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ROCK AU BATACLAN - HOMMAGE A BB pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 11 septembre 2005
 

ROCK AU BATACLAN
Concert Hommage à BB
LE BATACLAN - PARIS (75)
LE 8 SEPTEMBRE 2005

 

Il y a pratiquement sept mois jour pour jour que BB, chanteur et leader des Porte-Mentaux, nous quittait mis à terre par un stupide cancer du fumeur … Pour lui rendre un ultime hommage, ses amis avaient spontanément décidé d'organiser un concert dans une salle qui lui tenait particulièrement à cœur, le Bataclan, un endroit qui avait été le théâtre de son retour à la scène en 2001. Bon sang ne saurait mentir et c'est après moult efforts qu'une affiche de rêve se pressait ce soir dans l'antre bouillonnante du Boulevard Voltaire. L'ouverture des portes annoncée pour 18 heures 30 pouvait en laisser quelques-uns dubitatifs tant ils étaient rares les punks à se masser devant les barrières à l'heure dite, au point que même les deux cars de police bien visibles de la porte d'entrée décidèrent de ne pas faire de vieux os dans le secteur …

Une heure plus tard, c'est un Bataclan plein comme un œuf qui assistera à l'ouverture du concert par le show de Nono & Co, l'ex-Trust connaissant d'entrée de jeu un problème de rythmique puisque Pat et Gilles sont encore en terrasse à prendre l'air tandis que Nono et la claviériste Isabelle meublent le temps en attendant le retour de leurs acolytes … Sans chanteur depuis quelques jours, Nono & Co se livreront ce soir à leur premier concert, un set instrumental par la force des choses qui laissera tout de même entrevoir des compositions qui empruntent autant au rock qu'au blues avec en prime quelques pincées de funk et des morceaux qui ne peuvent laisser de glace tant les références faites à l'idole Jeff Beck sont omniprésentes. Avec un jeu de guitare toujours aussi jouissif, Nono saura délicatement faire monter en pression une salle qui n'attendait que ça pour prendre son envol !

En attendant l'arrivée de Gogol Premier, ce sont Jerry Profond et Tony Violon qui viendront nous faire passer une dizaine de minutes en compagnie du chant du premier et du violoncelle du second, nous proposant pour commencer un excellent " Je veux être ton chien " avant d'inviter Nono à les rejoindre pour un démentiel " Antisocial " d'anthologie qui, bien que franchement brouillon, finira de mettre le feu à une arène déjà chauffée à blanc. Une foule massée qui scande " Antisocial " à tue tête, il y a bien longtemps que l'on n'avait plus vu ça et les fans de Trust présents dans la salle auront tout le loisir d'apprécier !

Déjà entré en phase promotionnelle avec son nouvel album, " Chansons dangereuses ", Gogol va nous servir ce soir un show mégalo comme il en a le secret, avec soutane, queue de Belzébuth, danseuses court-vêtues, bourreau, flammes, gongs et tout le toutim, entamant par l'incontournable " C'est vraiment très fou la disco " avant de traverser l'opus jusqu'à un final apocalyptique qui se fera bien évidemment avec " J'encule ". Une distribution de drapeaux, le sacrifice d'une télévision, l'exhibition d'une tête de porc sanguinolente et toutes sortes de gimmicks plus ou moins éprouvés seront pour Gogol l'occasion rêvée de déborder largement de son horaire initial et de nous donner en pâture un supplément non musical négligeable … Le public apprécie le côté grand-guignolesque de la chose et n'est pas franchement décidé à se plaindre de cette petite part de rab !

La grande victime des débordements de Gogol Premier ne sera autre qu'Oberkampf qui verra son set amputé d'un bon quart d'heure, un set que semble pourtant goûter le public mais aussi toute la famille Parabellum qui se masse au balcon pour regarder Joe Hell et consorts mouiller la chemise à grands coups de " Maximum ", " Montrer les dents " et bien évidemment de " Couleurs sur Paris ". Au moment où le leader d'Oberkampf attaque les premiers vers de " Putain, putain ", la géniale cover de TC Matic, on lui fait signe que c'est terminé et c'est la mort dans l'âme qu'il se résout à s'arrêter net non sans avoir fustigé Gogol et lui avoir reproché d'amputer sa prestation. Dommage car le son du groupe était de loin un des meilleurs depuis le début de la soirée !

Moment d'émotion dans le Bataclan puisque les Porte-Mentaux de la grande époque sont de nouveau réunis ce soir, la dream team qui comptait en son sein Sylvain, Koko et Fabrice est de retour sur la même scène et même BB dont le visage trône sur le splendide backdrop offert par Chester semble esquisser un sourire grâce à l'habile jeu de lights qui vient le caresser … Que de vieux titres retrouvés dans la bouche d'un groupe qui sera rejoint par Olive de Lilidrop mais aussi par quelques-uns des anciens Porte-Mentaux sur les éternels " Plus d'amour ", " Le jardin de la misère ", " Combat des races ", " Ah ça ira " dans une version très personnelle emmenée par Gogol ou encore l'hymne éponyme des PM !

Les nouveaux Porte-Mentaux leur succèdent, emmenés par Fred et Jorgy, les deux guitaristes qui auront accompagné BB sur les derniers concerts et sur les dernières séances studio, et par la dernière section rythmique du groupe avec Hervé à la basse et Paul à la batterie. Le menu est simple et consiste à une présentation en public de ce qu'auraient du être les Porte-Mentaux en 2005 si le sort ne s'était pas acharné sur leur leader … On découvre donc quelques nouveaux titres avec des accents plus pop-rock que punk, une direction qui avait été délibérément choisie par BB il y a quelques années déjà et que ses amis vont tenter de perpétuer au travers de quelques morceaux qui devraient terminer rapidement sur un nouvel ouvrage en l'honneur de celui qui fut le mentor du groupe depuis sa création ! Un concert des PM sans " Elsa Fraulein " garderait un petit goût d'inachevé et c'est de bonne grâce qu'anciens et nouveaux se retrouveront pour une interprétation déjantée du tube qui finira de séduire les vieux fans présents dans la salle !

C'est le chanteur de Saï-Saï qui se charge de nous faire une transition rasta pendant l'ultime changement de plateau, une longue litanie à la gloire du héros de la soirée qui va introniser Schultz, celui qui fut un temps guitariste des PM avant de devenir le leader de Parabellum … Des Parabellum qui nous offriront ce soir un set fidèle à ceux auxquels ils nous ont habitués, certes écourté pour d'évidentes raisons de timing mais au cours duquel en retrouvera les éternels " Enfants de Cayenne ", " Anarchie en Chiraquie " et l'adaptation de " What a wonderful world " qui viendront mettre un terme à un hommage fort mérité à un des chefs de file du mouvement alternatif des années 80/90.

A l'intérieur du Bataclan, le backdrop est soigneusement descendu puis emballé, presque religieusement … Les derniers spectateurs quittent la salle et se retrouvent spontanément sur le boulevard à bavarder au milieu des musiciens, des journalistes et des photographes qui n'arrivent plus à se quitter. La soirée a été formidable, presque magique, et chacun a à cœur de rentrer chez lui avec une affiche, le ticket du concert, une dernière photo ou quoi que ce soit qui fera que cette journée restera à jamais présente dans les mémoires mais aussi sur les murs … Rarement un tel plateau aura fait trembler la capitale et même si ce soir il nous en manquait un, les punk-rockers sont toujours aussi présents en France !

Fred Delforge - septembre 2005

Un immense merci à Lionel Aboukrat pour les photos de cette soirée que vous pourrez rapidement retrouver sur son site  http://www.photomusic.tk