vendredi, 06 janvier 2006
Fragile
(Universal Music – 2006)
Durée 51’22 – 13 Titres
http://www.jjmilteau.com
 S’il est un artiste que le monde entier nous envie, c’est bien de Jean-Jacques Milteau dont il s’agit ! Vagabond du blues, de la soul et du rock, celui qui a conquis son titre de Pape de l’Harmonica à force de talent et d’inventivité ne compte plus les albums auxquels il a contribué comme invité tant les siens sont aujourd’hui plus importants aux yeux de ses fans que n’importe quel featuring pour Goldman, Le Forestier, Barbara ou même Montand. En perpétuelle évolution depuis le début de sa carrière solo, JJ Milteau est vraiment passé à un rythme plus élevé que la moyenne lors de la sortie de « Memphis », l’album qui lui a valu une Victoire de la Musique en 2003, et a confirmé très rapidement avec « Blue 3rd » avant de continuer à écumer les routes de France et plus généralement du Monde avec ses multiples projets ambitieux. Outre ses fidèles Manu Galvin (guitares), Benoît Sourisse (claviers) et André Charlier (batterie et percussions), on retrouve à ses côtés le bassiste et contrebassiste Jean-Michel Charbonnel et deux chanteuses de luxe, les fabuleuses Michelle Shocked et Demi Evans ! Déjà très prometteur sur le papier, « Fragile » s’avère être largement au-dessus de tout ce qu’il était permis d’espérer …
Ceux qui ont eu la chance de croiser JJ Milteau en 2005 savent à quel point la présence de Demi Evans est un plus sur scène et ce à plus d’un titre. Apportant son charisme et sa voix haute en couleurs, la splendide Texane saupoudre la musique de l’harmoniciste d’une pincée de soul supplémentaire et d’un grain de folie qui lui est propre et confirme sur album tout le bien que l’on pensait d’elle en live. Cosignant deux des trois titres qu’elle interprète sur « Fragile », Demi Evans se livre plus que de raison sur le somptueux « Jack The Man » ou sur la reprise de « You’re No Good » et nous comble de ses intonations gorgées de soleil. Plus rugueuse, la voix de Michelle Shocked n’en est pas moins intéressante et c’est également à deux de ses compositions et à une reprise de « It’s a Man’s Man’s Mans World » qu’elle se prête sur un album qui persiste à laisser la part belle à l’harmonica du maître de cérémonie mais aussi aux guitares du colossal Manu Galvin et aux arrangements ingénieux du chef d’orchestre Benoît Sourisse. « Fragile », l’instrument de JJ Milteau semble l’être quand il le joue à fleur de lèvres mais il se révèle également être tout aussi séducteur et constructif dès lors que l’artiste s’engage sur la voie de la passion avec des morceaux comme le charmeur « Coyoacan », l’ethnique « Obok » ou l’indispensable « Best Meal on Beale » qui fait une nouvelle fois référence à Memphis et aux rencontres que la ville à offertes à cet homme au grand cœur. Ultime clin d’œil à ses racines modestes mais également à l’engagement des deux chanteuses amicalement invitées, ce neuvième album solo de JJ Milteau se termine avec une surprenante version de « L’Internationale » qui nous rappelle à quel point la fragilité est parfois dissimulée par des attitudes dominantes. Un album qui fait gravir un nouvel échelon à l’harmonica et que l’on découvrira dans les bacs à partir du 16 janvier prochain !
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