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TRI YANN - LES Z'EMBRUNS D'COMPTOIR pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 23 mars 2005
 

TRI YANN - LES Z'EMBRUNS D'COMPTOIR
Mantes la Ville - Salle Jacques Brel
Mardi 22 mars 2005

 

Ah qu'elle est celte la Salle Jacques Brel en ce mardi soir de mars … Côté scène bien entendu puisque ce soir Les Z'Embruns D'Comptoir et Tri Yann vont se succéder, mais côté salle également puisque plus de 800 personnes se pressent pour assister au spectacle qui leur est proposé ! On y retrouve les habitués des concerts du CAC Georges Brassens, organisateur de la soirée, mais également toute la communauté bretonne de la région qui a su se mobiliser pour l'événement …

Début de soirée avec Les Z'Embruns D'Comptoir donc, une formation locale qui s'articule autour de deux accordéons, d'une guitare, d'un banjo et d'un violon et de quatre chanteurs et qui s'est spécialisée dans les chants de marins avec un talent et un plaisir de jouer qui séduisent à chaque fois. Nous invitant pour commencer à " Larguer les amarres ", Les Z'embruns vont nous proposer un voyage en douze chansons au travers de leur répertoire qui compte de nombreuses reprises mais également de très belles compositions … Servis avec humour mais aussi avec une passion commune, la mer, les morceaux se suivent intelligemment et on croise " L'harmonica ", " La polka ", " Les malamoks ". Isabelle échange son violon contre un violoncelle et on découvre " Les vieilles carènes " avant de partir pour " La Course au Chili ". Séquence humour avec le très amusant " Tiens voilà les Parisiens " qui déclenche une danse dans la salle et c'est maintenant l'Anglais qui arrive avec " I wish I was a sailor ". François est un brillant auteur et nous gratifie de quelques textes personnels, souvenirs de sa carrière dans l'Aéronavale … " Le vieux bosco ", " Le sel de la mer ", " Les fayots " et il est déjà temps de se quitter, non sans avoir délicatement fait un peu de pub pour le stand de CD qui se dresse dans le hall et avoir entonné un ultime " Drunken sailor " qui mettra un terme à 45 minutes d'un concert séduisant et bien en place. Bravo !

Il est près de 22 heures quand la machine Tri Yann se met en marche. Jean-Louis Jossic, le bel oiseau blanc, nous invite au bal et démarre avec le fort bienvenu " Pique la baleine " qui nous met tout de suite dans le ton … Un technicien lui dépose ses immenses ailes et on part voir " Les filles de Galway " après avoir fait le tour des forces en présence, chacun adoptant un nom de scène qui colle au mieux à son déguisement. D'une approche très théâtrale, le spectacle des Bretons avance entre les petits sketches souvent impertinents de Jossic et ses chants enivrants partagés avec le complice Jean-Paul Corbineau, un des autres pères fondateurs du groupe il y a plus de 30 ans … On a droit au génial couplet écolo avant " Le Soleil est noir ", chanté a capela, puis à un étrange duel guitare contre cornemuse avant que ne débarque " Guerre, guerre, vente, vent ". Tri Yann multiplie les instruments traditionnels et les puristes reconnaissent tantôt un dulcimer, tantôt des bombardes, cromones, psaltérion et autres chalémies … Le concert glisse de façon parfaite sur un son très fort mais heureusement clair et sur des éclairages rondement organisés. Arrive le moment du splendide " Diwent an dour ", classique parmi les classiques adapté en langue bretonne par Gilles Servat et remis au goût du jour il y a quelques temps pour un duo avec Anggun (" La mer est sans fin "). Le public exulte, se prête au jeu et danse … Jean-Louis Jossic repart dans ses délires et nous narre la naissance, en Bretagne, du rock'n'roll avant de nous servir son rock un peu spécial, celui de " Gavotte pour l'été ". Puis c'est Jacquez Helias qui est à l'honneur dans une saynète historique au sujet de la réponse des marins de l'Ile de Sein à l'appel du 18 juin lancé par De Gaulle … La salle danse de plus belle et communie avec le groupe ! Encore quelques chants et il est temps de passer à " La jument de Michao " … Les déguisements tombent et le show part en vrille, Fred Bourgeois nous pose un solo de guitare synthé aussitôt suivi dans sa démarche par un Jean-Luc Chevalier qui se prend par moments pour Hendrix. Jossic arbore le costume du Goélands Volley Club, Corbineau affiche " La morue c'est bon ", on a droit à un festival de bombes déodorantes et Tri Yann nous quitte sur un " Bonne nuit les petits " d'anthologie … Bonsoir Bercy !

Impossible d'en rester là et les Bretons reviennent presque instantanément avec " La complainte de Louis-Marie Jossic " dont le final sera partagé entre bâbord et tribord, puis avec le légendaire " Si mort à mors " et les non moins légendaires " Prisons de Nantes " … Un salut à l'italienne et on remet ça avec un final convivial, public assis dans la salle et groupe assis en front de scène pour " Le bagne " a capela, un morceau qui est aussi l'occasion d'évoquer la révision du procès Seznec qui sera jugée le 11 avril prochain … Fin du spectacle !

La salle se vide tranquillement, les visages sont souriants de part et d'autre de la scène … Tri Yann a donné ce soir un concert dont tout le Mantois se souviendra pendant des années. La communauté bretonne en exil regagne ses foyers avec dans le cœur un petit coin de sa culture revigorée par un concert inoubliable. Merci à ces deux groupes qui auront su mettre l'accent sur ces rythmes que chacun connaît et apprécie …

Fred Delforge - mars 2005

Site de Tri Yann : http://www.tri-yann.com
Site des Z'Embruns : http://www.zembruns.com