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FIESTA DES SUDS 2004 pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
lundi, 18 octobre 2004
 

FIESTA DES SUDS 2004
DOCKS DES SUDS - MARSEILLE
16 AU 31 OCTOBRE 2004

Et de treize pour la révolution culturelle métissée qui envahit chaque mois d'octobre le port autonome de Marseille. Avec une fréquentation grandissante,  sont attendus, pour cette année, plus de 50 000 curieux interpellés, fêtards invétérés et intellos embourgeoisés. Une manifestation culturelle, donc, qui se fait un devoir de représenter la ville qui l'a vu naître : métissée, passionnée et surtout insensée.


Que la lumière soit ! Samedi 16 octobre

Insensée…c'est le seul qualificatif à retenir de la soirée d'ouverture. L'affiche était trop belle, l'envie trop grande en ce froid samedi d'automne. Les cœurs avaient bien besoin d'être réchauffés. Et c'est ainsi que les hordes déplacées pour l'événement ont eu vite fait d'engorger le pauvre quartier des Docks qui aura bien du mal à s'en remettre. Le parking sauvage étant discipline olympique en région PACA, certains n'auront hésité que peu de temps avant d'abandonner leur fidèle véhicule au beau milieu de la chaussée. Vision surréaliste pointant directement le doigt sur les efforts à mettre en place en terme de capacités d'accueil.
A l'intérieur du périmètre spécialement aménagé, c'est la même danse. Stands, concerts, cours de bossa nova, exposition…A public détonant, programmation exceptionnelle donc. Peut être même trop.

Trop…autre qualificatif de cette ouverture. Regorgeant pourtant d'allées, ce petit village reconstitué s'est vite retrouvé saturé de toutes parts. Circulation rendue ainsi difficile pour surfer d'une attraction à une autre. Les sorties de concert au chapiteau n'étaient d'ailleurs que vagues valses dans la vase. Or, aussi incroyable que cela puisse paraître, le râleur marseillais ne s'en est pas insurgé (ou si peu). Au milieu des sonos, bandas et explosions de couleurs, le négativisme était en quelque sorte étouffé. Comme le rappelle si bien l'organisateur de l'événement : " A la Fiesta, on se frôle, on se drague, mais jamais on ne s'agresse. "
L'artiste Ben y a d'ailleurs largement contribué en placardant ses slogans aux quatre coins des Docks et en investissant le cabaret rouge pour une série de concerts du pays. Une jolie salade niçoise avec les ragga troubadours " Nux Vomica " et les folklores occitans de " Lo Cepon " et " L'aspagat lo capeu "

Placée sous le thème " mélangeons nous ", le démarrage en trompe de la Fiesta des suds n'a que parfaitement illustré son intitulé en programmant des groupes on ne peut plus représentatifs.
Reine de la soirée, Patti Smith, impériale, a mélangé " papets " et " minots " envieux de (re)découvrir ce grand nom du rock fait femme. Ayant embrasé la foule par une flamme gardée intacte malgré les années et les coups durs, Smith met à genoux le public avec " Because the night ". Titre que lui avait offert à l'époque, le boss, Bruce Springsteen et maintenant repris sur la tournée " Vote for change " aux USA.
Ensuite, voyage sans retour vers les DOM TOM avec la prise de pouvoir de Kassav'. Un groupe lui aussi de retour avec une nouvelle rondelle à promouvoir et qui devait également exhiber la théorie " le temps passe mais l'énergie demeure ". Musique simpliste, jeu  de scène qui l'est tout autant mais message chaleureux. Le public est en transe. Bien plus facile qu'un tour de magie de Gérard Majax. Et si c'était ça le secret de la réussite dans le monde du spectacle : " qui veut aller loin ménage sa musique ".
Fin de cycle avec une désespérée intervention des Oaïstar à près d'une heure du matin. On pouvait craindre le vide dans l'immense chapiteau de 5000 places. C'était sans compter la rage. Celle du groupe comme celle d'un public déjà fidèle. Il faut dire que la branche agitée du Massilia Sound System (appellation déposée) a énormément d'atouts de séduction. Première surprise, l'auditoire venu admirer les " étoiles de la pagaille " est généreusement fourni. La seconde satisfaction est l'évolution de leur dynamique de scène. On les avait découverts en rodage pour " Avis de KO social ". C'est ce soir un big band débarrassé de certaines raideurs et affublé de superbes costumes qui s'est dépensé sur scène. Lux Botté semblait d'ailleurs tout droit sorti d'un épisode de Derrick ;  véritable chef d'œuvre de kitch germanique.
Bref, un pur match de gala que le petit, le noir et le chauve ont négocié la bave écumant au coin des lèvres. Et même si le groupe n'est pas encore à son top niveau, ce show laisse présager de très bonnes choses.

