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COGNAC BLUES PASSIONS 2006 (13ème édition) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 31 juillet 2006
 

COGNAC BLUES PASSIONS (13ème édition)
COGNAC (16)
Du 27 au 30 JUILLET 2006

 

http://www.bluespassions.com


Grand-messe incontournable des musiques afro-américaines en France, Cognac Blues Passions réussit le pari de réunir chaque année toute la communauté blues autour de la Place François 1er et du parc de l’Hôtel de Ville … Cette année, Zicazic était un des rares webzines invités sur le coup. Mais quel coup !

Jeudi 27 juillet 2006 :

A peine arrivés dans l’enceinte fermée du festival, la musique nous envahit avec deux des représentants de la Music Maker Relief Foundation, Captain Luke et Cool John Ferguson, qui nous servent un duo pour voix et guitare à l’Eden Blues. Rivés à leurs chaises, le chanteur aux faux airs combinés de Chuck Berry et des vieux sailormen d’antan et son acolyte six-cordiste, veritable lefty qui joue guitare retournée et accords inversés, vont régaler un public déjà conséquent pour l’heure de leur vieux blues teinté de soul et notamment d’un « Such A Rainy Night In Georgia » pas piqué des vers. Rejoints aux chœurs sur quelques titres par l’apathique Macavine Hayes, les deux hommes ne manqueront pas de séduire la foule à force de talent et de bonne humeur communicative.

Il est temps de rejoindre Tonic Day pour y découvrir un spectacle atypique lui aussi estampillé du sceau Music Maker, celui de Sol & Guests ! Entre guitares et machines, ce jeune protégé de Tim Duffy qui l’a accompagné sur les routes du Sud des USA à la recherche des vieux bluesmen oubliés nous propose un spectacle complexe où les samples sont légion et où les guests annoncés ne sont présents que sur support numérique. Rebutant certains, réjouissant d’autres, la prestation se terminera par une création en direct sous le regard bienveillant de Macavine Hayes et de Tim Duffy en personne venu immortaliser une des toutes premières apparitions en live de son jeune poulain.

Le fond du parc nous réserve une agréable surprise puisque l’on y retrouve Monic La Mouche, concept original de toilettes publiques que nous avions déjà rencontré sur le Festival’ de Marne il y a deux ans. Toujours aussi propres et aussi accueillants, ces lieux d’aisance démystifient la chose en leur apportant humour bienvenu et odeurs alléchantes pour le plus grand bonheur des petits et des grands ! De bien belles retrouvailles que nous ne manqueront pas de célébrer à intervalle régulier …

Un petit tour dans le village pour y saluer nos amis de Crossroads, Blues & Co, Soulbag, A.B.S., BCR La Revue, Blues Magazine et quelques luthiers présents et il est temps d’aller regarder les balances du soir avec notamment celles d’Otis Clay et de Terry Evans tous deux très minutieux et celle de Smilin’ Bobby qui se terminera en mini concert gratuit d’une vingtaine de minutes au grand dam des organisateurs qui lui reprocheront cette prestation improvisée démarrée à l’Eden Blues une heure avant l’heure dite …

Le temps de se restaurer auprès des producteurs régionaux et on retrouve Smilin’ Bobby et son Chicago Blues qui, à défaut de mettre le feu au parc, se fendent d’un concert fort honorable où seul le charisme manque. Misant sur une rythmique impeccable au détriment d’une véritable présence scénique et d’une véritable voix, le quatuor où l’on reconnaît Kenny Smith à la batterie nous gratifiera d’un set techniquement parfait qui se terminera sur une version très personnelle de l’inévitable « Sweet Home Chicago ».

On passe instantanément de l’Eden Blues au Blues Paradise pour y retrouver Terry Evans qui attaque son set en fanfare en nous plaçant « Crossroads » d’entrée de jeu et qui pose son empreinte très rapidement sur une pelouse encore un peu dégarnie mais déjà très attentive. Tout de blanc vêtu pour contraster avec son Epiphone Sheraton noire, Terry Evans va nous proposer un show entre blues, soul et rhythm’n’blues au cours duquel on remarquera une belle dualité entre les guitares et une présence très affirmée des claviers. Vibrant au son d’un « I Wanna Be Your Honeyboy », le public n’aura de cesse de remercier chaleureusement un artiste lui-même très généreux !

