vendredi, 30 décembre 2005
BD Blues par René Hausman
(Nocturne – France Inter – 2005)
Durée 65’26 + 63’57 – 22 + 22 Titres + Bande Dessinée
http://www.nocturne.fr
http://www.franceinter.com
 Qui mieux que Muddy Waters pourrait être considéré comme le représentant idéal du blues moderne ? Né en 1915 dans le Mississippi, celui que l’état civil avait enregistré sous le nom de McKinley Morganfield attrapera ce légendaire pseudonyme suite à ses attirances pour les flaques boueuses dans ses premières années. De sa première guitare artisanale bricolée en cachette d’une famille qui ne goûtait que trop peu à la musique du diable à ses expériences musicales tirées de ses travaux dans les champs de coton, Muddy Waters peaufinera son jeu d’harmonica mais aussi une voix qui colle au plus juste à sa musique avant de partir faire évoluer le blues du côté de Chicago et de faire les plus belles heures de Chess Records. Au travers de 22 planches dessinées par René Hausman et de 44 titres puisés dans la discographie du chanteur et guitariste sur une période s’étendant de 1946 à 1954, Nocturne rend hommage à celui sans qui les Rolling Stones n’auraient certainement jamais vu le jour …
Résumer en aussi peu de place la vie bien chargée de Muddy Waters est un exercice qui n’était pas gagné d’avance mais en s’appuyant sur des bases solides et sur un véritable travail de recherche, René Hausman a réussi à ne rien oublier, de la naissance du prodige à sa mort en 1983 en passant par ses expériences de bootlegger et même de séducteur, le tout dans un style qui s’adapte à merveille à l’ambiance générale de l’époque. Du côté de la biographie chronologique en fin d’ouvrage, c’est gaz et eau chaude à tous les étages avec un sens du détail vraiment pointilleux qui résume les faits les plus marquants en n’en oubliant pour ainsi dire aucun … Reste le versant musical de l’objet, sans doute celui qui est le plus important pour le puriste qui sera néanmoins comblé par les deux autres mais qui ne manquera pas de craquer définitivement pour ce tour d’horizon de deux heures au beau milieu de la période la plus prolixe de Muddy Waters. Aux côtés du guitariste se succède une sorte de bottin mondain des musiciens chicagoans de l’époque et si l’on soupçonne la présence de Tampa Red sur « Last Time I Fool Around With You » et de Willie Dixon sur certains titres plus anciens comme « Train Fare Home » et « Little Geneva », cette dernière est confirmée à partir de 1954 tout comme celles de Little Walter, Jimmy Rogers, Big Walter Horton ou Otis Spann qui se succédèrent au fil des enregistrements. La partie BD semble bel et bien refermée en raison du ton global et définitif qu’elle utilise mais la suite du travail de compilation par Nocturne des œuvres discographiques d’un des bluesmen les plus capés, toutes générations confondues, semble tout à fait envisageable, ne serait ce qu’en raison de l’absence de l’indispensable « Got My Mojo Working » enregistré quelques années plus tard puisque l’on ne va ici que jusqu’à la période « I’m Your Hoochie Coochie Man » et « I’m Ready » … Après tout, pourquoi par un volume 2 un jour ? En attendant, s’il n’y avait qu’un album de blues à posséder, ce serait sans aucun doute celui là !
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