La fièvre se sera prolongée jusque très tôt dans la matinée. Elle n'aura que peu de temps pour retomber puisque sont attendus, par la suite, des poids lourds du rock hexagonal : La Ruda, François Hadji Lazaro ou encore Rachid Taha et Brigitte Fontaine. Programmation complète dans l'agenda concerts et suite du report à venir dans ces colonnes.

Du bled à l'arrière salle d'un café Breton - Mercredi 20 octobre

Soirée nord-sud au masculin pour cette seconde nuit à la fiesta des suds. Toujours de l'idée, du divertissement et de la chaleur avec cette fois une fréquentation heureusement revue à la baisse. On est en semaine et le marseillais travaille. Du troupeau de 22 000 têtes de la première nuit, n'en reste aujourd'hui qu'environ 6 000. Assez pour  faire la fête et profiter du lieu et des stands.
Ce soir encore, un choix cornélien fut à faire pour certains entre la projection de " The wall " de Pink Floyd " suivie du concert au Zénith de Paris de Hubert Félix Thiéfaine et la petite brochette d'artistes venus jouer live. François Hadji Lazaro ayant annulé sa tournée, sa présence à l'affiche manque cruellement.

Point le temps de pleurnicher. Thomas Fersen prend timidement le micro. Totalement désinvolte, l'artiste attire l'attention. Un début de set où Fersen, comme ses musiciens, ne brille pas par son dynamisme et sa communication avec le public. Toutefois, la vigueur sur scène et la réceptivité du public vont aller crescendo. Charmeur, il instaure une ambiance intime. Eclectique, on oscille avec lui de la petite musique mélancolique jouée sur un coin de piano aux élans portés à grands coups de guitare, accordéon et violon. C'est après s'être débarrassé de son kitchissime costume, qu'un Austin Powers n'aurait pas dédaigné, qu'il semble réellement se réveiller. Le show prend alors une toute autre tournure. L'homme se lâche, crie, se sent de plus en plus à l'aise sur sa place surélevée. La scène c'est son refuge ; ce n'est pas difficile. Il ne peut plus la quitter tant elle est docile. Jouant à fond la carte de l'artiste maudit à son entrée, c'est un attachant trublion qui quitte la scène. Thomas Fersen est incontestablement LA star de la soirée.

Bien plus au sud, Rachid Taha vient faire briller le soleil en pleine nuit avec vigueur. Quand les choses ne lui vont pas, Rachid la ramène et fait péter la baraque. En témoigne cette tonitruante reprise du " Rock the casbah " des Clash ; derbouka et cithare en plus. Le Maghreb resplendit dans la salle ; batterie et guitare en prime. Car la force de Taha est là. Cette habilité à jouer sur plusieurs tableaux avec ce côté traditionnel marié à des instruments typiquement rock. La rencontre batterie / percussions est toujours un délice. On regrette seulement l'overdose de basse, qui a étouffé pas mal de ses collègues instruments et alourdi l'atmosphère. Surtout quand on l'additionne au chant taillé dans la pierre de Taha, qui semble puiser les mots au plus profond de lui-même, là où ça fait mal.
En petit chahuteur qu'il est, il joue deux fois consécutives " Ya rayah " : une première fois comme à l'accoutumée puis totalement speed rock pour écorché vif. Une véritable petite curiosité qu'il se faut d'entendre au moins une fois.

La fiesta 2004, dont la compile est sortie lundi, continue sa croisière en interpellant toutes les communautés. Une vraie réussite pour l'instant que l'on se doit de saluer. Chapeau bas, mesdames et messieurs. Que ça continue ainsi !

A la chaleur des cuivres - Vendredi 29 octobre

" Les furieux du sud ", certainement le moment le plus attendu par tout agité qui se respecte. Le choix des groupes présents résonne comme un camouflet face à ce qui a pu se faire auparavant en terme de folie communicative. Guitares, bières et slams en prévision, accrochez vos ceintures, ça va secouer.

