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MUSIC MAKER RELIEF FOUNDATION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 09 janvier 2006
 

The last & lost blues survivors
(Dixiefrog – Night & Day – 2005) 
Durée 78’02 + 73’56 – 20 + 18 Titres

http://www.musicmaker.org
http://www.bluesweb.com 

Agé de plus de cent ans, le blues sous sa forme actuelle a acquis ses lettres de noblesse grâce à des artistes dont les œuvres et plus généralement la renommée ont fait le tour du monde à maintes reprises. Ces représentants du blues, ou plutôt des blues, ont pour nom B.B. King, Taj Mahal, Robert Johnson, Muddy Waters, Ray Charles, Elmore James, Blind Lemon Jefferson, Chuck Berry ou Eric Clapton (on en passe) mais sous cet iceberg pourtant déjà conséquent se trouve une partie immergée, celle que seuls les explorateurs les plus entreprenants auront l’occasion de voir ne serait ce qu’une fois dans leur vie. Avec une autre distribution des cartes, Frank Edwards aurait connu la gloire tandis que Tampa Red serait resté dans l’ombre, Drink Small aurait connu la carrière de Sam Cooke, Guitar Gabriel aurait remplacé le Révérend Gary Davis dans le cœur des amateurs de musiques afro-américaines … C’est pour sauvegarder le patrimoine blues mondial que Tim et Denise Duffy de la Music Maker Relief Foundation ont choisi de compiler non pas les grands standards du genre interprétés par les pères fondateurs mais quelques morceaux interprétés par ceux qui, sans cette idée salutaire pour l’histoire, auraient succombé pour la plupart de manière totalement inconnue avec une partie du patrimoine culturel de leur pays !

On ne peut pas décemment demander à cet ouvrage d’avoir une quelconque homogénéité. Et pourtant, plus que le côté décousu du tracklisting ou l’enchevêtrement de country, de blues acoustique, de boogie, de jazz ou de blues rock qui caractérise cette promenade de près de trois heures dans le Sud des Etats Unis, c’est la chaleur qui se dégage de l’album que l’on garde en permanence à l’esprit, cette faculté qu’ont les vieux bluesmen d’avant-guerre de vous ouvrir grand les bras et de vous repaître de beaux accords savamment cuisinés au coin du feu le soir au fond des juke joints … On les serrerait fort dans nos bras ces aïeux parfaits qu’auraient été Algia Mae Hinton, Cootie Stark, Cora Mae Bryant, Mother Marie Manning, Jack Owens, Mister Q ou Preston Fulp tant ils incarnent à eux seuls l’héritage d’une musique qui aura su faire vibrer des générations entières depuis le début du siècle dernier. Leurs guitares ne sont pas toujours accordées au plus juste, leurs harmonicas sont parfois un peu nasillards, les slides sont peut-être un peu tirés par les cheveux, leurs voix connaissent quelques ratés mais ils sont les derniers témoins de la naissance du blues des origines et rien que pour cela, ils méritent respect et estime. Soutenus et accompagnés dans leur renaissance musicale par la Music Maker Relief Foundation, ils retrouvent pour la plupart d’entre eux des conditions décentes de jeu mais aussi de vie et commencent à tirer un peu profit de leur rôle primordial dans la naissance de toutes les musiques actuelles. Aussi intéressant que puisse être cet ouvrage qui fait d’ores et déjà office référence musicale incontestable, c’est toute la démarche de sauvegarde qui force le respect. Les temples d’Abou Simbel avaient Christiane Desroches-Noblecourt, le blues du Sud des Etats Unis a désormais Tim et Denise Duffy … Et ce n’est pas pour rien qu’ils ont derrière eux des gens comme B.B. King, Eric Clapton, Morgan Freeman, Taj Mahal, Bonnie Raitt, Pete Townshend ou Rosanne Cash qui les soutiennent. Une standing ovation s’impose !