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MOSAIK AUX MUREAUX pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 22 octobre 2005
 

MOSAÏK AUX MUREAUX
LES MUREAUX (PARC DE SAUTOUR)
21, 22 & 23 OCTOBRE 2005

 

Petit festival qui monte, Mosaïk a encore réuni une affiche alléchante, du moins sur le papier, pour sa quatrième édition. Après Cheb Mami, Noir Désir et Souchon en 2002, après Salif Keïta, Les Wampas et Renaud en 2003, après Corneille, M et le Sriracha Tour en 2004, Les Mureaux accueillent en 2005 Tryo, Bernard Lavilliers, Camille, Dionysos, Vegastar, Kyo et Pierre Perret. Début de tournée pour les uns, fin de piste pour les autres, tout ce joli monde réussira t'il à remplir les 3.500 places de l'igloo et les 800 du Cosec ? Affaire à suivre …

Vendredi 21 octobre :

En arrivant dans le Parc de Sautour, nous sommes accueillis par les " Rengaines " de Sophie Kay, blueswoman atypique qui se produit ce soir sur l'espace dédié aux nouvelles scènes … Le public fait la queue pour accéder à l'igloo et n'accorde qu'une oreille très distraite aux chansons de la diva à l'Epiphone dorée qui est de plus desservie par un son indigne de son talent. Elle aurait mérité un meilleur accueil, c'est indiscutable ! Laissant le Cosec aux amateurs de hip hop, nous nous engouffrons sous le chapiteau dès la fin de la prestation de la chanteuse …

Il est 20 heures 30 pétantes quand Yves Jamaït et consorts investissent la grande scène de Mosaïk, à peine dix jours après leur passage à une quinzaine de kilomètres de là dans le cadre de L'Estival de Saint-Germain en Laye. Concentré de gouaille et d'énergie, les chansons de Jamaït évoquent l'amour, qu'il soit heureux ou triste, l'air du temps, la mélancolie. Autour d'un lampadaire et de quelques verres de bière, le groupe se presse autour d'une batterie excentrée et d'un chanteur longiligne qui fait penser à ces bookmakers à casquette en tweed qui peuplent les bords des rings des vieux films noir et blanc … Nous régalant d'une petite dizaine de morceaux parmi lesquels on reconnaît " Adieu à jamais ", " C'est l'heure ", " Jean-Louis ", " Dimanche (caresse-moi) " ou " OK tu t'en vas ", Jamaït nous gratifie de quelques facéties dont un début d'adaptation de Chantal Goya avec " Ce matin un chômeur a tué un actionnaire ". S'il propose sensiblement le même show depuis deux ans, le combo dijonnais ne ménage pas son énergie et c'est un chanteur ruisselant qui quittera la scène sous les applaudissements après trois petits quarts d'heure passés entre swing, jazz et musette. Un bon début !

Envolée la Jeanne d'Arc un peu austère mais déjà très attachante qui chantait jadis en acoustique, Pauline Croze s'affiche désormais comme une femme combative qui n'hésite plus à se mettre en valeur pour conquérir son public. Petit débardeur turquoise échancré, cheveux noués sur le haut de la tête, la chanteuse vole allègrement de sa guitare acoustique à sa Stratocaster blanche et partage l'amertume de ses chansons avec beaucoup de savoir-faire et de bonhomie. Démarré " Dans la chaleur des nuits de pleine lune ", le concert de Pauline Croze est une véritable " Mise à nu " qui la conduit dans des situations diverses où elle devient " Ivre " ou encore " Femme fossile " … Déclenchant des hurlements quand elle en appelle " à toutes ses sœurs ", la jeune femme coincée entre la vingtaine et la trentaine nous quitte sur une paire de titres qui assiéront son aura de façon définitive sur Les Mureaux, " M'en voulez-vous ? " et " T'es beau ". Des quarante cinq minutes qu'aura durée la prestation de Pauline Croze, on retiendra le charme d'un monde qui lui est très personnel dans lequel elle n'hésite pas à faire pénétrer son public. Une très belle artiste !