Le temps de remonter le boulevard et on retrouve Roland Tchakounté en trio au Coq D’Or pour un petit bout de set en configuration restaurant, c'est-à-dire avec beaucoup de public en salle mais très peu devant la scène. Pas de souci, Roland, Mick Ravassat et le tout nouveau percussionniste Mathias Bernheim s’en sortent en donnant tout ce qu’ils ont en eux, puisant sans relâche dans le répertoire très coloré de « Aba Ngo » et se laissant même aller à une petite reprise de John Lee Hooker …

Il est temps de redescendre vers Blues Paradise pour y retrouver Ze Bluetones, la révélation normande des précédentes éditions qui se retrouve parachutée sur la grande scène entre Terry Evans et Otis Clay ! La pêche à l’état brut, la bande à Christophe Becker l’a assurément et ce n’est pas son tout nouvel album qui viendra le contredire … A peine perturbé par la présence d’un public désormais dense, Ze Bluetones nous envoie un cocktail de jump et de blues qui balance et le public ne s’y trompe pas, vibrant comme un seul homme sur les soli de guitare de Pascal Fouquet et sur les envolées d’harmonica d’un Thomas Troussier en grande forme, le tout porté par le charisme d’un chanteur qui s’affirme une fois de plus comme un très grand entertainer ! Pour remercier l’organisation, Ze Bluetones lui offrira en final une version « Cognac » de son tout nouveau titre en Français, « Moi et Jennifer ». Emotion certaine pour Michel Roland et son équipe … 

   

On remonte vers L’Express pour y découvrir Ash Grunvald, l’épatant guitariste australien qui nous sert un set acoustique très marqué de l’empreinte de Robert Johnson. En compagnie de sa guitare et de son dobro mais aussi d’un collègue harmoniciste, le dreadlocké a totalement mis la Place François 1er à ses pieds et c’est une assistance massive qui se presse pour assister à son show dynamité !

L’orage montre le bout de son nez et c’est des stands que nous écouterons le concert d’Otis Clay car la pluie ne va pas tarder à s’abattre sur Cognac ! Dommage car le Président d’Honneur de cette treizième édition de Cognac Blues Passions et sa superbe section de cuivres se donnent à fond pour un set très soul et très groovy que trop peu de personnes apprécieront sous des parapluies à cause d’un temps exécrable … Beaucoup de regrets donc !

Les plus courageux rejoignent le Blues des Anges pour y retrouver Mr Boogie Woogie & The Firestep mais aussi Jimmy Thibodaux et son Zydeco captivant tandis que nous reprenons la route pour regagner notre gîte distant d’une quinzaine de kilomètres … La journée a été longue !

Vendredi 28 juillet 2006 :

Nous rejoignons le Parc François 1er et la scène Eden Blues en tout début d’après-midi pour cette deuxième journée de Cognac Blues Passions et, après le soleil du matin, c’est une pluie battante qui attend Eric Bling, ce bidouilleur de sons qui évolue entre trip hop et nu-blues et qui, en véritable homme orchestre révolutionnaire, fait des prouesses avec une simple guitare, quelques effets et un séquenceur. Piochant autant dans le blues du delta que dans des influences contemporaines, Eric Bling n’aura aucun mal à séduire un public de connaisseurs mais aussi de néophytes …

Direction Tonic Day pour y découvrir un spectacle Music Maker, le duo Slewfoot & Cary B, qui se voit accompagné d’un guest, le jeune Sol, déjà présent sur cette même scène hier. Véritable gueule de la country, Slewfoot emmène le groupe au son de sa guitare et de son harmonica et donne de la voix en compagnie de la sympathique bassiste qui joue en fretless, Cary Beckelheimer, le tout sur fond de country blues acoustique et de reprises plus ou moins pertinentes, celle de « What A Beautiful City » du Révérend Gary Davies n’étant pas la moins appréciée d’un public où l’on croise soixante-huitards et bobos réunis sous un soleil qui a repris la main. Les avis restent toutefois un peu mitigés quant à la teneur d’un répertoire qui finira par en lasser quelques-uns après une dizaine de morceaux sur un ton somme toute assez redondant …

Un long moment sans musique nous permettra de retrouver nos amis et confrères au village avant de partir pour une conférence de presse chez Hennessy où l’on retrouvera Irma Thomas et Davell Crawford répondant aux questions d’un parterre de journalistes bien fourni, le tout bénéficiant des traductions pertinentes de notre ami René Malines qui joue les mouches du coche pour l’occasion. Un passage de l’Ambassadeur des Etats-Unis et des représentants de la marque retardera quelque peu la séance de questions à Davell Crawford mais celui-ci préfèrera renoncer à ses balances qu’au jeu des questions et réponses, plus important selon ses dires qu’un simple soundcheck !

