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FETE DE L'HUMANITE 2004 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 13 septembre 2004
 

FETE DE L'HUMANITE
PARC DEPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE (93)
10, 11 & 12 SEPTEMBRE 2004

 

Compte tenu de l'accueil qui nous avait été réservé l'an passé pour la 68ème Fête de l'Humanité, nous n'aurions vraiment pas voulu manquer cette nouvelle édition qui revêt un caractère quelque peu spécial puisque le journal célèbre en cette année 2004 son centenaire … La tradition est respectée et l'accueil se veut affable dans un espace presse limité à sa plus simple expression mais où le sourire et la bonne humeur sont de règle et où le café est excellent !

Vendredi 10 septembre 2004

On commence cette première journée en avance sur le timing avec Babylon Circus qui se retrouve, tout comme à Solidays, en ouverture de Festival … S'ils ne sont pas cette fois desservis par la pluie, c'est devant un maigre parterre essentiellement composé de fans assidus que la fanfare va débiter de grands stères de rythmes colorés. On reconnaît au passage les morceaux de l'excellent " Dances Of Resistance " avec bien évidemment les incontournables " Lost In The Jungle ", " La Caravane " ou encore " J'aurais bien voulu " mais également un splendide " Jimi Got The Blues " avec un final bondissant à souhait. Babylon Circus offrira même un rappel spontané à son public en le rejoignant pour un ultime morceau au milieu de la pelouse et prouvera à ceux qui en doutaient que le groupe est tout à fait à sa place dans ce genre d'évènements importants. On espère juste que les programmations futures lui permettent de prendre son essor devant des pelouses bondées et de se hisser au niveau des plus grands noms de la scène hexagonale. Dont acte !

Après un changement de scène rondement mené, il est l'heure d'accueillir Les Motivés et leurs deux chorales, l'une parisienne baptisée 100% Famille, et l'autre originaire bien évidemment de Toulouse. Ce sont donc près de 70 personnes qui se présentent sur l'immense scène de l'Huma, emmenées comme il se doit par le noyau dur de Zebda et au son du standardissime " Hasta Siempre", hymne cubain à la gloire du Che remis au goût du jour en 1998 par la plantureuse Nathalie Cardone. Le drapeau d'Euskadi flotte dans la foule et les chants se font de plus en plus engagés, voire parfois révolutionnaires … Musicalement impeccables, Les Motivés usent de peu d'artifices et assoient leur set sur trois guitares acoustiques, une contrebasse, un ensemble percus / batterie et un accordéon. Ce qui prime pour les Toulousains, c'est la voix enthousiasmante et l'appel de la rue ! On traversera un chant berbère puis l'intarissable " Cucaracha " sur laquelle même la fosse presse explose, avant de rendre un vibrant hommage à Samira Bellil, victime et auteur de " Dans l'enfer des tournantes " décédée récemment. La fin du concert est tout naturellement dédiée au désormais traditionnel " Motivés, motivés, il faut rester motivés " que la foule reprendra à tue-tête jusqu'à ce que les chorales nous quittent …

Véritable tarte à la crème du rock boulonnais, Marcel et son Orchestre arrivent à point au moment où la nuit tombe et où les lights prennent toute leur ampleur … La pelouse, qui peut rassembler jusqu'à 60 000 personnes, est bien compacte et si la compression n'est pas encore à son maximum, Francki et ses acolytes peuvent de régaler du spectacle d'un public à perte de vue … Cantonnés l'an dernier sur la scène exiguë de l'Espace Nord, les Marcel avaient frôlé la correctionnelle tant l'énergie de leur public en devenait dangereuse pour le déroulement de leur concert. Cette année, le groupe est enfin à la place qu'il mérite et ne va pas se priver de donner le meilleur de lui-même en harponnant au passage nos dirigeants et leurs travers … On attaque avec la " Petite Culotte " de Bernadette C. pour glisser peu à peu vers " La Grosse Madame ", hymne dédié à l'UMP (Union des Madames Poilues), ou encore vers l'indispensable " 62 Méfie Te ! ". On salue les MST (Michel Sardou Tribute) à l'annonce du " Pornographe " de Brassens puis passent les " Proce'bal ", " Neurones à Crêtes " et autres " Médiseuse " à un rythme soutenu bien que le groupe soit quelque peu plus crispé qu'à l'habitude … Une heure après avoir déboulé sur scène, Marcel et son Orchestre nous quittent sur " Les Vaches ", featuring un fan vachement endimanché qui se verra même gratifié d'un micro pour les ultimes mugissements. Le public semble comblé et il y a fort à parier que Marcel aura gagné ce soir quelques aficionados de plus …