S'offrant d'ici peu des Zénith que l'on sait d'ores et déjà pleins comme des œufs, Tryo démarrait ce soir sa tournée d'anniversaire dans une salle qui, si elle était raisonnablement garnie, était loin d'afficher complet comme on aurait été en droit de l'espérer. Amputé de sa partie gradins, c'est un chapiteau à peine dodu qui se chargera donc d'accueillir Manu, Mali, Guizmo et Daniel mais également leurs invités, les traditionnels cuivres de la Sexion vêtus ce soir de chemises roses et enfin Gérard et Fred, une paire de violoniste et violoncelliste qui viendra donner une couleur inédite à la musique de ceux qui tentent de sortir d'un carcan reggae acoustique où on les a embringués un peu prématurément. Panama blanc vissé sur le crâne, Manu donne le coup d'envoi de ce premier concert depuis un an avec " G8 " et on se retrouve en terrain connu puisque le show reprend peu ou prou les mêmes ingrédients que ceux de la tournée marathon qui avait accompagnée " Grain de sable ". Si Tryo a perdu un peu de l'admirable cohésion qui caractérisait ses dernières prestations, il compense ses quelques petits défauts de mise en place par une grosse énergie et un côté grand frère sympa qui lui va très bien. On retrouve la litanie interminable des standards de Tryo avec les indispensables " Sortez-les ", " Mr Bibendum ", " Serre-moi ", " C'est du roots " ou " Désolé pour hier soir " mais les bonnes surprises arrivent au travers de moments forts comme cette épatante version de " La misère d'en face " sur fond de lights bleus et rouges (bravo Laurent & Laurent, les Dupondt Brothers de la lumière), du passage de clones des Village People sur " Paris " et enfin de quelques nouveaux titres où il est question d'hiver, d'écureuils ou encore du " Petit chose " … Minuit a sonné depuis un petit quart d'heure quand Tryo nous quitte pour la première fois, revenant très vite pour trois titres dont " Apocalypticodramatic " et " Pompafrik " mais aussi une chanson où l'on parle de femmes qui aiment les hommes et auxquelles on a du mal à donner un nom. Le temps de présenter le staff Tryo, une véritable institution où l'on retrouve Bibou au son mais aussi Enzo à la régie générale et une nuée de techs qui fait des merveilles à chacune de ses apparitions et il est temps de donner le signal du départ avec un " Hymne de nos campagnes " en musique avec cuivres et cordes à profusion. Yves Jamaït venu se joindre à l'assistance n'en rate pas une miette, chante incognito avec le reste du public et prend ainsi sa part des réjouissances … 

La première soirée de Mosaïk s'achève, les navettes gratuites reconduisent le public vers les parkings mais également vers la Porte de St Cloud … L'igloo se vide dans le calme, plutôt rapidement, et même si l'absence d'une fosse dense et chaude est regrettable, la fête du soir était réussie !

Samedi 22 octobre :         

Un peu de musique afro-cubaine nous accueille près des nouvelles scènes et nous sommes déjà confrontés à un choix cornélien : faut il ce soir aller sous l'igloo voir Les Boukakes, Abdou Guité Seck et Bernard Lavilliers ou partir vers le Cosec voir Alexis HK, Camille et Dionysos ? La pluie qui bat et les détours imposés entre les deux sites nous imposent un choix définitif et ce sera le Cosec qui sera retenu. Par chance ce dernier affiche un remplissage convenable tandis que l'on se déplace sans encombres sous le chapiteau …