Nous délaissons le concert de Jimmy Thibodeaux pour dîner en compagnie de Roland Tchakounté et de son équipe qui jouent ce soir à la Pause du Marché et après quelques bons moments passés en compagnie du Franco-Camerounais, de son inénarrable manager et de notre amie Christine du One Way, il est temps de regagner Blues Paradise pour le début du show de Davell Crawford !

Surprise, le jeune homme a délaissé le look décontracté et un brin hip hop affiché l’après-midi pour entrer en scène avec une veste blanche et une cravate … Nous partons avec lui pour une soirée sur fond de Nouvelle Orleans, de piano blues, de rhythm’n’blues et de gospel. Neveu de Lionel Hampton et petit-fils de Sugarbot Crawford, Davell est un génie bourré de charisme et les morceaux qu’il joue ce soir n’ont aucun mal à mettre en marche la machine à groover ! Un « Banana Boat Song » et un « Let The Good Time Roll » suffiront à mettre le théâtre de Verdure sur orbite pour le reste de la soirée et le quartet n’aura plus qu’à dérouler sa set list jusqu’à la fin d’un concert qui s’avèrera quand même un peu bref.

Il est temps de monter vers les bars et de retrouver Malted Milk entre Le Cougna et La Renaissance, les Nantais secouant avec beaucoup de savoir-faire un public venu en masse profiter des spectacles gratuits du Off. A grand coups de Chicago Blues mais aussi avec quelques virages plus soul et de funk, Arnaud Fradin et ses compagnons ne se feront pas prier pour confirmer leur position de fer de lance de la scène hexagonale actuelle. Belle prestation !

Un passage rapide au Coq d’Or pour y découvrir Jeff Toto Blues et son blues rock à la française qui se panache de « Baby Boogie On The Rock » et de « Blues’on Noir » et pour constater que Jean-François Thomas et sa guitare mais aussi Stéphane Espinase et son jeu généreux d’harmonica n’ont aucun mal à faire bouger le public et il est déjà temps de redescendre vers Blues Paradise où Irma Thomas nous attend pour commencer son concert …

Retour à New Orleans avec cette grande dame toute de blanc enrubannée qui va nous servir un cocktail de rhythm’n’blues et de soul puisé dans ses albums et notamment dans le dernier, « After The Rain », dont le nom n’est pas un hommage à Muddy Waters qui avait déjà utilisé ce même titre pour un de ses ouvrages mais bien évidement une allusion forte au passage l’an dernier de Katrina sur le Sud des Etats-Unis. Plein de cuivres et de jus, le show de la grande dame sera marqué entre autres par « Time Is On My Side », un morceau que les Rolling Stones, eux aussi sur scène ce soir mais à quelques centaines de kilomètres, au Stade de France, ont régulièrement repris. C’est un fabuleux moment de grâce naturelle que nous offrira ce soir Irma Thomas et ils sont nombreux ceux qui l’en remercieront à la fin du spectacle !

Le temps de remonter le boulevard et nous retrouvons Shaggy Dogs à L’Express pour une prestation aux teintes blues mais aussi pub rock à tendance parfois punk et hard rock ! Dans la droite lignée de groupes comme le légendaire Dr Feelgood et, beaucoup plus proche de nous, nos amis Double Stone Washed, Pascal Redondo et ses trois complices nous serviront quelques hymnes auxquels ils tiennent tout particulièrement comme « Do The Dog » ou encore l’éternel « Route 66 » ! Rejoint par Macavine Hayes sur un titre, Shaggy Dogs aura le plaisir de partager ses sempiternels « Oh Yeah » très rocailleux mais toujours très appréciés par un public qui a pris l’habitude de le croiser sur presque toutes les scènes du festival …

