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FESTIVAL MINO - JJ MILTEAU pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 20 décembre 2005
 

FESTIVAL MINO
L'ODYSSEE DU BLUES - JEAN-JACQUES MILTEAU
LE TRIANON - PARIS (75)
LE 19 DECEMBRE 2005

Artiste polyvalent, Jean-Jacques Milteau fait partie des grands noms de l'harmonica et plus généralement de la musique capables d'œuvrer indifféremment dans le jazz, le blues ou même la variété et de donner le change devant un public de 7 à 97 ans, voire plus … Accompagné de son fidèle Manu Galvin et de la splendide chanteuse américaine Demi Evans, l'harmoniciste à la chevelure d'hermine nous invite aujourd'hui à retrouver le blues, de ses origines à notre époque, dans une aventure parsemée de péripéties et bourrée d'anecdotes. On attache sa ceinture et on le suit dans un Trianon des grands jours, plein à craquer et effervescent à souhait …

Quand on évoque le blues, les chemins de fer sont récurrents et c'est tout naturellement en imitant une locomotive à vapeur lancée à tombeau ouvert sur les rails de la lointaine Amérique que JJ Milteau entame son set en solitaire, tel un " Poor Lonesome Cowboy " qui va très vite être rejoint par son complice et par sa guitare pour tout de suite nous conduire en Afrique du Sud, en plein continent où naquirent les notes bleues dans les cœurs de ceux qui allaient bientôt devenir esclaves … Tel un triptyque, ce sont l'Afrique, les musiques religieuses et les chants de travail qui ont donné naissance au blues sous sa forme actuelle et on redécouvre chacun d'entre eux avec une lointaine comptine, " Shortbread ", un chant d'église qui navigue à quelques encablures du gospel et un superbe worksong, autant d'occasions données à Demi Evans de mettre en avant une voix profonde qui en appelle à une gestuelle complexe pour prendre tout son ampleur.

Pour éviter les travaux les plus pénibles, les esclaves se devaient de pouvoir apporter un plus à la maison et ceux qui s'avéraient capables d'interpréter les thèmes chers aux maîtres se retrouvaient souvent affectés à des taches d'entertainment … On découvre ainsi deux des morceaux dits classiques, le premier n'étant autre que le " Oh Susanna " de Stephen Foster, le second faisant référence à la culture irlandaise dont de nombreux propriétaires étaient issus.  De ces morceaux furent inspirés les plus grands standards, en grande partie grâce à de véritables détonateurs capables de faire passer l'émotion auprès du public … Ray Charles était de ceux-là et c'est tout naturellement que le trio lui rend hommage au travers d'un medley où l'on reconnaît les inévitables " What'd I Say " et " Georgia On My Mind " avant d'honorer un autre grand nom, non pas du piano cette fois mais de l'harmonica, avec Little Walter et son " You're So Fine " qui sera une excellente occasion pour Manu Galvin de pousser la chansonnette sur le deuxième couplet !

Le temps passe et nous entrons maintenant dans la partie interactive du set, avec pour commencer une interprétation de " Same Kind Special " agrémentée d'un solo d'harmonica unplugged qui attise les étincelles d'un public que l'on sent prêt à s'enflammer avant de partir dans une démonstration de clave sur un morceau inédit à paraître en janvier sur un album co-écrit par Demi Evans et Manu Galvin … La gauche appelle en tapant des mains, la droite lui répond et l'intensité grimpe encore un peu ! L'explosion est imminente et JJ Milteau le sent, demande à Manu Galvin de nous proposer ligne de basse et explique à l'assistance comment construire une mélodie à base de sons, d'onomatopées et de claquements de doigts en tout genre … Le spectacle change de place et c'est maintenant dans la salle qu'il se déroule ! Jeunes et moins jeunes apprécient le renversement de situation et c'est sur un titre qui tire vers le rock que les trois artistes reprennent le flambeau avant de nous quitter une première fois. On retrouve JJ Milteau, Manu Galvin et Demi Evans pour un dernier " Chain Of Fool " qui viendra couronner de succès un spectacle d'une heure où personne n'aura eu le temps de s'ennuyer. Les adultes ont pris leur dose de bonnes vibrations, les enfants rentrent à la maison avec en tête une autre approche des musiques noires-américaines et commencent à comprendre que si le rap existe, c'est en grande partie grâce à ces esclaves dont on leur a si bien parlé aujourd'hui … S'il y a des gagnants dans ce genre de prestations, ce sont bien la musique en général et le blues en particulier !

Fred Delforge - décembre 2005