage, des structures gonflables, des jeux de plein air et une découverte de l’harmonica proposée par Greg Szlapczynski à une vingtaine d’enfants présents dans le parc Ahuntsic qui constituera à elle seule le grand moment de cette fin de matinée … 

Arrivés sur la scène Bonjour Québec sur les coups de 13 heures, Roland Tchakounté et Mick Ravassat n’auront que très peu de public à qui faire profiter de leur blues d’obédience africaine qui séduit de plus en plus de personnes à chaque fois et c’est pourtant en compagnie de Corky Siegel, l’éminence chicagoane de l’harmonica, que le duo nous proposera une belle heure de musique inspirée du Cameroun et de la langue maternelle de Roland, le Bamiléké. Si les pique-niques dépliés sur les nappes attirent fermement l’attention des spectateurs, le blues en noir et blanc des deux hommes parviendra quand même à leur faire oublier à plusieurs reprises les sandwiches qui les attendent !

Direction la grande scène où se déroule en public le filage du show de ce soir, Planète Blues. C’est l’occasion d’y retrouver Grégory Charles, la véritable star locale, et Luck Mervil, un des artistes les plus en vue au Québec. Très ouverts, les deux hommes mais aussi tout le reste de la troupe donneront au public autant de bonnes raisons de se déplacer ce soir pour assister à un show qui s’annonce grandiose en tous points !

Le parc reprend ses droits vers 18 heures et c’est le Denis Viel Band, troisième finaliste du concours Relève en Blues, qui se charge d’ouvrir les festivités avec un set bien envoyé entre blues rural et blues urbain avec de petites pointes de cajun dedans et surtout avec beaucoup de classe ! Très remarquée des amateurs présents, la composition « Georgia » ne manquera pas de laisser au groupe toutes ses chances de terminer sur une des plus hautes marches du podium lors de la grande finale de demain et le suspense restera donc intact jusqu’à ce moment précis !

On traverse rapidement la zone VIP pour aller découvrir les Américains de Daddy Rich qui entament leur prestation par la reprise très convenue de « Hydeaway » et qui se laissent trop rapidement engluer dans un blues progressif très bien joué mais un peu lassant à la longue. Donnant pourtant beaucoup au niveau de la rythmique, le trio ne parviendra pas franchement à convaincre un parterre plutôt maigre qui semble tétanisé par les courants d’air frais qui passent en ce début de soirée … Vu d’en bas de la scène, il semblait pourtant clair que c’est à un  rythme plus soutenu que le public aspirait mais le groupe ne le comprendra pas à temps et finira son set comme il était prévu. Dommage !

Place à Greg Szlapczynski et à son harmonica qui vont plonger Ahuntsic dans une atmosphère étrange où le jazz et le blues cohabitent particulièrement bien. Parti sur un « Nobody’s Fault But Mine », Greg passera par les morceaux issus de « Varsovie », son dernier ouvrage, et séduira un public très ouvert avec des pièces comme l’épatant « Nuages » emprunté  Django Reinhardt ou encore l’incontournable « Caldonia » qui lui donnera une nouvelle fois l’occasion de prouver tout son charisme et son talent. Convaincu par le versant le plus jazzy de l’harmoniciste, FestiBlues se laissera emporter par un artiste hors normes et par un groupe d’où se dégage une sensation de plénitude et d’aboutissement … Epatant !

C’est l’heure de retrouver la grande création du FestiBlues 2006, le concept Planète Blues qui regroupe sur une même scène, devant les caméras de TV5 et sous la direction artistique du pianiste Guy St-Onge les divers courants marquants du blues. Véritable voyage à travers le monde et les genres, le spectacle démarre avec Grégory Charles sur fond de « Let The Good Time Roll » puis laisse place à une succession brillante où l’on retrouve l’un après l’autre et avec beaucoup d’humour Corky Siegel, Roland Tchakounté et Mick Ravassaat, Luck Mervil, Greg Szlapczynski et le tap dancer Travis Knight qui sera le seul à connaître un problème technique à cause d’un micro récalcitrant … Proposant chacun deux titres issus de leur propre répertoire, les invités auront l’occasion de se faire remarquer par la vingtaine de milliers de spectateurs qui garnit le parc et si Luck Mervil et Grégory Charles se contenteront de reprendre des standards de la culture populaire, leur passage sur scène ne manquera pas de mettre le public à chaque fois en émoi ! Véritable poumon d’oxygène pour ce 9ème FestiBlues, Planète Blues aura réussi à faire passer la manifestation de l’autre côté de la barrière, celui d’autres festivals comme celui Montreux pour n’en citer qu’un ! C’est ainsi que naissent les mythes et nul doute que les téléspectateurs de toute l’Amérique du Nord apprécieront lors de la diffusion le 27 août prochain !         