C’est aux Neville Brothers qu’échoit la tache de clôturer la soirée New Orleans à Blues Paradise et c’est devant une arène pleine que les cinq frères et leurs camarades se produiront ce soir ! Dotés de voix aux timbres très caractéristiques, Aaron et Art se partagent le chant et font leur show très tarte à la crème mais aussi très professionnel en s’appuyant sur une panoplie de standards à faire frémir les plus frileux. Epaulés par un basiste aux slaps magiques, les Neville Brothers vont nous sortir le grand jeu, certes pas toujours très juste, et nous proposer entre autres « Banana Boat Song » dans une version bayou, « Fever », l’excellent « Unchange Is Gonna Come » de Sam Cooke, le soporifique « Tell It Like It Is », l’improbable « Foxy Lady » de Jimi Hendrix, une version acoustique et jazzy de « Ode To Billy Joe » et bien évidement leur hit interplanétaire « Yellow Moon ». Plutôt sage et attentif, le public ne sortira jamais de sa réserve, applaudissant comme il se doit entre les morceaux mais ne cédant à aucun moment à des démonstrations de liesse plus tapageuses pour donner un peu plus de folie à un concert fort agréable et très animé côté scène …

Un dernier aller-retour sur le boulevard pour constater que les Hell’s Kitchen sont invisibles tout au fond de l’arrière-salle du Globe et on redescend très vite vers les bords de la Charente, non sans avoir salué Roland Tchakounté qui entame son troisième set à la Pause du Marché. Toujours pas de Blues des Anges ce soir pour nous car la journée a été longue et même si l’appel de Tia & The Patient Wolves et des Electric Kings est très charmeur, celui de notre hébergement champêtre l’est lui aussi ! Rendez-vous demain à l’aube …

Samedi 29 juillet 2006 :

On s’était promis l’aube et d’aube il est pratiquement question puisque nous sommes présents dans le Parc François 1er dès 10 heures pétantes pour y retrouver, à Tonic Day, Repris de Justesse, un brass band made in France en quartet avec banjo, percussions, trompette et soubassophone … Plongeant un public déjà bien en place dans la bonne humeur, ces artistes en tenue de bagnard vont nous servir nombre de standards du jazz New Orleans dont « Blues Marche » sur un ton très humoristique et léger qui convient on ne peut mieux aux réveils difficiles ! Une bonne entrée en matière …

Hell’s Kitchen nous avait fait forte impression à Blues Autour Du Zinc et au Furia Sound Festival et viendra confirmer une nouvelle fois tout le bien que l’on pensait d’eux en investissant Eden Blues pour un set bourré aux amphétamines ! Autour du batteur/brocanteur genevois Cédric Taillefert, le tandem guitare/chant et contrebasse/contrebassine est réglé comme une montre suisse et envoie du bois, puisant dans son dernier album mais aussi dans les précédents pour nous proposer un mélange de compositions et de reprises suffisamment ingénieux pour que le chocolat se mette à mousser ! Explosant sa chanterelle dès le second morceau, Bernard Monney passera en acoustique pour le reste du concert, laissant s’affairer jusqu’à cinq techniciens autour de sa guitare électrique pour tenter désespérément de changer la corde pendant qu’il nous servira des titres entre blues et rock, parmi lesquels on remarque avec bonheur une reprise dynamitée de « These Boots Are Made For Walking », en poussant sa sèche dans ses derniers retranchements … De quoi nous mettre en appétit !

On retrouve Macavine Hayes entre le café et le Cognac à Eden Blues pour un concert où ses guests de la Music Maker Foundation ne manquent pas de nous réjouir ! Tim Duffy à la guitare, Ardie Dean à la batterie, Sol à la basse et Eddie Tigner aux claviers et au chant vont accompagner le guitariste et chanteur dans un set bourré de blues mais aussi de rock joué très délicatement en acoustique. Le public apprécie la voix plus que rocailleuse de celui qui, après avoir accompagné Guitar Gabriel, passera sa vie sur les chantiers avant de revenir à la musique et de pouvoir en vivre décemment en proposant notamment des morceaux comme « Georgia On My Mind », « Shake Rattle And Roll » ou « Route 66 » mais aussi nombre d’autres beaucoup moins connus mais tout aussi bien accueillis !