Tryo termine aujourd'hui une tournée marathon de 170 dates qui les aura conduits aux quatre coins de la francophonie … C'est dire si Gizmo, Manu, Mali et Daniel sont rodés, ce qui n'empêche toutefois pas le trac d'un Mali qui passera sa soirée à parler d'un parterre de 25 000 personnes alors que la jauge n'est certainement pas loin d'être acquise ! En attendant la sortie du live annoncée pour le 25 octobre prochain et du DVD qui suivra en fin d'année, on se régale une dernière fois d'un show efficace et communicatif dont on ne se lasse pas même après l'avoir vu bon nombre de fois en assez peu de temps … Gizmo rappelle l'engagement de Tryo en faveur de Tibet Libre en arborant un T-shirt de l'association tandis que Mali décoche une flèche en pleine pomme à TF1, sponsor jugé peu fréquentable de la manifestation dont une gigantesque cocarde habille le côté droit de la scène. Le ton est donné, Tryo n'est pas décidé à mettre de l'eau dans son vin et attaque au son d'un " G8 " repris en cœur par les fans, comme toutes les autres chansons d'ailleurs. Nougaro est auréolé d'un " Armstrong " qui marque l'arrivée de la section de cuivres de Mister Gang et le festival des Tryo avance au rythme de leur reggae acoustique. Les effluves de merguez se dissipent peu à peu pour laisser la place à des odeurs plus en rapport avec le règne végétal. Manu nous fait le coup du solo électrique colossal sur " Récréation ", Mali nous présente Miss Humanité, fille cachée de Georges Marchais, sur une version longue de " Désolé pour hier soir " … Marguerite n'est plus dans le macadam et n'a plus besoin d'un Doliprane, ce soir, elle est dans le bitume et à la tête comme une enclume. Les temps changent, les idées restent ! Tryo nous quitte, puis revient pour un dernier " Pompafric " … Puis vient " L'hymne ", chanté comme il se doit par les 25 000 spectateurs de Mali ou par les 60 000 de l'Huma. Tryo est en vacances ce soir, ou presque … Laurent éteint une dernière fois les projecteurs. Une tournée s'achève et on se remémore ses bons moments, la résidence au Cabaret Sauvage bien entendu, le Printemps de Bourges, Furia, Les Francofolies, Les Vaches au Gallo, les virées au Québec … Et enfin l'Huma ! 

Il est minuit et les scènes régionales résonnent encore un peu … La fête battra vraiment son plein demain et, en attendant, nous regagnons la base pour un repos bien mérité …
   
Samedi 11 septembre 2004 

La journée commence plutôt mal puisqu'en raison de l'engorgement des parkings qui nous sont dédiés, nous sommes dans l'obligation d'aller stationner du côté de l'Aéroport du Bourget et du Musée de l'Espace, entre un lanceur Ariane et un Boeing 747 … Si l'expérience est enrichissante, rejoindre la grande scène devient très vite un véritable parcours du combattant et après avoir raté le show des stéphanois de Dub Incorporation, il faut se résigner à manquer le début du set d'An Pierlé … La chance n'est toujours pas de notre côté puisque la pluie nous rejoint et passe très rapidement de quelques grosses gouttes au stade de déluge, au point que notre arrivée auprès de la scène est suivie de l'arrêt intempestif du concert de la blonde égérie d'Anvers pour cause d'inondation …

Par une sorte de lien de cause à effet, An Pierlé qui avait appelé son premier album sorti en 1999 " Mud Stories " (" Histoires de boue ") laisse à son départ une pelouse détrempée et boueuse dans laquelle de jeunes gens un brin philosophes et particulièrement optimistes se complaisent à se rouler … Il faudra maintenant attendre 17 heures pour que la musique revienne avec Sanseverino et nous utilisons ce temps à essayer de faire sécher le matériel détrempé et nos vêtements.

