100 RAISONS - LOS TRES PUNTOS - BRIXTON CATS
CONCERT ANTIFASCISTE / ANTIRACISTE
CAC GEORGES BRASSENS - MANTES LA JOLIE (78)
LE 12 MARS 2005
Le SCALP 78, organisateur du concert de ce soir, a réussi à faire des exploits puisque d'une part ce sont trois des groupes les plus libertaires de la région qui nous sont proposés à l'affiche mais aussi parce que le CAC Georges Brassens affiche complet, et ce bien avant l'ouverture des portes ! Plus de deux centaines de spectateurs sont donc réunies, arborant pour beaucoup les couleurs de leur groupe fétiche du soir, et c'est dans une salle enfumée que le concert va se dérouler. Au sous-sol du CAC, les stands maintiennent la pression et tentent de convaincre ceux qui ne se sont pas encore ralliés à la cause du SCALP ou tout simplement de vendre badges, albums et autres produits dérivés dans une atmosphère particulièrement bon enfant …
Il est 21 h 15 quand les Brixton Cats attaquent leur set avec un intro instrumentale très dispensable … Leur chanteuse, parée à l'effigie de Motörhead, entre rapidement en piste et c'est parti pour une cinquantaine de minutes d'un bon punk-rock en Français qui n'est pas, régulièrement, sans rappeler celui des Porte-Mentaux ou d'Oberkampf pour ne citer qu'eux. Rickenbacker en main, le bassiste multiplie les plans et imprime un rythme soutenu, appuyé dans son effort par un batteur bien en place. Matthieu, le guitariste qui fête ce soir ses 23 ans, redouble d'énergie et donne du grain à moudre à une chanteuse qui n'a plus qu'à venir cracher avec force et énergie ses " Palestine ", " Les putes ", " Franc-tireur partisan ", " Les anges de Ménilmontant " ou " 11 septembre ". La salle, encore un peu clairsemée, apprécie à sa juste valeur le show bien homogène des Brixton Cats et le leur fait savoir avec une très bonne réaction. Pari gagné !
Los Tres Puntos est une des grosses formations de ska-punk sur laquelle il convient indiscutablement de compter. Emmené par Pawal et Max, les deux chanteurs-guitaristes, et suivi par une cohorte de cuivres, le groupe du Sud des Yvelines va faire monter une pression insoutenable qui ne sera jamais remise en cause malgré les successives cordes cassées sur la Telecaster de l'un et sur une des Gibson SG de l'autre. Partagés entre leurs propres T-shirts et ceux des Ludwig, Los Tres Puntos ne vont pas se contenter de débiter à un rythme infernal un bon ska bien juteux mais vont au contraire s'efforcer de donner une âme à un set partagé entre Espagnol et Français dans lequel on retrouvera les indispensables " Manchots du social ", " La bataille ", " Pas l'armée " ou " Le temps passe " mais aussi une reprise de LV88 servie en rappel. En une heure de concert, les skankers fous auront réussi à enflammer la salle tout en contenant une petite ébauche de débordement qui se laissait entrevoir. Bien vu !
Quatre as dans la main pour 100 Raisons qui joue quasiment à domicile et devant un public qui connaît le groupe sur le bout des ongles … Minuit a sonné depuis environ cinq minutes, Poulos sort un cinquième as de sa manche et c'est l'affrontement ! Pendant près de deux heures, 100 Raisons va nous servir un show croustillant et fumant à souhait, entaché par des petits problèmes de sono au tout début mais très vite remis bien en place grâce à une bonne pratique de la scène et surtout à une maîtrise totale de ses compositions. Sautant d'une flûte à une clarinette, Charlou répond à l'accordéon de Gaëlle, le tout sous les riffs impeccables d'un Will qui passe beaucoup de temps face à son ampli et dos au public et surtout sous les coups de boutoir d'une section rythmique de rêve dans laquelle les frangins se donnent sans compter. La set liste défile avec au passage " Sarko " et " Le shit " mais aussi " Le clown " qui marque la première visite d'Olive au violon et de Manu aux chœurs. Le public reprend " Héroïne " à tue-tête et la route continue en passant par " Rebelle " et " Jean et Ella " avec Gaëlle au chant, par " L'Irlando " sur lequel Poulos se fait dépouiller son T-shirt, par l'indispensable " Ouais y'en a " ou par une amusante reprise de " Qui est in, qui est out " là où le public attendait Renaud et " Où c'est que j'ai mis mon flingue ". Jamais à court d'effets, Will nous pond des notes délirantes avec pour seuls accessoires ses deux pédales plutôt simplistes et l'unique micro de sa superbe SG1 et se fend même d'un solo avec le corps d'une flûte en guise de médiator sur " 3 flûtes ". Un méga-effet bœuf qui ne tombera plus jusqu'à " La Révolution " sensée marquer la fin des hostilités ! Le public en redemande et 100 Raisons se dit que c'est l'occasion de se faire une petite séance de rattrapage en bissant trois de ses classiques, " Le clown ", " L'Irlando " et " Rock en France " … Ouf !
La salle s'effondre, épuisée. Le bar tire ses dernières bières et, dans les loges, on se félicite de cette bonne farce faite aux fachos et aux cons ! Le public a non seulement réagi en nombre mais il s'est surtout mobilisé pour soutenir une cause qui lui était chère. Ce qui tendrait à prouver qu'il n'y a pas qu'aux Restos que l'on a du Cœur et que les punks aussi peuvent êtres des Enfoirés, dans le sens positif du terme bien entendu … On se la refait quand vous voulez celle là ! Bravo le SCALP, bravo le CAC et bravo les groupes.
Fred Delforge - mars 2005