On retrouve Music Maker avec Captain Luke et Cool John Ferguson à Tonic Day pour une superbe prestation quasiment identique à celle donné jeudi après-midi et c’est une deuxième chance qui nous est offerte de nous régaler d’un jeu de guitare très atypique et surtout de la voix si riche et charmeuse de Captain Luke qui module ses basses comme trop peu savent le faire ! A l’approche de son quatre-vingtième anniversaire, l’ex-baryton du King’s Gospel Quintet n’a rien perdu de son talent et c’est un plaisir pour le public de pouvoir s’en imprégner … On ne remerciera jamais assez Tim Duffy d’avoir retrouvé des artistes de cette envergure !

C’est la pause sur le village et on retrouve un trio inattendu de bluesmen français réunis sur le stand du luthier Christophe Jégou pour une improvisation au résonateur. Entouré de Marc Loison de Radio 666 - Sweet Home Chicago à sa droite et de Jérôme Travers de Big Brazos – Docteur Blues à sa gauche, Mike Lécuyer ne manquera pas de proposer à un public attiré par la bonne humeur ambiante une nouvelle relecture totalement inédite de son tube « Gare du Nord à 7 plombes du mat’ blues » ! Une bonne occasion de tâter du XO pour arroser dignement l’évènement …

Cognac encore puisqu’il est temps de rejoindre le Carré du Blues by Camus pour y retrouver Smilin’ Bobby qui déguste quelques raretés de la marque en attendant de donner un concert dans la cour intérieure du bâtiment. Coincé en plein soleil, le public cuit en savourant le Chicago Blues de ce natif de l’Arkansas et de ses accompagnateurs aux noms prestigieux, Greg Mc Daniel à la basse et Kenny Smith à la batterie, qui nous proposeront, entre autres gâteries, une fort sympathique adaptation de « Lucille » …

Une halte restauration chez les producteurs régionaux en compagnie de Riton, notre bodyguard attitré de Blues-sur-Seine mais aussi de Bay Car et du Cahors Blues Festival et il est déjà temps de rejoindre Blues Paradise pour le premier grand concert du soir, celui de James Blood Ulmer ! Assis sur le devant de la scène, le guitariste de légende nous servira un superbe Chicago Blues très flamboyant et juteux avec à ses côtés un instrument peu habituel dans le genre : le violon … Flirtant avec les limites du cadre strict du blues, James Blood Ulmer n’hésite pas à prendre des risques malgré sa soixantaine bien entamée pour tenter rendre encore plus attachante cette musique qui réunit ce soir encore une foule importante dans un cadre verdoyant enchanteur ! Nul doute que son approche de « Little Red Rooster » n’aura laissé personne de marbre …

On quitte le parc pour rejoindre les alentours de la Place François 1er et ses bars et c’est le Jack Bon Electric Combo qui nous reçoit au Patio pour une démonstration de ses talents de bluesman et de rocker. Le temps de se prendre quelques titres dont un « Trouble In Mind » fort sympathique et de transmettre à l’ex-leader de Ganafoul le bonjour de son vieil ami Nono de Trust reçu au téléphone quelques minutes plus tôt et il est temps d’entamer une descente vers Blues Paradise en faisant toutefois deux haltes, la première entre Le Cougna et La Renaisance pour y retrouver le Roland Tchakounté Trio superbement mis en valeur et la seconde au Coq d’Or pour y apercevoir un tout petit titre de bourbon Street, lui aussi ancien finaliste du Tremplin Blues-sur-Seine, qui prend une pause bien méritée.

C’est désormais Bettye Lavette, grande prêtresse du rhythm’n’blues, qui vient donner de la voix sur le grand théâtre de verdure. Rauque et riche, le timbre de la chanteuse n’est pas sans rappeler Etta James ou Aretha Franklin et donne à un set où elle met tout son cœur des couleurs toutes particulières. Piochant dans un répertoire conséquent régulièrement récompensé par le public (Top Ten des Charts US en 1982 avec l’album « Right In The Middle …») et par les professionnels de la musique (W.C. Handy Award pour l’album « A Woman Like Me » en 2002 …), la grande dame nous abreuve d’une musique très soul qui n’a que très peu de mal à prendre auprès d’une assistance venue en masse pour la tête d’affiche du jour …

Direction L’Express où se produisent les Italiens de Dago Red avec leurs guitares, leur harmonica et leur contrebasse ! Séduit par un habile mélange de chants de travail et de blues tantôt traditionnels tantôt religieux, le public adhère comme un seul homme à une prestation techniquement parfaite et musicalement irréprochable où l’on remarque un morceau emprunté avec beaucoup de respect au Révérend Gary Davies. Sentant sa musique jusqu’au bout des doigts, le guitariste Nicola Palanza vit chaque note intensément et se voit magnifié par un ensemble d’une infinie cohésion. Un groupe à ne pas manquer !

