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BLUES DE TRAVERSE - CLEON (76) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 05 décembre 2005
 

BLUES DE TRAVERSE
CLOTURE DU FESTIVAL
CLEON (76)
LE 4 DECEMBRE 2005

 

Il est des festivals comme ceux-ci que l'on se plait à soutenir tant l'accueil y est sympathique … Belle salle voisine de d'une des usines de la marque au losange, La Traverse est un des bastions blues de la Normandie qui programme cette musique sur toute l'année et qui organise ce festival automnal à une époque où nous sommes généralement retenus par Blues-sur-Seine mais qui, cette année, a eu la bonne idée de le faire terminer une semaine plus tard. C'est donc la fleur au fusil que nous partions en ce début d'après-midi humide pour désigner le nouveau Jeune Talent Normand mais aussi pour passer un (très) bon moment de musique …

Après la découverte de l'affiche proposée, les jurés sont très vite appelés à se rendre dans l'arène où vont combattre quatre gladiateurs du blues. On commence avec Travelin' Band et sa section de cuivre bien en place et tout au long des vingt minutes qui lui sont dévolues, le groupe ne manque pas de nous régaler grâce entre autres à sa chanteuse dont la voix n'est pas dénuée d'intérêt. Arrive ensuite Fair Play qui, s'il n'arrive pas franchement à occuper tout l'espace scénique, s'en sort avec les honneurs malgré une panne de micro sur le premier titre et un son de guitare famélique du début à la fin d'un set où l'on remarquera un très bon " Muddy Waters Blues " gorgé d'harmonica. Buddy Blues est une machine à débiter des stères qui use et abuse ses deux guitaristes et qui nous sert un blues rock mâtiné de prog et même de hard mais qui soigne ses classiques en intercalant des reprises, dont le " Crossroads Blues " de Robert Johnson au milieu de ses compos. Nous terminerons ces deux heures de tremplin régional avec le Texas blues de Blue Steel qui nous assènera ses propres morceaux mais aussi d'une reprise du " Start It Up " de Robben Ford qui finira de mettre sous pression un jury qui, s'il a déjà sa petite idée derrière la tête, se demande bien quel sera le résultat définitif …

Pendant qu'Alex Schultz et son groupe tout juste débarqués de Bagneux où ils se produisaient la veille se livraient à leurs balances et que le jury délibérait autour d'un single malt, le bar de La Traverse avait choisi d'accueillir le duo Jacky Hawkins & Chelsea pour occuper le public avec un set acoustique de bonne qualité qui a semble t'il fait son effet puisque lorsque nous sommes redescendus de la régie, l'espace bouillonnait sous les assauts d'un fort agréable " Mustang Sally " interprété à la perfection. Quelques impatients tentaient bien de nous arracher la primeur des résultats mais rien n'y ferait, il faudrait attendre la fin du concert pour les connaître !

Alex Schultz est un grand artiste qui a eu la chance de collaborer sept ans durant à l'aventure Rod Piazza & The Mighty Flyers mais qui a également joué avec les plus fameux comme Coco Montoya ou Jimmy Rodgers et encore avec des formations comme BB & The Blue Shacks ou Egidio " Juke " Ingala en parallèle d'une carrière personnelle bien remplie. Accompagné ce soir de l'impressionnant organiste Raphaël Wressnig, on le découvre sans bassiste mais avec un saxo et une batterie pour un set qui va en mettre plus d'un à ses genoux tant il est chargé d'émotion. Parti en trombe sur deux instrumentaux qui ne vont pas manquer de chauffer l'assistance, le New Yorkais invitera très vite Finis Tasby à le rejoindre sur " Rainy Night In Georgia " puis sur un cocktail charmeur où se mélangent Chicago blues bien ficelé, blues ballades et titres plus proches du jazz. Le jeu de guitare d'Alex Schultz en épate plus d'un et, que ce soit dans la salle ou sur scène, plus d'un des témoins de ces moments magiques restent bouche bée devant tant de brio. Travaillant ses morceaux en délicatesse, le groupe alterne les petits dialogues entre l'orgue Hammond et l'Epiphone mais aussi entre la batterie et le sax et ne laisse à Finis Tasby que le soin de mettre la touche finale avec une voix intéressante au possible dont le Mannish Boy n'est pas avare. De titres empruntés par exemple à T Bone Walker en titres tirés du dernier album de Schultz, le set de la formation américano-autrichienne nous emmènera jusqu'à un " Sweet Home Chicago " très apprécié puis se terminera comme il avait commencé, avec un splendide instrumental très jazzy dans l'esprit mais très bluesy dans la réalisation. Quel concert !

Après avoir révélé aux spectateurs que c'est le groupe Buddy Blues de Bernay qui avait été retenu pour assurer la première partie d'Ana Popovic et des Imperial Crowns le 18 mars prochain, les organisateurs du festival n'avaient plus qu'à mettre fin à l'édition 2005 en invitant leurs amis à faire pétiller quelques bulles dans le bar voisin. Pour l'anecdote, on signalera que la journée des Buddy Blues a connu des hauts et des bas puisque si c'est derrière une dépanneuse qu'ils sont arrivés à Cléon, c'est devant Ana Popovic qu'ils en repartent … Une belle histoire non ?

Fred Delforge - Décembre 2005