C'est avec le sourire et dans une atmosphère un brin humide que Sanseverino constate avec joie que " la pluie aura au moins servi à enlever les logos de TF1 qui est vraiment une chaîne de merde ! ". Le ton est donné et l'artiste n'a plus qu'à nous servir son mélange de dérision et de dénonciation sur fond de swing manouche qui déménage. Plus en forme que jamais, le gadjo va nous effeuiller ses " Sénégalaises " avant de tenter l'humour noir en nous remémorant la canicule de 2003, " vous savez, celle où vous avez perdu vos grands-parents ", pour lancer " A l'enterrement de ma grand-mère ". Sanseverino arbore en permanence un large sourire et le public, massé autour de la pataugeoire où quelques phacochères s'oignent copieusement de gadoue, est prêt à lui passer ses pires plaisanteries. En véritable showman, il utilise l'instant présent pour pimenter ses interventions tantôt de la lecture d'un slogan découvert sur une banderole, tantôt d'un solo de guitare avec l'overdrive à plein tube, et nous déflore ses standards, " Jean-Luc ", " André ", " André II ", " La cigarette ", " Le Rouge " … Restreint à une heure, histoire d'essayer de se recaler dans le timing initial, le show que donnera ce soir Sanseverino sera gavé d'énergie positive et chargé d'une intensité impressionnante !

Après une heure d'entracte passée à essuyer le grain, Lauri et ses compères androgynes de The Rasmus investissent la grande scène pour nous servir leur cocktail de gros rock joufflu. Son éternel bonnet enfoncé jusqu'au yeux, le jeune frontman usera d'humour en présentant " Falling ", comme la pluie ce soir, et s'efforcera de dérouler un set impeccable et très pro au cours duquel on ne manquera pas de reconnaître le tube des Finlandais, " In The Shadows " … La pluie étant toujours de la partie, nous jouons petit bras pour très vite rejoindre nos amis de France Télévision dans l'espace presse !

Le cœur n'y est plus et c'est toujours aussi trempés que nous écouterons au loin la prestation plutôt enivrante du Peuple de l'Herbe … Cocktail de drum'n'bass, de ragga et de funk, la musique des Lyonnais est bien tentante mais la fatigue, le froid et l'humidité (et un peu aussi le Clan Campbell) ont réduit à néant notre belle ardeur. Nous patienterons encore jusqu'à 22 heures pour assister au début du show de Youssou N'Dour et pour découvrir l'orchestre cairote du Dakarois avant de nous résoudre à saluer une dernière fois hôtes et confrères et à quitter le Parc Départemental de La Courneuve … Si la traditionnelle foule des samedis soirs de la Fête de l'Huma a été quelque peu amputée par les éléments, l'événement n'est pourtant pas tombé à l'eau et le public a répondu présent en nombre. On regrettera juste de ne pas avoir pu aller à la rencontre des groupes et parfois des amis qui jouaient aujourd'hui sur les scènes annexes, Drôle de Sire, Seven Eleven, Magyd Cherfi, MacZde Carpate ou encore Le Maximum Kouette.     

   

Dimanche sera une journée off pour nous, non pas que l'appel de Java ne soit pas suffisamment intéressant, mais pour avoir déjà eu la chance de voir deux ou trois fois cette saison la bande à Erwan, tout comme les Têtes Raides et Bashung d'ailleurs, nous renonçons à une troisième journée qui s'annonce pourtant ensoleillée … Le bilan musical de cette 69ème Fête de l'Huma est toujours le même, un son parfait et des lights splendides, une programmation éclectique et audacieuse … Le bilan humain n'est pas en reste, accueil impeccable, personnel avenant, bonne humeur communicative … Que dire de plus que merci et à bientôt ?     
       
Fred Delforge - septembre 2004