Après un soundcheck interminable, Earth Wind & Fire débarque enfin à Blues Paradise pour un show à l’américaine dans la plus pure lignée de ceux des Blues Brothers … Chorégraphies réglées au millimètre près, jeu carré et précis et tubes mondialement connus seront le lot commun d’une fin de soirée très orientée dance mais particulièrement appréciée par un public très large venu en masse découvrir une légende, ou du moins ce qu’il en reste puisque seul un membre originel, Al McKay, est encore présent dans le groupe de passage exceptionnellement en Charente ! Propre et bien fait, le show des Américains ne manquera pas de nous réserver des moments intenses comme « Boogie Wonderland » ou « Fantasy » repris en chœur par une foule globalement séduite par une telle machine à tubes. Indiscutablement la soirée la plus populaire de ce 13ème Cognac Blues Passions mais aussi celle qui permettra d’apporter une autre vision du blues à un public pas forcément connaisseur … Bien joué !

On remonte vers le Garden Ice Café pour voir si Jimmy Thibodeaux y sert toujours son zydeco mais l’accordéoniste cajun est au repos depuis peu et la fatigue nous gagne … Un passage devant la Pause du Marché où Malted Milk reprend du service et il est temps de rejoindre le gîte sans passer par la case Blues des Anges où se produisent Betty & The Bops puis Ash Grunwald car une bonne douche et quelques heures de sommeil deviennent particulièrement pressants ! Demain sera un autre jour …

Dimanche 30 juillet 2006 :

La dernière journée du 13ème Cognac Blues Passions commence sous un ciel maussade avec l’orage qui gronde au loin et quelques gouttes de pluie qui tombent sur le parc mais le public a répondu présent dès 10 heures à l’appel de Slewfoot & Cary B qui jouent une nouvelle fois en compagnie de Sol ! Ambiance country blues fort sympathique pour un set à Tonic Day où l’on a sorti les transats et où les parasols/parapluies récupèrent les échos des morceaux parmi lesquels on retrouve une amusante reprise de Clifton Chenier que nous servent les deux guitaristes et la charmante bassiste, tous trois représentants de Music Maker.

On passe de la country aux sonorités africaines puisque le Roland Tchakounté Trio donne son dernier concert du festival à Eden Blues devant une foule compacte et attentive attirée par une autre vision du blues, sans chichi mais avec beaucoup de talent et un don inné de la communication par la musique ! Recueillant une réaction particulièrement chaleureuse du public, Roland, Mick et Mathias nous présenteront la nouvelle version de leur set, celle où les percussions viennent mettre en valeur un jeu de guitare fabuleux et une voix d’une rare beauté ! Le public ne s’y trompe pas et c’est après avoir épuisé son stock d’albums et enregistré quelques commandes que le trio regagnera Paris …

Retour vers Eden Blues après une nouvelle cure de magrets et de Cognac pour y retrouver Dago Red qui nous avait déjà fait une forte impression hier soir. Les Transalpins perdent un peu en chaleur du fait de leur espacement plus important qu’en bar mais leur musique reste toujours aussi cohérente et intéressante. Revigoré par un épatant « Mojo Working », le public brave le soleil qui cogne dur de dur et réserve aux worksong de la bande à Giuseppe Mascitelli un accueil digne de leur talent, d’autant que ce dernier s’adresse au public entre les morceaux dans un français un peu approximatif mais tellement chantant et plein d’humour !

On retrouve Eric Bling à Tonic Day et c’est à nouveau du pur bonheur grâce à un usage subtil des samples et des séquences qui viennent magnifier des impros et des compositions comme « Rollin’ & Tumblin’ » en leur donnant des petits goûts d’inédit accrocheurs. Ajoutez-y une voix intéressante combinée au charme des instruments vintage pour ne pas dire élimés et le tour est joué, un concert d’Eric Bling, c’est à chaque fois un grand moment !  

