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LES VIEILLES CHARRUES pdf print E-mail
Ecrit par Alain Blondel  
mardi, 26 juillet 2005
 

LES VIEILLES CHARRUES
22 AU 24 JUILLET 2005
CARHAIX (29)

Photos (c) Alain Blondel

Je connaissais les vieilles charrues de réputation et je n'en ai entendu que du bien ... La prog, l'accueil j'y suis donc... Trois jours de Zic au cœur de la Bretagne c'est toujours bon à prendre. C'est la découverte du site. Un peu affolant, tout ce monde qui partage les mêmes goûts ! Affolant n'est pas le bon mot, c'est plutôt agréable, cela fait du bien en ces périodes de musique prédigérées. Toutes ces générations mêlées, de 7 à 77 ans ce n'est pas habituel et assez sympathique.

Si on est aujourd'hui à des années lumières du p'tit festival des débuts avec selon un bénévole rencontré sur le parking " surréaliste avec ses ports qui piquent, son indomptable bison grillé, ses chameaux melon et ses bottes de cuir (sic !) " Le festival carhaisien a su garder malgré sa grandeur, ou plutôt son gigantisme (2 000 000 cette année ?), la convivialité des débuts.


Vendredi 22 juillet

Deep Purple nous donne le meilleur, le son est impeccable. Ceux qui les ont vus sur scène, il y à plus de 30 ans, ne sont pas déçus ! Pour les autres c'est tout à fait l'ambiance du mythique " Live in Japan ". On a survécu à Deep Purple, s'époumonant sur Smoke on the Water, mais quand New Oder a pris la suite, là on à pris 20 ans dans les dents ! Je ne sais pas si c'était le répertoire, l'ambiance, l'air du temps, mais nous étions nombreux  à nous interroger sur la chute des étoiles !

Epuisé, je suis traîné sur une autre scène, assister au naufrage de Luke : mettre la sono à fond ne change rien à l'affaire, chacun dans le groupe faisait sa petite musique, alors on en reparlera quand ces petits gars, poussés trop vite, auront un peu tournés ensemble.

Heureusement suivait Rodolphe Burger. Là, le mec, il est trop. Trop bon musicien, trop bon guitariste, respectueux des autres sur scène et des spectateurs, bref un artiste. Rodolphe Burger pourtant nous le connaissons tous, d'où vient cet émerveillement ?


Samedi 23 juillet

Samedi, il pleut toute la journée. Samedi Carhaix se transforme en Woodstock breton, mais samedi  soir c'est Iggy ! Après un set de Mikey 3D impeccablement ronronnant, Iggy jaillit sur scène. C'est un habitué des lieux, il s'est produit ici en 1998 et 2002. Torse nu, avec son jean moulant, l'iguane éructe, ondule, avale le micro, la foule est électrique. Dans la fosse le service de sécurité s'affole un peu, des spectateurs tombent, malgré la pluie, la foule compacte dégage une chaleur animale. C'est du délire, de la folie, la foule danse proche de la transe. Iggy, à bout de souffle calme un peu le jeu, présente les Stooges, le groupe de ses débuts. Les papys n'ont pas changés, toujours aussi efficaces. Même le sax, qui ne bouge presque pas, balance et crache sa musique comme un malade ! Hallucinant !
Quand on ne sait quelle mouche abreuvée de chouchen pique l'iguane, il fait monter sur scène une douzaine de gamins. Ils vont s'en souvenir ! Les plus délurés balancent leurs fringues dans la foule, torses nus, hurlent avec la star, partagent avec lui le micro. Cela dure dix bonnes minutes. Assez pour leur faire des souvenirs pour la vie juge l'iguane qui reprend la main avant de les éconduire avec toute la douceur dont l'animal est capable.
Iggy  c'est Iggy ! Cette rage, ce délire brutal immédiatement partagé avec la marée humaine dégoulinante de pluie, c'est incroyable. Nous étions plus de… j'avoue ne pas avoir compté. Les organisateurs annoncent 65000, non mais vous imaginez 65000 gorges qui crient, qui hurlent, cela fait autant de paires de mains qui applaudissent à la performance. On arrête les compliments, mais quel bonheur.

Dimanche 24 juillet

Dimanche les papis et les mamies sont de sortie. Parfums chics et parfums chocs des festivaliers à peine secs du déluge de la veille. Tinariwen ouvre les hostilités. Les musiciens touaregs de Tinariwen, dont le parcours musical se mêle à l'histoire politique, jouent un blues hypnotique. Mina, la choriste est fascinante de beauté, la nostalgie qu'exprime Tinariwen semble proche du blues, les spectateurs sont sous le charme des ces musiciens du désert. Moi, je suis fan depuis longtemps, cela fait du bien de partager son plaisir avec 50000 personnes ! Après nous avoir convié au Festival du Désert en janvier  Abdalla, nous raconte la magie de son pays " En janvier, il fait frais et c'est bon ! " Sa musique aussi et après trois rappels, les Tinariwen ont conquis Carhaix.

Suit ce vieux Bernard Lavillers. Nanard on connaît sa carcasse de vieux baroudeur de Saint Etienne, ses mimiques de vieux sage revenu de tout, un peu bavard. Là le mec semble soufflé par " la marée humaine ! " Les vieilles charrues ont fait le plein, la foule du dimanche est plus sage, moins délirante, mais Nanard se débrouille pour " emporter " le morceau.  L'année du Brésil sert de prétexte à une balade entre Certao et Nordeste, Rio et Kingston, Salsa et Reggae. Un bon show, le mec n'en avait plus beaucoup sous la pédale : il a tout donné ! En quittant la scène, fidèle à lui-même, Lavillers nous à gratifié d'un " Vous faites pas avoir, les petits ! " Merci du conseil mon bon Nanard.

Comme il fallait rentrer, quitter Carhaix, ses spectateurs à l'incroyable gentillesse, son service de presse coopératif a l'extrême, même les mecs de la sécurité sont moins " bas du front " qu'ailleurs. J'ai écouté la suite sur France Inter, agrémenté des commentaires éclairés de Laurent Lavige dans ma bagnole en rentrant. Le set des écossais de Frantz Ferdinand était assez convaincant, le son magnifiquement " pris " mais je me promet  de les voir, même de les écouter, dès que nos routes se croisent, tant le côté " Doors " du groupe semble prometteur.
Les vieilles charrues maintenant je sais pourquoi je n'en ai entendu que du bien.

Alain Blondel - juillet 2005