K2R riddim se fait un malin plaisir de faire mentir l'affiche avec son cocktail de reggae roots arrosé de cuivres et flambé à l'allégresse. Bon sentiments, amour pour tous et déhanché à volonté sont bien sur de la partie. Une musique chaude et propre coulant sans la moindre fausse note. Et même si le ton tourne parfois à la guimauve sur des accompagnements manquant d'identité, il n'en reste pas moins un bon spectacle. Sous des effets de lumière efficaces, le punch du groupe fait plaisir et se montre communicatif sans jamais forcer la main. Et il est important d'indiquer que ces amoureux de reggae ne sont jamais aussi bons que quand ils prennent le public à contre-pied avec des passages ragga et rock.
Tandis qu'à la salle de cinéma on oscille entre un documentaire sur les Clash et des clips du Suprême NTM, au cabaret rouge on expose les trouvailles. Celle de ce soir se nomme " Where's Captain Kirk ". Un groupe marseillais d'electro-rock issu de la fièvre des années 80. Dans leur chanson du même nom, les Bérus disaient " c'est la débandade dans l'espace, les réfugiés affluent sur Mars ". On ne peut mieux résumer le passage de cette drôle de bête que par ces paroles. Auteurs d'une première démo cette année, leur album sortira pour le printemps 2005. Une curiosité à observer de loin.
Pas de temps mort à la fiesta. Entre deux concerts, la " Banda des docks " investit les allées pour revisiter avec entrain des gloires des années 70, de AC/DC aux Village People. Certains affirment même avoir aperçu un cowboy chassant un indien sous le regard amoureux d'un biker aux grandes moustaches.
L'électrochoc se produit avec El Bicho (la bestiole). Un groupe espagnol qui n'a pas choisi de trancher entre ses différentes amourettes musicales. Et si je vous dis que leur cœur balance entre rock, flamenco et progressif vous aurez sûrement une idée de la secousse qui a balayé les docks. Sur des rythmes torrides et des envolées de guitare gitane passionnée, la voix du chanteur se déchire. Elle saigne et vous prend aux tripes tandis que le corps qui l'émet danse comme un diable sans jamais s'épuiser. Jouant des envolées soutenues à la flûte traversière aux soli de basse psychédéliques, El Bicho envoûte et on en voudrait plus les voir quitter la scène. Leurs incursions en pleine fièvre junky rappellent étrangement un Pink Floyd fait ibérique. Et une fois l'estocade portée, on en sort comme vidé, avec l'impression d'avoir nourri de notre énergie le groupe là haut sur scène. Ce qui est sûrement le cas.
Pendant ce temps là, La Ruda a eu le temps de faire un crochet par le stade Vélodrome avant de revenir clore en furie ce vendredi de joie. Bien évidemment, pas de surprise. Les 8 de Saumur en donnent un maximum pour voir sauter la fosse. Mission réussie, tantôt à grands coups d' " Orange " puis en réveillant " L'eau qui dort ". Ayant relégué leur batteur dans le coin droit de la scène, Pierrot et consorts se sont aménagés une jolie cour de récré qu'ils ont exploité au mieux. Ils s'offrent également la performance d'un rappel à deux doigts d'être aussi long que le set initial. Rien n'a réellement bougé chez l'orchestre de la Ruda et le public n'en demande pas mieux. Contrat rempli pour eux !

Quelle énergie cette fiesta ! Que de recoins et événements de toutes sortes. Rien ne lui ressemble et les promoteurs font les yeux doux à l'instigateur de cette manifestation. Le désir d'en aménager d'autres dans certaines métropoles de l'hexagone est grand. Qui sait, un jour, nous verrons fleurir ce concept un peu partout. C'est ce qu'on souhaite à tout ceux qui n'ont pu y assister du fait de leur éloignement géographique. La clôture de cette treizième édition se fera dimanche à grands coups de Dj's. On espère pour 2005 une mixture tout aussi savoureuse que celle qui nous a été proposée.

liens utiles :

www.dock-des-suds.org/fiesta2004/index2004.htm
http://membres.lycos.fr/esplinide/fiesta.htm (photos)
www.pattismith.net
www.nuxvomica-nissa.com
www.fersen.free.fr
www.rachidtaha.com
www.k2r-riddim.net
www.elbicho.com
www.larudasalska.net