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YANN ARMELLINO pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
jeudi, 12 mai 2005
 

Cross-Rocks
(Brennus - Socadisc - 2004) 
Durée 50'01 - 14 Titres

http://www.yannarmellino.com

Après trois albums instrumentaux plutôt bien accueillis, celui que l'on a longtemps assimilé à un guitariste de rock et de hard rock remet allègrement le nez dans le blues des origines et y entre par la grande porte, celle qui avait été entrouverte par Robert Johnson … Sans se prendre pour Clapton et enregistrer un autre " Me And Mr Johnson ", Yann Armellino attrape guitares et bagages et se rend à Nashville, Tennessee, avec en poche une foule de compositions mais également quelques idées de reprises dont bien entendu celles du mentor précédemment évoqué. Grand habitué des descentes à la Satriani, Vai et autres guitar heroes, Yann décide donc pour " Cross-Rocks " de brouiller les pistes en innovant et en insérant trois titres chantés sur l'ouvrage. Bien entendu, il reste ses riffs précis, ses chorus inspirés, le son Ibanez que le rock apprécie mais auquel le blues, majoritairement fidèle à Gibson et Fender, n'est pas encore tout à fait habitué … Mais ce qui prime dans ce nouvel opus, c'est le retour aux racines, ce mélange d'influences roots et de sonorités modernes ! Difficile d'y résister.  

A ma gauche, les morceaux originaux … A ma droite, les reprises ! Si les premières se veulent fidèles à la tradition de Yann Armellino, grand alpiniste du manche devant l'éternel, on remarque quand même un bel effort au niveau de la composition, le guitariste évitant de sombrer dans un style diarrhéique et laissant beaucoup d'espace à ses accompagnateurs, qu'ils soient munis d'une basse, d'une batterie mais aussi de pianos, orgues, cuivres ou harmonicas, et on remarque au passage quelques beaux morceaux de bravoure tels que " Dropped D Song ", " Electro Song " ou " The Beginning " qui ne manqueront pas de réveiller l'air-guitar heroe qui sommeille en chacun de nous. Place maintenant aux covers qui, soit dit au passage, sont incorporées à l'ouvrage de manière plutôt attractive … Les cinq morceaux du père du blues moderne brillent d'ingéniosité, que ce soit dans l'écriture, mais ça nous le savions déjà, mais également au niveau du jeu et de la mise en place. On se régale des voix de Tony Lindsay (Santana) sur " Crossroads ", de Larry Brags (Tower Of Power) sur " Stop Breaking Down " et de Connye Florance (Elton John ) sur " Four Until Late ", des jolis coups de slide de " Walkin' Blues ", de l'intelligence de " If I Had Possession … " et bien entendu de la clairvoyance de Yann qui enjolive sans dénaturer chacun de ces standards. Les Robert Johnson addicts en ont pour un moment à se remettre de ces versions aussi pertinentes qu'inattendues ! Encore plus surprenante peut-être est la présence de " Feels So Good ", un morceau du joueur de bugle Chuck Mangione remixé dans une version guitare à gogo … Et puis bien entendu, Armellino ne pouvait passer à côté d'un hommage à son groupe fétiche, Kiss, en reprenant " Shandi ", un morceau plutôt pop de Paul Stanley qui date de 1980 et qui se voit lui aussi décliné d'une façon très personnelle. Si l'on se plaint parfois du côté récurant des albums de guitaristes, Yann Armelino parvient en s'en sortir avec les honneurs en se renouvelant, et de quelle manière, puisque " Cross-Rocks " est un ouvrage que beaucoup de ses pairs aimeraient sans aucun doute avoir enregistré. La deuxième naissance du musicien ! Pourquoi pas ?