lundi, 05 décembre 2005
Au-delà de mes limites
(Hostile Records - 2005)
Durée 75'44 + 77'34 - 16 + 15 Titres
http://www.roh2f.com
http://www.hostile.fm
 N'aspirant à rien d'autre qu'à un peu de considération dans une société où tout le monde le regarde avec des yeux de merlan frit, persistant à l'assimiler en tant que rappeur plus qu'en tant qu'artiste, Rohff enchaîne les titres sans se poser de question et, au risque de lasser son public, sort son deuxième double album en à peine dix-huit mois ! Un poil mégalo, le gamin d'origine comorienne a bien digéré les règles du marché et affiche autant ses disques d'or que ses grosses cylindrées ou son nouveau train de vie mais, dès lors qu'il s'agit de faire de la musique, le naturel revient au galop et Rohff reprend sa plume mi-drôle mi-incisive pour nous balancer ses pamphlets qui, à son grand dam, ne seront jamais pris pour autre chose que pour … du rap ! Pour bien montrer sa faim de reconnaissance, il s'installe au beau milieu de l'hexagone ou se fait porter en triomphe par un quadriréacteur et nous crache à la face sa nouvelle sortie en date qu'il intitule " Au-delà de mes limites ".
En phase de devenir l'artiste le plus studieux et le plus régulier de sa génération, Rohff est un véritable bourreau de travail qui ne ménage pas ses efforts pour créer toujours plus fort et toujours plus vite. Et par chance, le garçon a de la ressource car à l'endroit même ou d'autres finiraient par tourner en rond et se mordre la queue, Rohff n'est jamais à cours de sujet quand il est question d'écrire des chansons. Virant parfois hardcore, parfois R&B, l'album se veut varié et ne sombre pas dans la facilité pour séduire. Bien entendu il reste les dénonciations faciles, le vilain keuf qui embête le gentil beur, mais majoritairement " Au-delà de mes limites " n'est pas une ode à une injustice lancinante mais bel et bien un ouvrage qui fait preuve d'une certaine maturité et surtout d'un grand sens de l'observation. Capable de beaucoup d'humour comme sur " Starfuckeuse ", Rohff ne joue pas au vilain garçon mais ne se grime pas non plus en individu modèle, nous assénant quelques " Tout se paie ", " Relation de merde " ou " Enculé de ton clash " mais se mettant également à nu dans des titres plus personnels comme " La hass " ou " Seul contre tous ". Lancé tel un bolide derrière ses deux premiers singles, " En mode " et " La puissance ", " Au-delà de mes limites " affiche clairement ses ambitions en se rendant accessible au plus grand nombre, tant artistiquement que financièrement puisque le double album entre dans les bacs au prix d'un simple … Comme quoi chez Rohff, ceux qui croient au Père Noël comptent autant que les rappeurs pure souche !
|