Alexis HK nous sert un apéritif à base de sa mixture étrange et décalée mais ô combien savoureuse ! Costard cravate et banjo en bandoulière, le jeune dandy n'est pas avare de sa poésie, de son monde où les personnages les plus ambigus se croisent dans un tintamarre de vaisselle brisée et de jeunesse gâchée … Une flûte, un glockenspiel, tout est prétexte à nous faire prendre l'escalator du temps pour un voyage où l'on croise un député UMP travesti, une " Femme aux mille amants ", un " Homme du moment " ou " Gaspard le Nain ", le tout sur fond de scooter, de walkman, d'apprentissage de la sexualité, de brouhaha ou d'une parodie de l'émission " Des chiffres et des lettres ". Aussi rationnel dans l'interprétation qu'absurde dans la composition, Alexis HK va parvenir à rallier toute une salle à sa cause, une salle qui succombera très vite à son charme un peu étrange venu d'ailleurs et qui appréciera la débauche d'énergie mise en œuvre pour donner une heure d'un spectacle captivant. Bravo !

Le phénomène Camille arrive sur scène et les photographes sont priés d'aller voir ailleurs s'ils ont de meilleures autorisations … Une tête qui enfle plus vite que le succès ? Des conditions peu propices à la prise de vue ? Personne n'obtiendra d'explication et c'est en aveugle que nous couvrons ce deuxième concert de la soirée. Accompagnée de son bourdon mais aussi d'un piano et d'une contrebasse, la " Jeune fille aux cheveux blancs " nous conduit dans son monde quelque peu irréel où elle se sample et y invite quelques rares privilégiés comme par exemple ces deux jeunes danseuses improvisées amenées à venir s'ébrouer à ses côtés et à pousser un rôt élégant dans son micro … Avant de venir " Prendre ta douleur " et couper " Le fil " symbolique qui traverse la scène, la jeune femme toute de blanc vêtue nous aura quand même régalé de quelques facéties lyriques et acrobatiques sur fond de projections amusantes et d'onomatopées déjantées … Le public semblait apprécier si l'on en croit ses applaudissements soutenus !

Il faudra attendre une heure pour que le staff Dionysos arrive à mettre en place les arbres stylisés et les fleurs métalliques qui jalonnent la scène de la bande à Matthias … Après cette attente insupportable, le groupe se devait d'être à la hauteur de notre patience et c'est sur un imposant " Giant Jack " qu'il va tenter de se racheter. L'alchimie opère de suite et après quelques plaisanteries, le charismatique chanteur aux allures de Dracula miniature bondissant comme un diablotin a partie gagnée d'avance. Partageant son show avec son public, Dionysos multiplie les instrumentations originales, important pedal steel, scie musicale, ukulélé ou vibraphone à une musique qui part de la chanson française pour aller régulièrement vers un punk rock des plus efficaces. On rencontre " Miss Acacia ", " Coccinelle " ou " John Mc Enroe ", on s'amuse de " L'homme qui pondait des œufs " ou de " Mon ombre est personne " … Et le temps passe vite, trop vite ! De dissonance en dissonance, le feu des guitares contraste avec le velouté du violon et après encore quelques titres dont un " Lips story in a chocolate river ", Dionysos regagne ses quartiers pour un court instant. Revenu sous l'acclamation générale, nous nous verrons gratifiés d'un " Thank you Satan " et de l'inénarrable " Song for Jedi " qui sera l'occasion de nous imposer un break country et d'envoyer Matthias faire le pitre en stage diving pour atterrir tout en haut des gradins à la recherche des hamsters et des vieux qui s'y cachent … Dionysos nous quitte cette fois, recueillant les fruits de sa prestation en goûtant d'une standing ovation très prolongée. Grandiose !

Minuit a sonné depuis une grosse heure et il faut nous résoudre à quitter Mosaïk … Il restera encore Vegastar et Kyo d'une part et Anaïs et Pierre Perret de l'autre pour la journée de demain mais la route nous appelle et les congés scolaires débutés officiellement aujourd'hui prendront le dessus sur une fin de festival plutôt populaire, voire populiste … Mosaïk a encore vécu un grand cru, dommage que le public local et régional se sente toujours aussi peu concerné par ce festival.

Fred Delforge - octobre 2005