On retourne vers la scène Hydro Québec pour y retrouver Sandy Mack, une formation venue du New Jersey avec une contrebasse et deux choristes … Proposant un blues plutôt cool et sans grand relief, le groupe aura qui plus est la malchance de se produire après le grand moment de la journée et se retrouvera victime de l’engouement populaire suscité par Planète Blues. Occupés à des discussions et à des congratulations aussi diverses que logiques, nous ne pourrons que trop peu nous concentrer sur un show qui montera un peu en intensité juste avant la fin grâce à l’excellent « Hit The Road Jack » venu à point pour nous remettre dans le droit chemin …

Le Parc Ahuntsic se vide rapidement et une grande partie du public se dirige vers la Maison de la Culture où nous attend la célébrité locale, Carl Tremblay ! Connu pour avoir été l’harmoniciste de Johnny Hallyday mais aussi pour ses prestations aux côté du gratin du blues et du showbiz, Carl est un véritable showman qui passe son temps dans le public, ne refusant aucun contact et escaladant régulièrement tout ce qui passe à sa portée ! Parti dans un show entre blues et rock, l’artiste nous sert un embrouillamini de « tounes » où le yaourt côtoie le Français et l’Anglais et où Credance Clearwater Revival se retrouve aux côtés des Rita Mitsouko, d’Elvis Presley, de Led Zeppelin ou de Bruce Springsteen ! Déchaîné, le public rue dans les brancards et danse dans la salle, piétinant allègrement dans la bière et vibrant à l’unisson avec un artiste aussi atypique et décadent que brillant et attachant. On regrettera juste que Charles Pasi, qui ouvrait ce soir pour lui, ne soit pas resté pour la jam session qui lui aurait sans aucun doute été proposée …

Un rapide passage par le bar Inter B pour y saluer Steve Rowe puis par le Terminus pour poser un œil et une oreille sur Outsiders Blues Band et il est temps de partir prendre les trois heures de sommeil quotidiennes nécessaires à un semblant d’équilibre avant d’attaquer la dernière ligne droite d’un festival qui a jusque là tenu ses promesses en terme d’éclectisme et de qualité ! 

Dimanche 13 août 2006 :   

Pour sa dernière journée, le 9ème FestiBlues International de Montréal a une nouvelle fois misé sur les familles et c’est un début de journée identique à celui d’hier que les organisateurs nous proposent. Nous profitons donc de cette redite pour rendre visite à notre ami Brian Slack de la Société Blues de Montréal (http://www.bluesmontreal.com) et pour y parler musique et profiter d’un début de journée très convivial proposé par le sympathique récipiendaire du Maple Blues Award 2004 du « Blues Booster Of The Year » ! 

De retour au Parc Ahuntsic, nous passons directement à la finale du concours Relève en Blues Gaz Métro et après avoir assisté aux trois sets de trente minutes de Aziz, Denis Viel Band et The Ronnies, il est temps pour le jury d’aller se livrer aux délibérations. D’un niveau très homogène, les trois groupes ne seront séparés que de très peu et c’est à l’arrivée The Ronnies qui recevra le premier prix qui consiste en un enregistrement professionnel tandis que Denis Viel Band et Aziz recevront respectivement un chèque de 500 et 300 Dollars Canadiens. De son côté, le jury de Blues-sur-Seine et le représentant de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse retiendront Denis Viel Band pour l’inviter à se produire en France en novembre prochain dans le cadre de la 8ème édition de Blues-sur-Seine. Un joli cadeau très apprécié par le groupe !

On passe au concert d’Outsiders Blues Band et en grands professionnels qu’ils sont, les membres du combo vont nous servir un blues de très bonne qualité, s’inspirant des grands noms comme Taj Mahal ou Elmore James et reprenant dans le texte des morceaux de Johnny Guitar Watson et autres sucreries succulentes très bien interprétées. Remuant à souhait et précis comme une montre suisse, le blues des Québécois produira son effet sur un public qui se presse devant la scène Hydro Québec et permettra aux spectateurs d’assister au dernier show véritablement blues de l’édition.

Pour clôturer sur une note colorée un festival au registre très large, FestiBlues a choisi de programmer les Porn Flakes, un concept flottant et décadent créé en 2000 par Dan Georgesco regroupant divers grands noms présents ou passés appelés à se succéder sur scène pour un recueil de standards du rock. Bien que sensés évoluer ce soir en blues, Andrée Waters, Bruno Landry, Marc Déry, Hugo Lapointe, Plastic Patrick et leurs invités se livreront à leur traditionnel pastiche de music hall où l’on reconnaît les tartes à la crème du rock et de la pop que sont « Black Betty », « Jumpin’ Jack Flash », « Travailler c’est trop dur » et autres « Paint It Black ». Passant quand même par le blues grâce à la présence de Kevin Parent qui nous servira un morceau de Johnny Cash, « Ring Of Fire » et une belle version de « Open House Blues », le show virera au pathétique avec la présence sur scène d’un clone ringard d’Elvis Presley, au peep show avec le passage de l’androgyne Plastic Patrick et à la folie furieuse avec l’arrivée de rien de moins que Plastic Bertrand venu nous poser quatre bombes dont l’inévitable « Ca plane pour moi » qui fera bondir le public. Si les puristes du blues n’y trouveront pas leur compte, les milliers de spectateurs présents dans le parc apprécieront et c’est bien là le principal. Pari osé réussi pour la production !

On se quitte non sans avoir salué l’équipe fondatrice du FestiBlues, Martin Laviolette, Martin Landry, Gilles Gauvreau, Georges Fournier et Jacques Noël mais aussi toute l’équipe d’organisation, Catherine Jobin à la coordination, Audrey Allard et Laurence Goulet à la production, Cécille Causse et Grégoire Paucot chargés du projet, Alex Gagnon à la direction du site, Lise Raymond et Larissa Souline aux relations de presse et tous les autres bénévoles sans qui l’accueil et le séjour à Montréal n’aurait sans doute pas eu la même saveur ! Il reste quelques heures de vol avant d’atteindre Paris et le temps mitigé qui nous y attend … Pour paraphraser Robert Charlebois, une chose est certaine, « Je reviendrai à Montréal » !

Fred Delforge – août 2006