Direction le Carré du Blues by Camus pour y retrouver l’extraterrestre Ash Grunwald qui part à tombeau ouvert dans un set intense où guitares et dobros marquent le rythme et où une voix capable de séduire autant a capela qu’en musique enchante un public de privilégiés qui vibre au son d’un « Walking Blues » ou d’un « Mojo Working » mais aussi de compositions personnelles comme cette amusante histoire de requins et de surfeurs où l’humour et les onomatopées font particulièrement bon ménage ! Le jeu vif et tranchant de l’Australien séduit ceux qui apprécient le versant un peu rock du blues sans pour autant déstabiliser les autres, plus friands de sonorités moins violentes … Tout le monde en repartira emballé !

Un rapide passage par le lounge pour un point presse et un petit cocktail d’adieu et il est temps se s’attaquer à la dernière soirée du festival. C’est Essie Mae Brooks qui s’y colle avec tous les membres de la Music Maker Relief Foundation à ses côtés ! Grande chanteuse de gospel et de blues, l’artiste se veut très attachante et c’est à un set ouvert que l’on assiste, chacun prenant son tour et venant l’accompagner dans des morceaux poignants d’émotion et de finesse. Trois quarts de siècle n’auront en rien égratigné la voix et la volonté d’Essie Mae Brooks qui a encore la force et l’envie de partager avec les autres, comme sur cet émouvant « Save The Children » où elle sera rejointe sur scène par des enfants … Un grand moment pour tous !

On glisse une fois de plus vers le Cougna et La Renaissance pour y retrouver Jack Bon qui, bien qu’annoncé en formule acoustique, se présente une nouvelle fois avec son Electric Combo ! Une grosse dose de « Shake Your Moneymaker » et de « Louisa » et on repart en trombe vers la Pause du Marché où les Shaggy Dogs meublent l’entracte entre les prestations des artistes programmés à Blues Paradise.

C’est maintenant Ilene Barnes qui prend possession de la grande scène et nous allons assister à un concert qui partagera les avis mais qui ne laissera personne indifférent ! D’un côté ceux qui claironnent que ce n’est pas du blues, de l’autre ceux qui adorent et qui ne peuvent plus se défaire de ce courant bleu venu de la Barbade avec une artiste au sang mêlé où l’on peut retrouver des origines indiennes, afro-américaines, et même irlandaises … Subjugués, nombre de non-initiés ne sauront résister à des morceaux comme « Time Is Passing By », « Jennifer » où encore l’inévitable chant d’espoir et de reconnaissance qu’est « Up For The Ground ». Accompagnée par des musiciens d’un niveau remarquable, Ilene Barnes sera incontestablement la grande héroïne de la soirée ! Force, finesse, charme, charisme et bons mots, rien ne manquera, comme à chaque fois d’ailleurs …

Un peu de Shaggy Dogs pour meubler le changement de plateau et on retrouve Blues Paradise pour la tête d’affiche du jour, The James Brown Tribute Revue. Rappelons que suite au désistement tardif d’Isaac Hayes, l’organisation a du trouver un remplaçant en urgence et que, sur le papier, ce spectacle unique en Europe avait les arguments nécessaires pour séduire. Et c’est là que le bât blesse puisque à l’arrivée c’est un show ennuyeux à mourir et sans la moindre once de charisme que nous présenteront des musiciens à peine en place et un clone pitoyable de James Brown, Sweet Charles Sherrell, qui fut pourtant son bassiste et son arrangeur. Il faudra moins d’une heure pour que le public ne déserte les lieux et qu’il ne reste plus qu’un maigre parterre planté dans la fosse ! Dommage car le seul moment potable du set sera l’arrivée juste avant une heure du matin de Marva Whitney, une des divas du show de James Brown qui remontera un peu, mais bien trop tard, le niveau de la débâcle qui s’est affalée sur ce 13ème Cognac Blues Passions jusqu’alors irréprochable …

C’est donc sur un mauvais concert que l’on se quitte mais en s’attachant surtout à retenir les bons moments qui ont été légion durant ces quatre jours, que ce soit un accueil très avenant de l’organisation et une équipe de bénévoles particulièrement charmante ou une programmation aussi riche que variée. On se félicitera de la formidable place donnée à Music Maker qui le mérite amplement mais aussi du Prix Cognac Passions décerné cette année à Malted Milk qui succède donc à Ze Bluetones … Le 13ème Cognac Blues Passions est désormais terminé, bravo et merci à ses organisateurs et place maintenant au quatorzième ! 

Fred Delforge – juillet 2006